07 Reprendre le pouvoir sur notre monnaie

Bonjour à tous,

2) Puisque nous en sommes ici à des considérations générales, il me semble que nous sommes tous victimes, plus ou moins, du proverbe "Le temps, c'est de l'argent" (si je me répète, excusez-moi - j'ai déjà dit ça mais je ne sais plus où).
[color=purple]Disons plutôt que nous sommes victimes de la lecture unidirectionnelle de ce puissant proverbe. En effet, il est parfaitement vrai que le temps c'est de l'argent. Cela dit, il ne faut pas oublier qu'une égalité (x = y) peut se lire dans les deux sens, et Jacques a immensément raison de poursuivre...[/color]
Il faut partir du principe contraire "l'argent, c'est du temps" , et bien se rendre compte que, par conséquent, redistribuer de l'argent, c'est redistribuer le temps - ou plus exactement l'usage du temps limité dont on dispose. Car c'est bien là la question : le temps nous est à peu près exactement compté, alors que l'argent est imprimable à volonté : [b]on peut me donner tout de suite un million d'assignats... mais pas une seconde de plus.[/b]
[color=purple]Ça, de même que tout ce qui a été dit sur ce sujet récemment, ça me touche énormément, en tant que personne qui, comme la plupart d'entre nous, doit ou aimerait faire tellement de choses dans une journée qu'elle regrette que les journées ne comptent pas 2 fois plus d'heures. Quant à la formule que j'ai mise en gras, elle mérite d'être intégrée directement dans le "best of" des citations qu'Étienne gère quelque part sur son site...

Bien cordialement,

Candide[/color]

Bonjour cher Candide, plaisir de vous retrouver :confused:

Le « best of des citations », c’est la page [bgcolor=#FFFF99]« En vrac »[/bgcolor] ?
Je l’aime bien, celle-là : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/En_Vrac.htm :confused:

Constitution/Banque centrale européenne

Sam (2367).

Entre votre message et la présente réponse, j’ai reparcouru le présent forum, et ce qui était pourtant clair dès le début vient seulement de m’apparaître : nous parlons ici de politiques, pas de règles constitutionnelles.

Je propose donc aux participants CIPUNCE qui ont accepté mon avant-projet Rév. 13 comme base de travail (deux : c’est un bon début, il n’en reste plus que 48 à venir, et quand même encore plus de 24 heures pour ce faire…) de modifier comme suit les dispositions relatives à la BCE :

"Chapitre IX
"La Banque centrale de la Confédération européenne

"Article [48] : Statut. La Banque centrale de la Confédération européenne, institution confédérale, a la capacité juridique requise pour lui permettre d’exercer les pouvoirs qui lui sont assignés par la Constitution et les lois organiques. Elle est autonome dans la gestion de ses finances sous réserve de l’article [49-1] de la Constitution.

"Article [49] : Attributions et fonctionnement

"1. La BCE gère la politique monétaire de la Confédération en conformant son action aux orientations politiques et économiques données par les institutions et organes confédéraux compétents.

"2. La Banque centrale peut prendre des règlements.

« Article [50] : Modalités diverses. La loi organique précise le statut, les attributions et les modalités de fonctionnement de la Banque centrale. »

De cette manière, les questions de politiques sont renvoyées au débat législatif et intergouvernemental ordinaire. La loi organique, dans l’avant-projet CIPUNCE Rév. 13, exige d’être non seulement débattue par le Parlement européen, mais approuvée par tous les États membres - qui devront donc faire application de leurs règles constitutionnelles respectives. JR

Jacques,

Il ne s’agit pas de parler de politiques, sauf - par soucis d’éclairer les débats - pour montrer que :

  • dans le régime actuel seules des politiques monétaires néolibérales sont rendues possibles ;
  • dans le régime qu’on peut souhaiter, toutes les politiques monétaires doivent pouvoir être pratiquées (en particulier, changer le régime actuel ne doit pas imposer une politique monétaire socialiste et centralisée).

Si vous trouviez normal qu’un régime dans lequel la création monétaire est une pure nécessité (en proportion de la croissance) rende toute nouvelle monnaie payante pour l’Etat et autorise à des particuliers à la lui vendre, c’est une chose. Si par contre, tout en admettant la pertinence de cette problématique, vous considériez que ce choix relève d’une loi, fut-elle organique, ou de règlements, ç’en est une autre. Que je sache, le choix de l’abolition des privilèges, de l’égalité en droits, relève de la constitution, voire même de la Charte. Voilà pour la problématique constitutionnelle essentielle de ce volet. Ce n’est pas bien compliqué de la cerner. Libre à chacun, par contre, de commencer par juger si elle est pertinente.

La constitution doit définir précisément à qui appartient le pouvoir de création monétaire et le contrôle de son affectation première. Cela concerne l’organisation des pouvoirs publics (distribution, séparation et contrôle des pouvoirs) ainsi que la répartition géographique de ces pouvoirs dans le cadre d’une confédération.

Cette définition ne peut pas être laissée au gré d’une majorité parlementaire en place, sans quoi cela revient à laisser ces parlementaires modifier eux-mêmes ce qui relève de la constitution, de l’organisation des pouvoirs publics (transférer eux-mêmes des pouvoirs publics). Pas non plus de loi organique. Lisez l’extrait de la constitution des USA ou du Canada, les choses y sont clairement tranchées.
(Comme par ailleurs cette vieille constitution n’a pas bénéficié des services éclairés d’Etienne… et mentionné noir sur blanc que le pouvoir constituant est protégé, séparé, … et contrôlé par le référendum, il se trouve que la forfaiture qui a conduit à contourner l’article I section 8 de la constitution américaine depuis 1913 ne peut pas être ainsi nommée. J’ai pensé que cet exemple historique illustrait bien la nécessité d’accorder les clauses d’une constitution durable.)

Concernant le 2e point de mon message n°2367 :

  • la constitution des USA spécifie : [pouvoirs du Congrès] de lever et de percevoir des taxes, droits, impôts et excises, de payer les dettes et pourvoir à la défense commune et à la prospérité générale des États-Unis ; mais lesdits droits, impôts et excises seront uniformes dans toute l’étendue des États-Unis. La notion d’harmonisation fiscale (à travers un territoire pour lequel le contrôle de la monnaie est centralisé) est posée clairement. On ne choisit pas décemment de centraliser ce pouvoir sans associer ce choix à celui d’une harmonisation fiscale ; le choix de cette harmonisation doit être inscrit dans la constitution, ou bien alors il faut revenir sur une création monétaire nationale, indépendante ;
  • puisque la création monétaire, comme la fiscalité, sont précisément ce qui finance l’organisation des pouvoirs publics (et les services publics), il me semble évident que se pose aussi la question d’une juste répartition du pouvoir monétaire dans une confédération qui ne produit qu’une part ifnime de redistribution à l’échelle confédérale, possède un budget confédéral minime, et unit des Etats membres aux PIB très différents. J’ai proposé quelque chose de concrêt en la matière, et encore une fois, ce n’est pas une proposition de loi : le pouvoir décisionnaire confédéral en matière de création monétaire et de choix de son affectation première ne devrait pas excéder en proportion la proportion du budget confédéral dans la somme des budgets publics de la confédération, à savoir celui, cumulé, des Etats-membres et de l’UE. Et la répartition de ce pouvoir entre chaque Etat-membre (voire entre régions, collectivités locales, …) devrait être proportionnelle à leurs PIB respectifs (idéalement, à celui qu’ils auront l’année suivante).
    La question de l’union monétaire ne change rien à ces deux problèmes de (re)distribution, au contraire, elle les crée, ce qui appelle des réponses, des garanties.

Principes constitutionnels monétaires

Sam (2381).

Concrètement, pourriez-vous rédiger les projets d’articles constitutionnels correspondants (pour la constitution européenne, pour la constitution nationale) ? JR

Jacques Roman (2389)

J’ai pour ma part fait une proposition sur le wiki :
Constitution nationale d’origine citoyenne AJH ; voir Titre supplémentaire B = Système monétaire et bancaire.

AJH

Bonjour

Je voulais signaler l’ouverture du site [bgcolor=#FFFF99]« Les Faux Monnayeurs »[/bgcolor] http://www.fauxmonnayeurs.org ,
dans le droit fil de ce forum évidemment,
et la proposition [bgcolor=#CCFFFF]« Espace Complémentaire Sociétal »[/bgcolor] sur le site de campagne de José Bové http://www.unisavecbove.org/spip.php?article1052

Cordialement - AJH

Pierre Rosanvallon utilise l’exemple de l’indépendance de la Banque centrale allemande pour illustrer la recherche d’institutions indépendantes pour se protéger des abus de pouvoirs des exécutifs :

France Culture, l’éloge du savoir, vendredi 11 mai 2007 :

[bgcolor=#FFFF99]Les institutions de l’intérêt général : la démocratie du 21e siècle 9/14[/bgcolor] (http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/utls/fiche.php?diffusion_id=51664)

(il parle en ce moment même ; le lien ne sera valide que dans une heure :/)

Il évoque des sources variées très intéressantes sur la monnaie. Le lien entre la stablilité de la monnaie et la substance même du contrat social est utile pour comprendre la détermination des allemands à conserver l’indépendance de leur banque centrale.

Toutes ses leçons sont passionnantes : voir les adresses sur ma page ‹ Liens et documents ›.

[bgcolor=#FFFF99]« La crise mondiale d’aujourd’hui
Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires »
[/bgcolor]
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/La_crise_mondiale_d_aujourd_hui_Maurice_Allais_1998.htm

Un article superbe de Maurice Allais dans Le Figaro des 12, 19 et 26 octobre 1998.
À lire et à étudier soigneusement, c’est un document important.
Pour l’imprimer, utiliser plutôt la version pdf.

D’autres extraits et d’autres résumés sur Maurice Allais,
sur le site du normand curieux (Le Drakkar Bleu Noir) :
http://www.drakkar-bleu-noir.info/article-797906.html
http://www.drakkar-bleu-noir.info/article-823383.html
http://www.drakkar-bleu-noir.info/article-797683.html

Voir également :

[bgcolor=#FFFF99]« Présentation de Maurice Allais »[/bgcolor]
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Presentation_Maurice_Allais.htm

Trois articles très utiles pour découvrir un grand homme, passionnant et incroyablement méconnu.

Les rebelles aux abus de pouvoir devraient sans doute connaître ce rigoureux et généreux vieux monsieur :
ses démonstrations seront salutaires pour confondre les grands voleurs qui nous dirigent.

[bgcolor=#FFFF99]« L’ARNAQUE de la dette publique »[/bgcolor]
par André-Jacques Holbecq :
http://www.societal.org/docs/dette-publique.htm

Extrait de ce document dont les tableaux chiffrés sont passionnants (après un petit temps d’adaptation pour se mettre dans le bain) :

[color=black]« (…) Entre 1980 et 2006, la dette a augmenté de 913 milliards d'euros, alors que nous avons payé 1 176 milliards d'euros d'intérêts. [bgcolor=#FFFF99][b]Si nous n'avions pas eu à emprunter ces 913 milliards d'euros sur les marchés monétaires, c'est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu'ont le droit de faire les banques privées, la dette qui était de 229 milliards d'euros début 1980 serait totalement remboursée[/b][/bgcolor] et nous disposerions en plus d'un solde de trésorerie positif de 34 milliards d'euros. (…) Conclusion : 1 167 milliards d'euros d'intérêts payés pendant 27 ans, c'est à peu près [/color][color=red][b]119 millions d'euros par jour[/b][/color] [color=black](oui, par jour ! depuis 30 ans) que nous payons aux déjà plus riches qui d'ailleurs peuvent ainsi nous les reprêter à nouveau contre intérêt.

Et ces 43 milliards par an [de dette imposée à tous sans raison d’utilité publique] sont l’équivalent de 240 Airbus A350, ou de 3 porte-avions « Charles de Gaulle », ou de 40 000 belles villas sur la Côte d’Azur, ou de l’isolation (en comptant 10 000 euros par foyer) de 4 270 000 logements, ou un salaire net de 18 000 euros annuel, salaire médian en France, versé à 2 380 000 personnes… Mais vous pouvez trouver d’autres exemples ![/color]

[color=purple][b]Nous préconisons[/b], • soit, [i]au niveau national :[/i] une reprise du droit de seigneuriage — droit régalien d'émettre la monnaie —, éventuellement par émission d'une monnaie complémentaire (voir [url=http://tiki.societal.org/tiki-index.php?page=EMS]ECS[/url]),

• soit, au niveau de la zone euro :

1 - [bgcolor=#FFFF99]Le gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE) doit pouvoir être contraint à une émission monétaire centrale (sans intérêt)[/bgcolor] par une décision conjointe de la Commission ou du Conseil européen (c’est-à-dire les chefs d’État), ET des députés européens des pays de la zone euro.

2 - Les critères de Maastrischt doivent être revus, et spécifier désormais :

a) que [bgcolor=#FFFF99]les budgets des États doivent être équilibrés en « fonctionnement » + « amortissements »[/bgcolor]. Nul État de la zone euro ne peut déroger à cette règle.

b) que [bgcolor=#FFFF99]les États peuvent financer leurs équipements (budget d’investissements) par un appel à création monétaire sans intérêt de la BCE.[/bgcolor] Néanmoins pour garder une égalité de traitement entre tous les États de la zone euro, les émissions monétaires seront réparties égalitairement au prorata de la population de chaque État.[/color]


Pour justifier cette nécessité, le lecteur doit savoir que, depuis 1973, la France ne crée plus de monnaie pour combler ses propres déficits, que ce soit en fonctionnement (salaires et retraites des fonctionnaires, loyers, etc.) ou en investissements pour son développement (écoles, routes, ponts, aéroports, ports, hopitaux, bibliothèques, etc.), mais qu’elle emprunte sur les marchés monétaire en émettant des obligations (bons du Trésor) sur lequel évidemment elle doit payer un intérêt à ceux qui souscrivent (40% du montant par des résidents, 60% par des non-résidents). Ceci a pour conséquence, comme nous l’avons vu plus haut, qu’au fil des années la dette s’alourdit d’un montant sensiblement égal au « déficit », qu’il faut couvrir par l’emprunt, c’est-à-dire par l’émission d’obligations nouvelles auprès du public et surtout des investisseurs institutionnels (assurances, banques, etc.). »

Ne pas laisser ce sujet aux experts : ce n’est pas compliqué et notre liberté individuelle semble dépendre étroitement de notre sourcilleuse vigilance sur ce rouage essentiel de l’économie.

J'ai l'impression qu'[b]André-Jacques Holbecq[/b], avec la mise en lumière du privilège féodal des banques privées qui peuvent nous dominer tous à travers la création monétaire confisquée, a identifié un problème majeur de l'espèce humaine, et que ce problème ne trouvera sa solution qu'à travers ma propre thèse : c'est à nous — nous qui n'avons pas besoin des banques "pour renouveler notre pouvoir" et qui sommes donc infiniment plus indépendants des banques que les politiciens professionnels — [b]c'est à nous, donc, d'écrire nous-mêmes, au plus haut niveau du droit, les règles qui nous protègeront de l'asservissement économique enfin identifié et compris.[/b]

Ma thèse (juridique) renforce et complète la thèse (économique) d’André-Jacques, et réciproquement.

La thèse (philosophique) de Michel Onfray, — qui se bagarre pour rendre possible une philosophie populaire, un esprit critique appris dès le plus jeune âge par le plus grand nombre —, cette thèse est, elle aussi, complémentaire de nos propres thèses car [bgcolor=#FFFF99]une Constitution d’origine populaire — qui nous rendrait enfin notre souveraineté monétaire et l’abondance correspondante — ne pourra voir le jour que si elle est écrite, validée et défendue quotidiennement par une multitude rendue raisonnable par la réflexion.[/bgcolor] Je rêve, me direz-vous :confused: Pourtant, tout ça devient très cohérent, je trouve.


Amicalement.

Étienne.

[bgcolor=#FFFF99]« Pourquoi avons-nous besoin d’innovations monétaires ?
Trois erreurs courantes, trois conséquences probables, trois solutions possibles »
[/bgcolor]

Un document passionnant de Margrit Kennedy, spécialiste des monnaies locales :
http://www.margritkennedy.de/pdf/BUE_FRA_KennedyFranzArt.pdf

Merci à Alex :confused: qui nous l’a signalé sur le blog : Non, ce n’est pas « trop cher » : le financement des besoins collectifs est rendu sciemment ruineux par un sabordage monétaire étonnant, messages 49 et 67

Alex y écrit notamment :

C'est vrai que, tout de suite après le crach argentin, des monnaies locales ont été créées.

Elles ont servi aux populations pour survivre.
Ces monnaies avaient une architecture très simple, conçue en urgence, et n’avaient pas de facteur anticyclique, et donc étaient instables.

Aujourd’hui, il faut plutôt parler de monnaies complémentaires, à l’architecture très stable, qui intègrent des concepts très fonctionnels.

Un de ces concept est expliqué par Margrit Kennedy :

1.4. [b]Des frais d’utilisation à la place des intérêts[/b]

Nous connaissons depuis le début du vingtième siècle une solution qui est non seulement incroyablement simple et élégante, mais aussi pratique et facile à comprendre. Elle a été découverte et publiée pour la première fois en 1916 par Silvio Gesell, un homme d’affaires germano-argentin. Son Ordre économique naturel est au capitalisme et au communisme ce qu’a été le changement dans notre perception du monde quand nous avons découvert que la Terre n’était pas plate mais sphérique et que le soleil ne tournait pas autour de la Terre mais vice versa (ce qui, soit dit en passant, est encore difficile à croire quand nous observons un coucher de soleil).

[bgcolor=#FFFF99]Au lieu d’imposer des intérêts pour assurer la circulation de la monnaie, Gesell propose une taxe comme « incitation à la circulation » ou, en anglais, « demurrage », limitant ainsi la monnaie à sa fonction de moyen d’échange et de réserve stable de valeur.[/bgcolor] Si vous avez plus d’argent que vous n’en avez besoin, vous l’apportez à la banque qui le prête, le remettant ainsi en circulation. Il n’y a alors pas de frais.


C’est essentiel de bien lire le textes importants et connaitres les meilleures idees.

Le monde académique aujourd’hui est paralysé par l’obscurantisme : si, au temp de Galilée, le prix Nobel avait existé, et s’il avait été décerné par l’église, on n’aurait pas eu de révolution copernicienne.

Aujourd’hui, la revolution copernicienne tarde parce que le prix Nobel d’economie est décerné par la banque de Suède !!

Nous voilà enchaînés à l’obscurantisme de la vision usuro-centrique avec tous les risque qui vont avec :

[b]Les intérêts se comportent en fait comme un cancer à l’intérieur du système économique et donc également au sein de notre société, notre « organisme social ».[/b] Si nous étions capable de mettre en place un système monétaire qui corresponde à la courbe de croissance « naturelle », alors la croissance zéro ou la croissance qualitative, réclamée depuis si longtemps par les écologistes et les économistes, serait possible.

On s’est moqué de ces Albanais qui, dans les années 90, ont cru certains banquiers qui affirmaient qu’un soi-disant plan d’investissement pyramidal leur rapporterait des intérêts mensuels de 25 % et plus. À cause de l’augmentation exponentielle de l’argent investi, ceci était vrai, mais seulement à court terme. Toutefois, aussitôt que le taux d’augmentation des investissements commença à ralentir, le système s’effondra. Nous ne sommes pas fondamentalement plus malins, car quiconque accepte notre système monétaire actuel encourt précisément le même risque, bien que sur une plus longue période. Dans les pays à taux d’intérêt élevé, par exemple en Amérique latine, cet effondrement se produit environ tous les dix ou quinze ans. Dans les pays à taux d’intérêt peu élevé comme la Suisse ou l’Allemagne, cela se produit tous les quarante ou soixante ans. Un effondrement majeur arrive alors sous forme d’un krach financier, d’une révolution ou d’une guerre.


Un cancer donc. Il y a aujourd’hui, même sur ce blog, quelqu’un qui se vante de la croissance économique de la société occidentale.
Et bien, sa gloire est éphémère, [bgcolor=#FFFF99]éphémère comme la cellule cancérigène qui va bientôt mourir avec l’organisme qu’elle parasite.[/bgcolor]

[bgcolor=#66FF00]« Système monétaire et bancaire : proposition constitutionnelle N°1 »[/bgcolor]
par André-Jacques Holbecq :
http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=6

Bonjour

« Ma » proposition institutionnelle spécifie, dans le cadre européen de la zone euro :

1 - Le gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE) doit pouvoir être contraint à une émission monétaire centrale (sans intérêt) par une décision conjointe de la commission ou du conseil européen (c'est-à-dire les chefs d'État), ET des députés européens des pays de la zone euro.
Je reçois à l'instant un message de Sam17, qui exprime ainsi son avis:
Nooooon ! Par les députés, point.

Comme dans la constitution des USA. C’est le Parlement qui vote le budget, l’impôt, … et qui fixe le change (en théorie). La création monétaire va évidemment avec ces domaines de contrôle.

Un gouvernement, en ces matières, ça proposera toujours. Mais il faut que le Parlement dispose. Donc ni la Commission ni le Conseil (qui ne sont pas que des exécutifs, mais des instances tyranniques, jusqu’à nouvel ordre, dans le contexte institutionnel européen — et quand bien même).

La question qui se pose surtout à mon sens c’est celle de la part de décision des députés nationaux dans une configuration pas fédérale. Dans le contexte actuel, vu la répartition de la fiscalité / des budgets, je pense que la décision du volume de création et de son usage devrait appartenir essentiellement aux parlements nationaux. On avait parlé de proportionner ce pouvoir — volume — à la population du pays). Bien qu’il faille une instance européenne pour voter l’ensemble (du volume). De même que pour « tenir » la BCE et garantir le respect de ladite proportionnalité. Ajoutons une part d’attribution de la monnaie créée au prorata du budget européen par rapport à la somme des budgets publics nationaux + européen.


Qu’en pensez-vous ?

Pour ma part, je voudrais juste apporter une petite justification à ma proposition. En fait, je pars de l’état actuel (où l’UE est quand même gérée par la Commission et le Conseil) et je tente de proposer ce qui me paraît le plus facilement applicable… Il n’y a que si le fonctionnement de l’UE changeait pour devenir un régime 100% parlementaire qu’il serait, à mon sens, possible de laisser tout pouvoir de décision au Parlement (concernant l’émission monétaire qui est ici notre sujet), lequel est en général plus « partisan » que ne l’est l’exécutif…

Ceci dit, c’est vrai qu’intellectuellement je suis pour un « exécutif fort » et préfère laisser à un Parlement un rôle prépondérant au niveau des propositions.

Pour tenir compte de l’objection (néanmoins intéressante :wink: ) de Sam17, je proposerais donc d’écrire:

1 - Le gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE) doit pouvoir être contraint à une émission monétaire centrale (sans intérêt) par une décision de la Commission OU du Conseil européen (c'est-à-dire les chefs d'État), OU des députés européens des pays de la zone euro.
[i][b]Ajout 13 h 20[/b] :Reste à proposer les majorités pour le Conseil et le parlement ...[/i]

André-Jacques a mis en ligne
un [bgcolor=#FFFF99]compteur en temps réel des intérêts payés depuis le 1er janvier 2007 sur la « dette publique »[/bgcolor]

http://www.societal.org/dette/interets.htm

C’est « parlant ».

[bgcolor=#FFFF99]« Ou la propriété emportera la République, ou la République emportera la propriété »[/bgcolor]

par Pierre-Joseph Proudhon, à l’Assemblée nationale constituante, le 31 juillet 1848 :

Un texte formidable… je l’ai déniché dans un livre passionnant : « les grands discours parlementaires du XIXe siècle – de Benjamin Constant à Adolphe Thiers » (chez Armand Colin), puis je l’ai trouvé sur le net pour vous le signaler in extenso. Je signale aussi que tous les livres de cette collection (il y en a cinq, en commençant par la Révolution : Mirabeau, Danton, Robespierre, Condorcet, Saint-Just, Talleyrand, Sieyès, Barnave…), tous sont enthousiasmants, pour comprendre la République et reprendre goût à la Démocratie.

« [color=purple]Le citoyen Proudhon[/color] : Citoyens représentants, vous êtes impatients, non pas de m'entendre, mais d'en finir. Le socialisme, depuis vingt ans, agite le peuple. Le socialisme a fait la révolution de Février : vos querelles parlementaires n'auraient pas ébranlé les masses. Le socialisme a figuré dans tous les actes de la révolution (…) C'est le socialisme qui a servi de bannière à la dernière insurrection ; ceux qui l'ont préparée et ceux qui l'exploitent avaient besoin, pour entraîner l'ouvrier, de cette grande cause. C'est avec le socialisme que vous voulez en finir, en le forçant de s'expliquer à cette tribune. Moi aussi, je veux en finir. Et puisque vous m'avez garanti la liberté de la parole, il ne tiendra pas à moi que nous en finissions avec le socialisme ou avec autre chose. (Rumeurs prolongées.)

J’avais écouté, avec l’attention qu’elles méritaient, les observations du comité des finances sur la proposition que j’ai eu l’honneur de vous soumettre ; J’ai lu, depuis, avec toute la diligence dont je suis capable, le rapport que vous avez entendu mercredi, et je déclare qu’après cette lecture je me crois plus fondé que jamais à insister sur l’adoption de mon projet. […]

On a voulu écraser en moi, d’un seul coup, le socialisme, c’est-à-dire la protestation du prolétariat, et faire, par cette exécution, un pas de plus dans la voie réactionnaire. (Allons donc ! - Écoutez ! Écoutez ! - Laissez tout dire !)

La force du socialisme, sachez-le bien, ne tient pas au succès d’un individu. Mais, puisqu’on a fait d’une proposition financière une question de parti, je ne reculerai pas devant cette discussion ainsi élargie. Il sera prouvé aujourd’hui que ce sont les notabilités financières qui, depuis vingt ans, par leur ineptie, sont la cause de notre ruine. Grâce au comité des finances, le débat n’est point entre le citoyen Thiers et moi ; il est entre le travail et le privilège. […]

Citoyens représentants,

La proposition qui vous est déférée n’est rien de moins, prenez-y garde, que la révolution de Février ; et ce que vous allez faire pour l’une, vous le ferez pour l’autre. Vous ne savez rien de ma proposition, pas plus que de la Révolution (Réclamations.), ni le principe, ni le but, ni les moyens. Le comité des finances, qui, par sa spécialité devait vous les faire connaître, ne vous en a rien dit. Tout ce qu’il a soupçonné de mon projet, c’est qu’il était quelque peu révolutionnaire. Est-ce que le comité des finances accueille les idées révolutionnaires ? est-ce que, dans cette révolution de Février, il voit autre chose qu’une surprise, un accident déplorable ? Pour moi, je suis de ceux qui prennent au sérieux cette révolution, et qui ont juré d’en poursuivre l’accomplissement. Vous m’excuserez donc, citoyens, si, pour expliquer ma proposition, je reprends les choses d’un peu haut. Je serai, d’ailleurs, dans ces prolégomènes extrêmement bref.

En 93, si la mémoire ne me trompe, au moment des plus grands dangers de la République, un impôt du tiers fut frappé sur le revenu. Je ne vous dirai pas comment fut établi cet impôt, comment il fut accueilli, ce qu’il rendit. Ce que je veux vous faire remarquer, et qui seul importe en ce moment, c’est qu’en 93 la propriété paya sa dette à la révolution. À cette époque, où il s’agissait d’être ou de n’être pas, la propriété, chose rare, fit un sacrifice au salut public : ce souvenir lui est resté comme un des plus atroces de ces jours immortels. Depuis lors, depuis cinquante-six ans, la propriété, je veux dire le revenu net, n’a contribué en rien à la chose publique. (Dénégations et rires.) Vous rirez après.

L’impôt établi sur le principe de la proportionnalité, sa seule base possible, a pesé constamment, de tout son poids, sur le travail. Le travail seul, je le répète à dessein, afin que l’on me contredise, le travail seul paye l’impôt comme il produit seul la richesse. La révolution de 1848 est arrivée. Ses dangers, ses angoisses, pour être d’une nature toute différente, ne sont pas moindres que ceux de 93. Il s’agit donc de savoir si la propriété, si le revenu net, en tant qu’il se spécialise et se sépare du produit brut, veut faire pour cette révolution QUELQUE CHOSE ! En 93, la révolution combattait contre le despotisme et contre l’étranger. En 1848, la révolution a pour ennemis le paupérisme, la division du peuple en deux catégories, ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas. L’objet de la révolution de Février s’est formulé tour à tour de différentes manières : extinction du paupérisme, organisation du travail, accord du travail et du capital, émancipation du prolétariat ; tout récemment, droit au travail ou garantie du travail. Cette formule du droit au travail ou de la garantie du travail, est celle que vous avez adoptée dans votre projet de Constitution, articles 2, 7 et 132, et que vous maintiendrez, je n’en doute pas. (Bruit.)

Acceptant donc la détermination ainsi faite de la question révolutionnaire, le droit au travail, j’arrive tout de suite à ma proposition, et je me demande : en quoi consiste le droit au travail, et comment est-il possible de le réaliser ? […]

Le travail pourrait être garanti, si la production avait un débouché sans limites : voilà mon premier raisonnement. Je ne crois pas qu’à cet égard je rencontre de contradicteurs. Si le travail, pris dans sa collectivité, était continuellement plus demandé qu’offert, il est évident que la garantie du travail existerait ; elle n’aurait pas besoin des promesses de l’État ; elle ne compromettrait point la liberté ni l’ordre. À cela, point de difficulté. Qu’est-ce donc qui nous empêche d’avoir en nous-mêmes un pareil débouché ? La puissance de consommation, dans la société comme dans l’individu, est infinie ; et si la plus grosse fortune ne suffit jamais à un homme qui sait vivre, quelle pourrait donc être la consommation d’un pays où l’amour du bien-être, le goût du luxe, le raffinement des mœurs, sont poussés à un aussi haut degré qu’ils le sont parmi nous, si la faculté de consommer était donnée à ce pays dans fa mesure de ses besoins ? N’est-il pas évident que si, au lieu du produit chétif de 10 milliards, qui ne donne pas à chacun de nous 75 centimes par jour, il nous était permis de dépenser 100 milliards, 7 fr. 05 c. par jour et par tête, nous les dépenserions. (Mouvement.) Je ne dis pas que nous puissions en arriver là maintenant ; mais je dis que nous sommes capables de les dépenser. (On rit.)

Ce n’est donc pas, au fond, la volonté de consommer, par conséquent le débouché, qui manque ; c’est que la consommation est mal servie. Il y a quelque chose qui l’empêche, qui met sur elle l’interdit. Les magasins regorgent et la population est nue ; le commerce est stagnant et le peuple ne vit que de privations ! Tous, tant que nous sommes, nous voulons d’abord le bien-être et ensuite le luxe : nous produisons, autant qu’il est en nous, ce qu’il faut pour combler nos désirs ; les richesses sont là qui nous attendent, et nous restons pauvres ! Quel est donc ce mystère ?

Ce qui empêche la consommation, ce qui, par une conséquence nécessaire, met le veto sur le travail, c'est que la circulation des produits est entravée. Et la circulation est entravée :

1° Par l’emploi exclusif de l’or et de l’argent comme instruments d’échange :

2° Par le loyer, ou péage, qu’il faut payer pour s’en servir ;

3° Par l’assimilation qui a été faite de tous les capitaux et instruments de production, notamment du sol, à l’instrument de circulation, au numéraire, en sens qu’on a établi partout sur les instruments de travail, comme sur l’argent des péages, et qu’on a rendu, pour les détenteurs oisifs, des corps essentiellement inertes productifs d’intérêts ;

4° Enfin, par la fascination de l’or et la fureur du monopole, dont les effets sont que chacun, au lieu de produire pour jouir, et par conséquent de consommer dans la mesure de son travail, produit pour accumuler soit de l’or, soit des capitaux, et, au moyen de cette accumulation, s’exempter ensuite du travail, vivre sans produire, exploiter les travailleurs. […]


Le peuple, plus avancé sur ce point que les économistes, commence à le comprendre ; la classe ouvrière a analysé la puissance secrète qui arrête la circulation, ferme le débouché, amène fatalement la stagnation et la grève. Aux yeux du prolétariat, les caisses d’épargne et de retraite sont le sauve qui peut de la société moderne. Les financiers ignorent ces choses-là, ou, s’ils les savent, ils les dissimulent ; il y va de leur privilège. Le problème consiste donc, pour moi, non pas à établir une communauté impossible, à décréter une égalité illibérale et prématurée ; il consiste à supprimer les péages de toute nature qui pèsent sur la production, la circulation et la consommation, suppression que j’exprime par la formule plus technique, plus financière, de [bgcolor=#FFFF99]gratuité du crédit[/bgcolor]. (Interruptions diverses.)

La gratuité du crédit, telle est, en langage économique, la traduction de ces deux mots, insérés dans le projet de Constitution, la garantie du travail. Or l’intérêt de l’argent étant la pierre angulaire du privilège et le régulateur de toutes les usures, j’entends par là de tous les revenus de capitaux, c’est donc par l’abaissement progressif de l’intérêt de l’argent qu’il faut procéder à la gratuité du crédit, à l’abolition des taxes qui entravent la circulation et produisent artificiellement la misère. Et c’est à quoi nous parviendrons bientôt en créant une banque nationale dont le capital pourrait être porté, je raisonne ici suivant les idées de la routine financière, à 1 ou 2 milliards, et qui ferait l’escompte et la commandite, dans les conditions voulues, mais sans intérêt, puisqu’il implique contradiction qu’une société bénéficie sur elle-même. Ayons donc une banque nationale, organisons le crédit public, et, à moins que nous ne voulions entretenir, faire perdurer à tout jamais le privilège et la misère, il est clair qu’avec cette banque nous aurons, les frais d’administration et de bureau réservés, l’escompte pour rien, le crédit pour rien, et finalement l’usage des maisons et de la terre pour rien. (Hilarité générale prolongée.)

Et quand nous serons arrivés là (Nouveaux rires.), le principe d’action du commerçant et de l’industriel étant changé, l’amour du bien-être, des jouissances effectives se substituant, comme mobile du travail, à l’ambition et à l’avarice, le fétichisme de l’or faisant place au réalisme de l’existence, l’épargne cédant la place à la mutualité, la formation des capitaux s’opérant par l’échange même, la consommation deviendra, comme la faculté de jouir, sans bornes. (Longue interruption. - rires et exclamations diverses.) Un débouché sans fond sera ouvert au producteur, et la garantie du travail, de fait comme de droit, existera. Tel est, en raccourci, en ce qui concerne la garantie du travail, mon plan de réalisation, et je doute qu’on en puisse trouver d’autre. (Ah ! ah !)

Je reconnais donc, et je n’éprouve pas la moindre peine à faire cette déclaration, je reconnais, j’affirme que la garantie du travail est incompatible avec le maintien des usures et péages établis sur la circulation et les instruments de travail, avec les droits seigneuriaux de la propriété. (Exclamations.)

Ceux qui prétendent le contraire peuvent se dire phalanstériens, girondins ou montagnards ; ils peuvent être de fort honnêtes gens et d’excellents citoyens : mais, à coup sûr, ils ne sont pas socialistes ; je dis plus, ils ne sont pas républicains. (Nouvelles exclamations.)

Car de même que l’égalité politique est incompatible avec la monarchie ou l’aristocratie, de même l’équilibre dans la circulation et dans l’échange, l’égalité entre la production et la consommation, en autres termes la garantie du travail, est incompatible avec la royauté de l’argent et l’aristocratie des capitaux. Et comme ces deux ordres d’idées sont essentiellement solidaires, il faut conclure encore que [bgcolor=#FFFF99]la propriété, le revenu net, qui n’existe que par la servitude, est impossible dans une République[/bgcolor] ; et que, de deux choses l’une, ou la propriété emportera la République, ou la République emportera la propriété. (On rit. - Vive agitation.)

Je regrette, citoyens, que ce que je dis vous fasse tant rire, parce que ce que je dis ici vous tuera. (« Oh ! Oh ! » - Nouveaux rires.) […]

La révolution de Février, je le répète, n’a pas d’autre signification. (Chuchotements.) Abolir progressivement, et dans le plus court délai possible, tous ces droits du seigneur qui pressurent le travail, arrêtent la circulation et ferment le débouché ; par suite, et comme conséquence nécessaire, exciter une consommation insatiable, ouvrir un débouché sans fond, fonder sur une base indestructible la garantie du travail ; voilà, sans m’occuper des formes nouvelles d’une société ainsi établie, comment je conçois la possibilité de résoudre immédiatement, pratiquement, la question sociale. Voilà ce que j’appelle, improprement peut-être, abolir la propriété. Car, remarquons-le bien, ici point de dépossession, point d’expropriation, point de banqueroutes, pas de loi agraire, pas de communauté, pas d’intervention de l’État, pas d’atteinte à l’hérédité ni à la famille (Explosion de rires.) : annihilation du revenu net, par la concurrence de la banque nationale, c’est-à-dire la liberté, rien que la liberté. (Interruption.) […]

Citoyens représentants, vous venez d’entendre ma profession de foi. Elle était nécessaire pour vous faire comprendre le sens de ma proposition et le rapport qui vous a été lu la rendait encore plus indispensable. On m’a accusé de dissimuler mes intentions, de n’oser dire ici ce que j’imprime depuis dix ans dans des brochures et des journaux. Vous m’êtes témoins aujourd’hui si je dissimule, si j’ai peur de dire à la face de la France ce que je crois, ce que je veux. Oui, je veux l’abolition de la propriété dans le sens que je viens de dire ; et c’est pour cela que, dans un article dénoncé à cette tribune, j’ai écrit cette phrase : [bgcolor=#FFFF99]La rente est un privilège gratuit, qu’il appartient à la société de révoquer. [/bgcolor]Mais, comme je l’ai fait observer, la révocation de ce privilège peut être subite et violente, telle, en un mot, que, dans l’exaltation de la colère, l’appelle un homme d’esprit, comme aussi elle peut être successive et pacifique. Je vous demande aujourd’hui, comme représentant du peuple, obligé, à ce titre, de ménager tous les intérêts, d’ordonner que cette révocation soit faite avec toute la lenteur et les ménagements que peuvent souhaiter les positions acquises, avec toutes les garanties de sécurité que peuvent exiger les propriétaires (Rires ironiques.)

Et c’est à fin de pourvoir aux voies et moyens de cette révocation, et nullement pour passer à une exécution immédiate que je propose de créer temporairement un impôt spécial, l’impôt sur le revenu au moyen duquel le pays sortirait de la crise, travailleurs et maîtres reprendraient la position qu’ils occupaient avant la révolution ; la propriété dépréciée recouvrerait sa valeur ; le crédit public serait inauguré sur de nouvelles bases.

Voici donc […] quel est le sens de ma proposition :

1° Dénonciation à la propriété, à la classe bourgeoise, du sens et du but de la révolution de Février ;

2° Mise en demeure, adressée à la propriété, de procéder à la liquidation sociale, et, entre-temps, de contribuer, pour sa part, à l’œuvre révolutionnaire ; les propriétaires rendus responsables des conséquences de leur refus, et sous toutes réserves. (Vive interruption.)

Plusieurs membres : Comment ! Sous toutes réserves ! Expliquez-vous !

Le citoyen Dupin (de la Nièvre) : C’est très clair ! La bourse ou la vie !

Voix nombreuses : Monsieur le président, faites expliquer l’orateur !

Monsieur le président : L’orateur entend la demande ; je l’invite à s’expliquer.

Le citoyen Proudhon : La réserve vient à la suite de la propriété. Elle signifie…

Plusieurs membres : Nous avons bien compris !

Le citoyen Proudhon : Elle signifie qu’en cas de refus nous procéderions nous-mêmes à la liquidation sans vous. (Violents murmures.)

Voix nombreuses : Qui, vous ? Qui êtes-vous?.. (Agitation.)

Le citoyen Ernest de Girardin : Est-ce de la guillotine que vous voulez parler ? (Bruit. - Diverses interpellations sont adressées de plusieurs côtés à l’orateur.)

Le citoyen président : J’invite tout le monde au silence. L’orateur a la parole pour expliquer sa pensée.

Le citoyen Proudhon : Lorsque j’ai employé les deux pronoms vous et nous, il est évident que, dans ce moment-là, je m’identifiais, moi, avec le prolétariat, et que je vous identifiais, vous, avec la classe bourgeoise. (Nouvelles exclamations.)

Le citoyen de Saint-Priest : C’est la guerre sociale !

Un membre : C’est le 23 juin à la tribune !

Plusieurs voix : Laissez parler ! Écoutez ! Écoutez !

Le citoyen Proudhon, reprenant : Ce que j ai tenu à démontrer, par l’examen des moyens que je présente, c’est que ma proposition est aussi conservatrice des intérêts de la propriété, que décisive quant à l’objet même de la révolution. Ce qui fâche le plus dans mon projet, c’est que le résultat en est infaillible, c’est que rien de pareil ne s’est jamais vu en finances ; c’est surtout qu’il n’est point traduit ou imité de l’anglais10. On n’ose pas contester de manière absolue qu’un impôt sur le revenu soit injuste : on aurait contre soi les maîtres de la science, le vœu secret du fisc, l’exemple de l’Angleterre ; on aurait contre soi la conscience publique. […]

C’est la première fois depuis que le vote de l’impôt est devenu la prérogative parlementaire, qu’on a vu accuser l’impôt de spoliation ! L’impôt sur le revenu une spoliation ! Que dire alors de l’impôt sur le travail ? Que c’est un assassinat !.. […]

Il suffit de montrer la chose, pour prouver à tout homme de bonne foi que cette propriété, dont on fait si ridiculement le palladium de la famille et de la civilisation, ne tient en réalité qu’à un fil, qui ne tardera pas à rompre, pour peu qu’on veuille encore le tendre. Nommer la banque nationale, c’est tuer d’un coup la propriété, sans raisonnement, sans phrase.

Une voix : C’est cela, la mort sans phrase !

Une autre voix : Au Moniteur le discours ! Son auteur à Charenton ! […] »


Mon commentaire sur ce combat de Proudhon seul contre tous datant déjà de 1848 :

Pour info, « Charenton » est une ville hébergeant un asile de fous, au sud-est de Paris.

Pourtant, Proudhon était tout sauf fou. J’en veux pour preuve les démonstrations, rigoureuses et fortement défendues depuis cinquante ans, de notre « prix Nobel » Maurice Allais, que je lis en parallèle à Proudhon (et aux autres) et qui corroborent singulièrement les analyse de Pierre-Joseph.

Maurice Allais a voué une grande partie de sa vie à comprendre l’intérêt et ses interactions avec le reste de l’économie. Je lis notamment [bgcolor=#FFFF99]« Économie et intérêt »[/bgcolor] (éd. Clément Juglar), écrit en 1947 puis revu et augmenté en 1998, et c’est une pure merveille (de plus de 1 000 pages passionnantes) : cet homme a compris et démontré dès 1947 — et il n’a cessé de confirmer et amplifier cette conviction depuis — la pollution profonde que constitue le taux d’intérêt positif dans l’économie d’un pays : pour garantir l’optimum capitalistique et pour que la productivité sociale d’une économie soit maximum, il préconise simplement et fortement un intérêt nul ou négatif.

Cet intérêt nul ou négatif n’est mécaniquement pas possible aujourd’hui du fait des structures actuelles (voir plus bas), mais précisément, la réforme de ces structures rendrait enfin possible ce qui est impossible aujourd’hui : la fixation autoritaire d’un taux nul ou négatif.

Enfin, et toujours pour donner au discours de Proudhon la crédibilité et la force prédictive qu’il mérite, Maurice Allais, grand économiste très libéral de la fin du XXe siècle, a démontré que [bgcolor=#FFFF99]la possibilité de stockage sans frais de certains biens rend inéluctable un intérêt positif[/bgcolor] : cette nuisible possibilité concerne notamment la propriété privée des terres et la liquidité de la monnaie circulante (fiduciaire + scripturale).

Maurice Allais en déduit deux mesures essentielles pour nous tous, deux mesures qui sont seules à rendre possible un intérêt nul ou négatif et donc seules à permettre une optimisation de tous les facteurs économiques :

  1. la collectivisation des terres (rien que ça, et il y tient, et il en démontre puissamment l’utilité générale)

  2. la mise en place de [bgcolor=#FFFF99]deux monnaies au lieu d’une[/bgcolor], pour permettre que la monnaie de compte (celle qui est utilisée pour afficher les prix) soit stable (fondée sur la valeur moyenne d’une heure de travail de manœuvre, par exemple) et qu’en même temps la monnaie circulante (celle qui sert à payer le prix : manuelle + scripturale) soit régulièrement dévaluée, 5% par exemple, pour dissuader la terrible thésaurisation de la monnaie circulante.

Dans un livre plus récent et plus court, [bgcolor=#CCFFFF]« Pour l’indexation »[/bgcolor] (éd. Clément Juglar, 1990), pour mettre fin à toutes les spoliations injustes (qui sont légion), Allais défend bien la thèse d’une [bgcolor=#FFFF99]nécessaire indexation générale de tous les prêts, de tous les emprunts et de tous les salaires sur l’indice des prix, avec une inflation régulée autour de 2%. [/bgcolor]Cette indexation générale a été également défendue par de grands économistes comme Fisher, Keynes et Friedman.

Donc, quand Proudhon réclame en 1948 que la rente disparaisse, que le crédit devienne gratuit, que cessent les privilèges attachés à la propriété (sans pour autant détruire cette propriété !), quand il réclame la gratuité des terres, il est loin d’être fou, c’est même sans doute l’homme le plus censé de cette assemblée partisanne.

Il faut lire Proudhon dans le texte original au lieu de se contenter des calomnies rédigées de façon expéditive par des auteurs peu crédibles. Il faut aussi lire Maurice Allais, là encore dans le texte original, c’est lumineux et explosif à la fois.

L’émancipation des hommes passe par leur culture, politique et philosophique, économique et juridique, on n’en sort pas : il faut éteindre la télé et lire, lire, et lire encore :o)

Lisez notamment [bgcolor=#FFFF99][b]« Économie et intérêt »[/b][/bgcolor], notamment le [b]chapitre X : portée de la théorie générale de l’intérêt[/b], p. 515 s., qui synthétise les analyses et les propositions de Maurice Allais en termes simples. Il faudrait surtout que l’on arrive à publier le [b]point F : perspectives économiques et sociales de la théorie générale de l’intérêt [/b]pour faire connaître largement cette pensée puissante, innovante et salutaire.

Plan de deux sous-parties essentielles :

E. Fondement de l’intérêt

a. Fondement de l’existence d’un taux d’intérêt

  1. Nécessité de l’intérêt
  2. Économie collectiviste et taux d’intérêt

b. Fondement de l’existence d’une valeur toujours positive de l’intérêt

  1. Nécessité d’un taux d’intérêt toujours positif dans les conditions de structure actuelles
  2. Économie collectiviste et taux d’intérêt positif
  3. Limitations légales du taux de l’intérêt
  4. Justification actuelle de l’intérêt

F. Perspectives économiques et sociales de la théorie générale de l’intérêt
Conclusions générales de la théorie de l’intérêt

a. Propositions pour une réforme

  1. Organisation systématique de la concurrence
  2. Réalisation d’une unité de compte stable
  3. Dépréciation de la monnaie circulante
  4. Couverture intégrale des dépôts à vue
  5. Collectivisation de la propriété du sol
  6. Annulation du taux de l’intérêt

b. Avantages généraux de la politique économique proposée

  1. Les vices fondamentaux du « laisser-faire »
  2. Avantages de la politique proposée quant à l’organisation de la production
  3. Avantages de la politique proposée quant aux cycles économiques [et aux crises !]
  4. Avantages de la politique proposée quant à la répartition :
    intérêts purs, primes de risque, bénéfices, épargne, inégalités, profits, universalité des revenus du travail

c. Perspectives sociales des réformes proposées


Ce travail est un passionnant objet d’étude pour tout citoyen soucieux de comprendre ce qui l’opprime.

Merci Etienne

Il me semble de plus en plus évident qu’il faut un site dédié à la pensée économique d’Allais et de ceux qui lui sont proches, anciens et « modernes »… afin d’aller contre la pensée " économiquement correcte" des gens qui n’ont pas fondamentalement réfléchi au problème des conséquences de l’intérêt.

La collectivisation des terres est un des axes de l’écosocétalisme http://tiki.societal.org, de même que la création de monnaie nationale fiduciaire et scripturale sans intérêt.

Mais nous sommes dans le combat entre ceux qui peuvent, comme moi, se définir comme « libéraux anti-capitalistes » et ceux que l’ont doit appeller " néolibéraux capitalistes".

Je ne m’étends pas, mais (je sais que tu est d’accord) je reprendrai l’extrait du discours de Proudhon sur http://www.fauxmonnayeurs.org

Amitiés
AJH

Bonjour

J’essaye de synthétiser sous forme d’articles constitutionnels comment pourrait fonctionner ce 4° pouvoir qui serait celui de la création monétaire, compte tenu du fait que l’Etat bénéficierait (dans mon projet) de tous les intérêts sur toute la monnaie existante ("Toute création de monnaie, hormis certaines monnaies localement autorisées de type « SEL », doit relever de l’État et de l’État seul. Les intérêts, dont les taux sont déterminés par la Banque Centrale, sont crédités au compte du Trésor Public ")

Mon « problème » est celui du fonctionnement indépendant de la Banque Centrale ( que j’ai parfois différencié d’un Institut d’Emission Monétaire, mais ce n’est pas absolument nécessaire), afin que d’une part, cette BC soit assez indépendante pour pouvoir refuser une création monétaire politique ou électoraliste, mais ne puisse pas refuser une création monétaire nécessaire à l’équipement du pays …

Idées bienvenues

A+
AJH

« Pouvoir monétaire »

AJH (votre 2604).

Un détail : le pouvoir dont vous parlez ne serait pas le « pouvoir de la création monétaire », mais bien le « pouvoir monétaire », dont l’exercice serait confié à des responsables élus ou nommés. JR

Oui Jacques, c’est exact … merci
Mais l’idée reste quand même, fondamentalement, que toute l’émission de monnaie soit l’apanage de ce « 4° pouvoir », les intérêts revenant à la collectivité.
AJH

[bgcolor=#FFFF99]La grande faute des banquiers centraux[/bgcolor]
Magazine Challenges | 30.08.2007
http://www.challenges.fr/business/20070830.CHAP1020013/la_grande_faute_des_banquiers_centraux.html

Dans un livre à paraître mi-septembre, l'économiste [bgcolor=#CCFFFF][b]Patrick Artus[/b][/bgcolor] pointe les défaillances de la BCE et de la Fed, responsables des flambées spéculatives.

Directeur de la recherche de Natixis, professeur à Paris I et à Polytechnique, membre du Conseil d’analyse économique, Patrick Artus met la dernière main à un ouvrage très critique sur les banques centrales, en particulier la Banque centrale européenne et son équivalente américaine, la Réserve fédérale. Ce livre-événement, qui tombe à point nommé, sera publié le 13 septembre aux éditions Perrin sous le titre Les Incendiaires. Les banques centrales dépassées par la globalisation.

Sa thèse est que les instituts monétaires, engoncés dans leur objectif de lutte contre l’inflation, se sont comportés comme des incendiaires, laissant se développer et se multiplier les flambées spéculatives. L’économiste, qui va jusqu’à évoquer un éclatement de la zone euro, prône un élargissement d’urgence des objectifs de la politique monétaire des banques centrales et une meilleure coordination avec les gouvernements.


En 1994, Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale, décide de monter de 3 à 6% les taux d'intérêt à court terme simplement parce qu'il y a une reprise économique, sans le moindre risque d'inflation. Cela provoque un ralentissement net de la croissance économique aux Etats-Unis en 1995, et, plus grave, la crise des pays émergents d'Amérique latine. Or l'inflation n'est jamais réapparue aux Etats-Unis pour différentes raisons : gains de productivité importants, baisse des prix des matières premières jusqu'en 1998, remontée du dollar à partir de 1995. Cet épisode de 1994 constitue sans doute le premier signe que [b]la théorie de la crédibilité - et donc des «frappes préventives» - n'est plus adaptée.[/b] Nous pensons que les banques centrales devraient aujourd'hui avoir un mandat plus large que la politique anti-inflationniste, qui est celui de protéger les agents économiques privés contre les risques financiers majeurs.

Or elles n’ont pas joué ce rôle, puisque, de manière bien sûr variable d’un pays à l’autre, les banques centrales ont laissé se developper :

• un risque de crise immobilière (comme on l’a vu aux Etats-Unis dans la période récente);

• un risque de crise d’endettement (comme on l’a vu aux Etats-Unis au début des années 2000 pour la dette des entreprises, comme on le voit aujourd’hui au Royaume-Uni pour la dette des ménages);

• un risque de crise des changes (aux Etats-Unis, dans quelques pays émergents);

• un risque, à long terme, même d’éclatement de l’euro.

Les banques centrales qui opèrent aujourd’hui ont été formatées pour répondre aux difficultés économiques du début des années 1980, causées par les effets néfastes de l’inflation forte et le laxisme de politiques monétaires peu crédibles. Or, dans notre monde globalisé et complexe, les problèmes auxquels elles sont confrontées (internationalisation financière, bulles des prix des actifs) sont devenus très différents. En un mot, l’outil est inadapté à la situation.

[align=center]***[/align]

[bgcolor=#FFFF99]L’indépendance va normalement de pair avec la responsabilité, le fait de rendre des comptes.[/bgcolor] Le gouverneur de la Banque d’Angleterre doit expliquer au chancelier de l’Echiquier les raisons pour lesquelles, si cela se produit, l’inflation est supérieure à 2%. Le président de la Réserve fédérale fait des témoignages très détaillés devant le Congrès sur les raisons qui expliquent ses choix. La BCE est placée devant des contraintes particulièrement faibles. Certes, le président de la BCE tient une conférence de presse après les réunions du Conseil, et certes il explique sa politique devant le Parlement européen. Mais, de l’avis des analystes, ces interventions brillent surtout par leur maigre contenu informatif. La BCE a étendu son indépendance jusqu’au point où elle a défini elle-même, sans concertation, la limite des 2% de l’inflation. Elle va jusqu’à refuser la coordination avec les gouvernements. Cela a été montré clairement en 2006 par la fin de non- recevoir opposée par le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, à une lettre du président de l’Euro- groupe — qui réunit les ministres des Finances de la zone euro — proposant des rencontres plus fréquentes.

[align=center]***[/align]

Notre position est que la différence de discours entre les Européens et leur banque centrale vient, comme dans le cas de la Réserve fédérale, de ce que les références théoriques et les choix de comportement de la BCE sont hérités d’un passé lointain, ne sont plus adaptées au fonctionnement des économies contemporaines. La BCE continue d’adhérer à une stratégie des années 1980-1990, où elle se concentre sur le rôle de l’inflation. Cela lui fera mettre en place de grands mouvements des taux d’intérêt pour des variations très petites de l’inflation de la zone euro. Cette stratégie est dépassée et inadaptée au monde contemporain. Les banques centrales s’attachent toujours à suivre les évolutions de la demande intérieure, du crédit, de l’emploi, et en tirent des conclusions pour l’évolution de l’inflation. Le crédit progresse plus vite : l’inflation revient; la demande des ménages s’accroît : l’inflation revient; le chômage baisse (un peu) : l’inflation revient. Pourtant, nous ne sommes plus du tout dans des économies fermées où la hausse de la demande intérieure conduisait à une hausse de la production domestique, d’ou une tension sur les prix; où les créations d’emplois faisaient monter les salaires. On ne devrait en principe plus entendre les banques centrales commenter les évolutions des prix, des salaires, sur une base purement nationale ou régionale, ni craindre que les reprises d’activité ne conduisent à des reprises de l’inflation. Il faut même être extrêmement prudent pour attribuer la baisse de l’inflation dans une région à la crédibilité de la banque centrale. Or, pourtant, la BCE, comme toutes les banques centrales, tombe dans ce travers.

[align=center]***[/align]

On sait que les coûts pour un pays qui sortirait de la zone euro sont gigantesques. Pourtant, certains pourraient être tentés. On voit le piège qui se referme sur l’Italie : puis que d’autres pays de la zone euro ont une économie qui se redresse (Allemagne) ou qui devient inflationniste (Espagne), la BCE doit passer, compte tenu de ses objectifs, à une politique monétaire plus restrictive. Dans un environnement où il n’y a aucune solidarité entre pays, cette évolution est dramatique pour l’Italie : elle affaiblit encore la demande, elle accroît les charges d’intérêts sur la dette publique, elle rend impossible l’amélioration de la situation des finances publiques. Malgré les coûts associés, l’Italie pourrait être tentée de déprécier sa devise, pour restaurer sans souffrance la compétitivité et accélérer de ce fait la croissance, et rendre plus facile la correction budgétaire.