07 Reprendre le pouvoir sur notre monnaie

Merci Sam … je suis terriblement « charette »

Je rajoute un extrait de « les 10 plus gros mensonges sur l’économie » (ed Dangles, pour notre ami Sandy)

Les vraies raisons de la lutte contre l'inflation Mais alors, nous direz-vous ? Pourquoi ce consensus autour de la lutte contre l'inflation ? Il doit bien y avoir un intérêt tout de même ? Nous voyons deux raisons principales :
  • Une raison « épidermique » : c’est celle qui s’inscrit en cicatrice profonde dans la mémoire collective qui porte le souvenir des désastres et des souffrances liés aux quelques périodes d’« hyperinflation » que le monde a connues. Jacques Marseille , lors de propos recueillis par Laurence Caramel publiés dans un article de « Le Monde » du 13 décembre 2005, intitulé « Faut-il avoir peur de l’inflation ? » déclare à ce sujet : « Nos banquiers centraux ignorent les leçons de l’Histoire et ne retiennent que le souvenir cauchemardesque laissé par l’inflation allemande de 1923 qu’ils associent, par erreur, à l’avènement du nazisme qui survient en 1933, après une sévère… déflation ! »

  • L’éternelle raison inavouable : préserver les avantages des plus riches. La lutte contre l’inflation, c’est en réalité la lutte des rentiers contre les actifs ! Dans les années 1970 à 1984, les profits des entreprises sont érodés par une inflation qui augmente et un rapport de force en leur défaveur. Les détenteurs de patrimoines et les prêteurs de capitaux sont pénalisés par une inflation à deux chiffres, jusqu’à l’offensive du courant économiste libéral.

Si vous possédez beaucoup d’argent, l’inflation est pour vous un vrai problème ; en revanche, il ne l’est pas si vous n’en possédez pas. Imaginez : vous avez un million d’euros dans un contexte inflationniste à 10 % l’an. Passé un an, votre million ne vaut plus que 900.000 euros ; vous avez perdu 100.000 euros en pouvoir d’achat, à moins bien sûr d’avoir placé votre capital de façon à ne pas le laisser se déprécier. Mais vous attendez bien autre chose que de simplement sauvegarder votre pouvoir d’achat ! Vous désirez le meilleur rendement possible ; et quand vous avez déjà un handicap de 10 % au départ, c’est moins facile. L’inflation, pour le rentier, est assimilable à une taxe sur la fortune. Alors que si vous n’avez pas d’argent, elle ne vous touche pas, à condition bien sûr que les salaires suivent son évolution, ce qui est le cas en règle générale, car lorsque l’inflation augmente fortement, les revendications sociales ne se font pas attendre.

De même, l’inflation est un problème pour ceux qui prêtent plus que pour ceux qui empruntent. Pensez donc ! Prêter de l’argent dans un climat inflationniste… passe encore à court terme, mais à moyen ou long terme… Il y a risque de ne pas rentrer dans son argent si les choses s’aggravent ; risque de faible rendement dans tous les cas. Alors que l’emprunteur, qui n’a pas de capital à protéger, trouve dans l’inflation une aide au financement. C’est ainsi que bon nombre de personnes, à revenus modestes, ont pu acheter leur maison dans les années 70. Le crédit était cher ! 15… 17 %… parfois plus ! Les mensualités mangeaient une bonne part du revenu familial. Mais « grâce à l’inflation », les revenus doublaient en moyenne tous les 6-7 ans, de sorte qu’il n’y avait que les quelques premières années qui étaient dures à passer.

Mais les conséquences ne se limitent pas à une simple rivalité entre riches et moins riches. Jacques Marseille, dans ce même article, précise : « La lutte des classes n’est pas entre « bourgeois » et « prolétaires », elle est entre les créanciers et les débiteurs. Or, aujourd’hui, les taux d’intérêt servis aux créanciers sont historiquement élevés et quand les créanciers ont trop de pouvoir par rapport aux débiteurs, eh bien la croissance est faible, fatalement […] La grande nouveauté, c’est qu’avec la création de l’euro, nous avons délégué notre pouvoir monétaire à une banque centrale dont le souci n’est pas de s’ajuster aux besoins et à l’identité des pays qui la composent. Quel est le résultat ? La zone euro connaît une faible inflation mais elle est aussi la zone de croissance la plus faible du monde et la zone de chômage la plus élevée. Nous devrions nous poser cette question de bon sens : est-ce que la création de la monnaie unique et d’une BCE indépendante a été une bonne chose pour la croissance et le dynamisme de la zone ? »

Je rajoute (encore) un petit détail.

Les banques prêtent soit de la création monétaire pure, soit une épargne préalable,

L’inflation dans le premier cas, ne les gêne pas trop ; le capital est totalement « fictif » (c’est un équilibre au bilan, des « chiffres » qui n’ont rien à voir avec le pouvoir d’achat), les intérêts, même s’ils perdent en pouvoir d’achat pour elles, n’en gardent pas moins une certaine valeur.

L’inflation dans le second cas les gêne beaucoup plus. Comme elles prêtent à long terme des dépôts de court terme, elles vont devoir régulièrement augmenter les intérêts versés à ces épargnants qui leur confient ces dépôts de court terme : à la fin, elles y seront de leur poche si les intérêts sur la monnaie qu’elles ont prêté à long terme est à taux fixe.

Dans les deux cas le système bancaire a donc intérêt, comme les « rentiers », à une inflation faible (ou au moins constante), où le taux d’intérêt dépasse (le plus possible) le taux d’inflation.

Ceci dit, l’inflation n’est fondamentalement pas souhaitable, car si elle permet aux emprunteurs de se créer plus facilement un patrimoine, il est difficile de savoir si l’augmentation du coût de la vie n’érode pas ce qu’ils gagnent (leurs salaires ou leurs retraites vont-elles suivre ?)

Allais propose, dans « la crise mondiale d’aujourd’hui » une indexation obligatoire en valeur réelle de tous les engagements sur l’avenir ( prêts, emprunts, salaires , et moi je rajouterais retraites) et écrit « une telle indexation impliquerait l’obligation légale d’assortir à l’avenir tous les emprunts à moyen et long terme de l’Etat *, des entreprises et des particuliers d’une garantie de pouvoir d’achat en principal et en intérêts, cette garantie étant assurée par l’indexation en valeur réelle des remboursements et intérêts par référence à l’indice général des prix »

  • … mais n’oublions pas qu’Allais parallèlement demande que toute la monnaie soit « centrale » ce qui signifie que, comme l’Etat est seul actionnaire de la Banque Centrale, tous les intérêts lui reviennent sous forme de dividendes ou d’impôts sur les bénéfices (oui, la BdF paye l’impôts sur les bénéfices des sociétés :slight_smile: )

[bgcolor=#FFFF99]Michel Rocard : Aux USA toute la croissance provient de l’endettement[/bgcolor]

Contre-Info a retranscrit un entretien intéressant avec Michel Rocard sur Fance Culture hier dimanche :

« Si le pétrole continue à augmenter, ou si les taux d’intérêts, pour des raisons liées à l’inflation, commencent à remonter, [b]le service de la dette américaine n’est plus soutenable, budgétairement. Sans même parler du remboursement du capital.[/b] » Dans un entretien diffusé par France Culture, Michel Rocard revient sur la crise financière et ses répercussions mondiales.

Par Michel Rocard, France Culture, 13 janvier 2007

Après la publication d’un entretien avec le Nouvel Observateur soulevant la possibilité d’une crise mondiale , Michel Rocard est revenu aujourd’hui au micro de Vincent Lemerre sur les risques de crise majeure qu’ont créé la dette américaine, la financiarisation de l’économie et son dernier avatar, les subprimes.

De nombreux problèmes se posent. Je suis tout d’abord importuné par les incertitudes des économistes. Sur la situation où nous sommes, il n’y a pas de consensus, pas d’homogénéité de la couche professionnelle des bons économistes.

Je fais partie de ceux qui sont un peu inquiets. Ma culture n’est pas financière, mais plus de l’économie physique - réelle. Mais je trouve que nous sommes dans une situation un peu dangereuse.

Pourquoi ? Se déroule en ce moment cette crise du crédit hypothécaire américain dit des subprimes, c’est-à-dire des crédits hypothécaires fragiles car consentis à des gens aux revenus incertains et non vérifiés, et pour des prêts qui représentent souvent 125% de la valeur du logement, avec des annuités à taux variable qui peuvent devenir terribles.

En général ces prêts étaient consentis avec deux ans de paiement d’intérêts seulement, sans remboursement du capital. [b]Or la plus grosse des échéances qui vient et qui menace, elle est pour le printemps prochain. Elle est devant nous et pas dernière nous. Il y a déjà beaucoup d’établissements bancaires mondiaux qui sont menacés par l’effondrement de ce système, dans lequel on découvre que de nombreuses personnes ne peuvent pas régler leurs échéances.

On sait par exemple aux Etats-Unis que quatre millions de maisons doivent être expropriées dans l’année qui vient. Je ne sais pas s’il y aura assez de policiers pour ça, et assez de juges pour confirmer toutes ces expulsions, mais c’est totalement tragique.[/b]

Tout cela pourrait être considéré, et c’est d’ailleurs l’avis d’un certain nombre d’économistes comme une crise ponctuelle, lourde, du système bancaire américain lié au seul crédit immobilier, hypothécaire en l’espèce. L’ennui c’est que cela se greffe sur une pyramide de crédits qui est incroyable. Tant aux Etats-Unis qu’en Grande Bretagne - j’élargis le sujet - depuis six ans, toute la croissance a comme contrepartie de l’endettement. On ne sait plus très bien où l’on va…

[b]Observons la dette totale américaine, interne et externe, hors banques. C’est une habitude de calculer ainsi car les banques se couvrent les unes les autres, se protègent, et leurs comptes sont toujours imbriqués, donc on sort les institutions financières, et l’on fait le calcul de tout ce que doivent les ménages, les entreprises, les Etats américains et la Fédération. Cette dette totale vient d’atteindre - c’est la Fed qui l’annonce - 39 trillions de dollars. 39 000 milliards de dollars.

Il est évident qu’à ce niveau là elle ne sera jamais remboursée. A la limite ces chiffres n’ont plus aucun sens, mais ils ont pour effet de grever beaucoup la vie quotidienne.[/b] C’est là que l’on retrouve l’incidence avec les subprimes. Le système fonctionne à la condition que les USA puissent trouver, pour continuer à financer leur développement dans ces conditions étranges, deux milliards de dollars par jour, qui sont principalement souscrits, qui sont prêtés par l’Asie.

Tout cela est absolument gigantesque et l’on ne sait pas comment cela se tricote ou se détricote. Il y a beaucoup de réflexions là-dessus, la première c’est que les liquidités mondiales sont concernées par tous ces mouvements, or la moitié de ces liquidités sont stockées dans des paradis fiscaux, qui échappent à la connaissance et en tout cas à une fiscalité régulatrice.

Il peut y avoir des mouvements soudains, brutaux, d’assez grande gravité.

Une crise systémique de la finance mondialisée ?

« La crise mondiale est pour demain, » c’est le titre qui a été choisi par le Nouvel Observateur. Je l’ai trouvé un peu brutal. Moi je pose les questions, je ne suis pas sûr d’avoir toutes les réponses, mais il y a quand même un exemple.

La crise de l’e-économie, l’économie de l’informatique, a craqué comme une bulle en 2000-2001, et a volatilisé dans l’atmosphère autant de milliers de milliards de dollars que celle de 1929, en volume absolu. En pourcentage du produit de l’époque c’est évidemment plus faible, mais en volume cela fait une sacrée quantité. Mais personne n’a rien vu. Il n’y a pas eu de conséquences sur l’économie physique ailleurs. Cela veut dire quoi ? Que notre capitalisme est devenu plus atomisé, ce qui veut dire que les chocs sont plus dilués.

Cela ne veut pas dire que si une crise survient elle sera moins grave, mais qu’elle sera moins soudaine et moins brutale ou peut-être moins visible au début.

Les conséquences du système financier sur la situation des salariés

[bgcolor=#FFFF99]Les salariés français n’ont encore rien vu de la crise financière. Si la crise financière explose on verra, mais nous n’y sommes pas encore. Mais pour le moment, [ces conséquences] c’est aveuglant. Depuis 1945 jusqu’à 1972, la France était en plein emploi, et avec une croissance de 5% par an en moyenne. Ces chiffres étaient communs à toute l’Europe et à l’Amérique du Nord, entre 4 et 5% de croissance. Croissance rapide donc, pas de crise financière.

Il y avait quelques fois des faillites nationales d’un pays, mais il y avait un accord général dans le monde pour régler ça vite, et cautériser avant la contagion à tout autre voisin. Nous y sommes arrivé, et cela a tenu à peu près jusqu’à 1990. Il y avait surtout le plein emploi. Et la France aussi connaissait le plein emploi.

Nous sommes maintenant dans une situation ou 25% de la population est soit pauvre, soit chômeur soit précaire, et ce chiffre, curieusement caractérise toutes les économies des pays développés. C’est une évolution du système. Il ne faut pas mettre le mot production à toutes les sauces, mais il est vrai que le capitalisme aujourd’hui produit du travail précaire, beaucoup plus qu’il ne l’avait fait dans les années 45 à 70 - en gros.[/bgcolor]

2008, l’année de la Chine et de l’Inde ?

Question : Dans une tribune intitulée « Nous ne sommes pas en 1929 » Nicolas Baverez estime que les difficultés seront passagères, mais par contre pour lui, 2008 et cette crise à venir vont accélérer le basculement de l’économie mondialisée vers le sud, la Chine et l’Inde. Pour lui, symboliquement, 2008 est l’année où le nord perd le leadership du capitalisme mondialisé.

C’est vrai et cela n’arrange rien. Réservons le fait que Baverez fait de la situation économique générale un diagnostic un peu moins alarmiste que le mien, on verra bien qui a raison. Moi je ne pense pas qu’une économie vivant de l’endettement au point où nous en sommes maintenant puisse tenir très longtemps.

Regardez cette affaire de dette américaine. Si le pétrole continue à augmenter, il vient de reprendre sa hausse et a passé les 100 dollars cette semaine, ou si les taux d’intérêts, pour des raisons liées à l’inflation, commencent à remonter, le service de la dette américaine n’est plus soutenable, budgétairement. Sans même parler du remboursement du capital.

Je ne crois pas que cela soit soluble facilement et que l’on s’en tirera comme ça. Je ne crois pas qu’à 39 trillions de dollars, le monde [rocardo- marmonnement…] longtemps. C’est une controverse avec Nicolas Baverez qu’il faudrait instruire avec beaucoup plus d’enquêtes chiffrées, de recherches. Ni lui ni moi ne sommes des professionnels de l’économie quotidiennement.

Mais ce qu’il dit de l’économie des pays émergents est tout à fait vrai et c’est parfaitement exact que la Chine et l’Inde, un peu le Brésil aussi… Le Brésil a un taux de croissance de 7 à 8%, la Chine est autour de 10 ou 11 et l’Inde dans les 9 ou 10. Ce sont des cadences que plus personne n’avait connues.

Tout cela veut dire que la Chine et l’Inde qui représentaient 1 ou 2% du commerce mondial il y a trente ans en représentent aujourd’hui chacun de 7 à 9% , et que le total des deux va faire 40% au milieu du siècle. C’est donc un changement radical d’équilibre et il a raison.

Je n’ajoute que deux choses : la première c’est que cela ne change rien à la gravité d’une désorganisation générale du système financier dans lequel la Chine et l’Inde sont aussi engagées. Et deuxièmement, l’économie chinoise a donnée à certains auteurs, qui sont des observateurs plus qualifiés que je ne le suis, le sentiment d’être aussi victime de phénomènes de bulles internes. Des phénomènes d’ultra-amplification de certaines zones de l’économie, avec un aspect carrément spéculatif dans leurs financements.

Si c’est vrai, la Chine serait contaminable par un effondrement de bulle, autrement dit, il n’y a pas là de quoi se rassurer beaucoup.

(…)

Les intertitres sont de la rédactions

Quelques enseignements de la récente crise financière

Éditorial de Gabriel Galand, janvier 2008, sur le site Chômage et monnaie :
http://www.chomage-et-monnaie.org/Documents_html/Edito.html

La récente crise financière est née de l'éclatement de la bulle immobilière américaine et plus spécifiquement de l'éclatement de la bulle du crédit hypothécaire dans ce pays. Beaucoup d'encre a déjà coulé à ce sujet, et nous n'allons pas essayer de le traiter de nouveau dans son ensemble. Nous voudrions plutôt en tirer deux ou trois enseignements sur des aspects qui ne sont pas souvent relevés.

Tout d’abord, cette crise montre [bgcolor=#FFFF99]l’importance de la monnaie en général et du système bancaire en particulier[/bgcolor] dans les économies modernes.

Parce que des banques se trouvent fragilisées et font des pertes inhabituelles, les autorités s’inquiètent d’une possible répercussion sur les entreprises. Certains parlent de récession, voire même de crise globale de l’économie. Un certain ralentissement peu déjà être noté.

Est-il normal que des ratées dans la chaîne du crédit aient de telles conséquences ?

D’un côté, cela conforte notre vision monétaire de l’économie. Si la monnaie déraille, quoi de plus normal qu’il y ait des conséquences ?

Mais d’un autre côté, cela démontre une grave défaillance du système de régulation monétaire. On a laissé des mécanismes vitaux aux mains de spéculateurs ou de banques avides de profit, qui ne voient que leur propre intérêt. Dans cette affaire l’intérêt général, qui dans nos institutions est représenté par la banque centrale, ne semble pas avoir prévalu.

• Car c’est le 2ème enseignement de cette crise. [bgcolor=#FFFF99]La banque centrale semble aujourd’hui impuissante[/bgcolor] à prévenir et même à maîtriser ces dysfonctionnements par l’utilisation de ses mécanismes habituels.

Prévenir elle ne veut pas, car les lois et règlements qui auraient pu empêcher la bulle hypothécaire ne sont pas de son ressort. Il aurait donc fallu qu’elle en demande la mise en œuvre au pouvoir politique. Or une telle démarche est contraire à sa politique d’indépendance.

Maîtriser elle ne veut pas non plus le faire par ces mécanismes habituels car elle est piégée par un discours erroné.

Pour comprendre cela il faut rentrer un peu dans le détail.

Les mécanismes " standard " d’action de la banque centrale sont les taux d’intérêt de son refinancement des banques, qu’elle fixe discrétionnairement. Par cette décision, elle fixe entièrement les taux de marché à court terme et partiellement les taux à long terme.

Mais cet instrument unique a des effets de toutes sortes sur l’économie.

— D’un côté une hausse des taux rend le crédit plus difficile, dans le contexte actuel de défaillance du crédit il faudrait donc baisser les taux.

— Mais d’un autre côté une hausse des taux contrarie la demande solvable en décourageant le crédit à la consommation et immobilier, et contrarie aussi l’offre en décourageant le crédit à l’investissement et en augmentant les frais financiers des entreprises.

En résumé une hausse des taux freine la croissance, une baisse des taux la favorise.

Depuis plus de 20 ans le discours de la banque centrale est qu’elle freinera la croissance si des tensions inflationnistes se manifestent.

Depuis 20 ans, ce discours a un sens (même si on ne l’approuve pas) parce que les tensions inflationnistes, assez faibles à vrai dire, sont dues soit à une hausse excessive de la demande, soit à une hausse exagérée des salaires, soit les deux.

Dans une telle situation, le freinage de la croissance, même si on désapprouve cette logique, décourage bien la demande et les hausses de salaires.

Mais aujourd’hui, de toutes façons, nous ne sommes plus dans la même situation. L’inflation est à la hausse dans le monde et en Europe, mais c’est une inflation par les coûts du pétrole, des matières premières et des denrées alimentaires, sur lesquels la banque centrale n’a aucun pouvoir. Par conséquent, la banque centrale refuse de baisser les taux pour aider le crédit, sous prétexte de lutte contre l’inflation, alors que ces taux ne sont d’aucun secours pour ce faire dans le contexte actuel.

En laissant le crédit se dégrader, la banque centrale risque de provoquer un ralentissement sans diminuer l’inflation, c’est-à-dire de provoquer une " stagflation ".

• Le dernier enseignement est que [bgcolor=#FFFF99]la banque centrale n’a pas peur de prêter de l’argent à une entreprise quand l’emprunteur est une banque en difficulté de trésorerie.[/bgcolor]

On ne sait pas combien finalement la banque centrale européenne prêtera aux banques secondaires, il semble que le crédit ouvert soit de 350 milliards d’euros. C’est considérable.

[b]Elle a trouvé ce moyen pour aider les banques sans baisser les taux d’intérêt.

[bgcolor=#FFFF99]Mais pourquoi ne pourrait-elle pas faire de même lorsqu’un secteur non financier de l’économie est en difficulté, ou au moins financer une institution capable de mener des actions pour la relance ou la productivité de l’économie ?[/bgcolor][/b]

Nous et d’autres(1)avons demandé que la banque centrale soit autorisée, et même incitée à participer ainsi au financement de la croissance.

Les événements actuels nous montrent que les obstacles à une telle démarche sont artificiels.


(1) Nous avons demandé dans [url=http://www.chomage-et-monnaie.org/Documents_html/Manifeste2006.html]notre manifeste 2006[/url] que la banque centrale refinance une agence publique d'investissements. Le [b]CIPMF[/b] (Centre International Pierre Mendès-France) l'a demandé aussi dans son [url=http://www.chomage-et-monnaie.org/Documents_pdf/Manifeste_CIPMF.pdf]manifeste[/url].

Alerte LEAP/E2020 :
Phase de rupture du système financier mondial en 2008

http://www.leap2020.eu/GEAB-N-20-est-disponible-!-Alerte-LEAP-E2020-Phase-de-rupture-du-systeme-financier-mondial-en-2008_a1138.html

Article alarmant (alarmiste ?), mais intéressant.

Je retiens ce graphique étonnant :

[align=center][img]http://www.leap2020.eu/photo/801910-981541.jpg[/img] [b][bgcolor=#FFFF99]Concentration des produits dérivés[/bgcolor] au sein de l'ensemble des banques commerciales américaines[/b] au 30/09/2007 Source Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) Commentaire : [bgcolor=#FFFF99][b]7 banques (7) concentrent 98% de l'ensemble, soit 155 400 Milliards USD[/b][/bgcolor]"...[/align]
Suivi de ce texte :
"Pour l'équipe LEAP/E2020, [b]il est donc déjà avéré qu'après avoir perdu le contrôle de l'évolution des taux d'intérêts (cf. GEAB N°16), [color=red]la Réserve Fédérale US vient de perdre deux autres attributs essentiels qui caractérisaient le système financier mondial de l'après-1945 : sa crédibilité d'acteur volontariste pouvant modifier les tendances lourdes des marchés (8), et sa capacité à organiser et entraîner l'ensemble des banques centrales mondiales selon son rythme et ses objectifs.[/b][/color]

Ce faisant, elle vient de perdre la capacité de piloter à elle seule le système financier mondial, capacité qu’elle avait acquise après 1945.

Si les marchés financiers sont actuellement surtout sensibles à la perte du premier attribut (9), les chercheurs de LEAP/E2020 estiment que c’est la perte du second (et sa conséquence en terme de pilotage du système) qui porte en germe la rupture du système financier mondial au cours de l’année à venir, probablement à l’été 2008, quand les conséquences de la récession US commenceront à se faire sentir pleinement et qu’Asiatiques et Européens se verront définitivement contraints d’imposer leurs propres choix au « pilote de la Fed ».

(…)


Ne pas oublier, cependant, qu’il est assez périlleux, et passablement présomptueux, de décrire l’avenir, surtout avant qu’il ne survienne…

Notes :

« la dette totale américaine, interne et externe, hors banques […] vient d’atteindre […] 39 trillions de dollars. 39 000 milliards de dollars »

39 T$ US. Ça fait le PIB mondial annuel.

« Concentration des produits dérivés au sein de l’ensemble des banques commerciales américaines au 30/09/2007 […] : 7 banques concentrent 98% de l’ensemble, soit 155 400 Milliards USD"… »

[b]155 T$ US. Ça fait 4 années de production à l’échelle mondiale…

Enfin, avant que le crash ne fasse plonger le PIB…

Et tout ça de produits dérivés…[/b]

Mes frères, je vous propose prier Mammon,
ensemble avec les rentiers et les culs-bénits,
américains et de tous pays,
qu’il sauve l’intégralité de ces 7 personnes des plus « morales » qui soient. :wink:

Putain, qu’est-ce que je vais dire à ma fille à son prochain anniversaire ?

Vu comme c’est barré, je vois au moins un point positif : ça fermera le caquet des économistes du parti unique, et on peut même croire que celui-ci mettra la clef sous la porte.
Nous disions donc, en attendant que ça pète et que les loups suivants arrivent, on a du boulot à préparer, ici.

[align=center][bgcolor=#FFFF99]Tony Blair devient conseiller de la banque américaine JPMorgan[/bgcolor][/align]

LONDRES, 10 jan 2008 (AFP) - [color=red][b]L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a été embauché jeudi comme conseiller à temps partiel par la banque américaine JPMorgan[/b][/color], a annoncé celle-ci dans un communiqué, et ce [s]ne[/s] pourrait [n']être que son [b]premier pas[/b] dans le secteur privé, selon la presse.

M. Blair conseillera la direction générale de la banque, « apportant son
immense expérience internationale pour lui fournir un avis stratégique et une
vision de l’intérieur sur les questions politiques mondiales et sur les
tendances émergentes »,
se félicite JPMorgan dans le communiqué.

L’ancien Premier ministre participera de surcroît au nom de JPMorgan à
certains évènements et conférences, selon la banque.

« Nous sommes honorés » de la décision de M. Blair, s’est félicité le
président directeur général Jamie Dimon, estimant que l’ancien dirigeant
« apportera à nos responsables et à nos clients une vision mondiale unique et
irremplaçable, particulièrement précieuse dans une période aussi tourmentée ».

Cité dans le communiqué, M. Blair a souligné pour sa part « cette grande
occasion de pouvoir contribuer au travail de JPMorgan Chase », qualifiée de
« compagnie de premier ordre à la pointe de l’économie mondiale, avec une
présence pratiquement dans chaque partie du monde ».

Selon un cabinet de recrutement new-yorkais cité jeudi par le Financial
Times (FT), [bgcolor=#FFFF99]son rôle chez JPMorgan lui vaudra sans doute une rémunération de
plus d’un million de dollars par an.
[/bgcolor]

M. Blair, 54 ans, désormais représentant du Quartette pour le Proche-Orient,
a lui-même confié au FT qu’il comptait prochainement accepter « une petite
poignée » de postes similaires de la part de différentes entreprises dans des
secteurs variés.

« Je me suis toujours intéressé au commerce et à l’impact de la
mondialisation. De nos jours, la confluence entre la politique et l’économie est
très puissante dans les différentes parties du monde, dont les marchés
émergents », observe-t-il.

M. Blair a déjà une expérience de conférencier international très bien
rémunéré, comme par exemple l’ancien président américain Bill Clinton. Il y a
quelques mois, la presse chinoise avait ainsi critiqué sa rémunération de
500.000 dollars pour trois heures de présence à une conférence dans le sud de la
Chine.

Il aurait aussi perçu une avance de quelque 10 millions de dollars pour ses
mémoires, rappelle le FT.

[size=11][color=black]M. Blair ne sera pas non plus le premier ancien dirigeant à travailler pour le privé : [b]l'ancien Premier ministre britannique conservateur [bgcolor=#FFFF99]John Major[/bgcolor] et l'ancien président américain [bgcolor=#FFFF99]George Bush[/bgcolor] sont tous deux devenus conseillers du fonds d'investissement américain [bgcolor=#FFFF99]Carlyle[/bgcolor].[/b][/color][/size]
M. Blair, qui est cité régulièrement comme le favori du président de la République française Nicolas Sarkozy pour devenir [color=purple][b]président de l'Union européenne[/b][/color], a également indiqué au FT qu'il comptait lancer une fondation oecuménique, alors qu'[color=purple][b]il vient lui-même de se convertir au catholicisme[/b][/color], et qu'il allait probablement travailler aussi sur le changement climatique.

AFP 09h53 - 10 JAN 08


Monsieur Blair devrait croupir en prison pour cette corruption qui démasque les vrais maîtres du pouvoir.

À ce niveau de prévarication, on se demande s’il faut rire ou pleurer.

Ces retours d’ascenseurs devraient être criminalisés au plus haut niveau du droit :
à l’évidence, toute Constitution honnête devrait interdire à vie toute situation de cette nature.
Cela fait partie du statut de l’élu.

Mais le fait que ce soit des banques qui dominent ainsi nos « élus », comme on maîtrise des marionnettes, me fait relayer l’information au rayon de la monnaie.

Je n’arrive pas à me défaire d’une lancinante envie de vomir…

Étienne.

Je me posais qqs questions :

  1. Existe-t-il des documents publics qui permettent de savoir qui possède la dette exactement ?

  2. Qu’en est-il des autres pays européens ? Comment s’est déroulée pour eux leur conversion à ce système monétaire ? Où en est leur dette ?

  3. Où peut-on obtenir des chiffres précis sur la part des intérêts dans notre dette ?

Merci d’avance.

Monsieur Blair devrait croupir en prison pour cette corruption qui démasque les vrais maîtres du pouvoir.

À ce niveau de prévarication, on se demande s’il faut rire ou pleurer.

Ces retours d’ascenseurs devraient être criminalisés au plus haut niveau du droit :
à l’évidence, toute Constitution honnête devrait interdire à vie toute situation de cette nature.
Cela fait partie du statut de l’élu.

Mais le fait que ce soit des banques qui dominent ainsi nos « élus », comme on maîtrise des marionnettes, me fait relayer l’information au rayon de la monnaie.

Je n’arrive pas à me défaire d’une lancinante envie de vomir…

Étienne.


Quand on voit qu’une personne comme Alain Juppé, condamnée pour corruption, sera surement élue au 1er tour qqs années plus tard comme maire de Bordeaux, on se rend compte que dans notre société la corruption est considérée comme un délit vraiment mineur

Corruption/prise illégale d’intérêts

Sandy (3169).

Alain Juppé n’a pas été condamné pour corruption (qui supposerait un enrichissement personnel) mais pour prise illégale d’intérêts dans l’affaire des postes fictifs de la mairie de Paris. La Cour d’appel a, précisément, souligné qu’il n’y avait pas eu enrichissement personnel.

La corruption et la prise illégale d’intérêts font l’objet d’articles distincts du code pénal.

Entre ce qui a été reproché à Alain Juppé et ce qui ne sera pas reproché à Tony Blair, je fais une différence (que vous ferez vous aussi sans doute), et qui n’est pas à l’avantage du second. Il faut ajouter que la pratique coupable à laquelle s’est laissé aller M. Juppé était considérée comme naturelle, sinon favorable au développement démocratique, avant que la loi en fasse un délit. Je n’excuse pas M. Juppé : mais, j’y reviens, il faut faire la différence entre cette pratique et la corruption.

Autrement, il y a du bon dans la nouvelle que Tony Blair a accepté un poste de conseiller chez JP Morgan :ça m’étonnerait qu’il renonce à un million de dollars par an pour se porter candidat à la présidence de l’UE. Ouf !

Même avec plus d’indulgence qu’Étienne à l’égard des politiciens, on a un mauvais goût dans la bouche. JR

Les attendus du jugement de première instance contre Alain Juppé
doivent rester en mémoire, me semble-t-il :
http://dbminos.club.fr/libreinfo/plaquette03_67.htm

Revoir aussi le « traitement médiatique » du cas Juppé :

Ne pas oublier non plus que [b][bgcolor=#FFFF99]le Ministère public (le Procureur), celui qui défend les intérêts de la société et réclame (ou ne réclame pas !) une peine, ce juge n'est pas un vrai juge car il n'est pas indépendant ; il est même complètement dépendant ; et pas dépendant de n'importe qui : il est carrément [u]hiérarchiquement subordonné[/u] au pouvoir exécutif, c'est-à-dire aux hommes au pouvoir qu'il peut être appelé à juger.[/bgcolor][/b]

[color=red][b]La possibilité de maîtriser l’accusation publique — à travers les réquisitions et l’appréciation de l’opportunité des poursuites — est, pour les hommes au pouvoir, une garantie majeure d’impunité et un outil pour se protéger les uns les autres ; je trouve cela révoltant.

Cette source majeure d’injustice disparaîtra naturellement dans une Constitution écrite pas des auteurs désintéressés.[/b][/color]

À l’évidence, encore une fois, ce qui compte, ce n’est pas qui vote la Constitution, ce qui compte, c’est qui écrit la Constitution.


Je vous rappelle ce fil important : [bgcolor=#FFFF99]2C Les juges doivent être totalement indépendants du pouvoir exécutif[/bgcolor], où il ne faut pas rater les commentaires passionnants de « Revol ».

Dans l’affaire Juppé, il semble bien que c’est surtout le courage héroïque de quelques petits juges qui a permis le jugement de première instance, dans un décor d’institutions bien verrouillées pour protéger les hommes au pouvoir de toute punition sérieuse : je ne sais pas s’il existe des études statistiques poussées sur le sujet, mais on dirait que les hommes politiques ne sont jamais vraiment condamnés à quoi que ce soit, on dirait qu’ils n’ont tous que des peines avec sursis.

Étienne.

PS : nous devrions peut-être continuer cette conversation dans le fil indiqué ci-dessus car elle est sans rapport direct avec la monnaie, n’est-ce pas ? :confused: (C’est de ma faute, pardon.)

Étienne,

Je réponds donc sur le fil 2C. JR

« Daniel Cohen était l’invité des Matins de France Culture ce jeudi 24 janvier »
http://web2.radio-france.fr/chaines/france-culture/emissions/matins/fiche.php?diffusion_id=59229
[bgcolor=#FFFF99]Daniel Cohen, conseiller de la banque Lazard[/bgcolor], devient littéralement passionnant sur la fin de l’entretien :

J’ai noté pour vous (grosse charrette de travail) :

(1’20’’) Ali Badou : On voyait la réaction de la banque américaine : baisser rapidement les taux, et le refus de Jean-Claude Trichet, président de la banque centrale européenne, de baisser les taux d’intérêts (pas d’inflation, pas de baisse de taux) ; est-ce que ces deux attitudes sont vraiment contradictoire ?

Daniel Cohen : oui, totalement, totalement contradictoire, on a d’un côté une banque centrale américaine qui fait de la lutte contre la récession (annoncée et à venir) la priorité, au risque de relancer l’inflation en 2008 et d’écorner sa crédibilité (surtout si l’inflation apparaît en même temps que la récession), et, en face, une BCE qui fait le pari exactement inverse, c’est-à-dire d’ignorer le risque de récession (à l’image de la Fed qui ignore de risque d’inflation) et ne se préoccupe (là encore en image inversée de la Fed) que de l’inflation : deux positions radicalement opposées et, je trouve, aussi extrêmes l’une que l’autre. (…)

Ces politiques sont le résultat d’une histoire : dans le cas de la Fed, la crise de 29 continue d’habiter les esprits : Ben Bernanke lui-même est un ancien professeur d’économie dont la thèse portait sur la crise de 1929 et dont la thèse était que — à l’image de ce que disait déjà Milton Friedman—, la Fed, à l’époque, a porté une grande part de responsabilité dans la crise de 1929 parce qu’elle avait sous-estimé le risque de cette crise et laissé entrer en crise les banques américaines (près de 50 000 banques avaient fait faillite en l’espace d’un an et la Fed avait laissé, impavide, ces banques aller à la faillite), donc ça, c’est une erreur que la Fed ne veut pas reproduire, en tout cas que Ben Bernanke ne veut pas reproduire (…)

(1’25’’10) Donc, on a des banques qui perdent parfois 30-40% de leur valeur, ça veut dire, tout d’un coup, leur capital qui se réduit comme peau de chagrin ; du coup, des difficultés qu’elles trouveront à se refinancer aussi ; bref, tout un mécanisme qui est dangereux chez nous aussi et vis-à-vis desquels la seule solution est une baisse des taux : quand une banque est en difficulté (prenez City Bank, elle a perdu 60% de sa valeur en l’espace de six mois)… comment aider une banque qui fait faillite à se redresser ?

Il n’y a que deux solutions : soit vous avez des capitaux frais qui la refinancent, et ça c’est ce que les banques US essaient de faire en faisant appel à Singapour, à Abou Dabi, à des fonds souverains qui viennent les refinancer ; soit, au fond, l’État met de l’argent au pot, or (et c’est d’ailleurs une des causes de la crise de cette semaine : on attendait un plan Bush destiné à refinancer les banques et) ça a été un plan en généralité destiné en réalité à préparer la réélection d’un républicain en donnant des baisses d’impôts un petit peu à tout le monde, bref quelque chose qui coûte beaucoup d’argent mais qui est complètement à côté de la plaque.

Donc, si l’État ne vient pas soi-même au service de la recapitalisation des banques d’un côté, et si les grands fonds veulent bien mettre de l’argent mais pas au point de resolvabiliser, qu’est-ce qui reste comme solution ? Et bien il n’y en a pas beaucoup, parce que [bgcolor=#FFFF99]mettre des liquidités dans le système comme font les banques centrales depuis l’été, ça ne resolvabilise pas quelqu’un qui est en défaut[/bgcolor] : « vous n’avez pas d’argent, je peux vous en prêter mais si je vous demande de rempbourser… »

Ali badou : … oui, mais ça le sauve alors qu’il serait en faillite autrement…

Daniel Cohen : oui mais ça le sauve temporairement : faire une avance de crédit à une banque en difficulté ne sort pas cette banque de la difficulté.

Alors cette situation, ça n’est plus la crise de 1929 qui devient la bonne référence, mais c’est plutôt la crise japonaise des années 1990 : les banques japonaises ont été brutalement plombées par le retournement du cycle hypothécaire, déjà, il y a eu une bulle immobilière extravagante dans les années 80 au Japon (…) qui s’est retournée comme prévu en réalité, et du coup, les banques se sont retrouvées avec un portefeuille complètement insolvable de crédits hypotécaires, et elles ont mis dix ans, chaque année en mettant un peu de profit de côté à reconstituer leur capital.

Donc, on peut être dans une situation qui peut être dure et durable si les banques sont amputées des réserves qui leur permettraient de faire des crédits sans aucune solution de sauvetage. (…) et dans une situation comme celle-là, il n’y a que des taux d’intérêts très faibles pendant longtemps qui peuvent sauver les banques, parce qu’avec des taux faibles, elles peuvent, ; progressivement, reconstituer des marges en se finançant bon marché et en faisant des crédits un petit peu plus onéreux, mais ça, c’est la voie que l’Europe, pour l’instant, a fermée. (…)

(1’34’’32) Ali Badou ; Georges Soros disait qu’on sortait d’un cycle de 60 ans de création monétaire et d’endettement et que c’était la fin du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Vous partagez ce point de vue ?

Daniel Cohen : non, la référence à un cycle de 60 ans ne me paraît pas la bonne ; on vit certainement la fin d’un cycle commencé par Greenspan quand il a pris ses fonctions en 1987, donc c’est un cycle plus court, de 20 ans : les USA avaient glissé vers l’inflation dans les années 60 et 70 ; avec la politique de Paul Volker, un immense coup d’arrêt à cette dérive inflationniste avait été fait et avait été très coûteuse, c’est une des récessions les plus sévères d’après guerre que les USA avaient connu en 1982, la deuxième année du mandat de Raegan à l’époque, et l’inflation avait été éradiquée d’une certaine façon définitivement, et c’est ce qui avait permis à Alan Greenspan de surfer sur la vague de croissance due au boom des nouvelles technologies, sans se préoccuper de l’inflation (le souci de Greenspan était simplement d’éviter la récession). On a d’ailleurs eu à cette époque l’illusion qu’une croissance permanente était possible. (…)

(1’45’’45) On a l’impression qu’il n’y a plus de communication entre la BCE et les différents Conseils des Ministres, c’est tragique : c’est tragique qu’il n’y ait pas un consensus, une discussion, entre pairs qui font un diagnostic, qui peuvent diverger par moments mais qui visent un même but. Alors là, justement, c’est le but qui n’est pas le même, alors c’est une cacophonie. (…)

(1’46’’50) Une bonne politique, quand on a à la fois un risque d’une monnaie surévaluée et un risque inflationniste, une bonne politique, en tout cas dans les livres, ce qu’on enseigne à nos élèves, c’est à la fois d’avoir une politique monétaire laxiste pour empêcher que la monnaie se surévalue et que les taux d’intérêt ne restent à des niveaux trop élévés, et une politique budgétaire restrictive. Le bon policy mix face à une situation comme celle-là, ça n’est pas d’appuyer sur tous les boutons à la fois. (…)

(1’47’’40) Ce débat sur le policy mix, en Europe, il n’a jamais eu lieu. Chacun veut prendre le domaine de compétence de l’autre : la BCE dit : « faites une politique budgétaire rigoureuse parce que c’est la seule façon de crédibiliser l’euro », et les ministres des finances disent à la politique monétaire : « soyez laxiste », donc chacun essaie d’empiéter sur le territoire de l’autre et il n’y a pas de coordination possible. (…) Mais comme la politique budgétaire consolidée n’existe évidemment pas, et qu’on empile des politiques hétérogènes, la BCE ne considère pas qu’elle a un interlocuteur capable de délivrer, comme on dit en anglais, une politique budgétaire adaptée à une stratégie. C’est ce déséquilibre institutionnel-là qu’on retrouve à l’œuvre dans cette cacophonie, en effet, de l’Eurogroupe d’un côté, et de la BCE de l’autre.

(1’49’’35) Alain-Gérard Slama : je voudrais vous renvoyer du problème des institutions au problème des acteurs : on nous disait toujours que le capitalisme s’autorégulait, et en particulier les banques, alors comment se fait-il qu’elles aient été à ce point prises à défaut ?

Daniel Cohen : [bgcolor=#FFFF99]tous ceux qui ont pu penser que le système financier pouvait s’auto-réguler sont des naïfs ou des incompétents. [ou des voleurs… ÉC] C’est la seule chose dont on peut être sûr : c’est que le système financier, dans toute son histoire éternelle, va de crise financière en crise financière. L’idée qu’on puisse demander aux acteurs d’arrêter de prendre des risques lorsque tout le monde connaît la pathologie du système, qui est que dans tout système financier normalement constitué, lorsqu’il y a des gains, c’est pour les opérateurs qui les ont générés, et lorsqu’il y a des pertes, elles sont toujours mutualisées, soit parce que c’était les déposants (c’était le cas jusqu’en 1929), soit parce que c’est les États qui viennent au secours des pertes…[/bgcolor]

Donc, à partir du moment où on a un jeu assymétrique — et encore une fois, c’est toujours le jeu des marchés financiers —, il est sûr que les marchés financiers vont toujours à la limite, à la limite du risque parce que celui — raisonnons en terme de stocks options, c’est un très bon exemple — « je gagne si ça monte, mais si ça baisse je ne perd pas », puisque ma rémunération est indexée à la hausse, le système financier fonctionne suivant ce principe : si ça marche, vous faites un bon deal, bravo, formidable bonus, et si ça marche pas, si vous faites perdre des milliards, bon ben vous perdez votre job, vous allez en trouver un autre, mais vos pertes ne sont pas proportionnées aux pertes que vous faites subir à la société.

Donc, tout système financier est forcément instable pour cette raison même, on le sait, et l’enjeu est donc 1) d’avoir des régulations qui permettent, autant que faire se peut de limiter les excès (les régulations sont toujours détournées au bout du compte, il n’y a aucune régulation qui ne vaut très longtemps ; ça ne veut pas dire qu’il n’en faut pas) ; 2) et surtout, il faut protéger la société de ces excès. C’est ce qu’on a fait après 1929, on a compris qu’il fallait protéger les déposants des risques que les banques leur faisait courir : et on a un système de garantie de dépôts aux Etats-Unis qui fait qu’on n’a plus de crise systémique ; on a des crises bancaires, mais on n’a plus de crise de système comme il y a eu après 1929.

Donc, c’est cette réflexion qu’il faut toujours avoir, mais [bgcolor=#FFFF99]l’idée que les marchés financiers pourraient trouver eux-mêmes la voie de la raison est une méconnaissance complète des mécanismes.[/bgcolor]

Alors juste pour conclure sur ce point parce que c’est important, dans [b]la régulation de Bâle[/b], c’est-à-dire dans [color=red][b]la régulation que les banques s’imposent à elles-mêmes, on est arrivé en effet, et c’est sans doute de l’idéologie qui a été à l’œuvre, au point où on a demandé aux banques d’évaluer elles-mêmes leur coefficient de risque pour fixer les niveaux de réserves prudentielles !

Alors ça, c’est le comble de la déréglementation : quand on voit qu’aujourd’hui [bgcolor=#FFFF99]les banques sont totalement incapables d’évaluer les risques qu’elles ont pris, qu’elles ont fait prendre [/bgcolor]à leurs actionnaires, avec ces produits mathématiques que personne ne comprend, et sans doute pas même ceux qui les ont inventés, [bgcolor=#FFFF99]c’est extravagant de se dire qu’au cœur du logiciel bancaire, il y a une auto évaluation des risques que les banques prennent.[/bgcolor][/b][/color]

Là, il y a certainement un immense retrour de bâton qui va se produire avc la crise des subprimes, et il faut évidemment revenir sur ces dispositions qu’on appelle de « Bâle 2 », il faut être capable de dire : « si moi, régulateur, je ne comprends pas cette formule, alors j’assume le pire, comme on dit en anglais, je suppose que c’est le plus risqué possible, et ne venez pas me dire comme ça a été le cas à propos des subprimes, qu’en fabricant des cocktails de crédits à des ménages insolvables, on arrive à fabriquer des crédits de la plus haute qualité », hein, je rappelle que les subprimes, c’est à l’origine des crédits fait à des délinquants américains, mais qui, combinés par des formules mathématiques, devenaient des crédits de qualité égale à la dette des gouvernements, ce qu’on appelle des crédits triple A ! C’est extravagant de penser qu’on arrive à fabriquer les uns à partir des autres, c’est pourtant ce qui s’est passé. Là, la régulation doit passer pour empêcher ça.


Olivier Duhamel : mais alors, comment, en attendant, sortir du dilemme diabolique d’aujourd’hui si on est responsable politique et encore plus si on est responsable des grandes banques centrales, première ligne Etats-Unis ? Si je ne fais rien, je laisse arriver une récession catastrophique ; si j’interviens, je viens payer à la place des gangsters…

Daniel Cohen [qui n’envisage pas une seconde, curieusement, qu’on retire définitivement aux banques privées le droit de création monétaire, alors que ce serait, à l’évidence, la seule bonne solution durable aux crises du capitalisme. ÉC] : il n’y a pas de solution. Il faut toujours naviguer entre ces deux maux. Sauver les banques aujourd’hui serait la bonne solution : injecter les 100 milliards (si les 100 milliards promis par Bush avaient été injectés dans les banques, il n’y aurait plus de crise), mais évidemment, en faisant cela, je récompense les gangsters, évidemment ce n’est pas possible.

Alors, il faut trouver, il faut ruser, il n’y a pas de solution simple, et les crises financière font partie, encore une fois, du monde dans lesquel on vit, et il faut sans cesse ruser sans cesse avec ça. Je pense qu’on aurait pu couper la poire en deux, je ne veux pas être aristotélicien, chaque fois sur les questions que vous me posez, c’est-à-dire prévoir un fonds de sauvetage pour les banques les plus en difficulté, mettre de côté 50 milliards pour rassurer (…), et puis criminaliser les dirigeants (comme on l’a fait à la suite de l’affaire Enron), dire « il y a des sanctions, y compris pénales, de responsabilité des dirigeants » face à des maux de cette nature parce qu’ils ont mis en péril la communauté. »

Je me posais qqs questions :
  1. Existe-t-il des documents publics qui permettent de savoir qui possède la dette exactement ?

  2. Qu’en est-il des autres pays européens ? Comment s’est déroulée pour eux leur conversion à ce système monétaire ? Où en est leur dette ?

  3. Où peut-on obtenir des chiffres précis sur la part des intérêts dans notre dette ?

Merci d’avance.


Bonjour Sandy

Pour la question 1, on trouve une réponse globale sur http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Dette_publique_de_la_France, dont j’extrait

" [i]Depuis la création de l'euro, l'État français s'est tourné vers le marché mondial de l'épargne, ce qui fait qu’en 2007, 60 % de la dette de l'État français est détenue par des non-résidents (c’est-à-dire ménages ou entreprises non-français)[21]. Cette part des non-résidents est en augmentation forte et régulière depuis 1999, date à laquelle elle valait 28 %[22]. Au 2e trimestre 2007, 58 % des OAT émises par l’État étaient détenues par des non-résidents (entreprises et ménages étrangers) ; au sein des 42 % restants détenues par des entreprises ou des ménages français, 60 % l’étaient détenues au sein de contrats d’assurance (comme les contrats d’assurance-vie), 20 % par des établissements de crédit, et 17 % par le biais d’OPCVM[23].[/i]"
... mais il est sans doute impossible de trouver une réponse détaillée (noms et adresses ;-) )

Pour la question 2 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_pays_par_dette_publique

Pour la question 3: Le total des intérêts déjà payés entre 1980 et 2006 est estimé à 1141 milliards d’euros (en euros constants 2006). Il est proche du montant du capital restant dû à la fin de la même période, de 1142 milliards d’euros (c’est un hasard).
Le montant des intérêts varie selon les taux d’intérêts … il serait de l’ordre de 42 milliards pour 2007 (on n’a pas encore les chiffres exacts) …
AJH

Pour info, AJH a produit [bgcolor=#FFFF99]deux précieux graphiques[/bgcolor] pour comprendre l’arnaque de la dette publique :

Bonne nuit à tous :slight_smile:

Étienne.

[bgcolor=#FFFF99]« À l’instar d’Hitler, mise en branle de la planche à billets aux États-Unis
Accélération de l’inflation dans le monde »
[/bgcolor]
par William A. M. Buckler, The Privateer, Australie :
http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=716

Un article très intéressant, et utile pour comprendre la logique ultralibérale.

On a parfois les cheveux qui se dressent sur la tête, mais on y trouve également des explications, des images et des chiffres très utiles, je trouve.

Amicalement.

Étienne.

Qui détient la dette de la France ? Je n’ai pas trouvé grand chose, cela ne renseigne pas beaucoup =( Qui sont ces non-résidents ? Aucun moyen de savoir ?

http://www.aft.gouv.fr/article_960.html?id_article=960

Qui détient la dette de la France ?

Sandy, avez-vous regardé l’article

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France

(sous « Créanciers ») ?

Bonjour
Pour info, edit de mon message 3062, du 08/01/08, suite au changement d’adresse de téléchargement chez « Légifrance »

EDIT: Les liens ont changé (tiens, tiens ..)

Vous pouvez directement télécharger ces pages sur:

http://www.fauxmonnayeurs.org/file/JO197300165.pdf
http://www.fauxmonnayeurs.org/file/JO197300166.pdf
http://www.fauxmonnayeurs.org/file/JO197300167.pdf

… ou par « légifrance » :
"[i]page d’accueil du site Légifrance, rubrique « les autres textes législatifs et réglementaires » en indiquant dans nature = loi et dans numéro 73-7. Cliquez sur l’icone « fac-similé ».
http://www.legifrance.gouv.fr/./rechTexte.do?reprise=true&page=1[/i] "

[bgcolor=#FFFF99]Patrick Viveret : un coup d’état sur la monnaie[/bgcolor]

4 février 2008 La monnaie est un bien commun, un outil au service des sociétés.

Patrick Viveret, l’un des initiateurs du réseau d’échange Sol, rappelle que le droit de création monétaire a été transféré pour l’essentiel aux banques commerciales, et ceci sans aucun débat public.

Il estime que la réappropriation démocratique de la monnaie est un enjeu décisif et que les réseaux d’échanges solidaires sont les laboratoires ou s’expérimente et se préfigure un autre rapport à l’échange marchand.

Entretien.


Source audio : Reporterre
[bgcolor=#FFFF99]Changer la monnaie pour changer le monde[/bgcolor]
http://www.reporterre.net/entretiens/entretien-viveret-031107.php

3 novembre 2007

Le capitalisme a opéré depuis les années 1970 un coup d’État sur la monnaie, explique Patrick Viveret : il a transféré aux banques le pouvoir de création monétaire.

Ainsi se trouve-t-on aujourd’hui dans un fantastique décalage entre l’économie financière et l’économie réelle.

Il faut préparer aujourd’hui les alternatives nécessaire quand ce système va s’écrouler : ainsi avec la monnaie SOL, fondée sur la coopération et la richesse qu’est le temps disponible.