[bgcolor=#CCFFFF][/bgcolor]• L’antienne d’Étienne : les parlementaires et candidats au pouvoir sont juges et parties quand ils écrivent une Constitution : ils s’écrivent des règles pour eux-mêmes et sont donc très naturellement suspects de partialité au moment d’écrire les limites de leur propre pouvoir.
• Idée d’un cahier des charges pour l’Assemblée constituante que pourrait proposer un candidat à la Présidentielle dans son programme.
Orbi vient de nous signaler sur le fil « Propositions pour une action pour les présidentielles 2007 » (http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1678#p1678), que Montebourg abandonne le projet d’être candidat pour le PS, ce qui réduit à quasiment rien les ambitions de réforme institutionnelles de ce parti, et Orbi nous invite donc à examiner les programmes constituants des autres candidats qui proposent une réforme institutionnelle, notamment Bayrou et, peut-être, Taubira.
Son message me suggère la réponse suivante, que je place ici parce qu’il me semble c’est sa place naturelle :
Dans le rôle de constituant, les parlementaires, les ministres, les juges et autres candidats au pouvoir sont les plus dangereux qui puissent être, parmi les auteurs possibles, pour tous les autres citoyens (n’importe qui serait moins dangereux), simplement parce qu’ils sont suspects de ne pas bien nous protéger, du fait de leur intérêt personnel à ce que les citoyens n’aient aucun moyen de les contredire dans les décisions quotidiennes.
Dans l’imaginaire populaire, les acteurs politiques ont réussi à réduire la démocratie à l’élection, en évacuant le débat citoyen, les initiatives citoyennes et les contrôles citoyens, ce qui est une triste régression conduisant à une parodie, et ils nous font croire que c’est bien ainsi et que ça n’a pas besoin d’évoluer.
À mon sens, un parlementaire qui écrit la Constitution est en situation d’abus de pouvoir.
Et nous, on est fous de les laisser faire ça.
Et le fait qu’ils le fassent depuis des siècles et partout n’est pas un argument pour continuer. Ainsi, on a martyrisé les femmes et les enfants partout pendant des millénaires sans que cet usage bien ancré justifie qu’on continue pour l’éternité : les femmes ont sacrément bien fait de lutter, alors même que leur émancipation paraissait totalement utopique il y a seulement quelques années.
Donc Bayrou, Taubira, Montebourg, Badinter, Giscard, etc., aussi respectables, attachants et utiles qu’ils soient par ailleurs de façon incontestable, devraient nous inquiéter dans cette posture de Constituants et pas nous rassurer. En tout cas, pour ma part, je lis attentivement leurs projets, mais je suis très méfiant.
[b]Un candidat honnête à la présidentielle devrait promettre, dans son programme :[/b]• de faire élire d’une Assemblée constituante dont les membres seront déclarés inéligibles aux fonctions qu’ils instituent eux-mêmes,
• de permettre un travail constituant public et contradictoire, favorisant la publicité et la discussion des initiatives citoyennes (cahier de doléances publics), pendant quelques mois dans le cadre d’un grand débat national pour la préparation d’un ou deux projet(s) alternatif(s),
• de soumettre le(s) projet(s) à référendum…
• et de se retirer enfin pour que les nouvelles institutions puissent prendre pleinement effet.
Il me semble que le candidat à la présidence devrait inclure dans son programme le cahier des charges simplifié qu’il promet d’imposer à la Constituante au cas où il serait élu, éventuellement en faisant confirmer ce cahier des charges par référendum juste avant que ne soit élue la Constituante.
Exemple de [b]cahier des charges pour l’Assemblée constituante :[/b]• supériorité du Parlement comme source souveraine des pouvoirs dérivés,
• en concurrence avec les citoyens, directement consultés aussi souvent que possible,
• y compris à leur propre initiative (RIP x 3),
• institutionnalisation du débat contradictoire honnête comme la meilleure garantie des décisions justes (place forte de lanceuse d’alerte pour l’opposition en toutes matières),
• scrutin mixte (majoritaire+proportionnel) garantissant à la fois une majorité pour décider et l’expression publique complète de toutes les opinions dissidentes pour décider en connaissance de cause,
• reconnaissance complète du vote blanc et de ses effets,
• indépendance de tous les organes d’information publics (statistiques, sondages, télévisions… : organes publics mais hors du contrôle de l’exécutif),
• exigence de contre-pouvoirs effectifs pour tous les pouvoirs
• et appel au peuple en cas de conflit irréductible entre pouvoirs,
• indépendance économique et politique des médias de masse et contrôle populaire,
• procédures de reddition des comptes et de révocation éventuelle pour tous les agents publics,
• révisions constitutionnelles obligatoirement confirmées par référendum (sans aucune exception),
• réflexion, débat public et consultation populaire garantie sur les services publics à sanctuariser,
• etc.
Je vous invite à commenter, amender ou compléter ce cahier des charges constituant (ou en proposer d’autres) car l’idée de ce préalable, confirmé par référendum, paraît assez séduisante, non ?
Pour simplifier tout cela, on peut aussi supposer (je suis plutôt de cet avis) que le simple fait de rendre les députés constituants inéligibles va permettre à ces idées millénaires (logiques et « réinventées » à chaque génération d’humains) de ressortir toutes seules dans les propositions de l’AC, sans qu’on ait à les imposer dans un cahier des charges… [bgcolor=#FFFF99]On peut parier qu’elles apparaîtront par le seul fait qu’il n’y aura plus d’intérêt personnel opposé à ce que ces idées s’imposent…[/bgcolor]
Mais un cahier des charges constituant annoncé avant l’élection présidentielle nous permettrait de juger de façon un peu détaillée de ce que les actuels candidats sont prêts à nous promettre pour nous défendre contre les abus de pouvoir.
On peut rêver…