87 ANARCHIE

@Frigouret
Je manque de références en matière d’histoire des pensées politiques. Les anticonformistes des années 30 me sont pour le moment inconnus. Si j’ai l’occasion de les débusquer, je les lirai avec plaisir mais à Casablanca, c’est pas gagné :wink: À mon prochain retour. Mais la conversation sur ce sujet me passionnerait.
Quant au penchant identitaire, je crains davantage maintenant (ça n’a pas toujours été le cas) l’illusion des bons sentiments que l’affirmation d’une identité.

[bDu socialisme par Alain de Benoist
Analyse intéressante. J'en retiens :
Le socialisme entend certes mettre un terme à l’exploitation de l’homme par l’homme, mais s’il veut être fidèle à son aspiration la plus fondamentale, il doit aussi viser à [color=red]sortir de la dictature de l’avoir[/color] et de l’imprégnation des esprits par les valeurs marchandes. Ce qu’il doit chercher à instaurer, ce n’est même pas l’« égalité », ce terme qui a fait couler tant d’encre et qui peut recouvrir des choses si différentes, mais bien plutôt [color=red]l’autonomie[/color]. Il s’agit au fond de choisir entre l’être-mieux ou l’avoir-plus, de rétablir les conditions de l’être-ensemble, que Marx appelait Gemeinwesen, en redéfinissant les conditions de l’ajointement du je et du nous.
et :
La démocratie n’est plus dès lors la forme politique qui fait reposer la légitimité du pouvoir dans la souveraineté du peuple et qui, de ce fait, est d’autant plus fidèle à son inspiration intrinsèque qu’elle permet une participation plus large des citoyens aux affaires publiques. [color=red]Les démocraties représentatives[/color] libérales, non seulement [color=red]ne représentent plus rien[/color], mais sont devenues de simples appareils aux mains de la Nouvelle Classe. Le peuple n’est plus représenté, et c’est la raison pour laquelle il se détourne de plus en plus de la vie politique. Les classes populaires ne se reconnaissent plus dans ceux qui prétendent parler en leur nom, et pour qui le « populisme » est devenu un terme insultant.
et aussi :
il est en effet clair qu’il faut aujourd’hui [color=red]partir du local[/color], c’est-à-dire du lieu de vie, du quartier, de l’entreprise, de la démocratie municipale. Lorsqu’un changement global est impossible, il faut d’abord recréer des espaces de liberté et d’être-ensemble qui soient autant de « territoires » le plus possible soustraits aux emprises dominantes, permettant du même coup de remédier à la dé-liaison sociale, de faire réapparaître des valeurs partagées et de susciter la renaissance d’une sphère publique de citoyenneté active, liée à une démocratie plus participative et plus directe, seule apte à [color=red]permettre aux gens de décider par eux-mêmes[/color] de ce qui les concerne dans une optique de [color=red]subsidiarité[/color].
et finalement :
Tous ceux qui, dans la périphérie, combattent le pouvoir du centre devraient être solidaires. Mais ils ne le sont pas. Certains croient plus que le plus important est de savoir « d’où l’on vient » et « d’où l’on parle ». Ce sont ceux qui, lorsqu’une maison brûle, pensent que le plus urgent est de demander leurs papiers à ceux qui viennent éteindre le feu. En aucun cas, à leurs yeux, les ennemis de leurs ennemis ne sauraient être leurs amis. Je crois exactement l’inverse. [color=red]Les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis, mais ils sont nécessairement des alliés[/color]. Je ne suis notoirement pas castriste, mais je soutiendrai toujours Castro dans son combat contre l’impérialisme américain. Je ne suis notoirement pas chrétien, mais je soutiendrai toujours les chrétiens chaque fois qu’ils lutteront contre le pouvoir de l’argent. Ceux qui raisonnent autrement n’ont pas le sens des priorités ni celui des enjeux. A moins qu’ils ne soient tout simplement complices.

Si une bonne âme voulait aller sur YouTube et donner le lien qui conduit à visionner un film qui se nomme "vive l’anarchie CNT FAI " je lui promet un, non deux, kilos de figues. C’est un documentaire .

Vive l’anarchie!

J’aime les figues :slight_smile:

Merci, pour les figues c’est août septembre…

Il y a, je trouve, un moment important dans le documentaire , vivre l’utopie, donné en lien (#88).
C’est quand se pose la question du « tout pour le tout » c’est a dire de l’affranchissement total de la tutelle étatique. Un militant de la CNT explique qu’ils n’ont pas voulu « imposer l’anarchie » et qu’ils ont fini par collaborer avec le gouvernement républicain, allant même j’usque à participer à celui-ci. Alors d’un côté cela les honorent de ne pas avoir voulu mettre la société entière sous la tutelle de la CNT, mais cela pose des questions sur l’avancement de leur réflexion et de leur projet pour la société, ils n’ont pas sue « lâcher les rennes ». D’ailleurs la seule technique démocratique évoquée et celle de pouvoir démettre tout mandaté insatisfaisant par référendum.

Fallacieusement nommée « Guerre d’Espagne » :
on en parle aussi sur le blog :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/05/21/223-vivre-l-utopie-memoire-des-luttes-ouvrieres-anarchistes-pour-la-justice-et-la-paix

et les utiles commentaires, comme http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/05/21/223-vivre-l-utopie-memoire-des-luttes-ouvrieres-anarchistes-pour-la-justice-et-la-paix#c9139 par exemple.

Pour Antoni Castells Duran16, l’expérience des collectivisations développée en Catalogne durant la période 1936-1939 « constitue l’unique tentative de mise en pratique des principes de socialisme libertaire et autogestionnaire qui a existé dans une société industrielle. C’est, ce qui lui confère une importance exceptionnelle au niveau mondial, tant du point de vue historique qu’économique et social ».

D’une ampleur considérable, elle a concerné 1 million de personnes en Catalogne et 1 million 750 000 personnes, dans l’ensemble du pays17. Avec la socialisation de l’économie catalane, les collectivistes prétendaient transformer la propriété privée des moyens de production en propriété collective et exercer la direction et le contrôle direct de l’activité par les travailleurs, dans le but de construire une société plus libre et égalitaire. Les acteurs des collectivisations proposaient l’exercice de la démocratie directe face à la délégation du pouvoir de décision des professionnels de la politique et de l’économie. Ils considéraient que la démocratie et le socialisme devaient se réaliser à partir des lieux de travail et d’habitation. Bien que la socialisation de l’industrie et des services de la Catalogne ait été confrontée par un ensemble de facteurs – la guerre, la division de l’Espagne en deux zones, la division et l’affrontement de la société catalane entre les défenseurs d’alternatives économiques et sociales opposées – qui empêcha leur consolidation et leur développement, les collectivisations permirent d’obtenir d’importants résultats tant au niveau économique que social.

Les collectivisations apportèrent une plus grande égalité sociale - disparition ou diminution des différences salariales, création du salaire familial et amélioration des prestations sanitaires et de retraite - et augmentèrent le niveau culturel et de formation des travailleurs. Elles obtinrent également des succès au niveau économique en améliorant et en rationalisant l’appareil productif et des services, ce que reconnurent par la suite certains opposants. L’expérience collectiviste développée en Catalogne put compter sur la forte implication de la majorité des travailleurs qui défendit les conquêtes quand celles-ci furent menacées par l’environnement politico-militaire comme en mai 1937, date à laquelle elles commencèrent à décliner, ou lors de l’occupation des troupes de Franco quand elles furent éliminées complètement.

Pour Victor Alba18, la Révolution espagnole fut « la seule authentiquement ouvrière », conduite spontanément par les travailleurs sans initiative initiale de leurs organisations. Ce fut une révolution de la base ouvrière de la société. Les décisions furent adoptées par les travailleurs eux-mêmes au service de leurs propres intérêts. Le prolétariat espagnol ouvrit un chemin qui conduisit vers une société sans classe, dans laquelle les différences sociales, économiques, culturelles dues à la division du travail et aux différentes fonctions dans le processus de production s’estompèrent. Il entreprit bel et bien la construction d’une société socialiste autogestionnaire même s’il renonça au pouvoir politique.

"En Argentine vers les années 2000, « ça aurait pu » (piqueteros, empresas ocupadas, asembleas) , mais le processus « démocratique » a tué l’oeuf dans la poule.
Sans compter les tirs à balle réelle …
Cependant sur le lien que tu donnes, je trouve la page : http://alterautogestion.blogspot.fr/2012/03/argentine-toujours-la-et-en-pleine.html#more, et d’autres.
En 2003, j’ai eu l’immense honneur de visiter une ou deux de ces entreprises. C’était exaltant.
Cette voie serait bonne si « on » voulait bien la laisser vivre.

Chez nous, il y a eu Lip et d’autres rares expériences.
http://www.ina.fr/economie-et-stociete/vie-sociale/video/I00014229/lip-autoportrait-par-les-ouvriers-grevistes.fr.html
Il y a un homme, Charles Piaget, qui était de l’aventure. Il a un langage clair qui pose les règles de la gestion directe en vraie démocratie, … et ses difficultés.
http://www.adeppr.org/pages/l-adep-resiste-informer-pour-agir/faire-un-collectif-ch-piaget-evoque-l-experience-des-lip.html
http://www.librinfo74.fr/2012/06/le-rassemblement-citoyen-des-glieres -laboratoire-d’un-projet-de-societe-pour-le-21eme-siecle/

Les océans, le climat, la diversité biologique, l’antarctique, les forêts sont menacés de dégradation et d’appropriation… notre environnement et les limites mêmes de la terre [10] en font l’équivalent de nouvelles enclosures écologiques. Comment la théorie des communs nous permet d’affronter ces défis qui se posent à l’échelle globale ? Quelles sont les communautés concernées par leur protection, et les règles et agencements qui leur permettent d’exister et d’agir ? Les questions posées autour de la conférence Rio+20 portent bien sur ces sujets, et l’on voit s’y exprimer des tendances à trouver des « solutions globales », souvent mythiques ou au contraire servant de paravent à de nouvelles enclosures. Au-delà du caractère attrape-tout du terme, un des aspect de « l’économie verte », celui qui veut financiariser la nature et étendre les droits de propriété intellectuelle à l’ensemble du vivant, est ainsi une nouvelle enclosure masquée derrière un discours généreux. En se décalant par rapport à la description de la dégradation de ces biens globaux, qui fait souvent le lit du catastrophisme, Elinor Ostrom cherche au contraire à développer les formes de résilience qui résident dans les capacités d’action : « Ce que nous mettons trop souvent de côté est ce que les citoyens peuvent faire et l’importance d’un investissement réel des personnes concernées » déclarait-elle en recevant son Prix Nobel d’économie. Dans son ultime article à propos des négociations de Rio en 2012, elle indique clairement : « Des dizaines d’années de recherche montrent qu’un éventail de mesures évolutives, complémentaires au niveau urbain, régional, national et international a plus de chance de réussir qu’un accord universel et contraignant, car il permettrait de disposer d’un recours en cas d’échec de certaines de ces mesures. »

http://blog.mondediplo.net/2012-06-15-Elinor-Ostrom-ou-la-reinvention-des-biens-communs

extrait : "… ce que les citoyens peuvent faire et l’importance d’un investissement réel des personnes concernées »

J’applaudis.


Une piste concrète : zieutez ça :slight_smile: http://www.incredible-edible-freland.fr/?page_id=56

(nous faisons fait ça par chez moi depuis peu ; ce qui est génial c’est quand les gens intrigués viennent, sympathisent, et se mettent au boulot eux aussi ; à suive … )

Intéressante l’initiative Ana, j’vas ptèt ben essayer.
Autrement j’ai découvert un site ANARSONORE qui s’appelle ( si une bonne âme pouvait mettre le lien ici , merci ). On y trouve des enregistrements audio de pleins de textes. Par exemple en ce nomment j’écoute Castoriadis .

Un acte généreux vaut mieux qu’un projet politique.

Oui mais charité bien ordonné commence par soi même :wink: . Je viens d’écouter une introduction à << qu’est ce que l’institution imaginaire de la société>> par Castoriadis lui même sur anarsonore, et bien j’ai le sentiment que c’était un temps d’auto générosité.

Merci du conseil quand même.

héééééééééé c’est pas un conseil :wink:

Voici le lien de ta bande son : http://anarsonore.free.fr/spip.php?article126

       Après que le ciel a refleuri ne reste plus dans le jardin que le désastre de l'oubli.
       On s'en fout :
       On se sent fous.
                               Ana
[i]The law locks up the man or woman Who steals the goose from off the common But leaves the greater villain loose Who steals the common from off the goose. The law demands that we atone When we take things we do not own But leaves the lords and ladies fine Who take things that are yours and mine. The poor and wretched don’t escape If they conspire the law to break; This must be so but they endure Those who conspire to make the law. The law locks up the man or woman Who steals the goose from off the common And geese will still a common lack Till they go and steal it back.[/i]
Qui veut se risquer à traduire sans trahir ?

On dirait des rimes. Mais endure rime t-il avec law en anglais ?

Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais :wink: je risque une traduction littérale (mais traduire littéralement un poème est autant une trahison que respecter sa musique en négligeant son impact politique), en espérant toujours l’aide d’un(e) poète :confused: qui arrivera à remettre en une quinzaine de vers le « deux poids deux mesures », l’origine de la propriété, la légitimité de l’État, et celle de la rébellion.

La loi emprisonne l’homme ou la femme
Qui vole l’oie sur le commun
Mais laisse libre le plus grand brigand
Qui vole le commun sous l’oie.
La loi exige que nous expiions
Quand nous prenons ce qui ne nous appartient pas
Mais laisse libres les seigneurs et les dames
Qui prennent ce qui est à vous et moi.
Les pauvres et les miséreux n’échappent pas
S’ils conspirent à briser la loi ;
Il doit en être ainsi mais ils endurent
Ceux qui conspirent à fabriquer la loi.
La loi emprisonne l’homme ou la femme
Qui vole l’oie sur le commun
Et le commun manquera toujours aux oies
Jusqu’à ce qu’ils volent ce qui était à eux.

C’est beau. Qui a écrit ?

Probablement un anonyme du XVIIIe ou début du XIXe (première citation connue dans un document de 1821)