Mais moi aussi , si on avait une assemblée populaire au village, j'interdirai le" canard WC " par amour pour mes sources, mes truites et mes ecrevisses . Selon quelles critères ont été définies les frontieres de la france ? Autour d'assemblées populaires voulant garantir leurs souveraineté ? Si non elles n'ont pas de valeur pour moi.
Les frontières de l'état nation sont des créations des oligarchies pas du peuple, ce ne sont donc pas nos frontières, et pour preuve elles ne nous protègent de rien du tout.
Dis moi, la langue que tu parles et que tu écris, a-t-elle été élaborée par une assemblée populaire qui voulait garantir sa souveraineté? Et pourtant, sans elle tu ne pourrais penser le monde, et avec une autre langue, tu penserais le monde différemment. La ville, le pays de ta naissance, l'époque; le choix t'en a-t-il été laissé? Il y a des choses que l'on reçoit. Les conditions de notre naissance, notre langue et par là les concepts auxquels on est familier, ainsi que les frontières et l'histoire sont de ces choses dont on peut discuter, mais qu'on ne peut pas rejeter en bloc comme un ado en crise. Alors peut-être elles n'ont pas de valeurs pour toi, c'est un point de vue défendable, mais il va falloir faire avec les autres, et je pense que pour la majorité des gens la contestation des frontières est loin d'être une priorité.
Ce qui est probablement vrai, par contre, c’est que la perception qu’un humain normal a de l’espace qu’il habite et où il travaille est infiniment plus complexe que les découpages administratifs officiels. Et là, il y a vraiment une réflexion à avoir sur le rapport entre l’individu, la géographie, et l’administration. Peut-être serait-il plus pertinent non pas de faire des découpages de nature cartographique et matérielle, mais basées sur les groupes humains, adhérant ou fondant librement des assemblées encadrées (par exemple, on pourrait dire qu’une commune serait une assemblée de 5000 ménages environ, subdivisées en assemblées de district de 200 ménages environ).
Plutôt que de contester les frontières géographiques nationales, il faut réfléchir aux rapports entre ce que délimitent les frontières en général (la richesse est une frontière, le type de contrat de travail est une frontière, le type de foyer est une frontière, etc). Au final, les frontières en elle-même ne sont pas très importantes, c’est le contenu qui compte, ce sont les rapports et les échanges qui comptent. Mais de fait, les frontières existent parce qu’il y a des différences de contenu, des rapports et des échanges.
L’échelle nationale est commode. On parle la même langue, on a une culture commune, mais on forme un ensemble assez grand pour peser, et accepté comme un cadre adéquat pour des réformes d’ampleur et efficaces. Mais si par exemple, une région en particulier bougeait, montrant une capacité de changement improbable au niveau national à cause d’une trop grande inertie, il serait idiot, au nom de l’unité nationale, de chercher à décourager l’initiative. Au contraire, si une expérience commune de la crise qui ne fait que commencer faisait émerger une solidarité européenne, se retrancher dans les frontières nationales serait une erreur. A mon sens, en l’état actuel des choses, c’est l’échelon national qui est encore le plus adapté et le plus pertinent. Selon que la crise tourne Nouvel Ordre Mondial ou Mad Max, ça pourrait cependant changer très vite. Mais contester les frontières nationales, c’est un combat libertaire d’arrière-garde.
[b]Souveraineté[/b]
Je propose ceci dans le projet de révision de la constitution de 1958 :
[i]Article 3
- La souveraineté nationale appartient au peuple indivisiblement. La loi, expression de la volonté générale, est adoptée conformément au principe majoritaire.
Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale.[/i]
Je pense qu’il n’est pas très pertinent de mettre la souveraineté nationale systématiquement au dessus de la souveraineté régionale, départementale, locale, etc. On ne parle peut-être pas du même type de souveraineté, mais à mon sens, le principe de subsidiarité est une absolue nécessité pour rendre au peuple le pouvoir. Je sais que ça peut choquer ici, mais c’est pour cela que j’aime bien le principe de la monarchie: c’est autour de la personne du Roi que se fait l’unité, et non dans le fait d’être habitant d’un royaume. L’état de sujet du Roi (relation d’individu à individu, et non pas rapport administratif) ne décrit pas les relations entre sujets, les laisse donc libres. De fait, le principe de subsidiarité était même un des fondements de l’Ancien Régime (les privilèges ne sont pas que des exemptions d’impôts aux nobles et au clergé, c’est aussi une somme faramineuse de « lois privées », l’étymologie même du mot privilège: privata-lex, introduisant ou consacrant des spécificités locales en matière de droit, d’impôt, etc).
Il faudrait introduire que la souveraineté nationale est forte de la somme des souverainetés individuelles et « groupusculaires », est qu’elle en est comme la résultante. Elle ne donne pas le droit à 51% de la population de brimer les autres 49%, de vexer ses droits naturels à décider pour elle-même. Si c’est un français sur deux dans l’ordre alphabétique, il risque d’y avoir un soucis, mais si le Nord a une préférence, et le Sud une autre, il est légitime que sur ce sujet, et parce qu’ils forment des groupes aux convictions différentes, chacune applique ce qui lui semble préférable. Permettre cette subsidiarité sans glisser vers le morcellement et l’anarchie est une gageure, je le conçois. Peut-être que ce devrait être ça, un président: une figure qui symbolise l’unité nationale sans que cela implique une uniformité nationale, et en laquelle une large part de la population a confiance et respect. Une sorte de modèle et de père pour la nation.