Chers amis,
Je voudrais vous aider à cesser une possible escalade verbale qui nous ferait tous régresser.
Je tiens beaucoup à la contradiction de Jacques Roman car c’est elle, objectivement, qui me fait le plus progresser (c’est évidemment plus confortable, plus agréable, de discuter avec des gens qui sont parfaitement du même avis, mais on progresse beaucoup moins, je trouve) : c’est notre désaccord profond sur certains points décisifs comme le tirage au sort, c’est la difficulté que j’ai à lui faire sentir à la fois les immenses avantages que j’attends du tirage au sort bien contrôlé et bien régulé (avantages inédits donc incontrôlables a priori puisque presque pas testés dans l’histoire des hommes) et la faiblesse des risques (relativement à la situation actuelle du gouvernement prétendument représentatif que je vis comme une catastrophe anti-libérale, une violente escroquerie des privilégiés contre les intérêts du plus grand nombre), C’EST CET ANTAGONISME (parfaitement courtois si l’on sait oublier quelques impatiences fugaces) QUI M’OBLIGE À MIEUX ARGUMENTER, à mieux formuler ce qui me semble une évidence et qui, manifestement, n’en est pas une.
Et au final, avoir été contraint à mieux argumenter, c’est avoir été conduit à progresser ; d’une situation plutôt désagréable au premier abord débouche un bilan fondamentalement positif, un progrès.
D’une façon générale, si l’autre reste en désaccord avec moi, ce n’est probablement pas qu’il est bête ou malhonnête, c’est bien plus probablement que je me suis (pour l’instant) mal exprimé, que perdurent des malentendus, ou, pire encore, que je me trompe moi-même.
Il est donc essentiel de ne s’empailler à aucun prix.
Reprenez les choses à la base, point par point : QUELS SONT LES POINTS D’ACCORD ? Il y en a des tas avec Jacques qui est une perle de patience et une vraie source de réflexion. Jacques a plus de mauvais souvenirs que nous du régime d’assemblée et même, dirait-on, un certain « traumatisme », au point de plus vouloir en entendre parler. C’est peut-être ça aussi sur lequel il faut travailler : comment donner le pouvoir aux représentants du peuple réunis en assemblée sans déboucher sur le bordel de la IIIe République ? Sur quel point PRÉCIS n’arrivons-nous pas à tomber d’accord à propos du tirage au sort ?
En tout état de cause, je vous demande de CENSURER RIGOUREUSEMENT VOS MARQUES D’IMPATIENCE, par simple discipline mécanique, ça fera du bien à tout le monde (je m’efforce moi-même de respecter cette contrainte, sans toujours y arriver, mais c’est une obligation de moyen, on peut faillir de temps en temps, ce n’est pas grave).
Tâchons d’éviter les escalades sur l’échelle agressive EN OUBLIANT rapidement nos dérapages respectifs, et continuons cet échange original et important sur la possibilité d’un « parti sans chef et sans autre programme préétabli que l’application (enfin !) d’une dizaine de principes constitutionnels fondamentaux ».
Merci pour votre patience et pour votre intelligence. Pardon d’être relativement peu présent ces jours-ci : vous avez sans doute remarqué que, après avoir répondu aux basses et injustes attaques frontales de Jean Quatremer, j’ai rédigé de longs commentaires sur différents billets de Paul Jorion (« Les explications rapides des choses compliquées », » Constitution ou pas ?…), tout ces échanges étant étroitement intriqués avec nos réflexions sur ce forum, mais en diffusant nos idées et propositions à l’extérieur de ce site (ce qui est important, je crois, et vous pouvez m’aider dans cette tâche en discutant de la sorte sur d’autres forums de votre connaissance).
Bien amicalement
Étienne.