Aussi je ne saurait trop recommander l’étude (hélas pour le moment seulement en anglais) du major Clifford Hugh DOUGLAS (1879-1952) qui a démontré que les intérêts bancaires de l’argent mis en circulation, aujourd’hui trouvant [leur] origine à peu près à 100% dans la création monétaire ex-nihilo par les banques commerciales, alourdissaient irrémédiablement et stérilement les prix que nous payons au quotidien d’un gros 1/3 (à son époque). Actuellement, Magrit KENNEDY, qui est aussi architecte et très avancé(e) en économie, contrôle que la proportion des intérêts dans la composition des prix monte en moyenne jusqu’à 40%. De même les impôts que nous payons servent à rembourser les intérêts bancaires des dettes publiques, impôts qui, en grande partie, finissent dans les poches des actionnaires des banques commerciales et autres fonds privés, etc.
Les actionnaires, mêmes richissimes, une fois qu’ils ont réinvesti, ne pourront jamais acheter et absorber personnellement toute la production des biens et des services, tandis que les salariés ne peuvent en aucune façon acheter la proportion réelle de toute la production qui leur revient, leur revenus se trouvant d’autant diminués par les intérêts bancaires écrasants dans leur ensemble. Les producteurs des biens et des services sont et seront toujours frustrés (même et surtout s’ils ne savent pas pourquoi, ce qui est le cas) de ne pouvoir obtenir les revenus correspondant exactement à la valeur monétaire de ce qu’ils produisent.
Voici un extrait du livre, plus actuel que jamais, de Jean-Gaston BARDET, architecte et urbaniste :
« (…) L’homme ne peut rien créer ex-nihilo. L’argent-négatif ou dette peut, et doit, être détruit par un jeu d’écritures sur le grand Livre : la colonne Avoir équilibrant la colonne Doit. [bgcolor=#FFFF99][b]Mais subsiste l’intérêt à payer, qui ne le peut être que grâce à une nouvelle création — ex-nihilo — d’argent-négatif et ainsi de suite…[/b][/bgcolor] [b]Il se produit une boule de neige de dettes, une marée d’argent-négatif, de néant, qui augmente sans cesse et entraîne la destruction obligatoire des biens réels.[/b]
Le chaos économique qui conduit chaque pays à l’alternative : révolution ou guerre, provient d’une méconnaissance de vérités élémentaires, tant des marxistes d’ailleurs, que des économistes libéraux. Marx, en effet, n’a nullement soupçonné le mécanisme de l’argent-négatif, et a reporté ses attaques contre le profit et la propriété. Ces derniers ayant toujours été defendus — dans de justes limites — par l’Église, mère des Pauvres, la sagesse commandait de chercher une autre explication.
La voici. Pour qu’il n’y ait pas coexistence de surproduction et de sous-consommation, [bgcolor=#FFFF99]il faut que le revenu national puisse acheter la production nationale donc lui soit égal[/bgcolor], la soupape des exportations étant de plus en plus réduite dans un monde qui s’unifie .
Or tout prix comporte deux parts : l’une de travail, l’autre de capital, l’une A) de salaires personnels (directs ou indirects mais versés à des personnes pour leur consommation), l’autre B) de rémunération des capitaux engagés, qui sont des capitaux d’argent-négatif en majeure partie — la monnaie légale servant à peine à 5% des échanges (avoua lors de l’enquête précitée M. C. Towers, gouverneur de la Banque du Canada). Tel est le phénomène A + B découvert expérimentalement par le major Douglas en 1920 et au sujet duquel M. de Valera déclarait en 1942 : “Malgré mes demandes réitérées, aucun économiste n’a pu me démontrer la fausseté de ce théorème”.
[bgcolor=#CCFFFF]Si donc les producteurs touchent un total a, ils ne peuvent, en aucune façon, acheter un total A + B ; le revenu national reste toujours - inférieur - à la production nationale. Il y aura toujours des surplus et les consommateurs seront toujours en état de sous-consommation. Telle l’origine du phénomène surabondance-misère qu’aucun dirigisme ne peut réduire.[/bgcolor]
Faut-il souligner que plus la structure productrice est concentrée, plus les investissements dans d’énormes machines sont gigantesques, plus B croît aux dépens de A dans l’équation, moins les salarié peuvent acheter leur production, plus la misère augmente, ce qui se vérifie depuis un siècle, quelle que soit l’augmentation continue des salaires.
Le remède financier — dont nous avons déjà montré dans nos autres chapitres la valeur économique — consiste d’une part dans [b]le micro-machinisme et la décentralisation[/b] diminuant B. Et d’autre part, dans [bgcolor=#FFFF99][b]le retour à l’État de son droit régalien de battre monnaie[/b][/bgcolor], enfin dans l’utilisation de crédit public retrouvé, sans intérêt, pour la construction des services publics nationaux, régionaux (routes et hôpitaux, écoles et forêts, etc) où la part de salaires personnels est maxima et qui sont en dehors du circuit : Production, dans lequel doit jouer seulement la monnaie légale.
Faut-il faire remarquer que, quelle que soit la Distribution : structure du commerce et répartition des biens parmi les citoyens, cela ne joue qu’à l’intérieur de A . Il peut y avoir des injustices, des bénéfices scandaleux ou un gaspillage dû à une cascade d’intermédiaires, [color=red][b]mais les Salaires totaux, plus ou moins bien répartis, doivent d’abord permettre d’acheter la Production totale. [/b][/color]
[color=purple]Le système bancaire actuel, autrement dit l’usure-à-l’argent-négatif ne peut rien créer de positif, il est très axactement inverti. Il prospère en temps de guerre, s’épanouit, apporte la prospérité matérielle aux ouvriers requis en usine, aux fournisseurs de l’État et aux fabriquants de munitions, pendant que la fleur de la nation est tuée ou mutilée. Il languit en temps de paix, se contracte, apporte le rétrécissement du pouvoir d’achat, les faillites, banqueroutes, le chômage et toutes les misères à la clé. Pourquoi ce paradoxe?
[bgcolor=#FFFF99]Il y a toujours assez de pouvoir d’achat pour les buts de guerre PARCE QUE les biens créés sont détruits.[/bgcolor] Ainsi la sous-consommation peut être ordonnée au nom du patriotisme, tandis que la surproduction est liquidée. [/color]
Il ne s’agit point de mettre au pilori les banquiers actuellement inconscients, mais de considérer les faits. Les faits sont les suivants, ils crèvent les yeux : l’usure-à-l’argent négatif conduit à fournir toujours assez d’argent pour la guerre, la mort et la destruction, et jamais assez pour la paix, la vie et la construction. Plus la guerre est terrible, dévastatrice, plus de pouvoirs d’achat sont créés, plus le flot d’argent-négatif s’enfle ainsi que les bénéfices des usuriers.
Mais ce gonflement ne peut avoir lieu avec des biens qui encombreraient le marché, puisque les salaires sont toujours insuffisants pour les acheter, et ne peut avoir lieu que dans un seul cas, celui de la destruction délibérée des stocks. Le système ne fonctionne avec - efficiency - que si l’on détruit des biens réels. Il conduit implacablement à la guerre. »
Jean-Gaston BARDET (1950)