FRIGOURET VEUT ÈTRE BANQUIER

Bon un moyen de paiement scriptural si cela vous convient.

Même pas :slight_smile: : un chèque a une existence physique. Dans ce contexte, scriptural a le même sens que dématérialisé.
Quant à moyen de paiement, je ne suis pas d’accord avec Jacques. Je le répète, un chèque n’est qu’un courrier demandant de mobiliser un moyen de paiement. D’ailleurs vous pouvez fort bien écrire sur une feuille blanche « Payez contre ce chèque etc. » et la banque se doit de l’honorer exactement de la même façon qu’un chèque pré-imprimé. Et si la banque refuse de l’honorer, le chèque, même pré-imprimé, ne paie rien.

De la même façon, un coup de téléphone, même si vous prononcez le numéro de votre carte bleue, n’est pas un moyen de paiement. Le moyen de paiement c’est la monnaie scripturale qu’il permettra de mobiliser.

Donc il ne faut nommer monnaie que le valorimetre peut être.

Un exemple (peut être) intéressant dans le contexte de ce fil.

Pas évident pour moi de comprendre le principe du WATT.
Je produis de l’énergie que je vend contre des WATT ? Ou bien les WATT sont crées avec l’énergie ?

Pas évident pour moi de comprendre le principe du WATT. Je produis de l'énergie que je vend contre des WATT ? Ou bien les WATT sont crées avec l'énergie ?
N'importe qui peut émettre des WAT, en remplissant le formulaire, en apposant son tampon (équivalent au Japon à une signature) sur le pointillé, en déchirant le long du pointillé et en donnant la partie ticket en paiement. Il suffit que celui qui reçoit le ticket ait confiance dans sa valeur, ce qui veut dire qu'au moins au début de la circulation les échanges se font entre gens qui se connaissent raisonnablement (ou que l'émetteur puisse montrer des tickets qui sont revenus, qu'il a donc honorés). Une façon de montrer que le ticket est digne de confiance c'est de montrer qu'on a soi même fait confiance (le dos du ticket porte le tampon de tous les gens qui l'ont utilisé dans une transaction). Quand le ticket revient à son émetteur il est invalidé et honoré, pour 1 WAT, par 6 minutes de travail ou 1 kWh d'énergie renouvelable ou autre chose de cette valeur.

Si j’ai bien compris, l’énergie produit est « traduit » sous forme de monnaie WAT. Par contre je ne suis pas convaincu par le fait que les couts d’impression soient faibles sous prétexte que les entreprises se servent des billets comme pub, ça me semble très empirique comme donnée.

Cependant je préférerais utiliser cette énergie à mon propre usage et l’excédent se verra transformer en monnaie WAT.

L’idée est non seulement passionnante mais en plus écologique, ça me plait beaucoup.

Rapide calcul prenant en compte uniquement le soleil:
6min=1WAT=60-90 centimes
donc sur 1 an (soit 1922h ou 115 320min) => 19220 WAT/an=11532-17298 euros/an

lien de ensoleillement (j’ai pris ma ville): http://www.meteopassion.com/ensoleillement-annuel.php

Si j'ai bien compris, l'énergie produit est "traduit" sous forme de monnaie WAT.
L'important à comprendre, je crois, est que l'équivalence WAT/kWh-vert ne relève, pour la plupart des utilisateurs, que de la fonction unité de compte : en cas d'inflation relativement au Yen, le prix de l'énergie "verte" et du travail, et donc de ce qui incorpore essentiellement de l'énergie "verte" et du travail, reste constant en WAT. Le prix du reste (importations depuis l'extérieur du cercle WAT, énergie "sale") augmente comme avec le Yen.

Dans le seul cas des producteurs d’énergie verte qui l’ont initialisé il s’agit d’un emprunt remboursable en énergie à produire (et non pas produite). Les autres émetteurs ne sont là, du point de vue de ces producteurs, que pour augmenter l’acceptabilité du WAT.

Lanredec vos explications me laisse dans la confusion. Ce WAT est en même temps une monnaie marchandise qu’une monnaie temps.
Je ne vois pas dans l’article la description du système de coupon.

... Les simples gens qui trouvent satisfaction de leurs besoins à une échelle locale [devraient être] libres de définir leur monnaie. La constitution ne devrait pas avantager les mordus de mondialisation.
frigouret, ce n'est pas un piège, mais j'aimerais savoir ce que vous entendez par "simples gens" : seraient-ce par hasard ceux qui sont nés, ont toujours vécu et se font enterrer avec leurs ancêtres dans un rayon de deux kilomètres ?

Connaissez-vous beaucoup de personnes qui, à notre époque, trouveraient satisfaction de tous leurs besoins ou même simplement d’une bonne partie d’entre eux à cette échelle locale et seraient dignes de figurer parmi les simples gens (un pourcentage m’intéresserait) ? Est-il dans votre intention de forcer les « mordus de la mondialisation » à devenir de simples gens ?

Oublions les « simples gens ». Quel serait l’intérêt effectif d’une monnaie locale, sinon comme la marque (sans doute inutile du reste, car on peut troquer directement sans monnaie ; et coûteuse, parce qu’il faudrait fabriquer cette monnaie) d’un échange de poules contre poires ou de quelques menus services locaux contre d’autres services locaux tout aussi menus ? JR

Un manuel de conception de monnaie locale (en anglais malheureusement) par la New Economics Foundation.

I speack inglish like Tarzan.
Je reste sur l’idèe que le plus logique est le principe du crédit mutuel. Une communauté choisit un valorimetre et s’octroie a chacun un découvert dans ce valorimetre… La masse monetaire est alors équivalente a la somme des crédits des membres de la communauté. Un système de chèque permet toute la publicité pour la transparence ( le chèque est une sorte de contrat nominatif).

À quel genre de « valorimètre » pensez-vous ?

Je suppose qu’il faudrait évaluer tous les biens et services produits localement ? Mais est-ce que cela ne suppose pas une autarcie à peu près complète ?

Le chèque dans le contexte de la monnaie locale : ce serait la promesse de fournir des services ou des biens pour un montant équivalent à la somme indiquée dans le chèque, ce qui suppose que le « valorimètre » local a été mis en place. Comment tiendra-t-on compte de la variabilité parfois imprévisible de l’offre et de la demande ?

Qui dit autarcie dit protectionnisme (par rapport aux biens et aux services mais aussi par rapport aux mouvements de population) et donc désolidarisation par rapport aux autres collectivités locales – autrement dit, grand risque favoriser les inégalités.

Enfin : la monnaie locale à la campagne, peut-être ; mais dans les villes ? JR

[url=http://www.neweconomics.org/publications/entry/no-small-change]Un manuel de conception de monnaie locale[/url] (en anglais malheureusement) par la New Economics Foundation.
Pas nécessaire de passer par l'anglais : je pense que nous avons largement l'équivalent en français, en particulier l'ouvrage de Philippe Derudder :

Aussi, pour les sources, Wikipedia :

http://fr.ekopedia.org/Comment_créer_une_monnaie_locale

Ou encore :

Cela dit, la source anglaise mentionnée par landerec me paraît sérieuse. JR

Qui dit autarcie dit protectionnisme (par rapport aux biens et aux services mais aussi par rapport aux mouvements de population) et donc désolidarisation par rapport aux autres collectivités locales – autrement dit, grand risque favoriser les inégalités.
Par exemple l'humanité prise dans son ensemble est autarcique. En quoi consiste son protectionnisme contre les petits hommes verts ? Pensez vous que ce soit réellement la cause première des inégalités entre les peuples ?
Enfin : la monnaie locale à la campagne, peut-être ; mais dans les villes ? JR
Je n'ai pas les statistiques sous la main mais j'ai l'impression qu'il y a, au moins, autant de monnaies locales citadines que rurales. Et probablement encore plus qui couvrent un territoire comportant à la fois des ressources agricoles et des services urbains.

Le valorimetre peut être l’or, le bitcoin, l’huile, le sel , le TEMPS et bien d’autres choses ce n’est qu’une convention. J’ai un penchant pour le temps, dans un souci d’unicersalite

Cela ne sert a rien de faire correspondre la masse monetaire avec la valeur des richesses disponibles, car il faut prendre aussi en compte la vitesse de circulation de la monnaie ( avec un euro changeant un million de fois par jour de main on réalise l’échange de la valeur de un million avec un euro).

Je ne comprend pas la critique du chèque par rapport d’avec la variabilité de l’offre ou de la demande!

Les inégalités.
Personnellement je suis favorable a une économie écologique en basse technologie. Si je trouve une communauté volontaire partageant le même choix il est salutaire de dissocier grâce a la monnaie ce réseau économique d’un réseau utilisant des technologies lourdes.

Chèque par rapport à la variabilité de l’offre ou de la demande

Je me situais dans le contexte d’une monnaie locale dont la valeur à l’unité est fixée par rapport à la valeur des biens et services qui pourraient être achetés au moyen de cette monnaie.

Que se passe-t-il quand la valeur du bien et du service évolue, ce qui peut se faire très vite dans le contexte local ? Mon chèque reçu hier aura-t-il la même valeur quelques jours ? On n’a pas ce doute-là (en tout cas pas au même degré) avec une monnaie nationale.

Le temps

C’est probablement, en effet, le valorimètre idéal, mais il faut tenir compte de tout : par exemple un expert informaticien vous règle en 10 secondes un problème que vous auriez mis 48 heures à résoudre (en supposant que vous ayez pu) : est-ce que ça veut dire qu’on ne lui comptera que 10 secondes tandis qu’on comptera trois heures au jardinier qui a passé ce temps à arroser ? Non, évidemment. Pour cette raison, je crois que l’unité temps relève plutôt de l’analyse macroéconomique que des transactions au jour le jour entre particuliers.

Mais alors, quel problème peut régler la monnaie locale que la monnaie nationale ne règlerait pas aussi bien, et sans doute beaucoup mieux ?

Il me semble que les applications effectives de la monnaie locale sont très peu nombreuses. Quelqu’un a-t-il connaissance d’une expérience de monnaie locale concluante (à part le cas déjà discuté de ce papier allemand émis par une usine en crise, qui relève plutôt, à mon avis d’une bonne gestion de la dette ou de la reconnaissance de dette) ?

Le bitcoin n’a en tant qu’étalon monétaire pas plus de valeur intrinsèque que l’or : voilà deux semblants de monnaie qui reposent exclusivement sur la crédulité du public – c’est encore plus net avec le bitcoin qu’avec l’or, il faut dire.

Si l’on doit se raccrocher à une monnaie extérieure pour établir la valeur de la monnaie locale, pourquoi ne pas se rattacher directement à cette monnaie extérieure ? À moins de penser à la possibilité de créer des biens ou services effectivement consommables simplement en émettant de la monnaie locale (pas mon cas !), on retombe dans la reconnaissance de dette. Quand j’achète une baguette de pain chez mon voisin boulanger avec la monnaie émise par le maire ou une association locale, c’est comme si je lui signais une reconnaissance de dette.

Ce qui fait la valeur monétaire de la vaie monnaie, c’est la conviction de chacun qu’à tout moment et partout il pourra se procurer des biens dont la valeur correspondra à peu près au montant indiqué sur le billet, parce que derrière ce billet il y a l’autorité et la politique sociale et économique d’un État ou groupe d’États agissant à grande échelle : ce n’est jamais le cas, par définition, pour une « monnaie » locale. JR

Mon chèque reçu hier aura-t-il la même valeur quelques jours ? On n'a pas ce doute-là (en tout cas pas au même degré) avec une monnaie nationale.
Vous êtes effectivement un peu jeune pour avoir connu ça: [img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8f/GermanyHyperChart.jpg/220px-GermanyHyperChart.jpg[/img], mais quand même pas ça :[img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/0c/ZWDvsUSDchart.svg/300px-ZWDvsUSDchart.svg.png[/img]
Mais alors, quel problème peut régler la monnaie locale que la monnaie nationale ne règlerait pas aussi bien, et sans doute beaucoup mieux ?
L'appauvrissement d'une communauté dont la productivité est, pour une raison ou une autre, inférieure à la productivité globale de l'espace où la dite monnaie nationale (ou régionale dans le cas de l'Euro) est utilisée. Par exemple.
Il me semble que les applications effectives de la monnaie locale sont très peu nombreuses. Quelqu'un a-t-il connaissance d'une expérience de monnaie locale concluante (à part le cas déjà discuté de ce papier allemand émis par une usine en crise, qui relève plutôt, à mon avis d'une bonne gestion de la dette ou de la reconnaissance de dette) ?
Oui, et même plusieurs. Mais si je vous donne l'exemple du WIR en Suisse, vous reposerez la question "Quelqu'un a-t-il connaissance d'une expérience de monnaie locale concluante (à part le cas déjà discuté du wära et du WIR) ?". Et si je vous donne l'exemple du WAT japonais, vous reposerez la question "Quelqu'un etc.".
Le bitcoin n'a en tant qu'étalon monétaire pas plus de valeur intrinsèque que l'or
Vous avez parfaitement raison. Ceci dit l'euro n'a pas non plus de valeur intrinsèque. Il n'a que celle que la confiance des européens (et des autres) lui donne. Monnaie fiduciaire = monnaie basée sur la confiance. Le paiement au moyen d'une monnaie ayant une valeur intrinsèque, ça s'appelle le troc. L'utilisation d'une unité de compte ayant une valeur intrinsèque (le shekel mésopotamien par exemple) ça reste de la confiance.
Si l'on doit se raccrocher à une monnaie extérieure pour établir la valeur de la monnaie locale, pourquoi ne pas se rattacher directement à cette monnaie extérieure ?
Pour pouvoir faire varier cette parité au besoin. De nombreuses monnaies sont ou ont été "raccrochées" à l'US$, le yuan jusqu'en 2005 par exemple. Toutes les monnaies européennes ont été "raccrochées" à l'ECU jusqu'en 1999.
À moins de penser à la possibilité de créer des biens ou services effectivement consommables simplement en émettant de la monnaie locale (pas mon cas !), on retombe dans la reconnaissance de dette.
Toute monnaie est une reconnaissance de dette. Comme dit notre ami AJH "La monnaie est une dette de banque qui circule". Avant les banques c'était une dette d'orfèvre. Avant ça c'était une dette d'Etat.
Quand j'achète une baguette de pain chez mon voisin boulanger avec la monnaie émise par le maire ou une association locale, c'est comme si je lui signais une reconnaissance de dette.
Oui. A peu près. Sauf que c'est un paiement libératoire en ce qui vous concerne. Si votre boulanger accepte votre paiement il ne peut pas se retourner contre vous pour convertir cette reconnaissance de dette en quelque chose ayant une valeur intrinsèque (à moins que vous n'ayez fait un faux évidemment). Il ne peut se retourner que contre l'émetteur (en réalité c'est un peu plus compliqué que ça pour les monnaies peer to peer, comme le WAT). Cette monnaie est une "dette de maire ou d'association locale qui circule" (voir ci-dessus).
Ce qui fait la valeur monétaire de la vaie monnaie, c'est la conviction de chacun qu'à tout moment et partout il pourra se procurer des biens dont la valeur correspondra à peu près au montant indiqué sur le billet, parce que derrière ce billet il y a l'autorité [i]et la politique sociale et économique [/i]d'un État ou groupe d'États agissant à grande échelle : ce n'est jamais le cas, par définition, pour une "monnaie" locale. JR
C'est exactement le même cas pour une monnaie locale. Il suffit de remplacer Etat par n'importe quoi d'autre en qui on peut avoir confiance pour une raison ou une autre. Et en dernier ressort ce n'est pas la confiance en l'émetteur qui compte mais la confiance dans le fait que quelqu'un acceptera d'être payé de cette façon. La confiance dans l'euro ne vient pas de la confiance dans la politique européenne mais de la certitude qu'aucun commerçant n'a intérêt à refuser d'être payé en euro. Si le boulanger de Villecroze craint que les membres de l'Association des Amis du Frigouret Time Dollar le boycottent s'il refuse d'être payé en FTD, alors le boucher de Villecroze les acceptera parce qu'il sait qu'il pourra les écouler chez le boulanger, et ainsi de suite (exactement comme pour l'euro).

Si encore bous pouvions comparer réellement les productivités! Les capitalistes ( ceux qui contrôlent l’État et pour qui l’État intervient sur le marché) font supporter a l’ensemble de la population et aux populations futures un lourd tribu qui n’est pas comptabilisé dans le coût de leur production ( infrastructures, guerre, pollution, maladie, frais d’État ).

On pourrait soutenir à l’inverse que les capitalistes font bénéficier la population d’avantages considérables qui aboutissent à cette réalité actuelle que c’est plutôt dans dans les pays les plus typiquement capitalistes qu’on vit le plus longtemps en meilleure santé.

Mais ce raisonnement serait à prendre avec des pincettes, exactement comme le raisonnement que soutient frigouret. JR