4A Les principes fondamentaux, déclarés en tête de la Constitution, devraient primer sur toute autre règle

[b]Constitutions[/b]

Une bonne constitution règle exclusivement l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics.

Une constitution qui se mêle d’imposer aux citoyens des analyses de la vie est un mauvaise constitution : heureusement que dans la mesure où elle extravague elle est interprétable dans tous les sens, et donc inapplicable.

Un très bon côté de la constitution étatsunienne est que son préambule expose en très peu de lignes des objectifs constitutionnels concrets : parfaire l’union, établir la justice, assurer la tranquillité publique et la défense commune, promouvoir le bien-être, maintenir la liberté au bénéfice des générations présentes et futures. À ce point de vue c’est un modèle, même si le reste du texte est loin d’être aussi bien construit. Pour la philosophie, les Américains l’ont mise dans la Déclaration d’indépendance : les déclarations sont faites pour ça. JR


En lisant votre intervention, j’ai le sentiment que nos opinions sur ce sujet sont en opposition. Essayons tout de même de nous en assurer, ou au contraire, de voir si certaines précisions ne permettent pas de rapprocher nos vues :slight_smile:

En estimant que le préambule de la Constitution doit avoir une primauté sur l’ensemble de ses volets, et en évoquant le fait que ce préambule devrait aborder l’esprit, la philosophie et l’objectif du projet de société, je n’insinue pas qu’il s’agisse d’imposer telle ou telle philosophie : j’ai bien précisé qu’il s’agissait de faire (re)sortir le plus petit dénominateur commun. Par ailleurs - et là on touche au sujet qui nous préoccupe - nous savons tous, intimement, que « le plus petit dénominateur commun » est insuffisant à répondre à nos aspirations les plus profondes : nous voulons plus, nous recherchons, intuitivement, le plus GRAND dénominateur commun. Problème ! (j’ai parlé de paradoxe).

Là où je peux vous rejoindre, c’est dans le fait, évident, qu’un projet de société, un projet de Constitution, de texte « commun », (n’)est, en réalité, écrit et proposé habituellement que par un très petit nombre de personnes, qui, de fait, vont éventuellement « imposer » leur vision des choses. S’il s’agit de philosophes de haute volée, nous aurons sans doute droit à une forme d’élitisme prenant peu en compte les aspirations simples d’une majorité de citoyens ; s’il s’agit d’imbéciles, nous aurons sans doute droit à un régime kafkaïen ; et s’il s’agit de voleurs de pouvoirs, nous aurons droit à ce que nous ne connaissons que trop bien …

Cela est également préoccupant (et donc, je vous rejoins aussi, au moins un peu, sur ce point) du fait qu’inéluctablement, la Loi (la Constitution) s’impose sans avis préalable à toutes les générations qui suivent celle qui l’a fait naître. Peut-être certains d’entre nous se sont-ils, comme moi, rendu compte que les Lois nous sont de facto imposée dès notre naissance, et qu’à aucun moment ne nous était demandé notre avis, notre approbation, notre consentement ?

Okay. Donc, de cette façon, je rejoins votre objection. Mais ne sommes-nous pas ici, précisément, pour (tenter de) dépasser cette situation, en tentant l’expérience d’une conception commune de la civilisation dans laquelle nous souhaiterions évoluer ? Certes, nous savons qu’il n’existe pas de plus grand dénominateur commun (notion d’infini), mais nous savons aussi que le plus petit dénominateur commun dépend du degré d’évolution de l’ensemble des facteurs, tout comme nous savons que nous ne nous satisfaisons jamais du moins-disant. Si nous mettons en pratique (avec les difficultés inhérentes à l’exercice) le processus pour tirer vers le haut l’ensemble des facteurs, sans exclure (bien au contraire) les facteurs les plus « bas », il est possible d’élever le curseur (je sais bien que je ne suis pas le seul idéaliste à avoir énoncé cette idée, loin s’en faut).

Si nous ne nous mêlons pas de philosophie, d’autres se servirons de ce vide pour nous en imposer - telle la « philosophie » libérale capitaliste, ou un autre truc du genre qui d’une manière ou une autre permet de pérenniser la domination d’un petit nombre sur le plus grand, à son seul avantage.

Cordialement,
Morpheus

Pour conserver l'esprit du législateur il vaut mieux conserver les débats qui ont conduit à l'élaboration de la constitution.
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On pourrait aussi utiliser tout le savoir-faire qui a été mis au point dans le domaine de la modélisation des connaissances et des systèmes. Un outil bien avancé est UML : http://fr.wikipedia.org/wiki/Unified_Modeling_Language http://uml.free.fr/

J’avais déjà évoqué aussi la possibilité que les différentes parties des textes fondateurs puissent se distinguer par le type des description utilisé. On peut par exemple imaginer :
[bgcolor=#FFFF99]- une partie de définition des termes et concepts[/bgcolor], c’est un éléments de ce que l’on appelle le modèle statique ;
[bgcolor=#FFFF99]- une partie de définition de contraintes entre les concepts[/bgcolor] : « chaque citoyen reçoit un droit de vote, égal pour tous » ce pourrait être une autre partie du préambule ;
[bgcolor=#FFFF99]- une partie sur le comportement dans le temps[/bgcolor], ce que l’on appelle un modèle dynamique.

On pourrait alors disposer d’outils pour vérifier que les lois n’ont pas de défauts logiques, qui sont souvent les trous qui servent à justifier des comportements qui ne vont pas dans le sens du bien commun.


J’aimerais en savoir plus sur cet outil, qui me semble intéressant et que je ne connais pas. :confused:

On pourrait aussi utiliser tout le savoir-faire qui a été mis au point dans le domaine de la modélisation des connaissances et des systèmes. Un outil bien avancé est UML : http://fr.wikipedia.org/wiki/Unified_Modeling_Language http://uml.free.fr/

J’avais déjà évoqué aussi la possibilité que les différentes parties des textes fondateurs puissent se distinguer par le type des description utilisé. On peut par exemple imaginer :
[bgcolor=#FFFF99]- une partie de définition des termes et concepts[/bgcolor], c’est un éléments de ce que l’on appelle le modèle statique ;
[bgcolor=#FFFF99]- une partie de définition de contraintes entre les concepts[/bgcolor] : « chaque citoyen reçoit un droit de vote, égal pour tous » ce pourrait être une autre partie du préambule ;
[bgcolor=#FFFF99]- une partie sur le comportement dans le temps[/bgcolor], ce que l’on appelle un modèle dynamique.

On pourrait alors disposer d’outils pour vérifier que les lois n’ont pas de défauts logiques, qui sont souvent les trous qui servent à justifier des comportements qui ne vont pas dans le sens du bien commun.


J’aimerais en savoir plus sur cet outil, qui me semble intéressant et que je ne connais pas. :confused:

Bonjour, j’ai mis les liens sur UML pour débuter :slight_smile:

@ Ana Sailland

Je suis encore chagrinée par "conflit intérieur"
Il serait peut-être intéressant de déterminer plus précisément ce qui vous chagrine dans les termes "conflit intérieur" ? Je suppose, a priori (intuitivement), qu'il s'agit principalement de la notion de conflit ?

Or, en lisant d’autres fils dans le blog du site, voilà que je tombe sur cette phrase d’Étienne (L'État retors et la prétendue théorie du complot : introduction remarquable au "Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu" - Blog du plan C, pour une Constitution Citoyenne, écrite par et pour les citoyens) :

N'oubliez pas de lire son livre "Éloge du conflit" (*), c'est excellent : un outil stimulant pour instituer une authentique démocratie, respectueuse des individus réels, sans idéaliser le monde avec d'un côté des "bons" et de l'autre des "barbares" : de bonnes institutions prennent en compte que personne n'est parfait, que les conflits existent et que, pourtant, on peut tendre vers la justice.
(*) pour info, si Étienne lit ceci, je tiens à signaler que le lien indiqué est à présent invalide.

Je n’ai pas lu cet ouvrage, mais je le pressent très intéressant, prenant acte de l’existence du conflit comme d’une donnée du problème. Le fait, donc, d’évoquer le conflit intérieur comme une cause des conflits « extérieurs », revient non seulement à prendre en cause le phénomène, mais à en déterminer les origines et les causes profondes. Sans doute le conflit est-il très mal reçu car il renvoi à cette souffrance intérieure, et sans doute aussi parce qu’elle évoque les innombrables atrocités « extérieures » qui sont proférées depuis l’aube des civilisations (et non l’aube de l’humanité, si l’on veut bien accepter cette remise en cause d’une certaine façon d’écrire l’Histoire …). Pour autant, nous détourner de la question en l’écartant comme une sorte de chose indécente reviendrait à traduire l’action inconsciente de déni de « la chose horrible » : de là proviennent toutes nos névroses, le déni d’une réalité jugée insupportable.

A contrario, l’acceptation de la réalité « horrible » est une étape de la transformation. Par conséquent, la prise en compte du conflit dans l’organisation politique a-t-elle, à mon avis, tout son sens, de même que la prise en compte, à la source, du conflit intérieur. D’ailleurs, à bien y penser, l’un ne va pas sans l’autre, car l’abandon de la prise en compte personnelle du conflit intérieur reviendrait à projeter dans la société le nécessaire travail individuel de transformation, ce qui ne produit qu’un apparent changement, un travail cosmétique, qui change les apparences sans changer la forme elle-même : sans changement individuel, pas de changement collectif, car le collectif n’est en définitive définit que par l’addition de ses individus.

Nietzsche dit d’ailleurs à ce sujet : " Attention à ne pas chasser, avec vos démons, ce qu’il y a de meilleur en vous. "

« Matrimoine »

Tout à fait d’accord avec Ana.

Mais lorsqu’elle écrit :

Que des êtres humains ? Rien pour les lapins et les antilopes ?
on ne peut qu'être scandalisé face à tant de sexisme !
  1. il est regrettable que les dictionnaires n’attestent le substantif « être » qu’au masculin. Un néologisme s’impose et je propose de dire désormais « êtres et êtresses humain(e)s »

  2. Dans la même optique, il faut dire « lapines et lapins », ou bien « lapin(e)s », au choix.

  3. « Antilope », en l’état des dictionnaires, pose le problème inverse, mais tout aussi affligeant. En attendant de généraliser le double genre grammatical pour tous les substantifs en « e » et si l’on ne veut pas dire : « antilopes et antilopesses », je proposerais de préciser systématiquement : « antilopes femelles et mâles ».

  4. Comme vous le constatez, j’ai pris bien garde à placer les substantifs et adjectifs dans l’ordre alphabétique strict, seul acceptable si l’on ne veut pas se rendre coupable de discrimination sexuelle.

  5. Pour « patrimoine », il y aurait lieu de dire désormais « patrimoine et matrimoine » : en effet, « matrimoine » seul est aussi inacceptable que « patrimoine » seul. Toutefois, l’idée me vient que comme le « patrimoine » (ancien style) est ce qui vous appartient, on pourrait commodément dire « moitrimoine », solution parlante et économique. JR

Constitutions/philosophies politiques

@Morpheus (221) :

À mon avis :

– Le préambule des constitutions a le caractère d’un exposé des motifs, et donc, par définition, moins de force juridique que les dispositions de fond ;

– Le préambule aura d’autant plus d’autorité qu’il reflètera le consensus public, mais le meilleur dénominateur commun, pour reprendre votre expression, le plus fort, ce sont les dispositions constitutionnelles de fond (impératives) de la constitution (ses articles numérotés) ;

– Les lois nous sont imposées dès la naissance, vous avez raison. Mais il faut aller plus loin : c’est la vie nous est imposée dès la naissance, sans notre consentement, sans contrat passé avec nos géniteurs ou la société ; à nous de nous débrouiller ;

– Rien n’empêche de tâcher d’exprimer une vision philosophique commune dans d’autres documents ou déclarations solennelles que la constitution, tout en ayant conscience que peu de déclarations de philosophie politique atteignent le stade du consensus.

Personnellement, je ne connais que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, recueillie en grande partie 170 ans après dans la Déclaration universelle des droits de d’homme de 1948, qui soit consensuelle : et encore, elle est de plus en plus souvent mise en doute, y compris sur notre site.

Dans ces conditions, mieux vaut rester pragmatique dans les constitutions, d’autant plus qu’elles sont des instruments par nature éphémère (de ce point de vue, l’actuelle constitution française est une exception). JR

Nous allions trouver la phrase juste :frowning:

« Dans ces conditions, mieux vaut rester pragmatique dans les constitutions » >> Oui, pour autant que le pragmatisme ne soit pas sans âme.
Oui pour le texte final
Qui peut/doit être le reflet subtil des conversations antérieures à la rédaction, qui elles, n’ont pas besoin d’être bridées.
Plus l’amont sera libre, plus le pragmatisme aval sera riche.

Titre : 4A Les principes fondamentaux, déclarés en tête de la Constitution, devraient primer sur toute autre règle

C’est quoi un principe ? et une valeur ? Pourquoi fondamental ? Intrinsèque ? Décision ? Choisi ? Imposé ? Voté ? Historique ? Moral ? Religieux ? Vital ? Organisationnel ?

@Jacques Roman
En effet la langue française donne une préférence au genre masculin, ce qui, au cours du temps influence sensiblement les relations existentes entre les genres. Nous abordons ici le « pouvoir du langage » et son utilisation comme instrument de pouvoir. Cette réflexion me semble interessante dans la mesure où toutes nos relations sont basées sur le langage, et j’irai même plus loin en affirmant que le langage conditionne la pensée. (http://www.homo-sapiens.org/fr/langage.html)

Cependant, il est difficile de refaçonner la langue du jour au lendemain pour l

(suite… une erreur de manip, toutes mes excuses)

Cependant, il est difficile de refaçonner la langue du jour au lendemain pour l’adapter à nos nécessités et l’actualiser.
Une langue est quelque chose de vivant (ou devrais-je dire vivante ?) qui évolue en fonction de l’utilisation qui en est faite. Ce ne sont pas les académiciens qui font vivre la langue, mais les gens qui la parlent, nous tous.

J’ai récemment découvert une règle de grammaire qui n’est plus utilisée de nos jour mais que nous pourrions remettre « en service » : la règle de proximité (http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3224.html) Personnellement, j’ai décidé d’adopter cette règle qui me semble beaucoup plus équitabe.
En ce qui concerne la prédominance d’un genre sur l’autre (masculin - lapin, ou féminin - antilope), le plus simple serait de créer un genre neutre.

Je tiens à remercier en particulier Morpheus et Ana Sailland qui élèvent sensiblement le niveau du débat avec leurs considérations d’ordre philosophique. Il me semble en effet de toute première importance que la rédaction d’une constitution ne se limite pas à l’élaboration d’un manuel technique sur le bon fonctionnement des institutions. Un certains nombre de concepts qui président á l’élaboration d’une société doivent impérativement être redéfinis si nous ne voulons pas retomber dans les erreurs passées. La langue étant, comme tout en ce bas monde, limitée, les mots sont sujets à des altérations de leurs sens, et parfois hélas à un appauvrissement. C’est la cas avec démocracie, justice, développement, bonheur, et tant d’autres.
Je suis également tout à fait satisfait que les notions de « droits de la nature » et de « devoirs de l’humanité » en ce qui concerne l’environnement soient enfin débattus.

Pour finir, je vous invite à consulter le site d’Action Citoyens Solidaires (http://acs.eg2.fr/) qui fait un certain nombre de propositions qui me paraissent tout à fait pertinentes.

@colibry
Pourquoi pas, mais on n’a pas de pronom pour un genre neutre (u lapin, u antilope, u homme ?)

Dans l’idée matrimoine se réfère a la Terre je pense à Gaïa. Dans cette vision les enfants de Gaïa, dont les humains, ont un destin commun. Un rapport a l’altérité se dessine. Là on revient au mythe du début du sujet. Personnifier des forces naturelles .

Comme nous en venons à parler du langage, je ne peux m’empêcher de vous inviter à lire cet article intitulé Le syndrome de Babel (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-syndrome-de-babel-106300), publié sur Agoravox. En voici un court passage.

Nous voici donc devant un fabuleux paradoxe ! D'un côté, le langage apparait indissociable de notre faculté de discernement, de l'autre il semble ne pas être un bon outil pour exprimer notre intelligence. Pour comprendre ce paradoxe, il est nécessaire de prendre en compte un autre élément caractéristique de l'Homme. Une chose importante à comprendre au sujet de la communication par le langage, c'est que [b]celui-ci fait d'abord appel, en première instance, à la portée [i]affective[/i] que nous lui attribuons, plutôt qu'à son sens académique[/b]. Nous recevons d'abord les mots sur le registre émotionnel, et celui-ci, si nous ne prenons pas garde, étouffe notre faculté de discernement et nous empêche de réfléchir, de penser, d'interpréter et de comprendre. Au lieu de décrypter un message (écrit ou oral), à l'aide de nos connaissances académiques, rationnelles, analytiques, nous laissons nos émotions traduire celui-ci, de sorte que nous réagissons aux impulsions affectives qu'éveillent en nous les mots. C'est ce premier piège que nous devons contourner lorsque nous voulons progresser dans un échange, un débat ou dans nos réflexions.

J’imagine que le langage a été façonné à travers l’Histoire par les états psychiques des personnes et des civilisations qui en usaient.
Et nous poursuivons ce façonnage en fonction de notre état de civilisation présent.
Le langage porte en lui l’archéologie des psychés d’antan, comme il portera et porte déjà trace de nos propres options mentales.
Usant pour la plus grande part du langage d’antan, nous sommes un peu prisonniers de la pensée qu’il porte et induit par sa structure et son vocabulaire: nous sommes mécaniquement porteurs de la pensée d’antan, y compris de celle dont nous voudrions nous libérer.

Placer le verbe à la fin, comme en latin, n’est pas anodin. Comme à Rome ou ailleurs.
Le placer entre le sujet et le complément est très différent. Comme à Lille ou Sainte Croix de Quintillargues.
Que le neutre soit pleinement reconnu ou simplement anecdotique est assez fondamental.
Que l’on use de déclinaisons ou de positionnement a certainement un impact.
Et que dire de l’ambiguité des mots, quand dans une langue ancienne le même mot signifie oeil et puits, si bien que de nos jours on a peut être tort de se mettre la poutre dans l’oeil.

MAIS

Fort heureusement, le langage n’est pas seulement écrit. Le son, le souffle et les mimiques en font partie. (Et c’est peut être leur absence qui fait qu’on se dispute plus sur un forum internet qu’au cours d’un échange à vue)

Il faut rejoindre un lieu reculé , là où nul bruit de machine ne vient troubler l’Esprit . Aller sous un arbre , écouter le vent . Il parle . Il dit le sens du monde et enseigne la profondeur des choses . Sa grammaire est si simple … mais son message s’insinue au cœur de qui s’est accordé le temps d’écouter . Ce message vient tout droit de la réalité , à travers l’arbre vibrant qui révèle sans travestir .

Écoutons le bruissement de l’humain qui parle , mais n’écoutons pas toujours ses paroles : accordons nous parfois le temps de n’écouter que le bruit du vent . A travers les poumons de celui qui s’exprime , le vent originel n’est autre que le messager de l’âme . Le message vient tout droit de la réalité de l’être , les cordes vocales vibrent sans travestir la source .

Trop souvent on oublie d’écouter le son , pour n’entendre que les mots . C’est alors se focaliser sur une autre dimension du monde , peut être moins authentique : L’intelligence est là , qui module le souffle , asservit ce qui est primordial au profit de ce qui est construit . Même s’ils sont portés par le vent , les mots sont porteurs d’un autre message que celui de l’âme ; ils ne disent que ce que le locuteur accepte de percevoir ; ils imposent tout ce que le locuteur projette .

Écouter un ami , c’est se mettre à son service : Portant une double attention , sur le vent qu’il exprime et sur les mots qu’il articule , nous lui permettons d’exister , car sans témoin , le mariage du son ému et du son pensé ne serait pas , puisque lui , notre ami , celui qui parle , trop occupé à vivre , ne peut pas s’écouter comme nous pouvons le faire, c’est en dire en neutralité bienveillante . C’est ainsi la toute première richesse du dialogue : permettre à l’expression de traverser le désert qui nous sépare , recevoir en simple témoin le son et le sens , bien avant et bien loin de toute réponse , critique ou acquiescement . Écouter l’autre , c’est donner du sens et du corps à son discours . Parler , c’est offrir à l’autre l’opportunité d’écouter . Les convives du discours ne sont pas créateurs mais résonateurs de l’état , de la dynamique , du message ambiant du monde , intérieur et extérieur .

En plus, il y a l’empathie.
L’écoute du souffle est l’un des outils de la faculté d’empathie, qui est encore plus vaste. Infiniment utile. Elle permettra, entre autres, mais ce n’est qu’un de ses avantages, de communiquer au moins en partie à l’abri des sillons imposés par la structure du langage. Elle est un outil fondamental de la liberté groupée.

Écrire un préambule à la constitution nécessitera un énorme travail d’auto-libération individuelle et collective de tout ce qui fait qu’on risque de ne penser et imaginer que selon le programme écrit en nous par l’Histoire. Il y faut volonté.
Puis un travail d’imagination et d’écoute non agressive. (Toujours me dire que je serai plus enrichie à écouter l’autre qu’à lui imposer mes vues) . Une œuvre philosophique en gestation commune n’est pas un champ de bataille destiné à faire triompher le fruit de mes nuits solitaires, mais un athanor d’émotions autant que de logiques, athanor partagé.
Ensuite seulement le travail de rédaction. La grammaire et les mots paraîtront alors beaucoup plus sereins et adaptés qu’en ce moment.

Dans l'idée matrimoine se réfère a la Terre je pense à Gaïa. Dans cette vision les enfants de Gaïa, dont les humains, ont un destin commun. Un rapport a l'altérité se dessine. Là on revient au mythe du début du sujet. Personnifier des forces naturelles .
Alors, il existe effectivement un mythe assez ancien et passé aux oubliettes de l'Histoire, lié à l'archétype de Gaïa. Il s'agit de l'Éon Sophia, dans la cosmogonie gnostique. Revisité et mis au goûts du jour par John Lamb Lash, le site [url]http://www.liberterre.fr/metahistoire/mythe-gaia-sophia/desenchantement.html[/url] de Dominique Guillet ([url]http://www.solutionslocales-lefilm.com/personnages/dominique-guillet[/url]) donne de nombreuses traductions en français des trextes de JL Lash.

D’autre part, il est impossible d’évoquer ce sujet sans parler également de ce que l’on appelle " l’hypothèse Gaïa " (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypothèse_Gaïa). Personnellement, c’est un sujet auquel je suis très sensible, cependant, je tiens à préciser tout de même une chose.

Je pense que les mythes, de même que la mythologie, sont importants et utiles pour stimuler notre imaginaire, pour stimuler notre esprit et nos réflexions au sens large. Mais dans le même temps, très conscient du rôle exercé par les mythes sur les croyances humaines et de l’utilisation des mythes pour mobiliser et contrôler les peuples (et notamment pour les dresser les uns contre les autres), je m’en méfie comme de la peste. Je suis aujourd’hui résolument laïque, et très déterminé à écarter toute forme de religion de l’exercice du pouvoir (dans mon chef, la religion, c’est le mal, pour le dire clairement et simplement). Cela ne signifie pas - bien au contraire, que j’écarte de ma vie toute notion de spiritualité. En fait, la spiritualité fait partie intégrante de ma vie, mais il s’agit - et il ne peut s’agir que - d’une démarche strictement individuelle et personnelle. L’organisation de la société, sur ce plan, doit permettre à tout un chacun de s’inscrire dans cette démarche, mais doit également se garder de l’imposer, et particulièrement d’imposer une approche ou une autre. En dehors de cela, l’organisation de la société ne devrait pas se mêler de cela, et surtout pas imposer un mythe ou un autre.

Je suis donc également sceptique sur le fait de renouer avec tel ou tel mythe pour donner une direction, un but, un sens, une philosophie au projet de civilisation que je souhaiterais. Ma position et mon approche peut sembler paradoxale, j’en suis conscient. C’est que j’estime que ce qui, sur un plan spirituel, est bon pour moi (ici et maintenant), ne l’est pas nécessairement pour autrui, de même que ce qui est bon pour autrui (spirituellement) ne l’est pas forcément pour moi. Dès lors, je me défie de toute démarche voulant imposer une vision ou une autre, et notamment une histoire « sacrée ».

Que me reste-t-il pour statuer les fondements de la société dans laquelle je souhaite m’épanouir ? Il me reste une méthode éprouvée, qui est la méthode scientifique (http://fr.wikipedia.org/wiki/Méthode_scientifique). Ce que j’entends par « méthode scientifique » peut se résumer assez facilement, et je crois, rencontrer les conditions de chacun.

Le scientifique observe un phénomène, puis il l’étudie. Il développe une hypothèse de travail (une première idée de ce qui pourrait expliquer le phénomène observé) et effectue des expériences. Selon les résultats de son expérience, l’hypothèse est validée ou non. Si elle est validée, il développe une approche plus pointue afin de tirer des constantes qui lui permettent d’établir des « lois » (physiques, chimiques, biologiques, etc.). L’idée fondamentale est « ce qui s’observe (quasi) systématiquement est une règle ». L’idée sous-jacente est également de déterminer « ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ». On sort des concepts de bien et de mal (manichéisme) pour établir, non plus une morale, mais une approche pragmatique. On cherche la cause des causes, le moteur du processus qui entraîne le phénomène observé. La méthode scientifique en elle-même (indépendamment de la personnalité et des affects de celui qui la met en œuvre) se veut objective et pragmatique, dégagée de toute considération morale. Toutefois, comme le dit très bien Matthieu Ricard, " S’adonner pendant des siècles à l’étude et à la recherche ne nous fait pas progresser d’un pouce vers une meilleure qualité d’être, à moins que nous ne décidions de porter spécifiquement nos efforts en ce sens. " C’est cette partie de la phrase, soulignée en bleu, qui m’intéresse : utiliser la démarche scientifique afin de « porter spécifiquement nos efforts à la recherche d’une meilleure qualité d’être ».

« Je suis donc également sceptique sur le fait de renouer avec tel ou tel mythe pour donner une direction »

Attention : les mythes vont souvent < ou toujours ?> par deux. L’un peut être rejeté ou jugulé alors que son pendant est au pouvoir, en clair ou caché.

Méthode scientifique :
Elle serait basée sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas.
Or ce qui fonctionne, c’est la fourmilière.
On ne va quand même pas opérer des mutations génétiques pour aller vers ce fonctionnement là :wink:
Il faut donc réfléchir vers quel bon fonctionnement on veut aller.
Et là … la méthode scientifique ne fonctionne pas hihi.
Ach , Sacré facteur humain ! Il est sacré je crois :slight_smile:

Allusion est faite à la spiritualité.
Je suis athée dieu merci, mais la spiritualité peut être laïque.
Je la crois nécessaire.
Elle est confinée dans la devise républicaine.
C’est d’une pauvreté épouvantable.