Il me semble au contraire que le citoyen, prétendant être éligible à représenter lui-même le pouvoir, et prétendant pouvoir le faire en toute liberté de conscience (mériter un blanc-seing), ne peut que reçonnaître à tous ses concitoyens le même droit.
Dans l'élection, le représentant reconnait ce même droit à tous ses concitoyens, le droit à tout citoyen de pouvoir se présenter, ce qui définit l'égalité civique. La question entre l'élection et le tirage au sort se situe davantage dans le fait de l'amateurisme politique.
[b]Le problème n'est donc pas la légitimité du blanc-seing, c'est la représentativité sociale de ceux à qui ce blanc-seing est accordé.[/b] Les conflits d'intérêt sont inhérents à la vie en société, puisqu'ils sont crées par les lois elles-mêmes, et ne peuvent se résorber, au moins dans leurs injustices les plus criantes, que lorsque toutes les "victimes", et "bénéficiaires" peuvent les plaider sur la place publique et, avec les "témoins" moins directement affectés libres de s'être fait leur opinion à leur sujet, par le vote majoritaire.
Je n'ai pas compris ce passage. En quoi la représentativité sociale a à voir avec la légitimité de la représentation ?
Le vrai problème est effectivement dans l'amateurisme politique, encore faut-il s’entendre sur ce qui a remplacé cet amateurisme.
Si, comme moi, on est de l’avis, de Jacques ELLUL: (cité par Marco della Luna et Paolo Cioni dans « Neuro-Esclaves »)
[color=blue]« …Qui déjà dans la première moitié du siècle dernier enseignait que le fondement de la légitimation juridique du pouvoir politique (la volonté populaire exprimée par le vote) est une chimère objectivement irréalisable, un mythe ridicule mais bien utile pour gouverner, et bien connu comme tel dans les milieux politiques et sociologiques. La réalité des systèmes démocratiques n’est pas dans la volonté d’une base guidant les décisions du sommet, mais dans la volonté du sommet de produire du consensus, c'est-à-dire l’acquiescement de la base à ses décisions, et ceci notamment grâce à la manipulation de l’information (censures, distorsions). »[/color]
Cette fabrique du consensus est le fait d’une oligarchie du savoir, maîtrisant les techniques de désinformation et de conditionnement des masses, et qui « fabrique » l’opinion dans la masse des populations, celle qui nous nous a par exemple, (et pour ne pas parler d'économie), gentiment mené en bateau sur l’opération du 11 septembre, sur la grippe H1N1 ou même sur le réchauffement climatique anthropique (qui est bien loin d’être prouvé), a fait de récents progrès dans ces dernières années.
Or, dans notre pays, pour qu’elle soit efficace, il est nécessaire que cette manipulation de l’opinion soit relayée par le vote de l’ « organe décisionnel démocratique », la représentation nationale.
Le problème spécifique posé par l’élection, est que, outre le parlement élu est soumis à ce conditionnement général « de base », il bénéficie en plus d’un « formatage » par les partis d’autant plus efficace qu’il est « garanti » par leur chantage au renouvellement de l’investiture.
On ne peut mieux constater le problème, quand on a vu, lors du référendum de 2005, l’échec de la manipulation au niveau de la société entière, être contourné par ce système dévoyé de représentation. On a très bien vu à cette occasion que cette représentation constitue une « masse manipulée » encore plus homogène et plus docile, par les facteurs signalés plus haut, renforcés par les diverses méthodes ad hoc qui altèrent la proportionnalité et « diabolisent » les leaders mal-pensants.
Cette représentation, au sein de laquelle n’existe aucun débat sur le fond, est devenue objectivement un « obstacle » à la démocratie.
A mon sens, le tirage au sort a pour principal mérite d’amener à la discussion un assemblée qui ne peut être considérée comme une masse aussi facilement manipulable. Certes, ses leaders feront certes partie de l’oligarchie du savoir, mais on y trouvera à proportions réelles manipulateurs et dénonciateurs des manipulations, dans un débat qui enfin pourra exister indépendamment des manipulations en amont.
Son second mérite est qu’on pourra enfin y trouver des disputes qui relèveront de la vraie réalité: les divers smicards, licenciés, ou SDF pourront demander par exemple, sur des cas concrets, quel est la logique diabolique qui a pu créer un consensus national sur le fait qu’ils vivaient, à l’instar des patrons du CAC 40, bien au dessus de leurs moyens.
Ce sont les deux aspects qui sont pour moi, les fondements de la représentativité sociale:
- constituer un parlement qui a de bien meilleurs chances (je suis prudent) d’affaiblir la manipulation actuelle.
- ramener la dispute dans un monde redevenu réel.