L'Homme n'a t-il pas un rôle spécial ?un rôle n'est pas un droit ;)
Plus haut, on discute de la liberté.
C’est un sujet difficile tant qu’on focalise sur la liberté de l’individu de faire des choix qui concernent son état, son bien, son bien être.
Par contre si on focalise sur la liberté pour l’individu de s’investir et de contribuer ( notez que cette liberté là est extrêmement limitée … quoique obligatoire … ) on débouche sur une autre dimension de la réflexion. En tel cas, les thèmes à disputes que sont le travail et la propriété changent de coloration.
Je salue aussi l’arrivée de Morphéus
On pourrait aussi utiliser tout le savoir-faire qui a été mis au point dans le domaine de la modélisation des connaissances et des systèmes. Un outil bien avancé est UML :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Unified_Modeling_Language
http://uml.free.fr/
J’avais déjà évoqué aussi la possibilité que les différentes parties des textes fondateurs puissent se distinguer par le type des description utilisé. On peut par exemple imaginer :
[bgcolor=#FFFF99]- une partie de définition des termes et concepts[/bgcolor], c’est un éléments de ce que l’on appelle le modèle statique ;
[bgcolor=#FFFF99]- une partie de définition de contraintes entre les concepts[/bgcolor] : « chaque citoyen reçoit un droit de vote, égal pour tous » ce pourrait être une autre partie du préambule ;
[bgcolor=#FFFF99]- une partie sur le comportement dans le temps[/bgcolor], ce que l’on appelle un modèle dynamique.
On pourrait alors disposer d’outils pour vérifier que les lois n’ont pas de défauts logiques, qui sont souvent les trous qui servent à justifier des comportements qui ne vont pas dans le sens du bien commun.
Pour conserver l’esprit du législateur il vaut mieux conserver les débats qui ont conduit à l’élaboration de la constitution.
"déclarer les ressources naturelles de la Terre comme patrimoine commun de TOUS les être humains (à discuter / évaluer)."Le ver est dans la pomme : une telle affirmation consacre pour l’humain la qualité de propriétaire ; est de type colonialiste au sens large.
Même si la suite corrige, elle ne peut pas réparer ce fait induit en subliminal que l’humain serait à part au lieu d’être partie.
L’intérêt de déclarer les ressources naturelles de la Terre comme patrimoine commun de TOUS les être humains ne consacre pas la qualité de propriétaire, mais plutôt de responsable (usufruit) et de gestionnaire, et cela a pour vocation de considérer plusieurs choses :
- que ces ressources doivent être gérées avec responsabilité et de façon durable (respect, par exemple, des cycles de reproduction naturelle et de l’équilibre dynamique).
- que ces ressources doivent être équitablement répartie entre les êtres humains (et non pillées par une toute petite minorité comme actuellement).
- que ces ressources constituent la véritable richesse offerte par la Terre, et non la monnaie (en pratique, c’est le cas, et c’est la raison pour laquelle, dans le cadre de l’économie basée sur la monnaie, les oligarques se sont emparé de la majeure partie des ressources, à leur seul profit, ce qui est intolérable).
Ceci s’inscrit évidemment dans l’idée d’une économie, non plus fondée sur la monnaie, mais sur les ressources, concept qu’il conviendrait de développer et expliquer, car il s’agit d’une orientation radicalement différente de toute forme d’économie telle que nous les connaissons. De plus, il est vrai que cette forme d’économie ne peut en principe s’appliquer qu’à l’échelle globale. Cela étant, rien n’empêche d’être ambitieux, car si nous réfléchissons à l’échelle nationale ou européenne, les maîtres du monde, eux, pensent déjà à l’échelle d’une gouvernance mondiale. Donc, il me semble très important de penser également à cette échelle, car je ne veux pas me voir imposer un gouvernement mondiale par ces oligarques mégalomanes. Si nous n’avons pas, nous, un projet déjà bien avancé, de constitution « mondiale », soyez sûr qu’eux en auront déjà une toute prête à nous mettre sous le nez.
Comme ces notions sont nouvelles, j’ai bien précisé « à discuter / évaluer ». Il faudrait développer le concept d’économie basée sur les ressources. Je peux m’atteler à cela, dans l’intérêt de la discussion (ce qui n’empêche personne de se documenter, il existe déjà des documents sur le net à ce sujet).
Cordialement,
Morpheus
@ Étienne
Merci de ton accueil, je suis heureux de participer à cette tâche, qui est essentielle. Le travail que vous avez déjà réalisé est formidable, c’est vraiment très enthousiasmant
Constitutions
Une bonne constitution règle exclusivement l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics.
Une constitution qui se mêle d’imposer aux citoyens des analyses de la vie est un mauvaise constitution : heureusement que dans la mesure où elle extravague elle est interprétable dans tous les sens, et donc inapplicable.
Un très bon côté de la constitution étatsunienne est que son préambule expose en très peu de lignes des objectifs constitutionnels concrets : parfaire l’union, établir la justice, assurer la tranquillité publique et la défense commune, promouvoir le bien-être, maintenir la liberté au bénéfice des générations présentes et futures. À ce point de vue c’est un modèle, même si le reste du texte est loin d’être aussi bien construit. Pour la philosophie, les Américains l’ont mise dans la Déclaration d’indépendance : les déclarations sont faites pour ça. JR
« L’intérêt de déclarer les ressources naturelles de la Terre comme patrimoine commun de TOUS les être humains ne consacre pas la qualité de propriétaire, mais plutôt de responsable (usufruit) et de gestionnaire, et cela a pour vocation de considérer plusieurs choses »
J’avais bien compris d’après la suite du message initial que nous sommes sur la même longueur d’onde.
Je suis même « pire » hihi.
Peut être faudrait il trouver un autre mot que patrimoine.
Car l’usage d’un mot ancien peut prolonger la pensée ancienne.
Ce n’est pas anodin.
Patrimoine pourrait devenir matrimoine peut être. John lash remplace history par herstory aussi.
ça va dans la direction de certain philosophe de la monnaie
@Morpheus« L’intérêt de déclarer les ressources naturelles de la Terre comme patrimoine commun de TOUS les être humains ne consacre pas la qualité de propriétaire, mais plutôt de responsable (usufruit) et de gestionnaire, et cela a pour vocation de considérer plusieurs choses »
J’avais bien compris d’après la suite du message initial que nous sommes sur la même longueur d’onde.
Je suis même « pire » hihi.
Peut être faudrait il trouver un autre mot que patrimoine.
Car l’usage d’un mot ancien peut prolonger la pensée ancienne.
Ce n’est pas anodin.
Voilà une remarque qu’elle est pertinente !

En effet, le mot « patrimoine » est loin d’être anodin, et je souscris donc à votre réflexion.
Patrimoine : voir « père » au dictionnaire étymologique ; même racine que patriarche, patricien, patrie. Même si la définition qu’en donne le lexique est : 1. Biens de famille, biens que l’on a hérité de ses pères et mères > cette partie de la définition répond à l’esprit que je m’en faisait en utilisant ce mot dans le contexte de la phrase, par contre : 2. Ce qui est considéré comme une propriété transmise par les ancêtres > ici, il est clair que la notion de propriété est en contradiction avec l’esprit souhaité. C’est donc sur ce point - ainsi que sur la racine patri- (père) - que je rejoins votre conclusion que le terme « patrimoine » est mal choisis.
Merci donc de cette intervention éclairante
J’avais alors pensé à « héritage », seulement voilà : 1. Patrimoine laissé par une personne décédée et transmis par succession … On n’est pas plus avancé. De même, le terme legs ne nous avance pas d’avantage
Reste alors le sens fondamental, l’esprit de la phrase dans le contexte où je l’entendais : les ressources de la Terre constituent la véritable richesse dont tout être humain peut jouir, et dont chaque être humain doit avoir sa part équitable, étant entendu qu’aucun être humain en particulier n’a de légitimité à s’approprier une part plus grande, et étant entendu que ces richesses nécessitent de veiller de façon responsable à la pérennité de leur valeur pour les générations à venir.
Que diriez-vous alors de remplacer tout simplement le mot « patrimoine » par le mot « richesse », ce qui donnerait : « … déclarer les ressources naturelles de la Terre comme richesse commune de tous les être humains … » ?
Que des êtres humains ? Rien pour les lapins et les antilopes ?
L'Homme n'a t-il pas un rôle spécial ?L'Homme a un rôle spécial, et spécialement délicat : il a la faculté de "se séparer", de se réifier, de se tenir pour "extérieur" à son environnement. C'est le processus même d'individuation, décrit notamment par C.G. Jung, qui est ici en jeu (d'aucun en parlerait en terme d'ego, cependant, je n'aime plus trop utiliser ce terme, à la fois galvaudé et noirci par une certaine interprétation, disons manichéenne, d'une notion philosophique orientale, à mon avis beaucoup plus nuancée ; l'ego a une fonction dans le processus d'individuation, d'évolution de l'être humain, et c'est seulement le rapport que l'on a - consciemment ou non - avec ce rôle, qui détermine si l'on est dominé par l'ego ou si l'on maîtrise l'ego ; et je dis bien "maîtriser", pas "dominer" !).
Selon mes réflexions et ma modeste expérience, à mon avis, ce qui divise les hommes entre eux, et ce qui les fait se considérer « à part », « séparé » de leur environnement (donc des autres et du monde qui les entoure), c’est le hiatus intérieur entre, d’une part, le besoin et la nécessité de « se connaître et s’affirmer en tant qu’individu » , et d’autre part, la nécessité et le besoin égal de se sentir intégré, reconnu, accepté, aimé des autres et du monde. Inconsciemment, nous projetons cette bataille intérieure sur le monde extérieur. Et je pense que c’est de là que tous les conflits naissent, et par là que tous les conflits se nourrissent.
Je souscris aux notions philosophiques décrites dans le bouddhisme d’interdépendance mutuelle et d’impermanence des phénomènes. Nous participons, mutuellement, de l’existence des autres, autant que de l’évolution de l’environnement qui nous entoure et nous nourrit ; le monde et les autres agissent sur moi, et à mon échelle, j’agis sur les autres et l’environnement. A mon échelle, j’ai une part de responsabilité sur les autres et l’environnement, et collectivement, les êtres humains ont une responsabilité les uns envers les autres, et envers leur environnement, décuplée de façon exponentielle. C’est la raison pour laquelle j’accorde une importance spéciale à tout projet d’organisation d’une société, car son impact sur elle-même (sur chaque constituant individuel de sa manifestation collective) est déterminant, décisif, même. A mon humble avis, une société pérenne devrait avoir pour objectif fondamental de mettre tout en œuvre pour permettre aux individus qui la constitue d’accomplir dans les meilleures conditions possibles cette épopée intérieure visant à unifier les contraires, à sublimer cette lutte intérieure que j’évoquais ci-dessus. On pourrait dire « unir l’esprit et la matière », où « unir le ciel et la terre », où encore « unir le yin et le yang ». Parvenir à la compréhension intime et profonde que ces contraires complémentaires ne sont pas une fatalité, mais un ferment.
Est-ce que je digresse, où est-ce que je suis au cœur du débat de fond ?
Que des êtres humains ? Rien pour les lapins et les antilopes ?Aaaaarg :o
Oui, très juste, évidemment.
Une fois encore, je souscris.
Il est - hélas ! - tout-à-fait nécessaire de préciser certaines notions, comme par exemple, la responsabilité spéciale que l’Homme a envers son environnement, ce qui bien entendu inclut toutes les formes de vies, aussi bien animales que végétales (et j’irais même jusqu’à dire minérales, puisque les multiples minéraux produits par la Terre constituent d’incontestable richesses qu’il nous faudrait aussi pérenniser …).
Oui, nous devrions absolument remettre en question notre rapport avec les autres terriens que sont les animaux et insectes qui nous entourent (ce qui ne m’empêche pas de faire une guerre sans merci aux moustiques qui me bouffent en été et en automne, je l’avoue ).
Bon, où en sommes-nous ?
« … déclarer les ressources naturelles de la Terre comme richesse commune de tous les terriens … »
« Oui, nous devrions absolument remettre en question notre rapport avec les autres terriens » >>> C’est une idée à explorer :):)
Mais comme nous n’allons pas nous suicider par un jeun absolu, l’exploration n’est pas simple.
Peut être écrire une DUDV ? ( Déclaration universelle des droits de la Vie )
Certains vont nous penser cinglés.
Et pourtant : Peut on espérer éviter un nouveau Buchenwald, prochain ou lointain, si nous sommes encore capables de mettre des poulets en torture de masse dans des stalags hors sol ?
« Est-ce que je digresse, où est-ce que je suis au cœur du débat de fond ? » >>> droit au coeur.
« L’Homme a un rôle spécial, et spécialement délicat : il a la faculté de « se séparer », de se réifier, de se tenir pour « extérieur » à son environnement. » Je suis vraiment une enquiquineuse : S’agit il d’une faculté gouvernée par la conscience ou d’un tropisme et/ou d’un automatisme ?
"L'Homme a un rôle spécial, et spécialement délicat : il a la faculté de "se séparer", de se réifier, de se tenir pour "extérieur" à son environnement." Je suis vraiment une enquiquineuse ;) : [color=blue]S'agit il d'une faculté gouvernée par la conscience ou d'un tropisme et/ou d'un automatisme ?[/color]Ce n'est, précisément, [u]pas[/u] un mouvement gouverné par la conscience. C'est justement là que tout cela se joue : la conscience - ou l'inconscience - du conflit intérieur, de ses enjeux, et de son impact à la fois sur nous-mêmes, les autres et l'environnement, détermine si je projette le conflit à l'extérieur où non.
Cela peut devenir un mouvement conscient, dès lors que l’individu se saisit (ou est saisit par les circonstances *) de ce conflit et ses enjeux. Nous sommes cependant face à un paradoxe : le conflit se manifeste par un hiatus entre les aspiration profonde - et méconnue de lui-même - de l’individu, et les aspirations collective de la société. C’est d’autant plus vrai, évidemment, que ces aspirations collectives sont capturées et gouvernées par les aspirations névrotiques et psychotiques individuelles de quelques-uns.
L’individu n’est rien sans le Tout, mais le Tout n’existe que par les interactions des individus … Le paradoxe (apparent) est là.
Le respect et l’acceptation de la différence individuelle pourrait peut-être mieux se vivre mathématiquement : la « différence » n’est-elle pas la résultante d’une soustraction ? En d’autres termes, ce qui me différencie des autres n’est pas ce que j’ai de plus qu’eux, mais bien ce que j’ai de moins qu’eux. Si cela peut éventuellement être difficilement accueillit sur le plan individuel, il semble par contre évident que je puisse le recevoir sur le plan collectif : il est évident que la collectivité à énormément de qualités dont je ne dispose pas, même si j’ai parfois l’illusion d’avoir des qualités dont certains individus ne disposent pas.
Tout ceci paraitra sans doute bien peut concret et pragmatique à beaucoup, même ici, je le crains, et pourtant, j’ai l’intime conviction que ces considérations sont cruciales. Dans mon énumération, j’aurais peut-être du ajouter « unir l’abstrait au concret, et vice versa » …
- Joseph Campbell a écrit " Le Destin conduit celui qui veut bien le suivre. Il traîne celui qui ne le veut pas. " Il tire cela d’une autre citation, de Sénèque " Les destins conduisent ceux qui le veulent ; ils traînent ceux qui ne le veulent pas. " Et il y a également un dicton (chinois, je crois ?) qui dit que " C’est lorsque l’infortune renverse la fourmis qu’elle voit le ciel. "
Je suis encore chagrinée par « conflit intérieur » (entre le tropisme à l’individuation et le tropisme à l’unification). Est ce inéluctablement un conflit ?
« j’ai l’intime conviction que ces considérations sont cruciales » > Oui. Et elles ont leur place dans un débat sur le préambule. Car les mots justes ne peuvent l’être que si la pensée amont est au minimum observée.
"... déclarer les ressources naturelles de la Terre comme richesse commune de tous les [color=blue]terriens[/color] ..."Et pourquoi richesse ? pourquoi pas simplement comme communaux, point ? Et pourquoi ressources ? Dans le concept de ressource, il y a le concept de consommation. Quand on refuse de parler de ressources humaines il faut être cohérent et ne pas considérer la terre comme une ressource.
Nous allons trouver la phrase juste
Alors, okay, on peut discuter aussi du terme "ressource" :)"... déclarer les ressources naturelles de la Terre comme richesse commune de tous les [color=blue]terriens[/color] ..."Et pourquoi richesse ? pourquoi pas simplement comme communaux, point ? Et pourquoi ressources ? Dans le concept de ressource, il y a le concept de consommation. Quand on refuse de parler de ressources humaines il faut être cohérent et ne pas considérer la terre comme une ressource.
Ressource (Le Robert) :
I. une ressource : ce qui peut améliorer une situation fâcheuse => expédients, recours.
II. des ressources : 1. moyens matériels d’existence ; 2. moyens (en hommes, en matériel, en réserves d’énergie, …) dont dispose ou peut disposer une collectivité ; 3. moyens intellectuels et possibilités d’action qui en découlent.
Dans l’esprit et le contexte de l’énoncé dont nous parlons, ce que l’on entend par « ressources » est donc bien (à mon avis) la seconde entrée :
1 - les moyens matériels d’existence
2 - les moyens (en hommes, en matériel, en réserves d’énergie, …) dont dispose ou peut disposer une collectivité
3 - les moyens intellectuels et possibilités d’action qui en découlent
Le fait que le terme ait été dévoyé (délibérément ou non) par le discours idéologique des tenants de l’économie capitaliste ne doit pas nécessairement indiquer que nous devrions leur abandonner le mot (nous aurions beaucoup de mots à abandonner, sinon … ) ; je compare cela avec le mot « démocratie », dont Étienne dit si bien qu’il nous a été volé par les oligarques, nous empêchant de formuler la solution au problème. Au contraire, combattons la novlangue en redonnant aux mots leur véritable (et leur noble) sens.
Tout tiens dans ce que nous faisons des ressources : quelque chose qui nous permet d’exister, simplement, raisonnablement, équitablement … ou que l’on peut exploiter de façon mégalomane pour en faire un instrument de pouvoir et de domination sur autrui.
Je suis encore chagrinée par "conflit intérieur" (entre le tropisme à l'individuation et le tropisme à l'unification). Est ce inéluctablement un conflit ?Il n'y a rien d'inéluctable, bien au contraire.
Le conflit est aussi une rencontre. La rencontre entre deux aspirations profondes, deux besoins fondamentaux, qui semblent diamétralement opposés, et donc apparemment inconciliables et voués à se combattre mutuellement. Mais ces aspirations absolues, l’une comme l’autre, indépendamment l’une de l’autre, sont stériles : l’unification, la fusion absolue avec le Tout revient à une dissolution ; la séparation, la réification absolue du Tout revient à une sclérose tout aussi mortifère et stérile.
Alors quel sens, quelle fonction pouvons-nous accorder à cet antagonisme ? Peut-être celui de dynamique, de moteur, de ferment, comme je le disais ? La dualité mal interprétée conduit malheureusement au conflit stérile, mais la situation en elle-même n’est pas inéluctable. Par exemple, le code du Bushido aborde d’une certaine manière la question de la compétition. Lorsque le code indique qu’il faut respecter l’adversaire, c’est en ce sens que l’adversaire joue le rôle de « sparring partner » (en quelque sorte) sans lequel nous ne pourrions nous mesurer à nous même et trouver, soit nos limites (dans la défaite), soit les ressources inconnues nous permettant de dépasser nos limites (dans la victoire) ; dans tous les cas, l’adversaire doit être honoré. Étant également entendu que ce sont nos limites qui permettent de définir qui nous sommes. Il y a dans ce dernier point un autre niveau de perception et de compréhension de la dualité intérieure que nous évoquons ici : ce qui nous définit est aussi ce qui nous limite, or nous ne voulons pas être « limité » => conflit intérieur, projeté le plus souvent à l’extérieur …
Il y a pourtant, intrinsèquement, une dynamique proprement vitale dans ce processus, puisque rien de ce que nous pouvons objectivement observer dans l’univers, de la plus infime particule jusqu’aux amas de galaxie les plus immenses et éloigné, rien ne demeure jamais figé, mais toujours en mouvement, en évolution constante. Il me semble donc que c’est notre rapport - conscient ou inconscient - à cette dynamique universelle, qui détermine notre degré de maîtrise du processus : inconscient = fatalité (fatum, destin qui traîne l’individu) <=> conscience = maîtrise du destin (amor fati, amour du processus, destin qui conduit).