Remaniement du titre [VIII) (« Pouvoir judiciaire ») de l’avant-projet ?
À propos de la confirmation par la cour d’appel de la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt (abus de faiblesse), on parle à nouveau ici et là d’une justice aux ordres. Même si c’est injustifié, et si dans l’ensemble la justice française me paraît fonctionner de manière suffisamment indépendante, le fait est que ce genre de suppositions, dommageable à la réputation du système judiciaire français, est rendu possible par d’évidentes déficiences institutionnelles du système qui n’ont pas été vraiment réglées après 1789.
En résumé (selon moi), les institutions actuelles (rôle de l’exécutif dans la composition et l’organisation du pouvoir judiciaire et de la juridiction administrative) prêtent au soupçon de manque d’indépendance, et cela traduit au minimum une application formellement inadéquate du principe de la séparation des pouvoirs.
J’envisagerais donc de remanier le [titre VIII] de l’avant-projet dans le sens suivant, en tenant compte aussi des remarques et suggestions précédemment faites sur le site d’Étienne Chouard par divers participants :
– Un pouvoir judiciaire unique regrouperait la juridiction ordinaire (ce qu’on appelle actuellement la "juridiction judiciaire ", avec la Cour de cassation), la juridiction administrative (avec une cour de cassation administrative) et une nouvelle juridiction populaire (de type arbitral) ouverte optionnellement à tous les justiciables pour les affaires civiles (différends entre particuliers). Le Conseil constitutionnel resterait une institution à part ;
– Les tribunaux seraient composés sur concours (les candidats retenus choisissant dans l’ordre de leur classement parmi les postes disponibles) et, dans le cas de la juridiction populaire, par tirage au sort parmi les volontaires répondant à des critères législatifs de formation ou d’expérience ;
– La promotion, la révocation et en général l’évolution de carrière des juges judiciaires et administratifs relèverait de la responsabilité d’un nouveau « Conseil supérieur du pouvoir judiciaire » dont les membres seraient désignés par tirage au sort parmi les juridictions correspondantes ;
– Il y aurait séparation complète, organisationnelle et fonctionnelle, entre les juges et les procureurs : ceux-ci ne feraient plus partie de la magistrature (même « debout ») mais relèveraient hiérarchiquement dans tous les cas du ministre de la justice – ce qui impliquerait la redéfinition de leurs fonctions, dont la partie judiciaire serait reprise par les juges d’instruction, juges d’application des peines, etc., tandis que la procurature serait essentiellement chargée de représenter l’État devant les tribunaux et de superviser l’activité de la police judiciaire.
Avant de me lancer dans ce remaniement, j’aimerais bien avoir l’avis des participants. Merci d’avance. JR