Élection présidentielle : « consacrer le collectif plutôt que le sauveur »
À propos du commentaire de Frank Mouly (membre du Conseil national du PCF) rapporté par Alain Guillou (9067) :
Jusqu’à 2000 la constitution de 1958 a évolué vers un régime d’exécutif équilibré, très original, caractérisé par la coexistence d’une fonction arbitrale (président) et d’une fonction gouvernementale (gouvernement) toutes les deux fortes. C’est la décision référendaire ramenant la mandature du président de la République de sept à cinq ans dans l’espoir fallacieux de la faire toujours coïncider avec la mandature législative qui est responsable de la personnalisation actuelle du régime (= de sa présidentialisation à l’américaine).
Je souhaite bien du plaisir à ceux qui voudraient revenir à un système encore plus ancien et refaire élire le président par le Parlement, c’est-à-dire, en fait, par les politiciens : ils peuvent s’attendre à une forte résistance populaire.
Entre le président dictateur et le président potiche, d’autres solutions existent, heureusement, et il n’est pas antidémocratique de vouloir confier des fonctions d’arbitrage effectives à une personne élue directement pour cela par le peuple.
Si l’on veut dépersonnaliser la fonction présidentielle et arrêter la dérive commencée sous la présidence Chirac et accélérée vertigineusement sous la présidence Sarkozy (gouvernementalisation de la fonction présidentielle), il faut si possible en revenir au septennat. (La décision référendaire concernant le quinquennat n’est pas irréversible : on peut douter que l’expérience présidentialiste actuelle ait l’approbation de la majorité des électeurs.)
Ensuite, il faut renforcer le pouvoir de contrôle du Parlement et revoir son mode de fonctionnement en conséquence.
Il faut aussi renoncer à l’idée - courante dans les partis politiques, de droite surtout, mais probablement minoritaire ailleurs - que la cohabitation serait contraire à l’esprit de la constitution et généralement mauvaise. La cohabitation est dans l’esprit de la constitution de 1958, même si le tempérament de de Gaulle le portait à démissionner plutôt qu’à cohabiter. La cohabitation est une excellente chose : elle remédie efficacement aux tentatives de monopolisation de la politique par les partis - et on a vu ce que cette monopolisation a donné sous la IVe République. JR