[color=navy]à beo, argumentaire tiré de l’intervention de Michèle Dessenne, du M’PEP, invitée à un débat le dimanche 15 septembre à La Fête de l’Humanité sur le thème : « Quel projet pour la nation ? Pour l’Europe ? Quel projet commun ? »
Force est de constater que nation et souveraineté sont depuis des décennies dans la ligne de mire des classes dirigeantes. Elles ont organisé la création d’institutions internationales (OMC, Banque Mondiale, FMI, Otan, Union européenne, BCE) pour régenter le monde, imposer le libre-échange et vider les poches de résistance créées par des luttes sociales et politiques.
Pour réduire l’Etat à peau de chagrin, standardiser, pulvériser les frontières pour faire circuler capitaux et marchandises, défaire les acquis sociaux, le capitalisme a promu le concept de mondialisation, ringardisé la nation et la souveraineté nationale et populaire qui ne peut cependant s’exercer que dans le cadre de la nation, par les luttes et par les urnes. Il a piétiné la démocratie, lui substituant le marché comme dogme, la concurrence comme valeur, l’accumulation de richesses au profit d’une poignée comme but.
[bgcolor=#FFFF99]L’Union européenne ne fait pas exception. Elle est un rouage essentiel du projet capitaliste. Elle inféode les peuples avec la pleine complicité des gouvernements. [/bgcolor]Qu’on se souvienne du Traité constitutionnel européen (TCE) et du non français. Qu’on se souvienne de la forfaiture commise par le congrès qui a imposé le Traité de Lisbonne. Qu’on se souvienne du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) l’année dernière. Plus actuelle encore est la recommandation du Conseil de l’UE, en date du 29 mai 2013, concernant le programme national de « réformes » de la France pour 2013. Dix pages qui indiquent la marche à suivre au gouvernement Hollande pour réduire le déficit public d’ici 2015, mener des « réformes » structurelles, notamment des retraites, réduire les dépenses publiques, maintenir le cap des crédits d’impôts pour les entreprises, réduire le coût du travail, renforcer la concurrence dans le secteur des services, mettre en œuvre vite l’Accord national interprofessionnel (ANI), etc.
Dans ce cadre imposé, qu’en est-il donc de notre souveraineté, de notre pouvoir de mettre en œuvre un programme favorable aux catégories populaires, à l’emploi, au pouvoir d’achat, à la réindustrialisation, à la santé et à la protection sociale, à l’arrêt du pillage des ressources et de la dégradation de la biodiversité ?
Quel projet donc pour l’Europe ?
Sans doute nous évitons tous, ici, de confondre l’Europe – continent de 49 pays - et l’Union européenne – système politique de 28 pays ficelés par des traités et dont les populations subissent les diktats. L’Union européenne constitue l’un des piliers du néolibéralisme : elle a été rêvée, pensée, voulue par la finance et les multinationales.
Car nous ne pouvons pas nous tromper : l’Union européenne est un mariage forcé ; elle n’est pas une union libre décidée par et pour les peuples. Elle leur impose ses volontés. Sans consultation. Elle enferme chacun des pays dans une aliénation continue. Tous les domaines de notre vie sont sous la coupe des directives, des règlements. La politique économique, sociale, budgétaire et monétaire nous échappe. Nous sommes pieds et poings liés par des milliers de textes qui s’appliquent et dont nous ignorons parfois même l’existence. Et quand certains parviennent à alerter – la directive Bolkestein on s’en souvient – et que le peuple se rebelle, alors la directive services prend le relai, s’applique sans notre consentement, y compris dans les collectivités locales. Et en avant toute vers la privatisation des services publics, la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et maintenant la Modernisation de l’action publique (MAP) mise en place par le gouvernement Hollande.
Il n’y a donc pas de projet que nous pourrions porter pour et dans l’Union européenne parce qu’elle est un instrument de combat contre les peuples, contre les syndicats, contre le salariat, contre le progrès social. Les négociations en cours entre l’UE et les Etats-Unis sur le projet d’accord transatlantique, si elles aboutissent, nous livreront entièrement aux Etats-Unis et à leur politique impérialiste. [bgcolor=#FFFF99]Nous ne devons pas nous leurrer : l’UE sera demain encore davantage le vassal consentant des Etats-Unis.[/bgcolor]
Alors, bien naïfs serions-nous de croire que nous pouvons changer la machine à broyer de l’intérieur, la transformer pour la mettre au service du progrès social. Elle a été conçue pour nous tenir en laisse. Ce mariage forcé ne peut pas se transformer en un mariage d’amour librement consenti. Croire qu’il serait possible de faire de l’UE un outil de progrès, c’est comme si nous pensions que nous pouvons changer le Medef de l’intérieur !
Source : [/color]http://www.m-pep.org/spip.php?article3422
Modification du 8 octobre 2013 : Mise en exergue de la phrase : l’UE sera demain encore davantage le vassal consentant des Etats-Unis.