[...] Mal de gorge => achat hier de bonbons "la vosgienne" à la sève de pin, avec la vieille boite ronde et bleue de nos ancêtres. En petites lettres, je découvre : fabriqué en Espagne => j'aimerais comprendre le gag.
Le savon de Marseille est japonais …
Volvo est chinois
Et pourtant ces affaires tournent. Cherchez l’erreur.
Il n’y a pas d’erreur, il y a une mécanique, toujours la même.
À disponibilité et qualité égales de bien ou de service dans les pays A et B :
– Si la somme coûts de production + coûts de transport dans le pays A est supérieure à la somme correspondante dans le pays B, on fabrique dans le pays B ;
– Le pays A peut modifier la mécanique en prélevant un droit de douane, ou un impôt équivalent ;
– Si le pays A prélève un impôt, l’effet est double : le pays B est privé de l’avantage lié à une main d’œuvre moins chère, d’où moindre enrichissement de sa population ; moindre bien-être aussi pour la population du pays A, puisqu’elle devra acheter des produits locaux plus chers, ou des ersatz. Par contre, l’environnement mondial y gagnera (réduction des transports), et l’on passera à un mode de vie plus naturel et plus autosuffisant (produits de saison ou locaux, en acceptant de ne pas avoir tout à tout moment).
Le « savon de Marseille » fabriqué au Japon ? Rien n’empêche de cuisiner une excellente bouillabaisse à Bangkok, même si la recette d’origine est marseillaise, ni de fabriquer un excellent savon d’après la recette du savon de Marseille à Osaka. Itou pour la Volvo.
Mais à vrai dire le vrai problème dont nous parlons ici est celui de l’inégalité à l’échelle planétaire, savoir : comment faire pour que les habitants du pays B n’aient pas à travailler trois ou quatre fois plus (ou dans des conditions trois ou quatre fois plus pénibles) que les habitants du pays A pour bénéficier de conditions de vie à peu près équivalentes à celles des habitants de A.
La mondialisation, avec ses nombreux excès, a le mérite de faire apparaître désormais à tout moment ce problème d’inégalité planétaire, que nous ignorions à peu près en France il y a 50 ans à peine : pour le résoudre, il faudrait que les pays concernés soient prêts à des sacrifices et/ou à des mesures volontaristes radicales (comme de réviser le droit de la propriété intellectuelle, commerciale et industrielle, de réguler la démographie mondiale…).
Ça relativise un peu les bretonnades et la question de l’écotaxe. JR