À Orbi :
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Non, il n’y avait pas « consensus ». À savoir que les trois points du message n°1181 de Jacques Roman, qui constituent effectivement une bonne synthèse (même si pas exhaustive) des débats de ce volet, sont sujets à des désaccords. Mais nous avançons un peu, et chacun a pu évoluer un peu sur ses positions.
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En comparaison de nos divisions, celle que vous apportez est bien plus importante. Je pense que la chose est réglée : vous ne voulez pas de prise en compte du vote blanc. Ce qui a le mérite de simplifier le débat. Je ne vous promets donc pas de tenir un débat de fond longtemps sur cette base, et je ne vais pas essayer de vous convaincre : de toutes manières, je pense que les citoyens sont largement favorables à la prise en compte du vote blanc. Vous me semblez représenter une minorité en la matière.
« je ne vois aucune différence entre le vote blanc et le vote nul. »
Techniquement parlant, oui : au présent. Je suis d’accord avec JR. Et je dirais que si on était cohérent au présent (au passé), on n’aurait pas dissocié les deux, puisque ils ont même valeur dans les faits : nulle. C’est une insulte de les dissocier et de ne pas donner de sens (autre que nul) au vote blanc.
« le vote nul est aussi le rejet de tous les candidats et même peut être du système démocratique existant. »
Le vote nul, ce peut être : un bulletin raturé, volontairement ou non ; une tentative de tricherie, … Le vote nul vaut aussi, en particulier, pour manifester son rejet du système démocratique - réel ou tout court. Ce qui est plus louable que de ne pas aller voter. Mais laisser une enveloppe blanche est techniquement un bulletin nul…
Pour moi, le vote blanc devrait se faire par un bulletin, sur lequel est imprimé : « rejet de tous les candidats présentés » (« refus de cautionner les diverses questions posées ».) Ou plus simplement « vote de protestation », sans autre commentaires. Mais en tout cas, un bulletin comme un autre.
Ces points de détail ne doivent pas faire oublier que ce qui compte c’est que le vote de protestation puisse avoir des conséquences.
Vous ne le souhaitez pas, puisque vous assimilez nul et blanc. Or, vous savez parfaitement qu’il est nécessaire d’invalider des bulletins non conformes (par exemple, où l’électeur inscrit un mot personnel, son identité, une enveloppe avec deux bulletins, …) Ne pas le faire, ce serait rendre illégitime le mode de l’élection lui-même. Donc, c’est blanc que vous assimilez à nul, pas l’inverse.
« Mais alors pour être conséquent avec soi-même, on se présente. »
Voilà un paquet de raisons qui font que vous allez vite en besogne. Votre argument ne tient pas :
- quand on a le panel des candidats, et donc qu’on sait qu’aucun ne nous convient, il est trop tard pour se représenter
- tout le monde ne peut pas techniquement se présenter : pour la présidentielle il faut 500 signatures, par exemple ; une campagne coûte du temps, de l’argent au moins à avancer, et sans doute à perdre (je connais des dizaines de gens qui n’ont pas 50 euros d’avance)
- ni d’un point de vue démocratique
- il y a plein de gens qui ne peuvent pas (ou veulent pas, et on doit évidemment respecter ça) interrompre leur carrière, leur activité professionnelle (ou une éducation assidue de leurs enfants)
- tout le monde ne souhaite pas occuper le pouvoir. Bien des gens intelligents, en particulier.
- le soi-disant idéal démocratique où tout le monde passe son temps dans la gestion des affaires publiques, c’est un leitmotiv d’embrigadeur-embrigadé. La DDHC de 1789, la DUDH de 1948, le mentionnent clairement : nul ne doit être obligé à faire partie d’une organisation politique, syndicale.
À ces deux points où je vous contredis sans détour, j’ajouterai ce troisième : vous insinuez que voter blanc dans un deuxième tour c’est refuser le verdict du premier.
Pardonnez-moi l’exactitude des chiffres, on ne va pas chicaner :
Chirac : 19% - Le Pen : 18% - Ni l’un ni l’autre : 63%… des votants, bien sûr. *
On ne peut pas répondre directement, mais il est quasi certain (pour Le Pen, indéniable) que, quel que soit le résultat du deuxième tour, la majorité des Français (des votants) y étaient opposés.
Dans ce cas, cela peut vouloir dire que le vote blanc aurait fait un carton dès le premier tour, mais pas automatiquement. En l’occurrence, je crois que non. Car oui, le premier tour est l’occasion de présenter beaucoup de candidats, de petits, … Mais il faut aussi compter le problème du vote efficace… surtout s’il n’y a pas de vote blanc pris en compte au 2e tour.
J’ai proposé qu’à chaque tour, on garde la règle de majorité relative ou absolue d’avant, et qu’on impose en parallèle un seuil de légitimation de l’élection, seuil qui ferait l’objet d’un référendum préalable à l’élection, et qui ne pourrait être modifié que plus rarement.
- [i]Les abstentionnistes, comme ceux qui votent nul (pas blanc), savent que leur voix vaut exactement le résultat final. Ceux qui votent blanc veulent retirer des points à tous les candidats.
Et on se fiche de l’avis de ceux qui ne votent pas. C’est aussi pour cela que la prise en compte du vote blanc est nécessaire… pour que l’on puisse donner son avis, quoi qu’il en soit.[/i]