Non, ton exemple est bien choisit et irréaliste car il est loin de représenter les décisions qui sont prises, notamment au niveau national, et loin de se présenter tel que tu le décris quand il se pose réellement.
Prenons un exemple sociétal, la peine de mort. C’est quoi la volonté générale telle que tu veux la définir ? On voit bien ici que la volonté générale ne peut être que soit « pour » soit « contre ».
Ni le « pour », ni le « contre » ne correspondent pourtant à la volonté générale telle que tu la définis, ce sont des volontés parfaitement contradictoires et tout compromis est impossible, vu qu’il serait inclus dans le « pour ». Pourtant il faut bien trancher entre ces deux volontés contradictoires.
On peut prendre un exemple économique, où là c’est une affaire de justice sociale, faut-il accepter le MES et le 2ème traité sur le pacte budgétaire qui institutionnalisent les politiques de rigueur ou faut-il les refuser car ces politiques sont injustes socialement et inefficaces économiquement ?
Là encore il n’y a pas de compromis possible, tout compromis serait injuste socialement et inefficace économiquement.
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La volonté générale est un concept qui doit être considérée en tant que finalité, mais pas seulement. Ce qui importe réellement c’est le processus qui mène à sa constitution, et en premier lieu les principes qui régissent ce processus.[/bgcolor]
Vous semblez persuadé que seule la confrontation dans un rapport de force est l’interaction politique par excellence entre différentes idées et opinions, et où triomphe finalement une volonté particulière (majoritaire) sur une autre. Ceci comme je vous l’indique appartient au paradigme Oligarchique ou Aristocratique.
Cela est tout à fait normal et est due à une chose très simple. Votre réflexion prend comme cadre la structure institutionnelle de nos Républiques telles qu’elles existent aujourd’hui. C’est le défaut, tout à fait compréhensible de beaucoup de penseurs et de citoyens qui ont le désir de philosopher.
[bgcolor=#FFFF99]Il faut, pour penser la volonté générale, intégralement s’extraire de ce cadre, sans quoi il est difficile de pouvoir la conceptualiser.[/bgcolor]
Dans votre exemple binaire de la peine de mort, forcément à la toute fin, Démocratie ou Oligarchie, on finit avec soit une victoire du Pour ou soit du Contre.
Au final il y a toujours un vote en effet, car le consensus total est rare voir impossible, et sur le plan pratique et fonctionnel, comme en Oligarchie, on adopte en Démocratie la décision acceptée à la majorité.
[bgcolor=#FFFF99]Mais comment s’est formée cette majorité ? C’est là qu’intervient cette notion de volonté générale, c’est ici que se joue l’essentiel.[/bgcolor]
Et cet essentiel peut se décrire dans votre exemple du MES :
Dans un paradigme Démocratique, vous n’auriez pas UNE SEULE volonté proposée, celle de la majorité, en l’occurrence dans votre exemple les partisans de l’idéologie néo " libérale ", qui aurait l’apanage de pouvoir être la seule mise en jeu et la seule sur laquelle on pourrait se prononcer, puisque la minorité de toute manière n’a aucune chance de voir ses propositions ni analysées, ni votées.
Il n’existe pas de partis politiques en Démocratie, ils sont culturellement omis toujours par rapport à cette perspective de volonté générale, car ils constituent des volontés particulières mais surtout ils ne sont pas nécessaires, car il n’y a plus besoin de ce rapport de force permanent dans les institutions pour avoir la capacité de proposer.
Tous les citoyens qui le souhaitent participent à l’élaboration de la loi concernant un sujet défini, sur la base de synthèses elles même élaborées par tous volontaires et acceptés par consensus.
Au fil de la construction de ces propositions de lois, c’est seulement à ce moment là que des tendances vont émerger et se différencier. Mais tous ont la nécessité de garder cette optique de volonté générale dans l’élaboration de ces propositions, non seulement pour les enrichir davantage mais aussi pour ne pas donner l’impression qu’elles sont des réponses à des volontés particulières.
Jusqu’au bout de l’élaboration tout un chacun pourra alimenter en apports informatifs et contradictoires toutes les propositions afin que TOUTES s’enrichissent mutuellement, même si ils sont promoteurs, porteurs ou soutiens de certaines propositions par rapport à d’autres.
[bgcolor=#FFFF99]Au final vous constateriez que dans un tel processus, les différentes propositions n’auraient pas tendance à être fondamentalement contradictoires, mais souvent plutôt similaires, parfois capables de se compléter.Ce processus délibératif est caractéristique de la Démocratie. Ceci est la construction d’une volonté générale.[/bgcolor]
En Démocratie, on ne se targue pas de faire partie de la majorité. Il faut le voir comme un état d’esprit.
Le citoyen démocrate ne se pose pas seulement la question de savoir si une décision est bonne pour lui même, mais ce qu’elle apporte à l’intérêt commun, car il sait que la constitution d’un avantage indue par la Loi pourrait se retourner inévitablement contre lui dans le futur sur d’autres Lois.
[bgcolor=#FFFF99]Comme l’indique Étienne dans certains de ces textes et conférences, un sentiment de vergogne se met en œuvre en Démocratie du fait que le citoyen acquière une véritable responsabilité décisionnelle[/bgcolor], contrairement aux sujets oligarchiques que nous sommes, irresponsables et principalement intéréssés par notre volonté particulière.
La volonté générale ne peut être que soit l'une ou l'autre des décisions.
La volonté générale est ou n'est pas. Elle n'a pas vocation à s'instaurer dans une dualité de " Vérité " prenant le parti entre deux propositions antinomiques comme le Bien ou le Mal. Comme je l'ai dit plus haut, il faut la voir davantage dans son sens de processus et non comme le résultat qui lui est censé se confondre et même incarner l'intérêt général.
C’est sans doute à ce niveau là que se trouve le manque chez Rousseau (qui a donné de l’eau au moulin de ses détracteurs), la description de ce processus mettant en œuvre la volonté générale est absente du Contrat Social, malgré qu’il réussit bien à décrire cette volonté dans ses grandes lignes et ses effets.
Ainsi on voit bien que la volonté générale est tout simplement une volonté, et non pas la somme de je ne sais quoi. Elle peut être mauvaise comme bonne, elle n'est pas spécialement liée à l'intérêt général. Ceci correspond bien au fait que même le peuple pris dans son ensemble peut se tromper et prendre de mauvaises décisions, ceci correspond bien à notre humanité.
La volonté générale peut en effet errer. Il arrive parfois que le Peuple ne voit pas toujours son bien malgré qu'il le recherche car il est trompé.
Tu veux absolument qualifier d'oligarchique la volonté générale telle que Constant la définit. Et pourtant c'est quand la volonté est imposée de force qu'il s'agit d'une oligarchie ( une oligarchie étant une forme de dictature ).
[b]Une oligarchie n'est pas forcément une dictature[/b], c'est en tant que terme générique du pouvoir par le petit nombre que je l'utilise, bien qu'il est souvent considéré depuis Aristote comme un régime en tant que tel sous la forme dégénérescente de l'Aristocratie.
C’est pourquoi j’utilise plus souvent le terme Aristocratie pour désigner notre République. Quand j’emploie personnellement oligarchie c’est sur sa notion générique et non péjorative.
Quant à Constant il est un Aristocrate, partisan du système Oligarchique libéral, et anti-démocrate.
Je suis Démocrate. Donc forcément, il y a quelques clashs entre nos visions, deux paradigmes fondamentalement différents. 
Notre système actuel est oligarchique. Non pas parce qu'on accepte de donner ( à tord à mon avis ) notre assentiment ou parce qu'il existe une majorité et une opposition sur telle ou telle question. Ca ce sont des éléments de démocratie, mais ils ne font pas la démocratie à eux seuls.
[bgcolor=#FFFF99][b]Comme je l'ai déjà expliqué, il n'y a pas de " majorité " et " d'opposition " en Démocratie, puisqu'il cela institue forcément l'existence de partis politiques.[/b][/bgcolor]
Et là dessus désolé je suis du genre tenace sur le sens des mots qui est un combat des Démocrates pour la réappropriation des mots, institutions, processus et concepts de leur paradigme. 
Notre système actuel est oligarchique pour plein d'autres raisons, mais essentiellement parce qu'il ne met pas en place les moyens pour contrôler ce que font les soit disant représentants.
[b]Notre système est constitutionnellement, institutionnellement, socialement et économiquement aristocratique.[/b] Il a emprunté certains concepts de la Démocratie pour les dénaturer et empêcher toute résurgence des Démocrates, le suffrage universel en fait parti.
[bgcolor=#FFFF99]L’Oligarchie repose sur le socle de la Division et dont la Division du Travail est l’une de ses principales dorsales.[/bgcolor]
Je vous conseille une très bonne lecture : L’Histoire du mot " Democracy " aux Etats Unis de Bertlinde Laniel
Peut être votre point de vue évoluera.