Je débute sur ce forum qui m’apparaît d’un intérêt exceptionnel. Concernant la « vie démocratique et ses modalités » pour faire en sorte que les citoyens soient protégés au maximum des dérives et abus de pouvoir, de l’inscrustation indéterminée des hommes de pouvoir due à leur habile manipulation et aux règles qu’ils ont eux-mêmes mises en place, il me semble que la meilleure piste est celle à la fois de la recherche du renforcement des contre pouvoirs, qu’ils soient de nature politique ou sociale, et de la mise en oeuvre de nouvelles pratiques afin que le citoyen ne soit plus cette éternelle « victime » bafouée par ses propres élus. Cher Étienne laissons pour l’instant de côté le « tirage au sort » dont j’ai bien compris les avantages et sa légitimité historico-philosophique mais qui présente également des inconvénients importants évoqués par Laure Z notamment.
Les propositions qui suivent méritent bien évidemment un affinement nécessaire
RENFORCEMENT DES CONTRE POUVOIRS
-Renforcement des contre pouvoirs politiques
Si on considère que les partis politiques ont toujours un rôle essentiel dans la vie démocratique, il faut qu’ils aient les moyens financiers de leur indépendance, pour jouer efficacement leur rôle d’opposants vis-à-vis du gouvernement en place. Là où ça se complique, c’est que le monde « économique et des affaires » s’infiltre partout et notamment au sein des partis politiques quant à leur financement (cela concerne notamment les partis dits de gouvernement). La bien pensance ou pensée unique ou le politiquement correct ne sont-ils pas finalement la conséquence de ce constat ?
Ainsi on pourrait être tenté de dire que les partis politiques sont plus dépendants du monde des affaires qu’en danger par rapport à un pouvoir politique. En fait, avec cette « pensée unique », l’expression plurielle et démocratique est en grand danger du fait des deux pouvoirs (politique et économique) qui sont très liés. Pour exemple, la « grande coalition » en Allemagne peut être considérée comme l’expression de ce que j’avance.
Il faudrait donc, à mon humble avis (non exhaustif) :
-Supprimer tous les financements issus de près ou de loin des entreprises et des lobbies d’affaires, y compris sous forme de dons, pour éviter tout renvoi d’ascenseur (indépendance vis-à-vis de l’économique).
-Instaurer un financement public à la hauteur des besoins, inscrit de manière indélébile dans la Constitution afin qu’il ne soit pas modifié au gré des fantaisies des différents gouvernements, Constitution ne pouvant être modifiée que par les citoyens par référendum (indépendance vis-à-vis du politique).
-La différence éventuelle de moyens ne pouvant se faire que par le nombre d’adhérents cotisants militants (personnes physiques) avec, pourquoi pas, une détermination d’une cotisation mensuelle maximum à na pas dépasser.
-Les comptes de tous les partis analysés annuellement, par la Cour des Comptes par exemple.
Jusqu’au début des années 80, on considérait la presse comme le « quatrième pouvoir », celui par lequel, mise sur la place publique oblige, le citoyen pouvait ressentir un maintien en respect de tous ceux qui, de par leur fonction, pouvaient être tentés d’abuser de tout.
Aujourd’hui ce pouvoir-là n’est plus que l’ombre de lui-même, qu’il soit écrit ou audiovisuel : il a été l’artisan essentiel de la « pensée unique » au travers des super concentrations des organes de presse et (tiens, là encore !) l’intervention du business le plus affairiste avec intention, et c’est réussi pour l’instant, de peser dans un sens bien déterminé, sur la vie publique, sans parler de la manne publicitaire qui joue un rôle essentiel dans cette partition.
Il faut donc à mon sens :
-Accroître les moyens publics à la presse pour la dégager des tentacules économiques.
-Au-delà de la clause individuelle de conscience qui n’est plus suffisante, instaurer un dispositif permettant à une rédaction, cad collectivement, d’être indépendante et d’avoir à disposition tout moyen de recours contre des exigences et pressions anti démocratiques de la part des propriétaires de presse.
-Renforcement des contre pouvoirs sociaux :
La vie de la société, c’est aussi autour et dans l’entreprise. Et là, il y a de quoi faire, par exemple et sans être exhaustif :
*Tout accord entre partenaires sociaux, et à tous les niveaux (national ou dans les entreprises) ne peut être valide que s’il est signé par un ou des syndicats représentant la majorité absolue des salariés aux élections prudh’homales (nationales) ou professionnelles dans l’entreprise (niveau entreprise).
*Renforcement des prérogatives d’instances comme les comités d’entreprise ou les CHSCT, avec plus de votes décisionnels qu’actuellement où ils sont quasiment tous seulement consultatifs.
NOUVELLES PRATIQUES POLITIQUES
La vie politique serait à mon sens plus démocratique et surtout moins dangereuse pour le citoyen si des garde-fous importants étaient mis en place comme :
-Le mandat impératif avec bilan en fin de mandature.
-La révocation d’un élu en cours de mandat (qui peut exister en même temps que le mandat impératif) exigé par exemple par une pétition d’initiative populaire ouvrant sur un référendum de circonscription (à voir).
-La limitation ferme du renouvellement des mandats, à définir en fonction du niveau de l’élection.
-Inéligibilité définitive pour tout élu impliqué (ou candidat ayant été impliqué) dans des affaires de corruption.
-Disparition du principe de l’immunité, y compris pour la plus haute fonction.
-Aucun cumul de mandat sous réserve que ces mandats (je pense par exemple aux maires de petites communes) puissent être exercés sans la contrainte financière d’un émolument ridicule.
Voilà pour l’instant et merci de votre attention.