2A2f Les votes blancs doivent être décomptés et suivis d'effet

À Orbi,

Certains prennent le cas du deuxième tour de la présidentielle pour expliquer l'intérêt du vote blanc. Mais au deuxième tour il ne se pose pas. Si vous avez voté au premier tour d'une élection, ça veut dire que vous avez accepté la règle de l'élection à deux tours. Donc soit vous participez au deuxième tour et vous votez nul ou vous vous abstenez. Demander la reconnaissance du vote blanc au deuxième tour est idiot. Ce serait même remettre en cause le premier tour. Pour l'élection présidentielle par exemple, le premier tour sert de sélection.
[color=purple]Je pense comprendre ce que vous voulez dire, mais je ne vois pas tout à fait les choses de cette façon :

Accepter la règle (vous voulez dire le principe, le fonctionnement, je suppose) de l’élection à deux tours ne signifie pas en accepter les candidats. Supposons 7 candidats au premier tour, de A à G. Seul G vous plait. Pas de chance, ce sont A et B qui sont au second tour. Vous pouvez effectivement voter nul ou vous abstenir, mais voter blanc est une façon plus visible d’exprimer votre rejet des 2 finalistes. Certes le résultat final de l’élection ne changerait pas si le vote blanc était simplement reconnu, mais le vote blanc introduit une nuance et une donnée d’interprétation des résultats supplémentaire. Vu comme ça, ça ne remet pas en cause le premier tour.

Il existe également le cas (mineur, certes) ou un électeur vote blanc au second tour car il n’a pas pu voter au premier…[/color]

à Candide,
bonjour.

Si, ça remet en cause le premier tour. Parce que si vous obtenez 50% de votes blancs, qu’est-ce que vous faîtes?. Vous refaites le deuxième tour ou toute l’élection présidentielle, premier tour compris. Ce serait donner une prime aux perdants du premier tour. Ca tournerait vite fait à la soupe à la grimace.

Sincèrement, je ne crois pas à la nuance. Voter nul, c’est aussi participer à l’élection.

Qu’ont de plus les électeurs qui voteraient blanc, par rapport à ceux qui votent nul.?
les votants nuls peut être qu’ils veulent autre chose ou quelque chose aussi?

Enfin, c’est mon point de vue. Je crois que l’on perd énormément d’énergie ou d’encre, sur le vote blanc qui à mon avis n’en mérite pas beaucoup.

La question importante est la capacité donnée aux idées d’être représentées dans les assemblées politiques. C’est donc le choix du scrutin et les facilités accordées aux candidats. Enfin c’est ce que je crois.
A bientôt.
http://changerlarepublique.over-blog.com/

Vote blanc: signification et mécanisme

(Plus de 30 lignes.)

Orbi (vos 1159 et 1175):

Effectivement, jusqu’à votre arrivée, il me semblait qu’il y avait consensus sur la nécessité du vote blanc et de sa prise en compte, et même sur la signification minimale de ce vote : rejet de tous les candidats ou de toutes les propositions en présence.

Vous dites que vous ne voyez pas la différence entre votre blanc et vote nul : vous avez parfaitement raison - à condition de parler de la situation actuelle, où votes blancs et votes nuls sont traités comme de parfaits équivalents, ne sont pas comptabilisés et ne modifient pas les résultats.

Or, c’est justement cette situation actuelle que nous proposons de changer.

Une fois le vote blanc défini (au minimum) comme rejet de tous les candidats ou propositions en présence et décompté en conséquence et si, à partir d’un certain pourcentage de vote blancs, il y a obligation de recommencer l’élection, le vote blanc ne sera évidemment plus l’équivalent du vote nul, et votre remarque sur ce point deviendra du même coup non pertinente. Le vote nul continuera d’exister, on pourra lui attribuer la signification qu’on voudra, mais il continuera aussi de ne pas modifier les résultats.

Vous dites aussi :

« Le vote blanc, si je fais confiance à ceux qui s’en réclament, correspond à un déficit d’offre politique. Personne ne me plaît, donc je vote blanc. C’est bien cela je crois. »

Il ne s’agit pas de faire confiance (du moins dans mon idée) à une liste ou un parti « blanc », qui ne seraient, à mon avis, qu’une liste ou un parti comme les autres, mais bien d’exprimer le rejet total et personnel de tous les candidats ou propositions en présence.

Vous dites, avec raison, qu’avec 50 % de votes blancs à un deuxième tour d’élection uninominale le premier tour serait remis en cause et qu’il faudrait donc recommencer l’élection tout entière. Mais quand vous en faites une prime aux perdants du premier tour, je ne vous suis pas : si l’on recommence l’élection et si les perdants du premier tour se représentent à la nouvelle élection, ce n’est pas de prime qu’il faut parler, mais bien plutôt de handicap - précisément en raison de l’échec antérieur. D’ailleurs, la question de handicap ou de prime est sans importance : il s’agit d’une élection, pas d’une partie de golf, et le peuple doit pouvoir élire qui il veut, y compris des candidats avantagés pour une raison ou une autre si ça lui plaît.

Supposons - cas concevable mais extraordinaire - 50 % de rejets (votes blancs) : oui, certainement, il y aura des grimaces, mais qui pourrait objectivement se plaindre que dans ce cas précisément extraordinaire on recommence l’élection - du moment que le score blanc dépasse le score de chaque candidat pris séparément?

Vous dites aussi (dans votre message 1159) que le vote blanc existe en l’absence de proportionnelle. Vous oubliez que le premier tour du vote uninominal fonctionne comme une proportionnelle : dans le système envisagé, le vote blanc s’applique parfaitement au premier tour (et à toute élection proportionnelle, comme en témoignent les nombreuses formules proposées par les participants ici même).

Votre intervention mise à part, il me semble que le consensus reste faire sur les trois points principauxs suivants :

  1. Signification du vote blanc - rejet des candidats en présence, ou condamnation plus générale (d’un système, de la politique, des gouvernants) ?

  2. Faut-il interdire aux candidats visés par le vote blanc de se représenter à la nouvelle élection ou même à toute nouvelle élection (pour ma part, j’estime qu’il faut repartir à zéro et autoriser tous les candidats, anciens et nouveaux, à se (re)présenter?

  3. Comptabilisation du vote - faut-il opposer le score blanc au score de chaque candidat pris séparément ou bien établir un seuil « forfaitaire » de votes blancs (25 %, 33 %, 45 %) à partir duquel on recommencerait l’élection même si certains candidats obtiennent un score supérieur à ce seuil ?

Cordialement. JR

à JR

merci de prendre votre temps pour répondre. mais je ne change pas d’avis, même si je comprends votre position.

« Vous dites que vous ne voyez pas la différence entre votre blanc et vote nul : vous avez parfaitement raison - à condition de parler de la situation actuelle, »

Exact , car le vote nul est aussi le rejet de tous les candidats et même peut être du système démocratique existant.

Dans votre Point 1; signification du vote blanc, je penche pour le rejet du systéme de la démocratie représentative.

Dans le cas d’un premier tour uninominal, (donc proportionnel) l’électeur qui s’exprime par vote blanc ne trouve pas son bonheur et rejette tous les candidats. Ca ne me va pas, je vote blanc.

Mais alors pour être conséquent avec soi-même, on se présente. Il attend quoi, l’électeur qui vote blanc? qu’une personne corresponde exactement à ce qu’il voudrait être ou dire. Ou est-ce que qui que ce soit qui se présente, il votera blanc?

Il devrait dire tout de suite, je n’accepte pas le système de démocratie représentative. Et voilà. j’ai une autre conception de la démocratie. Votre système ne me convient pas et je ne souhaite pas la présenter aux autres citoyens lors de vos élections « pièges à cons ».

Donc, à mon avis, voter blanc, c’est refuser le système. Parce que si je me présente , je peux voter pour moi. C’est alors peut être les autres qui voteront blanc ou iront à la pêche. (bon, c’est pour rire)

Mais alors "le vote blanc " dans une nouvelle conception de la démocratie, qui ne serait plus représentative. Mais là je n’ai pas assez d’imagination.

Bien à vous. a bientôt.

Le sens d’un vote blanc est une chose, singulière, méritant en effet toute une gamme d’interprétations possibles.

La signification d’une majorité relative du vote blanc ne pourrait être que récusatoire des candidats ou des choix proposés.

Ce qui me préoccupe dans un premier temps, ce n’est pas le sens marginal du vote blanc, bien qu’il soit important d’entendre les minorités, mais il ne s’agit pas de faire obéir la majorité à une minorité qui fonderait sa domination sur le fait qu’elle est marginale.

Il se peut que « la Vérité » appartienne à des marginaux, et on doit donc prévoir le débat démocratique le plus sérieux pour être attentif aux bonnes idées qui ne sont pas celles dont les médias actuels s’emparent.

C’est pourquoi je suis pour l’existence des partis dans un statut amélioré, dans un esprit d’équité, et pour la possibilité d’en créer, afin que les bonnes idées « marginales » puissent produire une dynamique d’adhésion qui les sorte de leur « marginalité ».

Je pense aussi qu’il devrait exister un organisme de la médiation politique dans lequel toutes les idées seraient mises à égalité pour être confrontées à la critique dans une « concurrence équitable »…:cool:

À Orbi :

  • Non, il n’y avait pas « consensus ». À savoir que les trois points du message n°1181 de Jacques Roman, qui constituent effectivement une bonne synthèse (même si pas exhaustive) des débats de ce volet, sont sujets à des désaccords. Mais nous avançons un peu, et chacun a pu évoluer un peu sur ses positions.

  • En comparaison de nos divisions, celle que vous apportez est bien plus importante. Je pense que la chose est réglée : vous ne voulez pas de prise en compte du vote blanc. Ce qui a le mérite de simplifier le débat. Je ne vous promets donc pas de tenir un débat de fond longtemps sur cette base, et je ne vais pas essayer de vous convaincre : de toutes manières, je pense que les citoyens sont largement favorables à la prise en compte du vote blanc. Vous me semblez représenter une minorité en la matière.

« je ne vois aucune différence entre le vote blanc et le vote nul. »

Techniquement parlant, oui : au présent. Je suis d’accord avec JR. Et je dirais que si on était cohérent au présent (au passé), on n’aurait pas dissocié les deux, puisque ils ont même valeur dans les faits : nulle. C’est une insulte de les dissocier et de ne pas donner de sens (autre que nul) au vote blanc.

« le vote nul est aussi le rejet de tous les candidats et même peut être du système démocratique existant. »

Le vote nul, ce peut être : un bulletin raturé, volontairement ou non ; une tentative de tricherie, … Le vote nul vaut aussi, en particulier, pour manifester son rejet du système démocratique - réel ou tout court. Ce qui est plus louable que de ne pas aller voter. Mais laisser une enveloppe blanche est techniquement un bulletin nul…

Pour moi, le vote blanc devrait se faire par un bulletin, sur lequel est imprimé : « rejet de tous les candidats présentés » (« refus de cautionner les diverses questions posées ».) Ou plus simplement « vote de protestation », sans autre commentaires. Mais en tout cas, un bulletin comme un autre.

Ces points de détail ne doivent pas faire oublier que ce qui compte c’est que le vote de protestation puisse avoir des conséquences.

Vous ne le souhaitez pas, puisque vous assimilez nul et blanc. Or, vous savez parfaitement qu’il est nécessaire d’invalider des bulletins non conformes (par exemple, où l’électeur inscrit un mot personnel, son identité, une enveloppe avec deux bulletins, …) Ne pas le faire, ce serait rendre illégitime le mode de l’élection lui-même. Donc, c’est blanc que vous assimilez à nul, pas l’inverse.

« Mais alors pour être conséquent avec soi-même, on se présente. »

Voilà un paquet de raisons qui font que vous allez vite en besogne. Votre argument ne tient pas :

  • ni techniquement
  • quand on a le panel des candidats, et donc qu’on sait qu’aucun ne nous convient, il est trop tard pour se représenter
  • tout le monde ne peut pas techniquement se présenter : pour la présidentielle il faut 500 signatures, par exemple ; une campagne coûte du temps, de l’argent au moins à avancer, et sans doute à perdre (je connais des dizaines de gens qui n’ont pas 50 euros d’avance)
  • ni d’un point de vue démocratique
  • il y a plein de gens qui ne peuvent pas (ou veulent pas, et on doit évidemment respecter ça) interrompre leur carrière, leur activité professionnelle (ou une éducation assidue de leurs enfants)
  • tout le monde ne souhaite pas occuper le pouvoir. Bien des gens intelligents, en particulier.
  • le soi-disant idéal démocratique où tout le monde passe son temps dans la gestion des affaires publiques, c’est un leitmotiv d’embrigadeur-embrigadé. La DDHC de 1789, la DUDH de 1948, le mentionnent clairement : nul ne doit être obligé à faire partie d’une organisation politique, syndicale.

À ces deux points où je vous contredis sans détour, j’ajouterai ce troisième : vous insinuez que voter blanc dans un deuxième tour c’est refuser le verdict du premier.

Pardonnez-moi l’exactitude des chiffres, on ne va pas chicaner :

Chirac : 19% - Le Pen : 18% - Ni l’un ni l’autre : 63%… des votants, bien sûr. *

On ne peut pas répondre directement, mais il est quasi certain (pour Le Pen, indéniable) que, quel que soit le résultat du deuxième tour, la majorité des Français (des votants) y étaient opposés.

Dans ce cas, cela peut vouloir dire que le vote blanc aurait fait un carton dès le premier tour, mais pas automatiquement. En l’occurrence, je crois que non. Car oui, le premier tour est l’occasion de présenter beaucoup de candidats, de petits, … Mais il faut aussi compter le problème du vote efficace… surtout s’il n’y a pas de vote blanc pris en compte au 2e tour.

J’ai proposé qu’à chaque tour, on garde la règle de majorité relative ou absolue d’avant, et qu’on impose en parallèle un seuil de légitimation de l’élection, seuil qui ferait l’objet d’un référendum préalable à l’élection, et qui ne pourrait être modifié que plus rarement.

  • [i]Les abstentionnistes, comme ceux qui votent nul (pas blanc), savent que leur voix vaut exactement le résultat final. Ceux qui votent blanc veulent retirer des points à tous les candidats.

Et on se fiche de l’avis de ceux qui ne votent pas. C’est aussi pour cela que la prise en compte du vote blanc est nécessaire… pour que l’on puisse donner son avis, quoi qu’il en soit.[/i]

À Sam :
[i]Ces points de détail ne doivent pas faire oublier que ce qui compte c’est que le vote de protestation puisse avoir des conséquences.

Vous ne le souhaitez pas, puisque vous assimilez nul et blanc.[/i]

Si, je crois qu’il y a une conséquence ; Je crois qu’il est fallacieux de présenter les résultats électoraux comme le font les candidats ou les partis habituels, en ne se référant pas au corps électoral (abstention et vote nul compris), mais seulement vis-a-vis des suffrages exprimés.

Chirac, le Pen, etc. n’ont pas eu 19 % ou 16 % au premier tour : ils ont eu beaucoup moins si on se réfère à l’ensemble des électeurs.

Je crois que la communication sur les résultats devraient être réglementée de telle sorte que le taux de participation à l’élection soit toujours cité.

Quant au reste, je crois que chacun gardera son avis.

Sur la présence aux élections, j’y reviendrai.

Bien à vous.

A sam,
excuses pour l’interruption.

[u][i]« Mais alors pour être conséquent avec soi-même, on se présente. »

Voilà un paquet de raisons qui font que vous allez vite en besogne. Votre argument ne tient pas :[/i][/u]

Il ne s’agit pas de constater les difficultés pour se présenter, il pourrait s’agir de savoir comment on augmente les facilités pour se présenter.(financier, de temps de disponibilité etc…)

Oui il y a de multiples raison de ne pas se présenter;
Si on n’a pas envie de se présenter, si on peut pas, financièrement, professionnellement, si on refuse le pouvoir (hum, même de communiquer sur ces idées pendant quelque temps??,), si on ne veut pas être embrigadé (le scrutin uninominal permet le non embrigadement), si on ne veut pas perdre son temps dans la gestion des affaires publiques…

et si personne ne nous plaît, on peut voter nul ou s’abstenir.

sans le vote blanc, votre problèmatique du seuil de votes clairement exprimés pour valider une élection est la même. On peut dire par exemple à plus de 50 % d’(abstention et votes nuls groupés) l’élection doit être refaite. Il n’y a pas besoin du vote blanc pour fixer une telle règle.

Enfin, vous me dites que la population est pour le vote blanc, C’est le résultat d’un sondage?

Bien je m’incline. Ce n’est pas un problème. je voulais juste dire ce que j’en pense.
Si vous trouvez cela important, vous avez vos raisons sûrement.

« vous me dites que la population est pour le vote blanc, C’est le résultat d’un sondage ? »

Je ne connais pas les sondages en la matière, et je ne sais même pas s’il y en a.
M. Guiraud, notamment, doit peut-être savoir ça.

Il y a par contre que je connais très peu de gens (aucun, personnellement) qui sont défavorables à l’idée formant intitulé de ce volet.

Il y a aussi et surtout que je ne conçois pas que lorsqu’un ensemble de dirigeants, fut-il nettement majoritaire (je n’ai pas dit un ensemble d’éminents scientifiques, philosophes) pose une question, formule un panel de propositions, il puisse être déjà supposé dans la consultation que le problème est bien posé, que la question est pertinente, ou que le sujet relève de la sphère publique (c.à.d. du domaine ou la dictature de la majorité est acceptable).

Etre candidat, c’est incarner un ensemble de réponses à des questions sous-jacentes. Qui juge que les problématiques d’un programme sont bien posées ?
La propagande, ce n’est pas l’art d’imposer une réponse unique à une question donnée, mais c’est bien plutôt l’art d’imposer des conditions pour que la remise en question de la question elle-même ne se produise jamais. Il est évident – pourtant, pas pour tout le monde – que pour asseoir sa pensée unique, il est indispensable de ménager un ennemi dans le décor, un qu’on fabrique où contrôle le plus possible soi-même. Sinon, justement, les gens sont libres de détecter eux-mêmes l’enjeu des oppositions réelles. Bien sûr, quand l’intrigue est plantée, c’est elle qui vend le mieux.

Quand Alain écrit « Il se peut que « la Vérité » appartienne à des marginaux, et on doit donc prévoir le débat démocratique le plus sérieux pour être attentif aux bonnes idées qui ne sont pas celles dont les médias actuels s’emparent. », il a raison. Et il arrive fréquemment que « la vérité » soit marginale… sur la scène politique (on sait ou devrait savoir que le pouvoir ne rend pas philosophe, et que la philosophie dégoûte du pouvoir), et par effet de publicité, chez les citoyens.

Cette absence de droit à répondre « votre question est stupide » est pour moi un problème grave. J’irai plus loin : cette situation était peut-être tenable avant qu’on tue l’autorité. Mais il se trouve que depuis le début du XXe siècle, on a bel et bien un gros problème.

D’ailleurs, il est curieux - inquiétant plutôt - de voir que les « stars » du moment nous parlent de restauration de l’autorité… comme si l’autorité (en matière publique) relevait du pouvoir politique ! C’est non seulement ridicule, mais symptôme d’une grave situation, et d’une imprégnation idéologique déjà profonde.

On sait depuis Platon que [b]l'équilibre et la non confusion entre autorité et pouvoir [/b]est quelque chose d'essentiel.

On ne demande pas aux politiques de juger de ce qui convient ou non en mathématiques ou en sciences physiques (et même de prioriser tel ou tel programme (les champs scientifiques - universitaires - décident eux-mêmes des priorités de recherche, dans la constitution du Venezuela), d’écrire l’histoire, …

L’autorité est portée par ceux qui donnent du sens aux choses. C’est justement parce qu’il y a des critères extérieurs au pouvoir pour juger de la légitimité du pouvoir, de la qualité de son exercice, qu’il y a possibilité de juger les élus, de choisir entre des candidats, …

Lorsqu’un régime élimine les intellectuels et entreprend lui-même d’incarner l’autorité, vous obtenez le règne d’une idéologie.

C’est ce qu’on a au présent, bien que le phénomène soit lié non pas à la domination (et l’élimination) physique, mais au marché lui-même. Au présent, les lois du marché éliminent les intellectuels de la sphère publique, et créent des brèches dans les champs culturels protégés / protecteurs. J’en ai parlé plusieurs fois, entre autres dernièrement sur ce volet (1026, 1031 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1026#p1026).


Concernant la prise en compte du taux d’abstention :

  • Je suis totalement opposé à l’idée que les abstentionnistes soit considérés comme porteurs d’une expression politique quelconque

  • En vertu de ce principe, justement, je trouve intolérable que l’on ne puisse pas permettre à TOUS de répondre à une question officielle. Quand je dis tous, je pense même : à tous ceux qui ne reconnaissent pas les principes de l’élection (vote nul) ; à tous ceux qui les reconnaissent, mais souhaitent dire « votre question est mal posée », "vous ne pouvez pas me demander de choisir entre deux (plusieurs) options que je trouve toutes illégitimes (vote blanc).

  • Je suis opposé à l’idée d’assimiler abstentionnistes et votes nuls. Je ne vois aucun rapport entre quelqu’un qui se fiche d’agir et quelqu’un qui manifeste. Le problème est justement que dans les faits il y a, encore, amalgame.

  • Vous évoquez l’idée d’invalider les élections en dessous d’un certain quorum. Les fainéants, les je-m’en-foutistes ont la parole… Et le pouvoir de sanctionner des gens supposés actifs politiquement… Fiouuu !

    Et puis il existe déjà un système de quantum pour certaines élections. Mais il n’a pas, heureusement, de conséquence sur l’éligibilité à court terme des candidats. Juste une simple réorganisation.

    Avec le vote blanc traité comme tel, une élection aura toujours un plus fort taux de participation. Même lorsqu’on se moquera du monde, les gens auront une raison de voter. De s’exprimer. Je crois que vous prenez la chose à l’envers : un faible taux d’abstension n’est jamais une bonne chose. (Ne serait-ce que pour des raisons de représentativité.) Je ne vois pas pourquoi elle le deviendrait avec la reconnaissance de la grève du vote…

"Quand Alain écrit « Il se peut que « la Vérité » appartienne à des marginaux, et on doit donc prévoir le débat démocratique le plus sérieux pour être attentif aux bonnes idées qui ne sont pas celles dont les médias actuels s’emparent. », il a raison. "

Dans le cas présent, c’est plutôt moi le marginal.

je reviens juste sur l’abstention.

« Je suis totalement opposé à l’idée que les abstentionnistes soit considérés comme porteurs d’une expression politique quelconque. »

Je trouve que vous faites preuve de beaucoup d’autorité. On peut quand même s’interroger sur la raison de leur abstention.

Peut être qu’ils ont les mêmes raisons que ceux qui vont voter nuls, déchirer leur bulletin, le griffonner, le raturer nerveusement, mettre deux bulletins (tous pourris), mais qu’ils sont moins violents ou plus philosophes.

Savoir ce qu’il y a au fond d’une enveloppe électorale, ou dans la tête d’un pêcheur à la ligne, requiert des qualités de détective que je n’ai pas.

La seule chose que je peux dire, c’est que personne n’a réussi à les convaincre de voter.

Sinon, j’ai dis ce que je pensais sur cette question. Je ne suis pas capable d’aller plus loin. J’en fais pas une maladie.

Quand je dis que je m’incline, ça veut dire que je crois que ça ne changera pas la face de la constitution et de la démocratie, mais que si vous croyez que c’est important vous avez sans doute raison, de vous battre pour ça.

À bientôt.

Pour Rub :

J’ai déplacé votre gentil message vers une autre discussion car il ne collait pas bien avec le thème de celui-ci (importance du vote blanc).

Vous le trouverez, avec une sympathique réaction, déjà, à http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1169#p1169

:slight_smile:

Le problème à l’envers

"[i]Je suis totalement opposé à l'idée que les abstentionnistes soit considérés comme porteurs d'une expression politique quelconque[/i]."

Je trouve que vous faites preuve de beaucoup d’autorité. On peut quand même s’interroger sur la raison de leur abstention.


Je viens d’écrire quel sens je donne à l’autorité. Moi je suis ne suis ni scientifique ni intellectuel de métier. Juste ingénieur et musicien - dessinateur amateur. Aurais-je le droit de prétendre incarner ponctuellement une autorité ?
Non, juste l’espoir, et l’envie. Parce que convaincre m’importe, persuader non. Et cela ne peut se faire qu’à la seule condition que mes propos suscitent ce sentiment. Ça ne s’impose pas.
La part d’autorité que je revendique en la matière s’associe à la capacité de me référer à une méthode scientifique, et à proposer un raisonnement qui tienne la contradiction.

Par exemple, j’ai insisté ici pour que le critère permettant de déclarer que « blanc l’emporte » ne soit pas une majorité relative de « blanc » (traité comme candidat) face à chaque candidat physique. Et j’ai argumenté le propos, pour montrer que cela revient à comparer des choux et des patates.

Pour en revenir à votre remarque : la faille de votre raisonnement me semble bien venir du fait que vous apposez dans celui-ci deux situations incomparables : avant instauration de la prise en compte du vote blanc et après celle-ci.
Si vous ne considérez pas que l’absence de prise en compte du vote blanc forme une situation ABSURDE (même si elle date), vous risquez de prendre le problème à l’envers. Si on vous demande si vous préférez vous faire amputer le bras gauche ou le bras droit, la moindre des choses serait de pouvoir répondre « ni l’un ni l’autre, et d’ailleurs qui êtes-vous pour vous arroger le droit de poser des questions stupides ? » Si vous ne pouvez pas le faire (et que vous tenez à vos deux bras) il vous reste à ne pas cautionner une pareille mascarade.

« La raison de leur abstention », non seulement on peut s’interroger dessus, mais la question a déjà des réponses évidentes (qu’on connaît depuis des lustres). Elles sont de deux ordres :

  • pour ceux qui aimeraient s’exprimer, et dire que tout le panel de candidats se moque du monde (il y en a plein qui ne sont ni ignares, ni incultes, ni désimpliqués) mais font ce choix délibéré, c’est précisément parce que le vote blanc n’est pas pris en compte.

  • pour ceux qui se fichent de la politique, et je dirais surtout, de la culture, c’est qu’ils sont intègres… Qu’ils le restent donc, c’est mon avis.

    J’ai passé pas mal de temps sur le forum du Nobs, par exemple. La page « Sarkozy » y fait un carton. (De loin le record d’affluence, avant que n’arrive le dossier « caricatures », qui a tout explosé…) Je conseille à tous cette affreuse expérience d’y participer un peu. J’ai été sidéré de voir le nombre de réflexions du type : « je ne me suis jamais intéressé à la politique, mais faut faire quelque chose, y en a marre. Sarkozy m’a donné le goût : lui au moins il fait avancer les choses ». Les clients du populisme, vous en trouvez un paquet, là-bas. Je ne dis pas que tous les supporters du petit teigneux sont de ceux-là. Mais ces clients bêtes et méchants sont légion.

« Je ne suis pas capable d’aller plus loin. »

Je crois comme Étienne que de la discussion jaillit la lumière.

Il y a une chose que je crois : il est toujours très instructif, dans un débat de société, de s’interroger sur la question (la problématique) déjà posée, sous entendue. Et en particulier, de voir à qui profite qu’elle soit imposée et formulée comme elle l’est.

Avant que vous ne me refassiez une réponse surprenante, un « coup » du genre « Dans le cas présent, c’est plutôt moi le marginal »… :wink: je me permets d’ajouter ceci : la prise en compte du vote blanc (aussi vrai qu’elle est nécessaire, qu’elle relève du bon sens, et qu’elle est largement souhaitée par les citoyens), non seulement n’est pas abordée chez les politiciens (*) et dans les médias, mais savoir à qui elle profite… aux citoyens, tout simplement. Aux dépends des cratocrates… et, commercialement parlant, aux médias qui tirent bénéfice de l’exploitation de questions c…nes mais vendeuses, auxquelles aucune autorité ne peut faire opposer une contradiction.

(*) Il paraît que le sujet a été abordé sur le forum de Ségolène Royal. Je n’ai pas trouvé les archives associées, mais j’y ai posté un message. Ne me répondez pas que je me contredis… Parce que ce qui est surprenant - scandaleux - est bien qu’on ait attendu si longtemps, et qu’on en soit arrivé à une pareille crise de régime (et à l’ovni politico-médiatique à la mèche rebelle) pour commencer juste à parler de… promesses à la matière (promesses, OUI, le RIC, ça fait 15 ans que bien des candidats au poste suprême en font une promesse électorale).

« la faille de votre raisonnement me semble bien venir du fait que vous apposez dans celui-ci deux situations incomparables : avant instauration de la prise en compte du vote blanc et après celle-ci. »

C’est bien possible, après tout.
Les politiciens n’en veulent pas, parce que la présentation de leurs pourcentages serait moins avantageuse.

Mais je vous ai dit que je m’inclinais et il y a une autre solution qui peut mettre tout le monde d’accord.

La démocratie ne doit pas être figée. Elle doit être en questionnement permanent. Si, pour moi, cela est un principe fondamental, la conséquence est que je suis aussi pour les expérimentations. En conséquence, je ne m’oppose pas du tout en ce que, dans un projet de constitution, il y ait la reconnaissance du vote blanc. Au contraire même, puisqu’il semble que c’est une demande assez partagée actuellement. Notre projet ne sera que plus populaire.

Si à l’usage, on se rend compte que ça ne sert à rien , ou même que des conséquences néfastes apparaissent, on doit pouvoir toujours abroger un tel article.
Qu’en pensez-vous?

Sur les forums des journaux politiques, il y a beaucoup de provocateurs mesquins qui polluent les discussions.

Cher Orbi, Bienvenue au club!

En tous cas, ici, on est bien, même si E.C. est un peu pointilleux sur la forme…(humm!):stuck_out_tongue:

Quant au forum d’un journal « à faibles ressources publicitaires », il se peut qu’il soit envahi comme vous dites, et c’est aussi exaspérant que vous le dites. Mais il faut savoir dans quelle pénurie de moyens sont certains journaux d’opinion dont la vocation est tout de même l’écrit sur papier et la fourniture d’enquêtes journalistiques : ils ne sont Qu’une cinquantaine à bosser alors qu’un journal " people " bénéficiant de la manne publicitaire a 2 ou 3 fois plus de monde…

Le pauvre qui se charge du site a en même temps d’autres casseroles sur le feu…Il faudrait se mobiliser pour la survie d’une presse indépendante de « la bonne gouvernance des annonceurs »!

À Orbi :

Je suis tout à fait d’accord :

  • avec l’idée que si une loi (ou une disposition constitutionnelle) est jugée mauvaise après avoir été plébiscitée, qu’on puisse la retirer.
    Bien sûr, c’est un fondement de la démocratie. On n’aura pas même besoin de le préciser.

  • pour arrêter mes longs blablas avant que vous me disiez encore « je m’incline »… :wink:

Sur les forums des journaux politiques, en tous cas celui du Nobs, il y a des trolls, oui, mais pas que. Ils sont très minoritaires. (Comme dans la vie normale.)
En tout cas, c’est une expérience très enrichissante que d’y participer. Souvent frustrante, mais avec le recul, vraiment positive.

À Alain :

Si des fois vous aviez trop l’impression d’être d’accord dans votre parti, essayez donc ces forums.

Et faites moi plaisir… arrêtez avec cette "bonne gouvernance" :cool::mad::cool: ou lançons immédiatement une mise au point sur le sens du terme…
Tenez, pas plus tard que ce matin sur France inter, j’en ai eu un nouvel aperçu (encore) très paradoxal. Il s’agirait tout à la fois (j’ai encore mal compris, sans doute) :

  • d’entreprises dans lesquelles les salaires des cadres sup. restent décents
  • d’entreprises dans lesquelles le management est… techniquement impeccable (toute visibilité théorique (1), toutes les cases de la grille qualité bien remplies ; bref, planification stalinienne version gouvernance d’entreprise, donc libérale). Sans blague…

(1) En ce moment, j’accumule les exemples pratiques de ce que peuvent être les « coûts externalisés » (au niveau de l’idéologie / des pratiques). Tant au niveau de l’entreprise dans les relations clients / fournisseurs que pour les Etats-nations, en proie à une idéologie cloisonnant entre économique et social. J’en parlerai prochainement sur le volet « économie ».

Le vote blanc et le PS
Changement institutionnel prévu par le PS dans son projet 2007.

(Agence reuters de ce jour Mercredi 7 juin )

  • Autre changement institutionnel prôné, la prise en compte « séparée » des bulletins blancs, ce qui consiste à faire le distinguo, un soir de résultat électoral, entre abstentions, bulletins nuls et bulletins blancs.

Sam, très bonne soirée!!

Pour autres infos et critiques du préprojet PS 2007, voir dans la catégorie (présidentielles, plus bas dans le Forum)

Sam, je m’attendais à ce que vous ayez une réaction sur l’inscription du vote blanc dans le projet PS.
je viens de remarquer aussi aujourd’hui, (9/06/2006) que Bayrou préconise l’inscription du vote blanc dans le projet de sa sixième république, mais parce qu’il souhaite rendre le vote obligatoire. A mon avis cette proposition est plus logique et conséquente que la vôtre et celle du PS. Celle du PS est politicienne et renforce la légitimité du système, que vous combattez. c’est une défense de plus qu’ils veulent mettre au service des gens en place.

Sam est affreusement surchargé de travail ces derniers temps.

Vous savez, je viens de m’inscrire au PS (à 20 euros, normalement beaucoup plus) pour voter le projet et le candidat. Sans doute pour dire m…de, quoi.

Merci pour les infos… Vais suivre ça. Trouver le temps, déjà.

Pour information

Bernard Kouchner, précandidat aux présidentielles, sur son site la « fabrique démocratique », préconise la reconnaissance du vote blanc assortie de l’institution du vote obligatoire en France.
C’est la même position que F. Bayrou.

Ça me paraît tout a fait cohérent, mais alors la première question devient : Pour ou contre le vote obligatoire en France? l’instauration de la reconnaissacne du vote blanc en serait alors une conséquence logique.

Cordialement.

Vote obligatoire

Oui au vote obligatoire si le vote blanc assorti d’effets est institué. Ce serait alors dans l’intérêt de la démocratie, et pas plus contraire au principe de la liberté que l’obligation de verser des impôts. Mais sans vote blanc avec effet, je crois que l’obligation de vote ne serait pas justifiée. JR