les français étant majoritairement pro-européens.
Je le pense aussi, et je pense que c'est aussi vrai pour une grand majorité d'européens.
Suite d'un échange, intéressant mais hors sujet, commencé sur le fil de la monnaie : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=6255#p6255
l’Union européenne n’est pas la cause de nos malheurs, effectivement, elle en est L’OUTIL. (...) Comme Instit, je crois qu’il faut sortir du piège de l’Empire (de l’UE)
Cela explique votre silence sur la proposition de [i]Plan C[/i] : si je comprends bien, vous ne pouvez pas être contre une constituante européenne tirée au sort (puisque c'est ce que vous défendez depuis 3 ans) mais vous ne pouvez pas non-plus approuver quoi-que ce soit qui viendrait de - ou qui aurait seulement une vague relation avec - l'Union Européenne (que vous haïssez).
Je ne hais rien ni personne : j’observe, j’analyse les causes de la désindustrialisation et du chômage, je repère des risques, des dérives totalitaires, et je me défends en essayant de cibler l’essentiel et le niveau européen revient à tout propos dans les causes de nos maux. (…) je crois désormais que l’UE est irréparable, que tous ses ressorts sont faux. Alors, oui, l’idée d’aller candidater pour participer au cirque des escrocs (puisque le Parlement européen n’a pas le pouvoir) me laisse immensément sceptique; je peux ? On peut toujours demander une constituante européenne… mais les ministres et présidents qui nous ont imposé eux-mêmes la félonie des « traités constitutionnels » (…), ces exécutifs félons risquent de ne pas vous donner entière satisfaction. Alors oui, je suis sans doute dans la même famille de résistants que ceux qui défendent cette idée, mais avec une telle certitude que l’échelle (celle de l’Empire) n’est pas bonne que vous ne me verrez sans doute pas militer pour elle. Mais ce n’est pas pour autant de l’hostilité : ne dites pas comme Bush « ceux qui ne sont pas pour nous sont contre nous »…
Je ne suis pas devenu votre ennemi. ÉC
Tout d'abord, je vous présente mes excuses si j'ai pu faire croire que je vous voyez désormais comme un ennemi.
Mais je pense, comme le décrit fort bien Jacques dans son Message n°6268, que vous vous trompez dans votre analyse, et aussi, encore plus, dans votre stratégie.
L’UNION EUROPÉENNE COMME OUTIL
L’UE n’est qu’un outil du pouvoir, comme vous dites. Il y en a plein d’autres. Et nos ennemis communs disposent de bien d’autres outils pour faire progresser leur agenda: FMI, OMC, OTAN, ONU, G20, Davos… certains de ces outils sont bien plus puissants que l’UE, et parmis tous ces outils, l’UE est, malgré ses défauts, le plus démocratique de tous. Si la France sortait de l’UE, elle se ferait bouffer tout cru par les ogres du FMI-OMC dès qu’elle oserait contester les décisions impériales. En voulant sortir la France de l’UE, vous tentez de priver le peuple français du SEUL outil international plus-ou-moins démocratique dont il dispose, et qui a déjà fait échouer plusieurs tentatives abjectes d’assouvir les peuples. Et je vais en lister quelques-unes ici:
- La guerre de l’Irak: sans l’Euro et l’Europe, la France et l’Allemagne auraient été mis à genoux par l’Empire des USA. Vous vous rappelez sans doute la phrase de Condolizza Rice: « La Grande-Bretagne sera récompensée, l’Allemagne ignorée et la France punie ». Quelle rigolade: la punition la pire qu’ils aient réussi à infliger à la France sont les freedom fries dont le monde entier rigole encore aujourd’hui. L’Empire a été humilié par la France devant les yeux du monde entier, et l’Empire n’a rien pu faire pour punir le rebelle.
2) les brevets logiciels: le régime des brevets européens date de 1973, avec la déclaration de München, dont les algorithmes et les programmes informatiques sont expressément exclus. Le commission Européenne a voulu changer les règles des brevets - sous couvert de simplification - et aligner chemin faisant les brevets logiciels sur le modèle américain. Le PE a passé un certain nombre d’amendements, qui excluaient en pratique les brevets logiciels. La commission a alors re-présenté en 2-ième lecture le même texte qu’au début, sans es amendements du PE, et le PE avait besoin, pour bloquer cette deuxième lecture, d’une majorité écrasante. Eh bien vous savez quoi: les opposants au projet ont réussi à obtenir cette majorité au PE, et aujourd’hui l’Europe dispose du régime de brevets le plus sympathique du monde, que tous les hippies open-source-iens de la planète nous envient… et qui est en train de faire boule de neige, et même les tribunaux des USA commencent à faire marche arrière.
- la censure d’Internet: en 2008, avec la loi Albanel (je crois), le gouvernement français a essayé - sous couvert de traquer le piratage et la pédophilie - d’introduire les outils de censure d’Internet. Le PE a passé une directive excluant explicitement la riposte gradué, principe phare de ce projet de loi. Sarkozy a alors écrit personnellement à Mr Baroso pour qu’il annule cette directive, mais Mr Baroso - que je ne tiens pas particulièrement dans mon cœur, mais qui s’est comporté comme un vrai démocrate sur ce coup - l’a éconduit fraichement. Il n’y a pas pire dictature que la censure, et c’est le Parlement Européen qui a protégé les citoyens français de la censure que le gouvernement français a essayé d’imposer à son peuple.
Et vous voulez priver le peuple français de cet outil ? Vous pensez sans-doute que l’OMC, l’ONU, l’OTAN, le FMI ou le G20 sont des institutions plus démocratiques ?
L’UNION EUROPÉENNE COMME COMPLOT
Je pense aussi que vous vous trompez lourdement si vous voyez dans la construction européenne un complot impérial: ceux qui ont commencé le mouvement sortaient de 2 guerres mondiales meurtrières et ont connu 2 dictatures sanglantes (le fascisme et le stalinisme) et pour eux, construire un ensemble continental était probablement une œuvre humaniste. Tandis que ceux qui abusent - ou plutôt tentent d’abuser - des institutions européennes sont de la génération du papy-boom qui n’a connu que l’opulence où l’argent et le pétrole coulent à flots. C’est une génération qui est arrivé au pouvoir après la chute du mur de Berlin, et depuis 20 ans, la population des hommes politiques européens n’a pas été renouvelée. Il ne s’agit, ni plus, ni moins, d’une corruption due à l’exposition prolongée au pouvoir. Pendant 10 ans après la chute du mur de Berlin, donc les années 1990, ces hommes et leur politique ont joui d’une certaine légitimité puisqu’ils ont défait l’ogre du communisme.
Mais quand le renouvellement aurait du arriver, après les crises asiatiques de 1998 et aussi l’éclatement de la bulle Internet de 2000, ces quelques centaines ou milliers d’hommes, financés par les milliardaires que la chute du communisme a fait sortir de leur réserve, ont dérivé vers l’abus de leur pouvoir. Les puissances privés internationales ont alors probablement vu dans l’UE une manière fort pratique de faire basculer tous les pays européens, en bloc, dans une privatisation générale, au lieu d’être obligés d’aller les chercher un-par-un. Le TCE devait être ce package, mais las, patatras, ces damnés frenchies ont encore refait le coup, et ont encore bloqué l’Empire. Pas si grave, le neo-conservateur en chef qui allait résoudre le problème était déjà préparé, flanqué d’un lieutenant NON-iste pour amadouer les récalcitrants… et patatras, cette gourde de Ségolène Royal a fait tout capoter. L’affaire se corse, ils sont obligés de sortir leur N°2, mais petit, vilain, nerveux, plein de tics, parlant comme un charretier et trainant des casseroles grosses comme-ça, la machine de propagande a du fonctionner à plein régime. Là où l’élection de neo-conservateur Strauss-Kahn serait passé comme une lettre à la poste, ils ont du tirer des ficelles tellement grosses pour l’élection de Sarkozy que ça s’est vu. Et pour des gens habitués à tirer les ficelles du pouvoir en secret, être vu est la pire des défaites.
Mais pire aller encore arriver. Ce tromblon de Sarkozy a quand-même proposé, comme convenu - outre de fournir un trône doré au neo-con N°1 au palace impérial du FMI - de repasser le package impérial (relooké en traité de Lisbonne) mais patatras, c’est les Irlandais qui cette fois font blocage. La ficelle de les re-faire re-voter sur le re-TCE commence à être impossible à cacher, et l’Empire s’impatiente avec cette Europe décidément bien rebelle.
Et puis arrive le coup de grâce, l’affront ultime: l’Europe refuse de payer l’impôt impérial. Lors de la la débâcle financière de l’automne 2008, l’UE refuse d’inonder les marchés financiers de milliards d’argent public et éponger les dettes privés. Les USA, avec le plan Paulson, se sont exécutés et fournissent des dollars par centaine de milliards sans aucune contre-partie… mais pas l’UE, menés par l’Allemagne. Du coup, ils doivent se contenter des maigres dizaines de milliards que les gouvernements français et anglais leur jettent (sans contrepartie non-plus, bien-sûr). Comble de l’horreur, les GB risquent de basculer, comme l’Islande, dans le camp de l’Euro, enlevant ainsi ce cheval de Troie qu’on avait planté là par anticipation. L’Euro, qu’on pensait soumis comme le dollar aux marchés privés, se pose même comme alternative crédible en tant que réserve de change dans les caisses mal connues de la Chine ou des puissances pétrolières… dont l’ours Russe, qui s’est réveillé de son hibernation et commence à montrer ses crocs.
Non, décidément, cette expérience Européenne n’a que trop durée. L’Empire ne saurait tolérer cette entité imprévisible.
LA FIN PROGRAMMÉE DE L’UNION EUROPÉENNE
Et comment vont-ils vouloir mettre fin à l’UE: en le faisant éclater, pardi ! Et l’outil de prédilection pour cela sera l’Euro: en effet, après avoir combattu pendant des années pour imposer des changements politiques, ils auront du mal à justifier maintenant de proposer l’éclatement politique. Tandis que l’argent, ça au moins, ils connaissent. Je fais le pronostique que nous allons voir de plus en plus d’attaque sur la non-viabilité de l’Euro, de plus en plus d’articles parlant d’éclatement de l’Europe pour commencer à préparer les esprits européens à cette éventualité, de plus en plus de disparités dans les politiques européennes pour attiser les tensions.
Étienne, je suis tellement en désaccord avec votre analyse que je pense que désormais, l’Union Européenne n’est plus vu comme un outil impérial par les puissances privées mais plutôt comme un gêneur à éliminer. Vous allez bientôt vous retrouver dans la situation ubuesque de vous battre aux côtés des neo-cons pour la suppression de l’UE: vous parce-que c’est un outil trop impérial, eux parce-que pas assez.
Mais ce que je ne comprends pas, c'est comment vous pensez faire sortir la France de l'UE.
Simplement, en portant au pouvoir (en France) une personne déterminée à dénoncer tous ces traités antidémocratiques. J’aimerais qu’il y en ait un qui soit vraiment « de gauche », comme on dit pour désigner les humanistes. ÉC
Là, vous n’avez pas réfléchi jusqu’au bout. Si vous pensez que les gouvernements nationaux qui ont commis la félonie du traité de Lisbonne ne nous laisseront pas faire une constituante tirée au sort, je vois mal comment il vous laisseront accéder à un pouvoir dont ils connaissent et contrôlent TOUS les rouages.