[b]1. Nous devrions tous défendre notre précieux droit à récuser, en plus de celui de choisir, chaque fois que nous redoutons un danger généralisé.
- La partie wiki est presque prête :)[/b]
Cher Jacques,
Dans votre message 1864, vous dites « la volonté souveraine qui s’exprime lors d’une élection (ceci en référence à l’observation de Sam), c’est celle d’élire ou de ne pas élire : [u]pas d’exclure[/u] les candidats des élections futures. » Puis, dans le 1868, vous dites : « L’objet d’une élection est d’élire, pas de dire que quelqu’un ne doit pas se représenter lors d’une autre élection. »
Voilà un point de désaccord simple et net (mais pas forcément définitif :/) : je prétends au contraire que cette possibilité d’exclure est un Droit de l’Homme et du Citoyen (rien de moins) qui est aujourd’hui bafoué : d’où viendrait que l’on me priverait de ma parole pour dire : « tous les candidats en présence posent un problème autre que celui de dire simplement qui est le meilleur (élire) : je les trouve TOUS MAUVAIS OU DANGEREUX et je voudrais que l’on compte les voix qui expriment cette défiance expresse au lieu de la traiter comme nulle, et qu’on récuse effectivement ceux que la majorité récuse, et qu’on les récuse plus durablement qu’une simple journée d’élection » ?
Je rappelle qu’un Athénien ostracisé (6 000 fois son nom gravé sur un ostrakon, morceau de terre cuite) était mis au ban (sans déshonneur) pour dix ans. Après des siècles de dictature, les Athéniens avaient développé une vraie phobie des amateurs de pouvoir. Rappelons aussi qu’avec son système, « Athènes réussit pendant près de deux cents ans à être l’État le plus prospère, le plus puissant, le plus stable, le plus paisible intérieurement, et de loin le plus riche de tout le monde grec au point de vue culturel. Le système fonctionnait. » (extrait du passionnant petit livre « Démocratie antique et démocratie moderne », de Moses L. Finley, Petite bibliothèque Payot)
Alors vous, cher Jacques, vous repoussez cette requête du revers de la main comme si la possibilité exclusive de choisir le meilleur était une évidence, mais c’est un malentendu : je ne cherche pas à défendre ce qui est, je cherche à construire ce qui devrait être, de façon à ce que la volonté politique des hommes puisse être comprise dans toutes ses nuances, fussent-elles parfois ostracisantes, et non pas simplifiée caricaturée pour nous forcer à agréer ce que nous n’agréons pas.
[color=red]De toutes façon, Jacques, nous allons bientôt écrire l’article qui exprime nos vues respectives car j’ai presque accouché de ma section wiki !
Dans le cas d’un éventuel désaccord non encore réduit, je propose que nous rédigions plusieurs propositions d’article, chacune soigneusement commentée (en bien et en mal) et séparée des autres par un trait gras.[/color]
Je partage votre gêne par rapport à l’expression « ennemis du Peuple », et je l’ai dit à Yvan, mais en revanche, pour désigner ceux qui, une fois au pouvoir, ne veulent plus le perdre et s’y accrochent comme des drogués au moyen de toutes les manœuvres les plus malhonnêtes, aux dépens des autres citoyens, quelle meilleure expression que « voleurs de pouvoir » ?
On nous traitera de poujadistes, vous avez raison, On nous qualifiera également de populistes et de démagogues, vous verrez, c’est une mode, une facilité qui dispense d’argumenter (à bon compte), mais rien de grave : je préfère appeler un chat un chat.
On n’en sortira pas : ceux qui aspirent au pouvoir, par définition, sont dangereux pour les autres, mécaniquement, il est vain de le nier pour sauver leur susceptibilité qui devrait plutôt trouver son honneur à l’admettre, et il importe au plus haut point d’instituer des contre-pouvoirs. L’ostracisme antique fait partie de ces contre-pouvoirs nécessaires, à mon avis. Et le vote blanc est une manifestation de cet ostracisme, généralisé à toute une cohorte de candidats.