Tous les liens sont vraiment pathetiques, surtout celui où il est censé « mépriser le peuple ». je vois simplement qu’il se défend contre une propagande du FN, des faux tracts, des affirmations non fondées…Il parle d’homme à homme et la personne en face n’a aucun argument de défense à part des phrases toutes faites et NON vérifiées. Aucun argument de poids bref
@ gilles : Salut, comme tu aime l’analyse des textes ( tout à ton honneur) plûtot que les vidéos en voici un sur l’analyse de la crise que se fait JLM.
Tu y trouveras peut être des réponses aux questions posées. Tu me donneras ton analyses si tu le souhaites biensur.
PS : @ AJH , je cherches l’extrait où JLM dit justement que dans sa constituante il ne veux pas une partitipation de professionnelle mais veut convoquer des citoyens lambda.
c’est un peu lourd pour le fil mais bon :
Bonne lecture à toi et aux autres si il y a :
La crise comme stratégie :
"Plus personne n’y fait attention et le niveau de l’information donné par les médias
sur ce sujet est passé depuis longtemps sous la ligne de flottaison. En tous cas il y
a eu un sommet européen les 13 et 14 décembre derniers. J’en ai fait un compte
rendu. A présent je veux faire rebondir l’analyse sur une phrase très parlante du
communiqué final où l’on apprend que la « crise » n’est pas seulement ce que l’on
croit. Elle serait aussi une opportunité davantage qu’une calamité. Attention, lecteur
pressé, mon texte est dense ! C’est une mise en en ordre de mes idées que je mets
en partage.
La faillite du système d’information sur l’activité de l’Union européenne est totale.
Sortis des récits et jeux de rôle sur les « sommets de la dernière chance » et autres
mises en scène mélo dramatiques, les griots ordinaires de « l’Europe qui nous
protège » n’ont rien à dire. Il est impossible de trouver où que ce soit la moindre
information documentée, la moindre présentation du contenu des mesures prises
chez les habituels médias donneurs de leçon de morale européenne. Ni d’ailleurs la
moindre curiosité ou investigation, quand la source officielle européenne ne donne
pas elle-même une information pré mastiquée sur un sujet. De mon côté j’ai publié
mon compte rendu sur ce sujet comme je le fais de toute l’actualité européenne sur
mon blog dédié. Je ne recommence donc pas ici mon compte rendu sur l’ensemble
de ce qui s’y est décidé. Mais je veux revenir sur un point suggéré par une lecture
attentive de la déclaration finale. Je le fais parce qu’il éclaire la scène du moment
que nous vivons d’une façon spéciale.
Ce qui n’a pas facilité l’intérêt pour ce sommet c’est que les documents n’ont pas
été traduits en français. Aucun ! Ordre du jour, note d’information, tout a été livré en
anglais! C’est la règle dorénavant. Sous prétexte d’économie, les parlementaires et
les citoyens sont privés du seul moyen de comprendre les enjeux des décisions
prises : la traduction. En allant jeter un ?il sur le site de la Commission européenne
vous pourrez faire le constat du nombre des documents non traduits. Compte tenu
des sommes dérisoires qui sont en cause à l’échelle de l’Europe pour ces
traductions, j’en déduis que cette attitude est délibérée. Il s’agit de réserver la
compréhension de ce qui se passe à ceux qui ont l’usage de la langue des
décideurs. D’un autre côté il s’agit aussi de préparer méthodiquement le passage au
grand marché unique transatlantique dont la langue de travail unique sera l’anglais.
Dans l’immédiat, ce confinement permet aux médias euro-béats d’en rester à des
récits de surface sans risquer d’être mis en cause par un contact direct du public
avec les textes réels. Dans ce qui s’est dit il y a en effet matière à dire davantage
que les comptes rendus de circonstances ont fait. Notez que ces mots ne valent pas
pour autant quitus de ma part sur ce que ces comptes rendus ont rapporté à la
connaissance du grand public. En effet, qu’il s’agisse de « l’aide à la Grèce », du
fameux « nouveau » contrôle bancaire dont l’anti-minable Ayrault s’est fait de si
vibrants gargarismes, et ainsi de suite, tout a été une fois de plus du recopiage
manipulateur de la parole officielle, sans imagination ni curiosité, mâtiné par-ci
par-là de rumeurs organisées par les attachés de presse des eurocrâtes. Encore
une fois, sur ces sujets je vous renvoie à mon compte rendu car il vous permettra
d’en prendre la mesure.
Mais dans le texte de clôture de ce sommet, comme je l’ai dit, quelques lignes m’ont
frappé. Je les analyse comme un aveu tellement frappant ! Voyez ces lignes. Elles
méritent d’être traduites intégralement. Elles expriment davantage que le cynisme
ou l’aveuglement idéologique ordinaire des commissaires européens. Lisez
lentement : « La crise économique et financière que traverse l’Union européenne .
Son impact est visible dans la restructuration profonde de nos économies, qui a
actuellement lieu. Ce processus est perturbateur, politiquement stimulant et
socialement difficile ? pour jeter les bases de la croissance future et de la
compétitivité qui devra être intelligente, durable et inclusive. » Ce texte dit, en fait,
que la crise est en réalité une stratégie d’action et non pas seulement une difficulté
qui s’impose de l’extérieur. Je pense que cela jette sur la situation un jour nouveau.
Par la « crise », délibérément, les eurocrates sont en train de faire naître
consciemment et méthodiquement un ordre nouveau. C’est la stratégie du choc
décrite par Naomi Klein. Attention : vu sous cet angle ce serait une erreur de
dissocier l’objectif et les moyens. La politique d’austérité et les moyens autoritaires
destinés à les imposer en Grèce, par exemple, forment un tout. Je voudrai qu’on ne
l’oublie jamais du moins ici parmi les lecteurs qui viennent me lire dans le but de
s’instruire et de compléter leur propre analyse de la période historique que nous
vivons.
Donc je veux revenir sur ce point précis de la « crise » comme moyen d’action des
dominants. J’ai déjà évoqué dans ma conférence à Londres cette idée de « la
crise » en tant que stratégie de réorganisation du rapport de force entre le capital et
le travail. Ce point mérite, bien sûr, une entrée en matière pour être compris sans
excessive simplification. Le mot « crise », dans le vocabulaire commun, désigne un
paroxysme provisoire. On suppose qu’il y aura des soins qui permettront un retour à
l’équilibre initial. Pourtant la crise de la dette que nous vivons n’est pas provisoire.
Elle implique un mécanisme de fond, structurel, qui forme la trame même du
système capitaliste de notre temps. L’endettement et le crédit sont les moyens de
masse que le capitalisme a trouvé pour dépasser sa limite interne traditionnelle.
Permettez une explication plus approfondie de ce point. Je n’ai pas souvent
l’occasion de donner mon analyse sur ce sujet que je crois essentiel. Il me semble
que c’est acceptable de votre part, chers lecteurs, dans le cadre d’un texte comme
celui-ci, ajouté depuis un séjour de repos dans une note publiée dans le temps de la
trêve des confiseurs. Comment « la crise » peut-elle être à la fois une situation
inopinée, un incident imprévu du parcours, et une stratégie d’action pour le futur? Je
voudrais l’expliquer.
On s’accordera pour dire que c’est bien la dynamique du système financier global
qui a conduit à la situation actuelle. Mais a-t-on clairement à l’esprit qu’à présent la
masse de la dette est telle qu’il n’y a pas de soin qui puisse ramener à la situation
antérieure. Si la dette n’est pas effacée, d’une façon ou d’une autre, le système
roulera à l’abîme en entraînant la civilisation humaine. Mais cet effet de système ne
peut être réglé par aucun des acteurs du système. De même qu’il n’y a pas de
complot pour conduire à cette catastrophe, il n’y a pas d’état-major pour l’empêcher
d’avancer vers son terme. Chaque épisode est le résultat d’un effet de système
auto-organisé dont la dynamique est spontanée. Le point crucial est que tous les
acteurs, les décideurs de toute nature, banquiers, personnages politiques et ainsi
de suite, tous sont inclus dans la situation. Ils en sont une composante. Ils gèrent ce
qu’ils trouvent en face d’eux du point de vue des intérêts qui dominent la scène et
qui sont aussi les leurs en particulier. Cela leur paraît être la seule voie possible, le
seul comportement raisonnable. Certes pour eux, la crise est d’abord seulement un
dysfonctionnement. Ils estiment donc que leur devoir est de ramener la situation à
l’équilibre. Mais ils n’imaginent pas de le faire autrement que du point de vue des
normes, usages et exigences du système lui-même. Nos questions, mises en garde
et revendications leur paraissent aussi extravagantes que le serait à nos yeux
l’attitude d’un conducteur qui ayant un pneu crevé s’en prendrait à l’industrie de
l’automobile au lieu de changer de roue pour continuer son parcours.
C’est donc de l’intérieur du cadre qu’il faut comprendre ce fait apparemment
paradoxal : « la crise » offre des opportunités d’aller plus loin dans la logique qui a
pourtant rendu possible « la crise ». Elle le peut parce que la situation de crise
permet des prises d’avantages. Ce résultat nous l’avons sous les yeux. Bien sûr,
personne n’a voulu la faillite du système des « subprimes ». Ni celle de la dette
publique grecque. Ni l’effondrement de l’immobilier irlandais ou espagnol. Bien sûr
que l’instabilité du système financier et la rupture des flux qui le constituent sont
dangereux aussi pour les bénéficiaires de ce système. Cependant, tous ces
événements ont eu lieu. Peut-être bien que les maîtres de la finance auraient
préféré qu’il en soit autrement. Pourtant ce sont leurs décisions et leurs spéculations
qui les ont provoquées, parfois de propos délibérés comme en Grèce. Quoiqu’il en
soit, leurs regrets s’arrêtent à la porte des profits fabuleux que cette situation leur
permet encore de réaliser. Un tel système ne contient aucun élément
d’auto-régulation. Tout au contraire. La dérégulation et ses abus de toutes sortes
constituent une belle part de marché. Elle forme même une part significative du PIB
de nombreux pays qui constituent la toile des paradis fiscaux. Cette expression
n’est pas réservée aux contrées exotiques, du type des Iles Caïman, elle concerne
le c?ur même du système comme on peut le voir avec le rôle de la City et du
Royaume-Uni, qui en est un des rouages les plus actifs.
Quelle que soit l’obligation où nous nous trouvons de parler avec des mots qui
obscurcissent ce qu’ils désignent davantage qu’ils ne l’éclairent, nous devons nous
en tenir aux faits observables. Les apparences de la « crise de la dette » et les
politique d’austérité qui sont censé y répondre ne doivent pas nous empêcher de
voir ce qui se passe vraiment à la fin. Au-delà des arguments et des raisons mis en
avant par chacun. Sinon on ne peut en comprendre la dynamique particulière de la
situation d’ensemble. Ni la façon avec laquelle les événements réputés liés à la
« crise financière », ou à la « crise écologique », et à la « crise sociale » forment un
tout dans la réalité des faits qui surviennent. Le résultat, dis-je, nous l’avons sous
les yeux. Alors même que « la crise de la vie quotidienne» s’approfondit visiblement
pour le très grand nombre, pendant ce temps, les profits des très grandes
entreprises explosent, la prédation bancaire s’élargit, la part de la rétribution du
travail dans la richesse produite diminue, la financiarisation de l’économie s’étend et
la part des dividendes par rapport aux investissements augmente. Et la température
ambiante du globe monte. Dans ces conditions la suite ne continue pas simplement
le présent.
C’est bien parce que les mots nous induisent en erreur qu’il faut utiliser un
vocabulaire nouveau pour désigner les évnements. Souvent vous avez vu que
j’utilise le mot « bifurcation » pour désigner ce type de situation bien particulier où
une modification apparemment très localisée et ponctuelle se produit et fait dévier
de sa trajectoire tout le système sans qu’aient changé les éléments qui font sa
dynamique. J’en donne souvent une image : ce qui se produit avec un véhicule
lancé à toute allure si le chauffeur se fait piquer par une guêpe. J’utilise souvent ce
mot pour parler de l’étape qui va se franchir dans le climat lorsque l’impact du
changement en cours aura atteint un certain seuil. Ou bien pour désigner ce qui se
produira lorsque la Chine passera devant les Etats-Unis. L’image permet de mieux
se représenter le mouvement comme un tout qui s’organise d’après ses propres
éléments et non comme une interruption momentanée des données qui ont prévalu
jusque-là dans le passé récent. La « crise » actuelle est en fait une nouvelle
trajectoire, un nouveau moment cohérent et global pour le système dans son
ensemble et pour son futur immédiat.
Une autre manière d’entrer dans la compréhension de la réalité que recouvre le mot
« crise » est d’en placer les manifestations dans l’histoire pour observer leur
incidence. Un regard en grand angle sur le sujet nous apprend d’abord quelque
chose. L’instabilité et les « crises » sont consubstantielles au système capitaliste.
L’histoire en atteste ! De 1816 à 1929, en plus d’un siècle, il y a eu 14 crises
majeures ! Deux d’entre elles se sont réglées par une guerre mondiale. Depuis
1973, en moins de 40 ans, il y a eu déjà 12 crises affectant l’ensemble du système
mondial et menaçant de le faire s’effondrer ! Depuis 1992, en 20 ans il y a eu 8
crises ! Ce coup d’?il montre que le rythme de déclenchement de ces crises
systémiques s’accélère. D’une façon ou d’une autre, on peut dire que les conditions
dans lesquelles se sont dénouées chacune d’entre elles, ont préparé les conditions
d’un épisode suivant encore plus violent. Chaque « crise » a augmenté l’instabilité
du système dans l’épisode suivant. Cette escalade a fait dire à Jean-Claude Trichet
en août 2011, alors gouverneur de la Banque centrale européenne, que la crise
actuelle est « la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Cela aurait même
pu être la crise la plus grave depuis la première guerre ». Ce n’est pas seulement le
moment qu’il faut alors considérer mais la raison pour laquelle il est parvenu à ce
point en dépit de l’expérience qui devrait être acquise.
Donc, chaque sortie crise aggrave la violence de la suivante. Entrons davantage
dans ce que montre le coup de projecteur. Vu de haut et de loin on peut voir une
constante : chaque crise est une crise de surproduction. Cela paraît
incompréhensible d’un point de vue du sens commun mais c’est la réalité. Quand
tout le monde manque de tout c’est aussi le moment où la capacité de production
est la plus élevée. Puis intervient une destruction massive de capital. Guerre,
hyper-inflation ou faillites y pourvoient. Puis la reconstitution fournit la dynamique de
la phase suivante. Mais, notez un fait peu souvent mentionné dans l’analyse de ce
mouvement général : à chaque étape, dans l’histoire réelle, le système a vu l’aire du
marché disponible pour l’accumulation du capital se réduire. Et du coup, il lui a fallu
pour l’étendre par des moyens de plus en plus artificiels et dangereux. Les deux
guerres mondiales ont soustrait au champ du marché toute l’aire de ce que l’on
nommait le « camp socialiste », soit le tiers de l’humanité productive et
consommatrice. La reconstitution du niveau des forces productives d’avant-guerre
dans un espace marchand moindre a contraint à constituer des aires d’accumulation
de plus en plus artificielles : économie naine du Moyen-Orient en surcapacité
monstrueuse de capitaux, économie d’armement sans objet servant de volant
d’entraînement à l’économie productive globale et ainsi de suite. A partir d’août
1971, et la fin de la convertibilité du dollar en or, est née une économie purement
financière, sans objet matériel réel, en expansion permanente.
Depuis 1971, la masse monétaire en dollar a augmenté dix fois plus vite que le PIB
des USA : la richesse produite réellement a été multipliée par 4 et la masse
monétaire par 40 ! C’est ici la base d’une extraordinaire mise en circulation de
signes monétaires sans contrepartie réelle. Elle a semblé affranchir le mécanisme
de l’accumulation capitaliste de toutes les limites du monde matériel réel. Le crédit
et la dette, la marchandisation de tous les compartiments de l’activité humaine et la
financiarisation de tous les secteurs sont les bases du système actuel. C’est dans
ce cadre que prennent place la situation et les dangers de la situation en Europe.
Une « crise » plus grande est inscrite dans la logique des événements ainsi mis en
perspective. Du moins si aucune des conditions initiales du système ne change.
L’observation des échanges sur le marché des devises permet de mesurer la
hauteur de la falaise de papier qui surplombe l’économie productive réelle et
menace de l’engloutir. Les chiffres sont souvent cités. En 1970 les fonds concernés
s’élevaient à 20 milliards de dollars par jour. En 1990 à 1 500 milliards de dollars par
jour. En 2010 ils atteignaient 4 000 milliards de dollars par jour. Pour comprendre
quelle boursouflure sans objet matériel sont ces sommes, il faut les comparer à la
valeur des biens réellement échangés. Quand 4000 milliards s’échangent en une
journée, pendant ce temps, les biens et services réellement échangés sont de 40
milliards ! Cent fois moins chaque jour ! En 4 jours d’échanges sur le marché des
changes, on atteint le montant annuel total du commerce international réel ! Je vais
encore faire une comparaison pour bien faire comprendre les ordres de grandeur du
monde de signes artificiels dans lequel nous vivons. Quand il circule 4000 milliards,
il n’y a que 170 milliards de richesse produite dans le monde ! Il y a donc 23 fois
plus de dollars en circulation que de richesse mondiale créée ! Le plus vaste choc
que le monde va recevoir est celui de l’ajustement de cette masse de monnaie de
singe avec sa contrepartie en biens matériels réels. Cela se produira lorsque les
Etats-Unis d’Amérique ne seront plus en tête de l’économie mondiale réelle et que
la confiance dans la valeur du dollar sera donc mise en cause par cette situation.
Cela est inscrit dans le calendrier.
L’Europe peut donc, à tout moment, recevoir ce choc en plus de celui qu’elle subit.
La catastrophe peut être déclenchée fortuitement à tout moment par un incident
systémique intervenant n’importe où dans le monde. Et, évidemment, l’Europe peut
elle-même déclencher le choc général par un épisode incontrôlé de sa propre
instabilité. A chaque pas nous rencontrons l’articulation de ces deux niveaux de la
réalité et l’interaction des instabilités structurelles du capitalisme de notre temps.
Ainsi, par exemple, quand nous voyons que les Etats-Unis d’Amérique ne peuvent
accepter que l’euro soit une monnaie de réserve. En effet l’euro mettrait alors en
danger le rôle du dollar comme monnaie de réserve. Mais à l’inverse l’effondrement
de l’euro entraînerait aussi tout le système financier mondial dans la catastrophe.
Le texte de la Commission avec lequel j’ai commencé cette longue analyse nous
montre que « la crise » a cessé d’être perçue comme un risque par les puissants en
Europe et qu’ils la vivent essentiellement comme une opportunité dans une stratégie
de réorganisation des sociétés. Le modèle de la stratégie du choc, tel qu’il a été
expérimenté sur les pays sortis du Comecon et du « camp socialiste » sert de
modèle sur les économies imbibées « d’Etat providence ». C’est pourquoi les
eurocrates peuvent continuer à recommander avec insistance les politiques que
nous nommons « austéritaires » alors qu’elles semblent être un défi au bon sens !
C’est à ces recommandations qu’est consacré l’essentiel des déclarations de ce
sommet. Et cela en dépit de pronostics particulièrement sombres, donnés par les
mêmes personnages, sur les souffrances à endurer l’année prochaine, en matière
de chômage notamment.
Mais tout ceci contient aussi une mise en garde pour nous aussi. Notre camp ne
peut se contenter d’imaginer le futur souhaitable comme une simple reconstruction
du monde du passé, désormais idéalisé, celui des « trente glorieuses ». Nous ne
pouvons penser l’avenir comme de bons keynésiens à qui il suffirait d’espérer
« relancer la croissance » comme le répètent en refrain tous ceux qui continuent de
vivre dans l’imaginaire du productivisme. Non seulement pour la raison que tout le
monde connaît bien désormais ce qu’il en est des limites de l’écosystème. Non
seulement parce que la financiarisation de l’économie ne le permet pas. Mais
surtout parce que le productivisme contient une logique d’appel à l’accumulation qui
reproduit mécaniquement les mêmes contradictions : il lui faut sans cesse élargir la
base des consommateurs et pour cela il lui faut sans cesse tenter de restreindre les
coûts de production. Cette logique de la politique de l’offre, quel qu’en soit
l’habillage, constitue un modèle de production et d’échange fondamentalement
instable. La planification écologique se présente face à cela comme une méthode
exactement inverse. Comme politique de la demande, elle a vocation à prévoir la
satiété de la société. Comme orientation responsable du futur elle doit éteindre les
moteurs de frustration consuméristes qui sont le c?ur du modèle publicitaire
productiviste. Je suppose que tout le reste du discours sur le modèle alternatif se
devine à partir de là sans que je doive en surcharger ce post.
J’ai commencé en montrant comment la « crise » devient une stratégie davantage
qu’une nuisance pour la finance. Pour nous il en va tout autrement. Les nuisances
de la situation et les résultats de la stratégie de la finance sont intégralement payés
par les salariés, qu’ils soient actifs ou au chômage. Misère et insécurité sociale n’ont
jamais élevé le niveau de combativité sociale. Mais en même temps, l’idée fait son
chemin qu’il faudrait passer à autre chose. C’est sans cesse davantage le cas dans
les secteurs de la société qui jusque-là ne regardaient pas de notre côté, parmi les
catégories sociales les mieux formées et les plus qualifiées. Les objectifs et les
méthodes de la planification écologique forment un horizon de mobilisation autant
politique que professionnel. Bien sûr, le phénomène est très loin d’être
hégémonique. Mais le mouvement est de ce côté. Car le discrédit des
sociaux-libéraux, et l’insupportable bonne conscience routinière de la vieille
deuxième gauche type « Nouvel Observateur » ou « Libération », sont devenus de
puissants répulsifs ainsi que nous en avons d’innombrables témoignages. Je ne
mentionne ces faits que pour les placer dans le contexte. Si la société est conduite
au point de blocage que les politiques d’austérité ou d’ajustement structurels ont
produit partout ailleurs dans le monde, la société ne songera pas à ce moment-là à
se tourner vers les comptables sans imagination du social-libéralisme ou les
ethno-libéraux de l’UMP. Cette exclusive s’est déjà maintes fois vérifiée. Pour
qu’elle fonctionne vers nous, il est indispensable de n’entrer dans aucune
combinaison ou arrangement avec ce vieux monde et son système politique. C’est
cela que signifie notre stratégie de l’alternative. Et c’est en cela qu’elle est un
recours pour la société".