Grand merci d’avoir transmis ces réactions des GV, bourik.
- « Pourquoi n’y-a-t-il rien sur la création monétaire ? »
Je vous renvoie au préambule du texte que je viens de mettre en ligne :
« [Le peuple français] affirme que l’économie doit être au service de l’être humain et non l’inverse, et que dans cette perspective en particulier l’émission, la gestion et la régulation de la monnaie incombent aux pouvoirs publics et à eux seulement. » (NB : Cette disposition a été incluse dans l’avant-projet incluse à la suite de remarques d’AJH, que je remercie encore.)
Ce principe du préambule ferait partie du « bloc de constitutionnalité » et s’imposerait donc au plus haut niveau à tous les pouvoirs publics. Ce serait à la loi organique (loi soumise à une procédure d’adoption renforcée et à une procédure d’opposition populaire) de régler les détails. Ici on ne s’occupe que de la constitution.
Toutefois, pour répondre à la préoccupation des GV, j’envisage de compléter l’avant-projet d’article [86] (« Lois organiques à adopter en priorité ») par la mention expresse de la question de l’émission, de la gestion et de la régulation de la monnaie.
2) « Pourquoi n’y a t-il rien sur les médias ? »
Les médias ne sont pas des pouvoirs publics et il n’appartient donc pas à la constitution d’en traiter. Toutefois, voyez l’article [97-1-a] de l’avant-projet, qui dispose ce qui suit :
"a) L’organisme citoyen de contrôle aura pour mission d’observer le fonctionnement des institutions publiques et celui des entités privées dont l’activité présente un intérêt général, d’adresser tous constats et recommandations pertinents à qui de droit, et d’aider les citoyens à mettre en œuvre les procédures de la démocratie participative… "
Les médias font partie des institutions (publiques ou privées selon le cas)envisagées dans cet article.
S’il faut entrer dans les détails, ce sera, là encore, à la loi organique de le faire.
3) « Pourquoi seulement trois mois pour réunir 10 % des électeurs en vue de provoquer un RIC ? »
Parce que l’initiative citoyenne se déroulerait par le canal du nouveau système officiel de cyberconsultation et de cybervote et non par la voie complexe de la collecte de signatures, tributaire de procédures complexes et de très longues vérifications. À mon avis, une loi vraiment reconnue comme salutaire par la majorité de la population, si le Parlement ne veut pas la voter, elle pourra recueillir 10 % d’acceptations électroniques non pas en trois mois mais bien en 24 ou 48 heures à partir du moment où elle aura été mise en ligne officiellement avec les explications voulues.
Au sujet du seuil de 10 % (de 20 % si le Conseil constitutionnel a déclaré la proposition inconstitutionnelle), je répète que le but du RIC ne doit pas être de permettre à un petit groupe de citoyens (certains envisagent même un seul citoyen !) de décider que sera soumise au référendum toute idée qui leur passe par la tête et de déranger à grands frais le reste des citoyens pour se prononcer sur ce qui pourrait bien n’être qu’une lubie. Les référendums ne sont pas faits pour plaire à ceux qui les proposent mais pour être utiles à ceux qui doivent y participer.
Si une proposition citoyenne ne réunit pas en trois mois 10 % ou 20 % d’acceptations préalables par la voie électronique, c’est que presque certainement elle ne passera pas le cap du référendum (du moins, tel est mon avis).
De plus, rien n’empêchera de représenter (sans doute après l’avoir modifiée à la lumière du débat public) une proposition qui n’aurait pas réuni dans les délais le nombre d’acceptations voulues.
4) « Pourquoi n’y a-t-il plus de chambre de contrôle avec des citoyens tirés au sort ? »
(Si j’osais, je reprendrais ici, approximativement, la parole de Rousseau : j’avertis que je ne connais pas le secret de me rendre clair à ceux qui ne font pas attention).
Il n’y a jamais eu de « chambre de contrôle » dans le présent avant-projet : on confond sans doute avec un autre projet.
Par contre il y a beaucoup mieux (il me semble) : un organisme de contrôle auquel pourraient appartenir tous les citoyens français, organisés en comités locaux, départementaux, régionaux et thématiques, ave une assemblée citoyenne nationale au sommet. Cet organisme serait chargé de contrôler tous les pouvoirs publics et aussi les organismes privés dont l’activité concerne le public – y compris les médias, par conséquent – , d’adresser des observations et recommandations aux organismes en cause, et d’aider les citoyens à engager des procédures participatives (notamment l’initiative citoyenne prévue dans l’avant-projet). Les organes collégiaux de cette organisation seraient composés pyramidalement par tirage au sort. Les pouvoirs de l’association, qui fonctionnerait en permanence sur tout le territoire, seraient considérables si l’on en faisait tout l’usage possible.
[b] 5)]« Le Conseil constitutionnel comprend quinze membres, dont le mandat est de douze ans et n’est pas renouvelable. Trois membres sont désignés par le Président de la République sur proposition du Gouvernement, quatre par l’Assemblée nationale, quatre par le Sénat, quatre par l’organisme citoyen de contrôlée »
Est ce normal qu’il y ait plus de représentants [que] de citoyens ?"[/b]
Oui.
D’abord, le Conseil serait composé non pas de « représentants » mais plutôt d’experts désignés directement ou indirectement par le pouvoir exécutif (président de la République-Gouvernement) et le pouvoir législatif (président de l’Assemblée nationale et du Sénat – ce dernier en sa qualité aussi de représentant des régions). Les citoyens tirés au sort ne seraient pas des représentants (aucun tiré au sort, d’après moi, ne peut revendiquer cette qualité) mais en quelque sorte des jurés chargés d’injecter dans la procédure une dose de bon sens général qui manque (parfois) à un organisme composé exclusivement de techniciens.
Le dosage prévu dans l’avant-projet est discutable, mais il est compatible selon moi avec la nature essentiellement technique du Conseil constitutionnel (dont la fonction est de dire si une loi est conforme ou non à la constitution et surtout d’expliquer pourquoi).
Merci d’avance, bourik, de bien vouloir communiquer ces réponses à qui de droit. JR