Landerec,J’attire votre attention sur [bgcolor=#FFFF99]l’importance VITALE que les démocrates athéniens attachaient à l’art en matière politique : la tragédie grecque était une institution au sens fondamental, dont le rôle (essentiel) était pédagogique : il s’agissait de transmettre aux citoyens (petits et aux grands) les VALEURS de la Cité.[/bgcolor] Les pièces de théâtre, forçant le trait sur telle et telle valeurs pour les rendre claires, et les mettant en scène pour en rendre attrayantes les leçons, participaient activement à l’éducation populaire, absolument indispensable en démocratie.
Castigat ridendo mores, nous sommes d’accord.
Comme nous sommes d’accord sur le fait que le point essentiel est la liberté d’expression.
Ce qui veut dire que le point essentiel, même si c’est un point à examiner, n’est pas de mettre à disposition de chacun des structures dépendant d’un pouvoir centralisé.
Shakespeare n’a jamais eu besoin qu’Elizabeth lui mette une salle à disposition.
J’ai un ex-camarade de classe qui s’est payé une ancienne salle de cinéma de quartier et qui fait de même depuis des lustres, et comme Shakespeare ce n’était pas un millionnaire (et comme on peut s’en douter il ne l’est pas devenu, même si c’est son gagne pain).
La troupe où jouait ma fille a investi un squat et monté plusieurs pièces qui ont eu un certain succès.
Aguigui Mouna n’a jamais eu besoin d’autre chose qu’une vieille caisse en bois, un vélo, quelques affiches écrites à la main et un coin de trottoir pour devenir célèbre.
Les artefacts ne sont donc pas nécessaires. Je n’ai jamais dit qu’ils n’étaient pas utiles, mais si un acteur ne peut pas se faire entendre le problème n’est pas celui là.
Et je dis même que [bgcolor=#FFFF99]le fait de compter sur les artefacts fournis par le pouvoir, fut il démocratique, est justement un danger pour la démocratie, parce qu’une rupture de l’indépendance des pouvoirs[/bgcolor].
D'ailleurs, la dépolitisation de la culture est une catastrophe récentePas si récente, la politique a commencé à quitter la culture quand Rome a soumis la Grèce. Et j'insiste : la culture ce n'est pas le théâtre, le théâtre c'est une partie de la culture, au [b]même[/b] titre que la cuisine, que le stockage du bois, ou que la façon d'uriner (debout ou assis/accroupi) ou de déféquer (en privé ou en public). Et la culture a commencé à se réduire à l'art commercial/officiel/spectacle, d'abord par la [b]novlangue[/b], quand Malraux a créé le ministère de la culture. Bref, ce que je dis c'est qu'il faut d'abord, nous, [bgcolor=#FFFF99]faire l'effort de déconstruire la novlangue, plutôt que de l'entretenir[/bgcolor]. Et c'est pourquoi, pour la dernière fois puisque le débat semble heureusement lancé, je demande à senzu de préciser ce qu'il entend, lui, par culture.