Mon cher Jacques
Vous écrivez (640) :
[color=green]"J'avais cru comprendre que nous étions d'accord pour admettre qu'il pouvait signifier, en combinaisons diverses : le rejet de tous les candidats à une élection donnée, [u]le rejet de l'élection elle-même, le rejet du système électoral ou même le rejet du système politique dans son entier.[/u]L’interprétation que vous lui donnez dans votre message est une interprétation large : elle n’est pas exclue, mais elle est loin d’être certaine."[/color]
Précisément, l’interprétation que je propose est étroite, et c’est parce que je crois que c’est la seule façon d’être efficace : d’après moi, le vote blanc montre une profonde défiance contre tous les candidats en lice et réclame un renouvellement complet de la classe politique en présence.
Si on mélange ce sens avec d’autres sens, comme ceux que j’ai soulignés ci-dessus dans votre citation (le rejet de l’élection ou du système politique dans son entier !), le vote blanc ne veut plus rien dire, il se dilue, on ne peut plus rien en déduire institutionnellement, et il ne sert plus à rien (c’est ce que je veux dire en parlant de le « stériliser ») : bref, on n’arrive plus à mettre en cause la légitimité des candidats eux-mêmes, ce qui est pourtant, me semble-t-il, la raison d’être fondamentale de notre discussion.
Alors, je comprends bien votre souci de ne pas laisser d’ambiguïté dans le vote blanc, raison pour laquelle je proposais que la Constitution exprime explicitement la signification du vote blanc, évitant ainsi les discussions byzantines interminables qui ne servent souvent qu’à retirer sa portée radicale et libératrice au vote blanc.
Je comprends bien également que vous trouviez « large » mon interprétation parce qu’elle dépasse l’élection en cours. J’entends votre argument que les autres votes, ceux qui élisent un candidat, ne dépassent pas, eux, la portée de l’élection en cours, et c’est bien vu.
Cependant, la défiance générale du blanc massif est quand même une situation exceptionnelle, une situation de crise qui demande une décision exceptionnelle, un renouvellement global. Est-ce qu’on ne vide pas la mesure d’exclusion de son sens si on permet aux arapèdes cratocrates de revenir dès l’élection suivante ?
Je propose à notre débat une mesure intermédiaire : on laisse « les entartés par le blanc » se représenter lors d’une autre élection, mais les candidats entartés deux fois (rejetés deux fois, mêmes non consécutives, dans un scrutin à vote blanc massif) deviennent inéligibles à vie.
C’est mieux ?
De toutes façons, avec le non renouvellement des mandats, on imposera un certain renouvellement permanent de la classe politique.
Vous me demandez « de quelle autorité » ?" Pas de ma mienne, évidemment Mais si la Constitution donne elle-même cette force au vote blanc (force qui instituerait une espèce d’hygiène politique permettant de mettre vraiment à l’écart ceux dont le plus grand nombre se méfie), elle aura la plus grande autorité possible, non ?
Je rappelle que l’équivalent athénien, l’ostracisme, permettait de mettre au banc (à l’écart) pour 10 ans, sans déshonneur, ceux dont de très nombreux citoyens avaient peur (souvent les plus beaux parleurs, c’est étonnant).
Les citoyens de l’époque avaient plus que nous le souci de ne pas se faire enfumer par leurs représentants…
Ils avaient aussi plus confiance dans leur semblables pour les représenter temporairement : ce que je veux dire, c’est que nos représentants actuels sont tous remplaçables, mon cher Jacques : il y a des cohortes de jeunes gens talentueux qui trépignent aux portes des candidatures, et encore bien d’autres pour qui la porte de la candidature est aujourd’hui fermée et qui restent donc évidemment discrets, mais qui apparaîtront sans doute (en même temps que reviendront voter les ex-abstentionnistes) quand cette porte s’ouvrira enfin