Bonsoir. Il est clair que je ne peux qu’être d’accord avec vous. Mais en fait, je ne parlais que par rapport au projet de Constitution ici-présent Et ne présentait que des faits que j’ai pu découvrir/apprendre/contempler (même si mon ton était très normatif, je le reconnais)
Il est sûr que la professionnalisation de la politique est une tare dans une réelle démocratie, et que le meilleur des Parlements possible serait celui où toutes les classes socio-économiques seraient représentée (ce qui est complétement l’inverse aujourd’hui du fait du gouvernement par l’élite, ayant tous ses intérêt à protéger le pouvoir contre les classes moyennes ou pauvres…). Et ce Parlement n’existerait qu’avec des représentants désignés par tirage au sort, indépendants, amateurs, et éphémères (par exemple, mandat de deux ans non renouvelable, impératif pour rendre des comptes comme sous la démocratie athénienne).
Et je cite peut-être beaucoup d’histoire, mais je crois éperdument dans les leçons de l’histoire. Marx disait lui-même que « Qui ne connait l’histoire est voué à la reproduire » (et c’est pour ça que l’on parle tellement du génocide juif par exemple, pour montrer à quel point cette période était sombre dans l’histoire de l’humanité, mais je divague).
Mais ne faut-il tout de même pas garder les trois pouvoirs? Avec seulement des professionnels de la justice, car il faut être « formé » pour connaitre parfaitement le droit et pouvoir plaidoyer… (Surtout aujourd’hui, avec l’engouement législatif, cette crise de la loi et cette maudite habitude de tout vouloir garder à droit constant). Par contre, il faut des amateurs dans l’exécutif et le législatif, avec des contrôles a priori, pendant, et a posteriori de leur mandat.
L’exécutif servirait ici (comme les gouverneurs athéniens le faisaient) à faire les tâches ingrates de la publicité, de la copie, de la distribution et de l’application des lois débattues et votées par le législatif, qui n’aurait comme tâche que de réfléchir au bien collectif que pourrait apporter une loi. Les personnels ayant comme tâche d’exécuter n’auraient même pas à regarder les lois pour les corriger, etc. Ils ne feraient que les exécuter purement et simplement.
Egalement, dans l’éventualité où les lois seraient parfaites à chaque moment, il est clair qu’un organe tel le Conseil Constitutionnel n’ait plus vocation à exister. Mais juste dans le doute, n’en faudrait-il pas un, pour éviter toute dérive parlementariste? Pour faire respecter la Constitution et les limites qu’elle fixe?
Je pense, et là c’est mon avis, que le Parlement ne doit pas contrôler, sinon il devrait également s’auto-contrôler en tant que législateur souverain (ce qui serait un peu absurde, comme se tirer une balle dans le pied en somme). C’est pourquoi chaque organe ne devrait avoir qu’un seul but et rester à sa place. Mais dans la limite où nous aurions (sûrement) besoin de la théorie des Freins & contre-poids de Montesquieu, le législatif doit pouvoir contrôler l’exécutif, l’exécutif doit pouvoir contrôler le législatif, etc. (Même si une autre alternative est possible, j’en parlerai après). Et tout un autre arsenal de moyens de contrôle tous aussi ingénieux les uns que les autres pour pouvoir contrôler a priori, pendant, et a posteriori (Cf. Athènes). Il ne doit pas y avoir d’institution suprême, surtout pas le législatif, sinon, ce serait admettre la confusion des pouvoirs au main d’un organe, ce qui a été vécu sous Robespierre ou la IIIe République, même si, sous la IIIe République, on a vu des hommes faire des pieds et de mains pour éviter cela, et chacune de leur réponse a été une porte claquée (comme Alexandre Millerand).
Et alors, pour le contrôle, le plus rationnel ne serait-il pas d’admettre un Conseil Constitutionnel souverain? Composé d’autant de membres que le Parlement, désignés également avec l’élection? Ce Conseil Constitutionnel contrôlerait l’exécutif et le législatif, pour voir qui a fait telle bourde, qui doit être puni, qui doit être gratifié et loué… en même temps que de faire respecter la constitutionnalité des lois. Aujourd’hui, notre Conseil Constitutionnel est un être polytechnicien, qui contrôle les lois, la validité des élections, etc. Pourquoi ne pas reprendre cette idée, pour l’appliquer avec une sorte de modèle athénien? Le Conseil Constitutionnel a, de mon point de vue, tout pour être le souverain AVEC le Parlement tel que proposé ici.
Enfin, quelles seraient les motivations pour contrôler la justice? La justice n’aurait pas besoin de contrôle, si elle fait appliquer à la lettre les lois qu’on lui demande de faire appliquer. On lui donne des lois qui ont été débattues et votées par nos égaux (oui, il faudra l’iségoria, c’est certain!), contrôlées par un panel de filtres variés… Contrôler la justice serait la freiner encore plus qu’elle n’est lente aujourd’hui, ce qui serait au final absurde et inhumain pour les justiciables comme nous, comme nos représentants (oui car il ne faut pas non plus de traitement de faveur. Se faire juger par ses pairs est une aberration dans notre pseudo-démocratie française actuelle). Et là est le point essentiel : il faudra prévoir un contrôle de constitutionnalité des lois a posteriori de leur promulgation : le justiciable, s’il trouve une loi injuste/désuète/ne respectant plus la Constitution parce qu’on vient de la réviser/parce que les mentalités ont évolué (car par exemple, dans le Code civil, on a encore des lois datant de 1804, lors de la promulgation du Code napoléon, ou par exemple, il y a aussi ce texte de loi qui interdit aux femmes de porter un pantalon, qui date de très loin, et qui pourtant est désuet maintenant, mais est toujours applicable parce qu’on ne peut tout simplement pas abroger une loi, sauf si on la fait passer par le Conseil Constitutionnel à l’occasion d’un contrôle a posteriori…), il doit pouvoir la faire rendre inconstitutionnelle par le biais d’une QPC lors du jugement! (Question Prioritaire de Constitutionnalité ; seule invention valable de toute la Ve République, malheureusement, et ô si étrange en 2008!). A noter : le Conseil Constitutionnel, composé de ses petits 11 membres, n’a jamais autant travaillé depuis que la QPC ait été ouverte. Et on peut même aller plus loin ; imaginons un Conseil Constitutionnel composé d’autant de membres que le Parlement lui-même : il pourra être ouvert à tout CITOYEN et non justiciable (le citoyen aurait juste à se dire « Je trouve cette loi injuste, je vais faire réviser sa constitutionnalité auprès du Conseil, pour voir si le législateur n’a pas été un peu trop loin… », car bien-sûr, on ne pourra pas contrôler toutes les lois débattues après leur vote, à moins que l’on évite de pondre trop de lois d’un coup, ce qui facilitera grandement le Conseil Constitutionnel si jamais il doit tout vérifier de droit). Le mieux oui serait un contrôle a posteriori, ou alors a priori de la promulgation par un membre du Conseil Constitutionnel qui auraient été interpelé par une loi, comme il est fait maintenant par le Président de la République ou 60 députés & sénateurs ou un Président d’une des deux assemblées.
Et c’est pourquoi un préambule à une Constitution est important une fois tout cela amené. Notre Ve République a un bel objet, son préambule, ayant pour qualité de nous montrer sur quoi se base la Constitution pour pratiquer son contrôle (il utilise la DDHC de 1789, très libertaire et centrée « droits de l’homme », le préambule de la IVe République, très social, et la Charte de l’environnement de 2004, importante pour notre environnement). Alors faisons également un préambule de valeurs à respecter, des valeurs « de base » pour une vie en société respectant les droits de l’homme les plus naturels, mais permettant de surcroit de respecter pleinement la démocratie par tirage au sort! Car si dans la Constitution, il n’est pas écrit que « Le tirage au sort a un caractère sacré : aucun autre mode d’élection ne pourra être mis en place sous peine de haute trahison » (c’est un exemple), et bien il faut supposer, avec une infime chance que cela se produise, qu’un groupe d’élus par le tirage au sort soit tous du même avis pour bannir le tirage au sort et remettre en place leur « démocratie élective » (ce qui ne manquerait sûrement pas d’arriver au tout lancement d’une telle démocratie). Et bien on ne pourra pas les empêcher de pondre un texte de loi portant révision de la Constitution (si jamais le consensus de tous les côtés est là!) qui ne pourra même pas être invalidé par le Conseil Constitutionnel. En un an de temps peut-être, par le contrôle des forces armées peut-être (car dans la perspective ici étudiée, le Parlement serait souverain), l’élite aura vite fait de se reformer et de remettre en place l’oligarchie en nous rendormant paisiblement dans des mythes. Et peut-être passerons-nous pour des diables au lendemain de cette démocratie…
L’élite est peut-être notre ennemie par l’oligarchie, mais elle a tout de même mis à notre disposition des outils mûrement réfléchis pour la plupart. Servons-nous en!
Donc pour répondre à votre question : le pouvoir est impersonnel, il est sûrement judicieux qu’il y en ait plusieurs, et que le moins puissant doive être l’exécutif, ensuite le législatif, et enfin le constitutionnel. Enfin, il doit y en avoir un indépendant pour s’assurer qu’il n’interfère pas dans les trois autres (car ce pouvoir serait composé de professionnels) et pour éviter d’être perturbé : le judiciaire. Et je reprends là votre premier point : « Son pouvoir s’inscrit dans les limites de la loi qu’il est censé faire appliquer. Son degré de liberté n’existe pas vraiment. » : vous avez totalement raison. Ensuite, les personnels de l’exécutif doivent être amateurs, ne doivent faire qu’un pouvoir de publicité de la loi, et la rendre applicable. C’est pourquoi il ne doit pas y avoir que du législatif, sinon il y aurait confusion des pouvoirs aux mains d’une ou deux assemblées, avec un bicamérisme plus ou moins inégalitaire (on s’en fout en fait), et des lois ne devant pas être universelles car subordonnées aux limites fixées par la Constitution. Et les règles que l’on connait aujourd’hui, et c’est un fait, n’auraient pas du tout été les mêmes si toutes les catégories socio-économiques, culturelles, politiques avaient été représentées. C’est une évidence, si bien qu’on pourrait presque la palper car sa vérité est presque physique. Et je comprends très bien qu’on puisse prôner un leadership du Parlement et je me sentirais honteux de dénigrer le point de vue des autres. Après, si on se sent plus tendance Rousseau, Montesquieu, ou Toqueville, ce n’est pas grave. Ce qui est seulement dommage avec Rousseau, car il prônait l’élection et la démocratie directe pure, est qu’il s’était arrêté au problème de la taille territoire et au nombre des potentiels élus (ce à quoi a répondu Étienne dans sa conférence sur le tirage au sort comme bombe politiquement durable contre l’oligarchie).
Je vous remercie d’avoir lu mon texte jusqu’au bout, car je sais qu’il est long (Et peut-être me suis-je contredis une ou deux fois, fatigue, ou simplement manque de syntaxe/dialectique…)
Bonne soirée! Antoine.