Citrouille,
what about the topic « Les médias d’information doivent être libres, politiquement et économiquement » ?
Je n’ai pas compris encore ce que les comités d’éthique avaient à voir avec le sujet.
Je pense que la moindre des choses serait que si ce sujet a des rapports avec celui du volet, ceux qui en parlent présentent ces liens, et dégagent une ou des problématique(s) qui permette(nt) de se raccrocher à celle qui est posée. Ou au moins qu’ils signalent au travers de ce débat l’absence d’un volet essentiel. Volet qu’ils peuvent ouvrir eux-mêmes.
À part ça, comment trouver des moyens intelligents, justes (donc qui ne menacent pas la qualité de l’information et l’accès à celle-ci) pour rendre les médias (du moins certains médias, dits de presse, pour lesquels le devoir d’informer prime sur tout le reste) indépendants des pouvoirs économiques ?
Notion de « pouvoirs économiques » qui, il me semble, doit être déclinée. Il ne s’agit pas de s’en tenir à parler d’une « propagande patronale » - c’est mon opinion, c’est pourquoi j’ai ouvertement fait cette remarque (à Étienne qui a proposé cette formule) -, ou bien celle-ci elle-même est un phénomène déjà complexe qui doit être décliné.
Pour parler vulgairement, quand je déclame du Bourdieu, je ne vous envahis pas avec du Carles ou du Halimi. Je pense sincèrement que ça permet un débat plus constructif s’agissant de ce projet… Quant à la dictature des sociologues, Bourdieu la déplorait aussi… Il était philosophe fait sociologue, pas sociologue fait politologue de comptoir.
Merci pour vos remarques sur le cas Bourdieu, je les trouve très constructives et en rapport avec la question.
Les philosophes modernes qu’on a regroupé sous le label « L’école française » ont ainsi été désignés parce qu’ils étaient des stars dans quelques facs américaines, alors qu’ils étaient encore inconnus en France. So what ?
Vous nous dites que la presse anglo-saxonne est à bien des égards de meilleure qualité que la Presse française.
Chomsky dit la même chose. Sur un exemple que j’ai oublié, il a même repris la synthèse d’un travail de recherche qui montrait que les journaux français avait été les plus minables, et que Libé s’était par ailleurs classé nettement au dessous du Figaro.
Vous nous dites que la presse américaine travaille mieux parce qu’elle vend mieux : bon point, c’est déjà en rapport avec le sujet.
Seulement, comme sur le volet « économie », vous avez tendance à noyer les questions en relativisant par des exemples de moins pire.
Ne nous faites pas croire que la presse américaine publie toujours les infos dignes d’être publiées, ce serait non pas perdre votre temps, mais nous valoir des centaines de contre arguments étayés. Le seul problème est qu’on a tous du boulot par ailleurs.
Le problème de base, non pas le symptôme, c’est la dépendance économique et le traitement de l’info comme un vulgaire produit, mode dont vous n’avez pas montré qu’il ne nuit pas à la garantie de l’application du devoir fondamental de la presse, celui d’informer, quel que soit le coût politique, personnel, entrepreneurial, financier, …
Quand on parle de subventions publiques (qui ne formeraient qu’une part du financement), c’est drôle :
-
voilà deux fois que vous parlez de faire peser les subventions à la presse… sur les impôts des smicards. Quels impôts ? Et c’est tout de même très orienté comme remarque. C’est juste de la provoc’ ? Que l’UNEDIC, privée, soit rendue autonome, et répercute les charges sociales des salariés du secteur culturel sur leurs propres cotisations de précaires, ça, vous n’en parlez pas… Sans doute parce que « la qualité a un prix » et vive la culture marchande, même si elle tue la culture non marchande qu’on met en compétition avec dès lors qu’on refuse le principe des services publics en tous domaines (si vous refusez le service public dans le domaine de la culture, vous le refusez partout… donc vous n’êtes pas un libéral, mais un néolibéral qui le revendique) ;
- moi je pense « impôt progressif » (principe juste, même pour un libéral, qui n’ignore pas que la main invisible crée de l’inégalité, et pas seulement de la richesse moyenne, de même qu’il sait que la grosseur du fonds de roulement est ce qui permet surtout de tirer les plus forts bénéfices et d’investir avec moins de risques une partie substantielle de ses fonds sur les secteurs à risque – lisez donc la parabole du casino sur le journal d’Etienne) et je prends l’exemple, tout de même plus réaliste, représentatif,… d’une ponction sur de l’argent de Lagardère, milliardaire français qui fait aussi 3e éditeur mondial, accessoirement possesseur de nombreux journaux français et maisons d’édition, membre du directoire d’EADS, qui s’était vu offrir un cadeau en or par le gouvernement Jospin. Ce même Jospin qui cet été, dans son bouquin où il moque ouvertement les nonistes de gauche qui s’acharnent à vouloir faire élire une véritable Constituante européenne, déplorait (paragraphe fameux « de la nouvelle aristocratie », envolée accessible en achetant son bouquin - 'té, pour un type qui a eu des années pour s’expliquer devant les citoyens et pour proposer des réformes), que la presse française soit notoirement concentrée aux mains de quelques industriels.
Si vous voulez, on continue de parler des symptômes et on laisse de côté les problèmes de base…
La problématique du volet est clairement posée, mais je conçois qu’elle est embarrassante. Commencez donc par la remettre en question directement, je suis sûr que ça permettra un débat plus constructif dans le cadre du projet global.
Parce que la question que je me pose de manière récurrente, c’est : « Citrouille vient-il contribuer à ce projet, ou joue-t-il les trouble fête sans rien proposer ? ».
À ce sujet, vous pourriez nous expliquer un peu cette phrase, adressée à Alain : "Je ne vous reproche a vrai dire rien mais je veux simplement engager dans un débat pour voir a quelle sauce les partisans de la liberté - dont je fais partie - vont être mangés si des fois vous arrivez a imposer votre Constitution a la France, a l’UE, au monde… "
Parce qu’à part « tout est dans le « votre » (constitution) et dans le « imposer »… » je ne vois pas quoi répondre. Bref, c’est encore de la provoc’, ou bien c’est une attitude qui n’encourage pas trop à s’investir dans le dialogue.
Je ne pense pas que ce forum soit une menace pour quiconque, et je ne pense pas qu’il ait assez de pouvoir pour que, non content de ne pas aider à y construire, on s’emploie à contribuer à saper son projet. Expliquez-moi, Citrouille.
Vous avez écrit qu’on s’appliquait ici à « réglementer la presse ». Un journaliste miteux avait écrit la même chose. Je ne vois absolument rien qui permette de sortir un pareil raccourci : c’est un mensonge.
La problématique de ce volet ne parle que d’indépendance, de protection. Et elle répond clairement à des principes déjà proclamés par la Charte de Munich, qui est je crois une Charte élaborée et adaptée par des gens de la presse, librement.
C’est une charte des droits et des devoirs du journaliste, que je vous conseille vivement de lire si vous ne l’avez pas déjà fait.
Poser les droits et les devoirs (en l’occurrence, le devoir d’informer, quoi qu’il en coûte politiquement et économiquement), c’est la première étape de tous les volets de ce forum. La seconde, c’est de chercher comment les rendre applicables.