Égalité/tirage au sort/mandat impératif
@frigouret (1214) et bourik (1215)
Pardon d’avoir tardé à répondre.
Allons y pas à pas.
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ben oui dans des conditions d’égalité et évident pour le tirage au sort. Égaux face au sort pour accéder à la fonction, évident non ?
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l’élection de représentants contredit évidemment le concept de démocratie directe ! Là où il y a représentation il n’y a pas de démocratie directe , sauf en cas de mandat impératif. Évident là aussi.
3)bien sur qu’en démocratie directe le mandat impératif est pertinent. Par exemple les constituants tiré au sort sont des mandatés qui on pour mission d’élaborer une constitution que nous sanctionnerons par référendum.
4 bis) et bien je persiste avec l’exemple des constituants.
5)Pourquoi ne pas franchir le fossé ? Si tu juges les citoyens en droit et en devoir de contrôler eux mêmes et en permanence le pouvoir, qu’ils l’exercent !
Mais au fond notre divergence tient en ceci : tu veux accorder une petite dose de démocratie directe au gouvernent représentatif pour le rendre plus digeste, le sucre que l’on donne pour avaler la potion amère. Et je ne serai pas contre une petite dose de représentativité pour rendre la démocratie directe plus pratique. Je me trompe ?
- L’égalité dont il est question dans la constitution et dans les Déclarations des droits fondamentaux est l’égalité devant la loi (= égalité en droits), pas l’égalité devant le sort.
L’« égalité devant le sort » est une manière de dire qu’à tous, à n’importe quel moment, il peut arriver quelque chose, et qu’aucun de nous n’y peut rien. Inutile d’introduire cette égalité-là dans notre gouvernance alors que nous pouvons l’éviter (par le choix réfléchi = l’élection).
- Exact, et je vous renvoie à la très bonne analyse de Brieuc Le Fèvre (reproduite ici quelque part). Une procédure de démocratie directe (référendum p.e.) exclut automatiquement l’élection.
Pour cette raison, le mandat impératif ne peut être qu’une procédure de la démocratie représentative, jamais de la démocratie directe. « Mandat impératif » signifie : instructions obligatoires données à un élu au moment de l’élection. Quand on n’est pas élu on est un agent public obéissant aux dispositions de la loi ou aux ordres donnés par la voie hiérarchique. : pas question de mandat impératif.
3), 4bis). La distinction aurait peu d’importance en pratique, mais les tirés au sort ne reçoivent aucun mandat et ne sont donc pas des mandatés. Les tirés au sort sont des personnes chargées en vertu de la loi de remplir certaines fonctions. Il faut se faire à l’idée que le tirage au sort est exactement le contraire du mandat.
Dans la conversation courante, rien ne vous empêchera de dire : « Cette entreprise été mandatée pour réparer mon immeuble », mais à partir du moment où l’on parle d’une institution du droit il faut s’en tenir à la définition officielle : inon, on ne se comprend pas et on crée des difficultés inutiles.
C’est l’erreur que commet par exemple Wipedia dans l’article « Mandat impératif » (voir Mandat impératif — Wikipédia): elle donne de prétendus exemples qui n’ont rien à voir avec le « mandat impératif » : tenir les élus en bride, surveiller tout ce qu’il font tout le temps, et leur imposer un devoir de redditionalité permanent n’a rien à voir avec le mandat impératif.
- Ce n’est pas parce que les citoyens ont le droit, le devoir et la compétence de contrôler l’exercice des pouvoirs qu’ils seraient en mesure d’exercer tous les pouvoirs et de prendre toutes les décisions.
À mon avis, c’est impossible : d’où la nécessité du régime représentatif (des représentants librement choisis, en connaissance de cause, plutôt que des noms sortis d’un chapeau).
Le tirage au sort, je le répète, est un simple palliatif pour certains défauts du système électoral : le remède, c’est de réorganiser le système électoral et de mettre en place le contrôle direct des pouvoirs par les citoyens.
Quant au mandat impératif, il est également impossible pour la même raison : les citoyens ne sont pas en mesure de prévoir toutes les situations et toutes les solutions.
[... Désolé] d'être tetu mais je vois pas ou ce que j'ai decrit ne va pas puisque la dudh parlent d'une "procédure équivalente respectant la liberté de vote" .
Sinon le systeme francais ne satisfait pas à l’article 21-2 car ceux qui désirent par exemple se présenter comme candidat à l’election de la république n’ont pas les mêmes « conditions d’égalité » : tous ne sont pas égaux face au médias. ou alors je ne comprends pas ce que veulent dire les termes « dans des conditions d’égalité »
Voir le 1) ci-dessus : Il s’agit de l’
égalité en droits, pas de l’égalité face aux circonstances et aux évènements de la vie.
Le tirage au sort ne respecte pas la liberté de vote : il l’abolit.
La meilleure des républiques ne peut pas empêcher qu’un citoyen soit né dans un pays plutôt que dans un autre, avec un handicap génétique ; qu’il tombe malade, qu’il gagne le gros lot à la loterie nationale, qu’il rencontre par hasard un journaliste qui fera le succès de ses idées, ou qu’il lui tombe un pot de fleur sur la tête.
Ce n’est pas de cette égalité-là que parlent les textes constitutionnels, mais de l’égalité devant la loi, à savoir qu’elle doit traiter tout le monde de la mème manière, sans faire de distinctions autres que celles prévues par la loi.
Ce qui n’empêche pas la loi de corriger dans la mesure du possible les conséquences des inégalités de fait.
Pour reprendre votre exemple, la loi française fait un effort pour assurer le même traitement médiatique aux candidats à la présidence, du moins dans les derniers jours de la campagne électorale. Ce n’est pas parfait, mais allez voir ce qui se fait ailleurs, par exemple aux États-Unis. JR