Sommes-nous d’accord que le tirage au sort ne servira pas à désigner des « représentants » ?
Je reproduis ci-dessous un message très utile et très clair que je viens de trouver sur le site Association pour une constituante :
Jeudi 9 juin 2011 à 12h20 - par Brieuc Le Fèvre (http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article417#forum248)
[i]J’insiste auprès des personnes opposées au tirage au sort (en particulier, sur les derniers commentaires : MM Hadjadj, Peretez et Roquetanière), afin qu’ils intègrent bien cette notion fondamentale : le tirage au sort ne désigne pas des représentants, il choisit des serviteurs du Peuple. Le tiré au sort n’a pas de pouvoir, il n’a qu’un mandat d’exécutant.
Je me permets de répéter cela, car le seul argument qui vaille que l’on refuse catégoriquement le tirage au sort, c’est que le pouvoir sera conféré à des inconnus, peut-être des « affreux », comme le dit Etienne. Or donc, le tirage au sort ne confère pas le pouvoir.
Le seul argument valide tombe donc. Reste à discuter en profondeur des effets possibles du tirage au sort, et dans quelle mesure il est préférable ici plutôt que là, sous quelle forme, avec quels contrôles effectués par qui, selon quelle procédure il est mis en oeuvre, etc.
En clair, j’aurais tendance à dire : n’ayez pas peur du tirage au sort. C’est une procédure très intéressante, qui peut apporter beaucoup, à condition (comme pour l’élection) de l’encadrer correctement.
Je crois que si les opposants au tirage au sort butent sur l’argument de la « représentation par le hasard », c’est qu’ils n’ont pas compris ce que veut faire le tirage au sort. Et il convient donc de continuer à expliquer.
Par ailleurs, si il fallait entrer dans un débat sémantique, j’avoue que je préfère l’épithète de « aléatoire » (= par le jeu du sort aveugle) à celui de « hasardeux », qui a pris, en français moderne, le sens de « faisant courir un risque presque certain, = dangereux ».
P.S. pour M.Hadjadj : je ne pense pas personnellement qu’une Constitution doive être « un texte aussi complexe » que vous semblez le décrire. La Constitution est au contraire un texte court, éventuellement précédé d’une Déclaration des Droits. Je dirais que un maximum de cinq pages est requis. Pourquoi ? Parce que justement, la Constitution doit être accessible à la compréhension de tous, et lisible dès la fin du cycle II de l’Education Nationale (autrement dit à la fin du CE1). C’est le seul moyen d’empêcher les rats de fromage que sont les juristes professionnels et autres experts constitutionnalistes de confisquer au Peuple son droit premier, au prétexte que c’est trop compliqué. Ils nous ont déjà fait le coup avec l’économie et la politique en général. Ne recommençons pas avec la Constitution !
En fait, si en terme de texte complexe, vous songiez au TCE, je dirais que le TCE est le pur exemple de ce que n’est pas une Constitution. Partant, si n’importe quel gamin de CE1 peut la lire, si n’importe quel ado peut la comprendre, alors n’importe quel adulte peut participer à l’écrire.[/i]
Je trouve que le raisonnement de Brieuc Le Fèvre devrait nous permettre d’accorder un peu nos violons : d’une part certains d’entre nous (moi par exemple) jugent que le tirage au sort est impropre par nature à désigner des représentants (qui sont forcément des « décideurs »), parce que ce serait spécifiquement contraire aux deux principales déclarations des droits de l’homme, qui disposent que les preprésentants doivent être librement choisis ; d’autre part plusieurs d’entre nous (peut-être une majorité ?) estiment que de toute façon la démocratie représentative n’est pas vraiment la démocratie, et que cette appellation doit être réservée à la démocratie directe et à elle seulement.
Dans les deux conceptions, par conséquent, le tirage au sort ne doit pas ou ne peut pas avoir pour fonction de désigner des « représentants ».
À partir de ce point commun, il ne reste plus qu’à discuter de l’opportunité de généraliser la démocratie directe, et accessoirement des modalités techniques du tirage au sort des exécutants en régime de démocratie directe…
Pour cette raison, je propose de modifier l’intitulé actuel du fil comme suit :
Élection et tirage au sort dans le contexte de la démocratie directe
Concernant une future constitution : même si elle repose exclusivement sur la démocratie directe, je doute qu’elle puisse être courte, et en tout cas qu’elle puisse se limiter à cinq pages comme l’envisage Brieuc Le Fèvre. Dans une telle constitution, les modalités générales et techniques de désignation des exécutants seront cruciales : il ne faudra pas hésiter à entrer dans les détails si on ne veut pas courir le risque de démolir la démocratie tout court.
Une constitution concise, : oui ; une constitution courte, il faudra essayer. JR