08 Le traité de LISBONNE

Si on ne dit pas clairement ce à quoi on tient le plus, il sera facile ensuite de nous éconduire en prétendant nous servir.

Cher Jacques,

La mise en place ou la révision d’institutions (nationales ou internationales) exige un référendum non pas « parce que la précédente révision avait été soumise à référendum », mais « parce que [bgcolor=#FFFF99]tout pouvoir est dangereux[/bgcolor] pour ceux qui y seront soumis et que les institutions servent précisément à limiter et contrôler ces pouvoirs et à formaliser l’assentiment des peuples envers ces pouvoirs limités et contrôlés. »

L’exigence démocratique est donc ici fondamentale ; c’est bien plus qu’un détail procédural : c’est toute notre protection contre les abus de pouvoir qui dépend de notre vigilance en ce décisif moment constituant.

Alors, si on ne dit pas clairement ce à quoi on tient le plus (et que le référendum nous permet précisément de vérifier), les exécutifs continueront à nous enfumer en ne cédant que sur des détails (drapeau, hymne, nom de tel ministre…) et en ne cédant rien sur l’essentiel, tout en prétendant respecter scrupuleusement la volonté populaire !

Votre propre interprétation personnelle de notre requête du référendum (« il le faut parce qu’un autre a déjà eu lieu juste avant ») me confirme dans l’idée qu’il faut absolument être clair sur ce que l’on exige et que l’on vérifiera dans le nouveau texte à l’occasion du référendum : il ne s’agit pas de respecter une simple formalité mais le fondement même de la démocratie, la vraie.

Et le fait que la pétition obtienne effectivement plus de signatures en étant ambigüe (« attape-tout ») me paraît contre-productif, sur le fond : ce qui compte surtout — beaucoup plus que le nombre de signataires dans l’absolu—, c’est [bgcolor=#FFFF99]qu’une exigence démocratique claire arrive à émerger dans le débat public sur les points essentiels — séparation des pouvoirs, contrôle des pouvoirs, responsabilité des acteurs, initiative citoyenne —[/bgcolor] malgré les manoeuvres des décideurs pour parler de tout sauf de ces points précis.

Merci pour votre patience :confused:

Amicalement.

Étienne.

Salut

De toute façon, je viens d’avoir la réponse d’Alain … Il ne lance aucune pétition nouvelle en Juillet / Aout … il faudra donc attendre septembre si on veut passer par lui …
Sinon, y a t-il un autre site de pétition que vous connaîtriez ?

A+
AJH

Projet(s) de pétition

Mon cher Étienne (2545).

Vous ne m’avez pas convaincu. De toute façon, je suis à peu près certain qu’il n’y aura pas de pétition.

Amicalement. JR

De toute façon, je suis à peu près certain qu'il n'y aura pas de pétition.

Amicalement. JR


Il suffit simplement de trouver les adresses mails d’envoi ( notre Président et Premier Ministre et Présidence de l’Union) puis de « lacher la pétition dans la nature » (sites, blogs, listes, Attac, Alter Ekolo, Bove, etc … ) elle fera le tour des internautes d’une manière virale . Le problème sera le « comptage » des messages envoyés, sauf à avoir une adresse en Cc pour ceci …

A+

AJ

AJH, Oui, avec adresse en Cc : je suppose qu’on ouvrirait une adresse courriel < pétitioneuropéenne1@hotmail.com > pour le comptage ? Mais qui voudrait s’occuper du lancement (je n’ai vraiment pas le temps - ni je crois la capacité). Merci. JR

Pour la soumission au référendum, on pourrait avoir une adresse petitioneuropéenne2@hotmail.com, et même un adresse pétitioneuropéenne3@hotmail.com pour ceux qui préfèrent la formulation d’Étienne. JR

Lettre au Président de la République

Jacques…

Ce peut être une adresse également sur free, en Cc
Moi je veux bien m’occuper du lancement, dès que je trouve des adresses « directes ».

Pour info, j’ai trouvé deux sites où l’on peut écrire « online » …

http://www.elysee.fr/ecrire/index.html

http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/premier_ministre/ecrire

J’ai écrit, sous mon identité, ce qui suit au premier… (désolé : pas grand chose à voir avec cette idée concernant le traité, mais vous serez ainsi au courant…)

Monsieur le Président,

Depuis 30 ans, le peuple a progressivement été dépossédé d’un droit régalien, celui de ses choix monétaires et de sa capacité d’émettre sa monnaie.

En effet:

1 - Les États de l’euro zone ont abandonné aux banques commerciales et aux Banques centrales regroupées dans la BCE (banque des banques) non seulement le droit de création monétaire, mais également celui des politiques économiques évidemment liées aux décisions concernant la masse monétaire en circulation, des taux d’intérêts et des taux de change.

2 - De plus, les peuples sont maintenant obligés de s’endetter pour couvrir leurs déficits publics dus eux-mêmes, non pas à une mauvaise gestion des deniers publics, mais à une charge de la dette qui, en 2006, représente 14% des recettes (sans aucune possibilité de remboursement de la dette, sauf à vendre quasiment tous nos actifs), chaque année l’emprunt nécessaire correspondant sensiblement à la charge de la dette,

3 - Enfin, depuis 1980 le montant des intérêts payé correspond quasiment au montant de presque 1 200 milliards d’euros du capital cumulé toujours dû actuellement, alors même que le piège dans lequel nous nous sommes enfermés interdit aux banques centrales de monétiser nos besoins et aux collectivités d’emprunter sans intérêt pour assurer la création d’équipements public dont auront besoin les générations futures.

Signataire de cet appel, je demande que soit réexaminés en France et dans la zone euro le fonctionnement et les justifications du système actuel de création monétaire par le privé, les justifications du droit de « seigneuriage » accordé, correspondant à l’avantage que nous pourrions collectivement tirer si les intérêts payés aux émetteurs de crédits sur l’ensemble de la monnaie en circulation (7 782 milliards d’euros fin 2006) ce qui représentent, à un taux de seulement 3%, plus de 230 milliards d’euros par an (et qui, sur 61/310° de la population de l’euro zone, représente 44,5 milliards d’euros pour la France), le seraient aux États et par définition aux peuples.

La justification habituelle concernant le risque d’inflation qui serait inhérent à la création monétaire régalienne, outre qu’il est loin d’être démontré (la quantité d’euros en circulation grossit de plus de 10% par an depuis 2000, sans créer d’inflation) est même plutôt battu en brèche par la Banque de France elle-même (Bulletin de la BdF N° 70 d’octobre 1999). Il peut être encadré en l’organisant en tant que pouvoir indépendant séparé des trois autres.

Comme le propose le français Maurice Allais, prix Nobel d’économie, « La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que cette monnaie doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire », en précisant « Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je n’hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents »

Veuillez croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma plus haute considération.


A+

AJH

Création de monnaie

AJH (2553).

Je suis d’accord que la création de monnaie doit relever des pouvoirs publics et pas d’organismes privés. JR

[bgcolor=#FFFF99]Pétition pour un référendum[/bgcolor]

Je vous signale la pétition de l’eurodéputé danois Bonde :

http://x09.eu/fr/sign/

Elle est simple :

[bgcolor=#FFFF99]« Je veux que tout nouveau traité européen soit soumis à un référendum ».[/bgcolor]

Cette simplicité m’attire. De plus, la pétition est en place et couvre les 27 pays de l’Union.

Ce serait un moyen d’assurer la prédominance du débat public intereuropéen quant à l’avenir de l’Union. Je crois de plus en plus que depuis le TCE rien ne se fera de solide sans l’accord des peuples eux-mêmes. JR

Merci Jacques, ce texte est simple est fort.

Faisons tous passer l’info rapidement.

« Un référendum pour le nouveau Traité européen ! »

Une pétition limitée à la France qui demande au Président de la République
de soumettre aux Français par référendum le nouveau Traité européen « simplifié » :

http://referendumeurope2007.free.fr/

(Pour signer, il faut envoyer nom, prénom, fonction et ville à
referendumeurope2007@free.fr)

Pétition http://referendumeurope2007.free.fr/

Merci, Étienne, de l’avoir signalée.

Elle contient une affirmation objectivement fausse, à savoir : « Tout d’abord, conformément à la Constitution française, dès lors que ce nouveau Traité modifiera le fonctionnement de nos institutions il devrait être soumis à approbation populaire ».

En l’état actuel de notre constitution (article 11), « le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées […], peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics…, ou tendant à autoriser la ratification d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions. »

« Peut soumettre » : ce n’est donc pas une obligation.

Il faudrait donc corriger la pétition et la représenter pour signature.

De toute manière, pourquoi cette pétition alors que celle de J. P. Bonde est si claire, si nette, si courte et fait si bien l’affaire ? JR

QUESTIONS DIVERSES CONCERNANT LE FUTUR 'TRAITÉ MODIFICATIF"

À l’intention de Denis Bloud en particulier, je crois utile de répercuter ici un certain nombre d’observations que j’ai présentées sur le site-blog du Président Giscard d’Estaing (http://www.vge-europe.eu/ ) ces jours derniers. Elles ont une portée strictement préliminaire. La CIPUNCE envisage de publier si possible d’ici la fin du mois de juillet un projet établi sur la base du « projet de mandat » du Conseil de l’UE à l’intention de la Conférence intergouvernementale, projet dans lequel seront intercalés les commentaires de la CIPUNCE.

  1. INTITULÉ DU FUTUR TRAITÉ

Comme on sait, « traité » est un terme générique couvrant tout accord entre deux États au moins, quel que soit son titre spécifique (« traité », « accord », « protocole », « échange de notes », « avenant », « modifications », etc.).

J’imagine que le traité adopté par la future CIG s’intitulera « traité modifiant le traité sur l’Union et le traité instituant la Communauté européenne ».

Tous les traités institutionnels antérieurs sont en fait des « traités modificatifs » du traité de Rome et du traité de Maastricht.

Ce n’est là qu’un détail.

  1. CONSTITUTION

S’il est vrai que le terme « constitution » est le plus souvent employé en rapport avec des États, il s’applique aussi aux organisations intergouvernementales : l’Organisation internationale du Travail et l’Organisation mondiale de la santé ont des « constitutions ».

L’UE reste une organisation intergouvernementale, et le terme « constitution » est tout à fait approprié dans son cas aussi.

C’est jouer sur les mots en faisant semblant de confondre le contenant et le contenu que de dire que le TCE n’était pas une constitution. Le traité lui-même n’était pas la constitution de l’UE, mais il contenait les dispositions constitutionnelles qui se seraient appliquées à l’UE s’il avait été ratifié et, pour mettre les points sur les i, ce sont ces dispositions du traité, sinon le traité lui-même, qui auraient formé la constitution de l’UE. Le titre du TCE (« traité établissant une Constitution pour l’Europe ») était, à cet égard, parfaitement correct et parfaitement clair.

Les constitutions (sauf les coutumières) n’arrivent pas par génération spontanée : il faut un acte juridique - loi, résolution d’assemblée constituante, charte royale, proclamation de dictateur. Ce qu’une proclamation de dictateur peut faire, un traité peut le faire à plus forte raison.

D’ailleurs, les mots importent peu : c’est la substance qui compte, à savoir que le futur « traité modificatif », aussi imparfait serait-il, introduira bel et bien une constitution de l’Union européenne même s’il ne le dit pas. Si ça se trouve, c’est cet instrument qui nous régira pendant les 50 années à venir - bien qu’il ait la mine d’être provisoire.

  1. POUVOIRS DE LA FUTURE CIG (conférence intergouvernementale)

Le Président Giscard d’Estaing estime que la CIG n’aura pas pouvoir de s’écarter du mandat établi par le Conseil de l’Union européenne les 21-23 juin dernier parce que ce mandat est impératif (Étienne, ça me rappelle quelque chose) et qu’étant donné les différences de vues entre les principaux acteurs - dont l’Allemagne, la France, la Pologne et le Royaume-Uni - on courrait à l’échec si on ne s’en tenait pas à ce qui a été décidé.

Je constate pour ma part que le Conseil de l’UE n’a pas établi un « mandat », mais un « projet de mandat », et qu’il a « invité » la CIG à adopter un traité modificatif. Ce faisant, il a utilisé les termes qu’il fallait, car bien que composé en fait des mêmes acteurs que la future CIG, le Conseil n’est pas, contrairement à cette dernière, une conférence de plénipotentiaires.

Le vrai mandat (mandat définitif) de la CIG résultera des pouvoirs que chaque représentant à la CIG détiendra de l’État membre qu’il représente. Dans la plupart des cas sinon tous, ces représentants seront les chefs d’État ou de gouvernement et les ministres des affaires étrangères : ceux-là n’ont pas besoin de pouvoirs écrits car ils engagent l’État concerné sur leur simple signature ; ce sont eux qui arrêteront le mandat définitif de la CIG et c’est exclusivement de leur décision que dépendra le traité définitif.

Dans ces conditions, l’hypothèse que la CIG s’écarte du « projet de mandat » et de l’« invitation » établis par le Conseil européen reste envisageable, et l’échec de la CIG est du domaine du possible.

  1. POURQUOI UN TRAITÉ SUR L’UNION ET UN TRAITÉ SUR SON FONCTIONNEMENT AU LIEU D’UN SEUL TRAITÉ EN DEUX PARTIES ?

Le Président Giscard d’Estaing a raison de dire qu’on a voulu effacer l’image d’un traité constitutionnel, et je pense que cette volonté a son siège outre-Manche.

Néanmoins, le fait que la Communauté disparaisse au bénéfice d’une seule entité internationale, l’Union, est d’après moi l’élément le plus positif du « projet de mandat » de la CIG. L’existence de la Communauté à côté de l’Union constitue un facteur de complication et d’intransparence.

  1. LA COMPLICATION APPARENTE DES TROIS TRAITÉS : ELLE DISPARAÎT SI ON CODIFIE LES TEXTES

Dans le système envisagé par le Conseil de l’UE, nous aurions en effet trois traités : traité modificatif, traité sur l’Union, traité sur le fonctionnement de l’Union.

Il est très facile d’éliminer cette complexité formelle.

L’organe compétent de l’Union (le Conseil européen, je suppose) n’aurait qu’à adopter un document officiel interne reproduisant en deux parties les dispositions de fond des deux traités sur l’union et sur son fonctionnement, tels que modifiés par le « traité modificatif », sans les clauses formelles (préambule, clauses finales, blocs-signature, etc.).

Cette codification permettrait du même coup d’intégrer à l’ordre juridique interne de l’Union les clauses de fond des traités, qui relèvent pour le moment d’instruments juridiques externes (les traités).

La Commission produit déjà des textes dits « consolidés » des traités UE au fur et à mesure de leur adoption. Toutefois, ces versions consolidées reprennent toutes les dispositions des traités antérieurs, y compris les clauses formelles (préambule, formule de conclusion, &), d’où des anachronismes - notamment le maintien dans le traité consolidé du lieu et de la date de conclusion du traité originel. De plus, ces « versions consolidées » sont officiellement décrites comme « des outils de documentation qui n’engagent pas la responsabilité des institutions » : elles n’ont donc pas de force juridique.

  1. RÉFÉRENDUM OU PAS RÉFÉRENDUM ?

Tout dépendra du contenu du traité modificatif, et il faut donc attendre d’abord le projet d’articles de la Présidence portugaise, base des travaux de la CIG. Plus précisément, il faudra voir si ce projet d’articles (et plus tard le traité adopté par la CIG) reprend des clauses du TCE nouvelles (hormis les clauses institutionnelles) par rapport aux deux traités actuels en vigueur pour l’Union (le traité sur l’Union européenne et le traité instituant la Communauté européenne).

Pour ma part, j’avais, au départ, trois grandes raisons de dire « non » au TCE :

  1. Il contenait des clauses de politique économique, commerciale et autre qui n’avaient pas leur place dans une vraie constitution – laquelle ne doit porter que sur l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics (nationaux, européens) ;

  2. Il assujettissait l’Union européenne à l’OTAN en disposant (art. I-41-2, deuxième alinéa) que « la politique de sécurité et de défense commune de l’UE est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans le cadre de l’OTAN ». Cela signifiait en clair que si un État membre - la France, par exemple - décidait de se retirer de l’OTAN, il resterait sujet à la politique de défense définie par l’OTAN - et cela en vertu des traités fondateurs de l’UE - alors même qu’il ne serait plus membre de l’OTAN et n’aurait officiellement rien à dire sur la politique de cette dernière. Cette disposition était purement et simplement inacceptable.

  3. La reproduction de la Charte des droits fondamentaux dans le TCE entraînait la « désuniversalisation » - donc l’amoindrissement – des droits de l’homme, notamment en l’absence d’une référence explicite à la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948.

Je reconnais volontiers que sur le point 3) mon opinion n’est probablement pas celle de la majorité, et que cette question n’a de toute façon joué qu’un rôle minime dans le « non » du 29 mai 2005, en supposant que la question ne soit pas passée à peu près inaperçue.

Par contre, j’estime que les points 1) et 2) touchent à des aspects importants de la construction européenne. Si le futur traité modificatif reprenait sur ce point les clauses du TCE, cela, à mon sens, mettrait en cause la décision référendaire du 29 mai 2005, et il conviendrait de soumettre le nouveau traité à référendum.

Si le traité modificatif ne porte vraiment que sur les dispositions institutionnelles figurant dans le TCE, et si le Parlement français, au terme d’un vrai débat, décide qu’en conséquence il n’y a pas lieu de passer par la procédure référendaire pour la ratification, je me rangerai sans trop de peine à cet avis.

Cela dit, j’ai déjà signé la pétition de l’eurodéputé Bonde demandant que tout nouveau traité soit soumis à référendum, et c’est au référendum dans tous les cas que va maintenant ma préférence.

  1. UNE MODIFICATION DE LA CONSTITUTION FRANÇAISE S’IMPOSE DE TOUTE MANIÈRE AVANT RATIFICATION DU FUTUR TRAITÉ MODIFICATIF

L’article 88-1, deuxième alinéa, de la Constitution de 1958 dispose que « la République peut participer à l’Union européenne dans les conditions prévues par le traité établissant une Constitution pour l’Europe signé le 29 octobre 2004 ».

Il est entendu que cet alinéa a un caractère optionnel ou hypothétique (« peut participer ») . Mais du moment qu’on avait jugé bon d’envisager spécifiquement dans la constitution la participation au TCE, la logique voudrait qu’on y envisage maintenant la participation au traité modificatif - ou alors qu’on supprime la référence actuelle au TCE puisqu’elle n’a plus de raison d’exister.

Il importe de se rappeler que la révision de la Constitution se fait aux trois cinquièmes des suffrages exprimés par le Parlement réuni en congrès (ou, bien sûr, par référendum). JR

LE PROJET DE « TRAITÉ MODIFICATIF » DE LA PRÉSIDENCE PORTUGAISE : INACCEPTABLE !

La Conférence intergouvernementale sur le « traité modificatif » a commencé ses travaux à Lisbonne le 23 juillet.

Elle est saisie du projet de traité modifiant le traité sur l’Union européenne et le traité instituant la Communauté européenne, projet établi par la Présidence portugaise de l’Union (voir http://www.touteleurope.fr/index.php?&id=63&cmd=FICHE&uid=2112&cHash=8754a4a5af et hyperlien avec le document officiel correspondant).

Le calendrier envisagé par le Conseil de l’Union le 23 juin dernier est donc respecté, et largement.

Je n’ai pas encore lu complètement le texte.

Toutefois, j’y ai déjà relevé le point 48 c). S’y trouve reprise, en rapport avec la politique de sécurité et de défense commune, la disposition suivante (nouvelle par rapport auX traités UE et CE actuellement en vigueur) de l’article I-41-7 du TCE :

“7. Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres.

« Les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, qui reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en oeuvre ».

Même en supposant que le deuxième alinéa de ce paragraphe (relatif à l’OTAN) ne concerne que les mesures visées au premier alinéa (ce qui reste à voir), ce deuxième alinéa aurait pour effet d’assujettir l’Union européenne à l’OTAN.

Ce point, chacun le comprend, est fondamental. Il fait partie, à mon avis, des dispositions qui ont été rejetées par le peuple français le 29 mai 2005.

Sur cette seule base, j’estime que si cette disposition devait être maintenue par la CIG dans le texte qui sera soumis à ratification, la ratification du « traité modificatif », quelles que soient ses autres clauses, devrait se faire par référendum.

Le moment est venu de reprendre la bataille engagée par Étienne Chouard !

Comme je le vois, nous disposons dès maintenant de deux armes non négligeables :

  1. La pétition en ligne de l’eurodéputé J. P. Bonde demandant que tout nouveau traité soit soumis à un référendum (http://x09.eu/fr/sign/ ) ;

  2. L’argument, propre à la France, que l’adoption d’un traité européen autre que le TCE implique révision (aux trois cinquièmes des suffrages exprimés en Congrès) de l’article 88-1, deuxième alinéa, de la Constitution, ainsi conçu :

« La République peut participer à l’Union européenne dans les conditions prévues par le traité établissant une Constitution pour l’Europe signé le 29 octobre 2004. ». JR

Traité modificatif, référendum et position du Parlement européen

Je reproduis ici un message que je viens de mettre sur le blog du Président Giscard d’Estaing (http://www.vge-europe.eu/ ).

LA POSITION DU PARLEMENT EUROPÉEN

La lettre en date du 5 juillet 2007 du Président du Parlement européen, que le Président Giscard d’Estaing a eu l’amabilité de porter à la connaissance du public sur ce site, vient confirmer la position majoritaire du Parlement européen, à savoir sa préférence pour le TCE originel.

Deux choses m’apparaissent importantes dans cette lettre :

D’abord, que le Président Sarkozy était tombé d’accord avec M. Pöttering que « la Constitution ne devait pas être abandonnée ».

Ensuite, si j’ai bien compris - car le texte n’est pas très clair - que le traité modificatif " pourrait servir à « conserver des avancées que l’on n’aurait pas osé présenter en direct ».

Résumons la situation, qui est, dans le fond, assez simple :

Par erreur juridique, ou du moins par erreur de méthode, on a mêlé à un traité qui établissait une constitution de l'Union européenne (et qui donc avait pour vocation de régir l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics de l'Union) des clauses pérennisant des politiques que ces pouvoirs publics, dans leurs nouvelles attributions, ou bien encore les États membres, par un ou des traités distincts, auraient dû régler eux-mêmes au terme de débats démocratiques.

Cette erreur fondamentale ayant été commise, restait que le traité ainsi adopté (le TCE) était sujet à ratification.

Le Président Chirac, estimant (selon moi à fort juste titre) que ce traité affectait l’organisation ou le fonctionnement des pouvoirs publics français et qu’au-delà de cette considération il présentait une grande importance pour l’avenir de nos concitoyens, a décidé de faire usage de sa faculté constitutionnelle de soumettre le traité au référendum.

Il va de soi que juridiquement parlant il n’était pas question de scinder le traité en diverses parties dont certaines seulement auraient été soumises aux citoyens : le traité tout entier était sujet à ratification.

C’est donc le traité tout entier qui a été rejeté le 29 mai 2005 par les Français, mais surtout (c’est du moins mon avis) ses clauses autres que véritablement constitutionnelles, qui faisaient notamment l’objet de la partie III.

Dans les pays qui n’ont pas l’habitude des référendums, on peut penser que le résultat d’une consultation référendaire peut être aisément inversé par une décision parlementaire ultérieure.

Je crois pour ma part que dans la tradition constitutionnelle française les référendums représentent le plus haut degré d’expression de la volonté nationale, et que les décisions référendaires s’imposent donc à tous, y compris aux organes représentatifs.

Cela signifie que dans la mesure où il s’agit de revenir sur une décision référendaire, c’est par référendum qu’il faut le faire.

J’aurais, à la rigueur, admis qu’on ratifie par décision parlementaire une reprise des dispositions purement organisationnelles et fonctionnelles du TCE pour autant qu’elles me semblent ne pas avoir été visées par le « non » du 29 mai et qu’un débat public approfondi aurait précédé la ratification.

Or, aujourd’hui, il s’agit de renoncer par le nouveau « traité modificatif » à un certain nombre de dispositions vraiment constitutionnelles (les emblèmes de l’Union par exemple), tout en tâchant de « conserver des avancées que l’on n’aurait pas osé présenter en direct ».

Il m’est impossible de voir dans ces mots du Président Pöttering autre chose que la volonté d’en revenir au TCE, au besoin subrepticement.


J’attends avec le plus grand intérêt, comme sans doute la plupart des participants à ce site, les élucidations du Président Giscard d’Estaing à ce propos.

Pour ce qui est de l’avis de l’actuel président de la République selon lequel « la Constitution ne devrait pas être abandonnée », j’imagine qu’il a voulu dire par là qu’il ne faut pas renoncer à doter l’UE d’une vraie constitution : c’est un avis que je partage. JR

Merci Jacques, pour votre action — très diplomatique — qui est sûrement très utile : c’est bien de prendre le temps d’aller semer des graines partout, y compris sur des terres probablement — mais pas fatalement — infertiles :confused:

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes implique à l’évidence (au moins) le droit de s’exprimer à tout moment par référendum,
faute de quoi les représentants trompent leur peuple par abus de pouvoir.

Pardon de ne pas plus écrire en ce moment : je lis comme un goinfre, je découvre des textes qui nous seront sans doute très utiles et je fais des rencontres essentielles. Je vous raconterai tout cela bientôt :confused:

Amicalement.

Étienne.

Mon cher Étienne,

Vous lisez, et Rome (le traité de 1957) brûle : quel dommage !

Amitiés quand même. Jacques

Cher Jacques,

je ne dirais pas que Rome brûle (ce serait formidable), mais plutôt que Rome se bâtit, sans contre nous, sur les ruines d’Athènes, en transformant les hommes libres en esclaves :confused:

Je pense, bien sûr, au texte passionnant de Simone Weil que je signalais l’autre jour sur la page ‹ Liens › :
« [bgcolor=#FFFF99]Quelques réflexions sur les origines de l’hitlérisme[/bgcolor] » http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/ecrits_historiques/Ecrits_1_historiques.doc#Écrits_1_pt_1_01 (pages 12 à 54).

En lisant, j’ai l’impression de grandir. :confused:

Et de toutes façons, là où la parodie de débat démocratique se joue en ce moment, là où toutes les décisions sont déjà prises d’avance (depuis des décennies), on se fout pas mal de ma petite pensée citoyenne : pourquoi donc aller m’épuiser dans une prison, alors que j’ai tant à lire pour comprendre ce que mes aïeux ont déjà imaginé pour résister ?

Ceci dit, ce que vous faites est important aussi (malgré le fait que ça ne changera probablement pas plus le cours des choses que mes lectures), car ça grave l’expression publique de notre prise de conscience populaire, ça fixe nos idées dissidentes dans des lieux où la contestation n’a plus de place d’ordinaire.

Nous sommes donc plutôt complémentaires, n’est-ce pas ? :confused:

En plus, je suis sûr que vous lisez beaucoup, vous aussi :wink:

Cher Étienne,
Je suis arrivé à l’âge (respectable ?) où l’on relit, mais on ne lit plus que pour s’endormir. JR

[b]LA FRANCE ET LA RATIFICATION DU « TRAITÉ MODIFICATIF »

[Message publié le 9 août 2007 sur le blog du Président Giscard d’Estaing][/b]

Je trouve aujourd’hui seulement l’étude de Sara Hagemann publiée le 26 juillet 2007 sous le titre

« The EU Reform Treaty: easier signed than ratified? »

(http://www.epc.eu/en/pub.asp?TYP=TEWN&LV=187&see=y&t=&PG=TEWN/EN/detailpub&l=12&AI=905)

par le « European Policy Centre » (comme on dit en français), avec la confirmation de deux de mes conclusions déjà exposées sur ce blog :

1) La CIG est une instance souveraine qui aura tout pouvoir de modifier les propositions du Conseil européen des 21-23 juin dernier ;
  1. La ratification parlementaire du futur traité exigera de réviser préalablement (ou du moins simultanément) la Constitution française, qui fait expressément référence dans son article 88-1, deuxième alinéa à la possibilité de « participer à l’Union européenne dans les conditions prévues par le traité établissant une Constitution pour l’Europe signé le 29 octobre 2004 ».

Cette révision, je le rappelle, devra se faire aux trois cinquièmes des suffrages exprimés en Congrès, ou bien par référendum.


Il importe de rappeler qu’en vertu des diverses dispositions du « projet de mandat » de la CIG convenu par le Conseil européen en juin dernier - notamment des diverses clauses de ce projet de mandat relatives à « l’insertion des innovations agréées lors de la CIG DE 2004 » - le traité modificatif reprendra des pans entiers du TCE rejeté référendairement le 29 juin 2005.

Je n’ai pas encore pu lire en détail le projet de la présidence portugaise, mais déjà trois reprises du TCE me frappent :

  • Celle qui continue d’assujettir la politique de défense commune à l’OTAN ;

  • Celle qui prétend singulariser le statut des organisations religieuses ;

  • La ridicule mention des héritages culturels, religieux, etc. de l’Europe - non seulement ridicule, mais carrément dangereuse et qu’on risque d’invoquer pour justifier des discriminations ethniques et religieuses.

Ces trois constations me confortent dans la conclusion que le futur traité doit, dans le cas de la France, passer par le référendum et qu’une simple ratification parlementaire serait contraire à la logique constitutionnelle.

Nous verrons, bien sûr, ce que le Conseil constitutionnel en dira.

En attendant je renvoie ceux qui ont le malheur de connaître l’anglais à la très instructive étude de Mme Hagemann. JR

Bonjour,

pour info, Jean Quatremer a signalé, sur son blog « Les coulisses de Bruxelles », un document aidant à y voir clair :

[b]Le "traité réformateur" enfin lisible ![/b]

« Comment s’y retrouver dans le projet de « traité réformateur » déposé sur la table de négociation par la présidence portugaise de l’Union, le 23 juillet ?

Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut avoir sous la main les traités de Maastricht, d’Amsterdam et de Nice…

Une universitaire, Marianne Dony, la directrice de [i]l’Institut d’études européennes de l’Université libre de Bruxelles /i s’est amusée à faire le travail pour vous.

• Le projet de traité sur « le fonctionnement de l’Union européenne » est [bgcolor=#FFFF99]ici[/bgcolor].
• Celui sur l’Union européenne est [bgcolor=#CCFFFF]là[/bgcolor].

Merci à Marianne Dony de nous faciliter ainsi la vie.»


Amicalement.

Étienne.