La valse des certitudes
Lors même que les intellectuels de tous bords s’échinent à détricoter le présent, s’accordant à constater que la situation actuelle est absolument originale et pose des problèmes d’une autre logique que celle jusqu’alors appliquée, que tous - les cathodiques mis à part, mais sont-ils mêmes des intellectuels - échangent, dépassent leurs divergences idéologiques, se confrontent et ce dans le seul dessein de parvenir à une description plausible du réel, alors même que cette situation de désarroi est illustrée par le vide idéologique de tous les partis politiques, cramponnés au XXème siècle parce qu’incapables de simplement comprendre le XXIème, ici même, forum démocratique d’échanges et de construction de l’avenir, beaucoup trop cherchent désormais à faire la leçon aux autres.
L’usage frénétique de locutions de certitude, « évidemment », « aucun », « en fait », « seule », « bon », « mauvais » en témoigne et me désespère. D’autant plus quand je m’essaie à ouvrir pour la énième fois un débat en profondeur sur les questions récurrentes de l’époque et que l’on m’assène, plutôt qu’un silence à peine moins désagréable, une bordée de concepts qui, on le sent bien, sont absolument incarnés par l’auteur qui s’y accrochera comme à sa propre définition, de peur de disparaître. Où l’on confond posture et position de l’enseignant. Car, je vous y renvoie Sandy:
L'égalité, c'est une égale liberté.Et la liberté alors, c'est quoi?
L'individualisme repose sur une mauvaise conception de la liberté humaine, une mauvaise conception d'une société humaine, et sur beaucoup d'autres erreurs aussi graves.Et la bonne conception de la liberté humaine, quelle est-elle? Et la bonne conception de la société? Et toute opposition est forcément caricaturale... C'est [autocensuré]. Ce qui ne m'empêchera pas de poursuivre et d'insister. Sauf que je ne cesse d'espérer que mon énergie soit ici employée à comprendre le réel et à le remodeler, plutôt qu'à y faire de la psychanalyse élémentaire. Je conçois mal, par exemple, que nous puissions correctement avancer si les intervenants ne prennent pas eux-mêmes la peine de révéler les zones plus faibles, moins raisonnées de leurs propos. Sans cela, il serait préférable de se limiter à militer. Ailleurs peut-être?