Le pouvoir médiatique est en fait partagé.
Et concrètement il s’exerce par la diffusion ou le filtrage des idées ou des informations.
La possession des médias par des intérêts privés place les rédactions des différents médias sous une pression financière qui peut permettre à leurs actionnaires :
- d’imposer les personnes qu’ils soutiennent aux différents postes à responsabilité afin de les contrôler.
- d’écarter les journalistes ou le personnel qui ne correspondraient pas à la ligne rédactionnelle qu’ils veulent mettre en place dans leur média. On a l’exemple récent du cadre de TF1 viré parce qu’il avait envoyé un mail d’arguments contre la loi HADOPI à sa député.
Encore, s’il existait une certaine pluralité dans la possession des différents médias, alors ce ne serait pas très grave cette pluralité se retrouverait ensuite dans les lignes éditoriales des différents médias.
Mais c’est parce qu’il y a concentration de la possession des différents médias entre les mêmes mains, ou entre une caste de personnes qui ont les mêmes idées, qu’on se retrouve dans une situation dramatique où seules les idées « dominantes » ( parce qu’elles sont partagées par le petit groupe de personnes qui « dominent » les médias ) peuvent s’exprimer, et où l’expression de toutes les idées dissidentes se retrouve entravée.
Il existe de nombreux exemples de cette dérive. La dernière en date, la remise en cause de la version officielle fournie par le gouvernement américain sur les attentats du 11 septembre 2001, débat qui visiblement n’a pas sa place dans le débat publique selon la pensée dominante partagée par les différents journalistes et habitués de ces différents médias.
Bien évidemment le problème est plus complexe qu’un simple contrôle financier, car s’en mêle aussi le pouvoir politique et en particulier le pouvoir exécutif.
Il existe en France une sorte de relation assez incestueuse entre l’univers journalistique, les responsables politiques et la finance. Là où normalement les médias devraient agir en contre-pouvoir vis à vis du gouvernement, alors qu’ils devraient par exemple vérifier après coup l’efficacité des politiques menées ou encore organiser le débat publique et donc organiser la contradiction et la critique des politiques du gouvernement, les voilà qui agissent volontairement en outil du pouvoir, en outil de propagande gouvernementale.
Un journaliste comme Elkabach est un bon exemple dans cette relation incestueuse car il s’est illustré depuis bon nombre d’années par le fait d’avoir été proche du pouvoir présidentiel quel que soit la couleur politique du président en place, et c’est à cette complaisance vis à vis du pouvoir executif en place qu’on lui attribue sa longévité. Mais cette relation incestueuse va plus loin car journalistes, politiciens et propriétaires des médias se fréquentent les uns les autres, ils sont amis, ils vont même jusqu’à se marier entre eux
La servitude des journalistes au pouvoir exécutif semble malheureusement volontaire, et ne s’explique pas forcément par des mises sous pression des journalistes par les pouvoirs politiques, même si cela peut arriver par le biais de relations entre dirigeants/proprietaires de ces chaines/medias et ces politiciens.
Mais elle s’explique à mon avis plus par la faveur qu’accorde ce pouvoir executif aux journalistes complaisants quand aux interviews exclusives, aux acceptations d’invitations dans leurs emissions etc … ou d’une manière générale en les laissant rentrer dans leur cercle de relations tel un privilège, ce qui ne peut que bénéficier à leur carrière.
Comme je disais au début, le pouvoir médiatique est partagé par l’ensemble des journalistes, mais évidemment certains ont beaucoup plus de pouvoirs que d’autres, c’est le cas des chefs de rédactions, c’est le cas des éditorialistes, c’est le cas des directeurs de journaux, de radios ou de télévision.
On peut parler aussi des instituts de sondages qui exercent une sacré pression sur l’opinion. Et on a pu constater cette relation incestueuse avec le pouvoir exécutif encore une fois avec l’affaire opinionway et les sondages commandités par l’Elysée et parus dans le Figaro. Des questions dans ces sondages très orientées, des titres dans le journal pour donner aux résultats de ces sondages un sens très orienté lui aussi, et une récupération politique ensuite par les membres du gouvernement pour justifier telle ou telle politique, voilà une belle mécanique bien efficace et bien rodée.
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Et il y a les agences de Presse comme l’AFP aussi, qui sont clairement au centre de l’information qui est diffusée dans les différents médias et qui est un lieu de concentration de toutes sortes de tentatives de manipulations absolument hallucinantes. A l’AFP, on tronque, on déforme, on sélectionne abusivement les informations à diffuser, bref on désinforme quotidiennement en profitant du quasi-monopole exercé …
Enfin pour terminer il y a le CSA, dont les membres sont désignés par les différents présidents, du pouvoir exécutif et législatif. et qui possède différents pouvoirs relatifs aux médias, comme le contrôle de l’équité du temps de parole.
Donc le pouvoir médiatique cela serait le pouvoir exercé sur la diffusion des idées ou des informations.
La démocratie repose en partie sur la liberté d’expression et sur la qualité du débat public entre les citoyens, j’en ai déjà parlé plus haut.
Elle repose en partie aussi sur la transparence de l’exercice des pouvoirs et sur la vigilance des citoyens.
Enfin elle repose sur une certaine équité dans les prises de décisions collectives entre les idées / projets différents, équité sans laquelle les citoyens ne peuvent pas accorder le moindre assentiment, c’est à dire la moindre légitimité, à ceux qui ont remporté les scrutins qui les ont départagés.