05 Principes constitutionnels relatifs à l'activité économique

Merci Sam17 pour vos précisions, j’y reviendrai plus en détail car j’avoue que je ne comprends pas bien tout.

Cordialement

Ano :

C’est curieux de voir que le modèle de d’adam Smith n’est pas tant choquant, et même très peu vu d’aujourd’hui, et que justement, en s’y reportant, on mesure d’autant plus comme ce qu’on a sous les yeux, et les principes dont se réclament nombre de soi-disant ‹ libéraux › ont bien peu à voir.

Je ne l’ai pas lu à la source (encore un truc que j’aimerais faire) mais par divers biais, dont le dialogue avec pas mal de libéraux très anti-ultralibéraux… Les gaullistes obéissent plutôt à cette appellation. Je conseille à quiconque ne les sait pas de lire les principes du libéralisme. On les rappellera un de ces jours ici (je l’ai déjà fait par bribes). Personnellement, j’ai complètement débarqué. Et compris pas mal de choses après, sur notre système actuel. Alors qu’avant, je nageais dans maintes confusions.

Je ne m’en réclame pas à la base (je suis français et de gauche). Mais tout à fait, dans le contexte présent…
De toutes manières, nous sommes sinon dans un modèle libéral, dans une société qui a déjà complètement admis ce modèle.
On nous bassine que Sarkozy est libéral, alors qu’il est néo libéral. On nous bassine que les altermondialistes sont d’extrème gauche : nul part ailleurs ou presque que dans leurs écrits (sinon chez les gaullistes, dans une version plus de droite) je ne vois une interprétation honnête, et des voies d’application… du libéralisme.

Je vais détailler un peu, justement, pour me faire pardonner d’avoir été si peu compréhensible…

Le modèle libéral n’entend (évidemment) pas :

  • l’abolition des services publiques, ni leur réduction a priori. Mais il dit qu’un service d’utilité publique (rapportant à la communauté bien plus qu’il ne coûte pour l’assurer - il faut voir que l’argent n’est pas un critère unique) qui n’est pas assuré correctement dans le privé (puisqu’il n’est pas rentable pour un ou plusieurs entrepreneur(s), doit être assuré par l’Etat)
  • la non redistribution ; le laisser faire ; que l’économie s’inscrit hors du contrôle démocratique ; …

On doit notamment à ce modèle le concept de la main invisible : il signifie en substance que lorsqu’un individu entreprend, égoïstement, pour sa richesse personnelle, indirectement, il crée de la richesse pour toute la communauté.

La légitimité de ce système implique que « c’est au nom du bien commun que l’on encourage la liberté d’entreprendre ».

On oublie souvent d’ajouter (c’est pourtant évident, pour peu du moins qu’on y songe…) que cela implique :

  • un contrôle démocratique, c’est à dire déjà une maîtrise de l’information (un principe essentiel du libéralisme est la transparence et la transversalité de l’information)

  • que lorsqu’on entreprend, on crée mécaniquement des inégalités. Donc la légitimité de ce système entend une redistribution de richesses dans la communauté. Cela n’est pas une contrainte, mais évidemment, le juste revers de la médaille.

  • donc que l’un dans l’autre (« information » / « communauté ») pour parler de libéralisme… il faut déjà que la lecture de l’activité économique qui soit possible au même échelon que le politique… Dans le principe de la « main invisible », il s’agit bien sûr de croissance, un indice d’une moyenne de richesse au sein de la communauté.

  • qu’entreprendre ne veut pas dire « investir ». C’est créer son travail comme on le souhaite, et du travail pour d’autres. La bourse fut crée dans la première moitié du XIXe siècle ; l’actionnariat (investissement anonyme, et « apatride » de nos jours), la spéculation généralisée sont des choses qui ont été permises par le progrès technologique, et par la mondialisation (dogme de la libre circulation - des échanges, « déréglementation »… tout cela sort l’investisseur du système démocratique (par l’absence d’information, et par le fait que l’investissement se soustrait en bonne partie à l’impôt)

  • qu’investir ne veut pas dire spéculer… la spéculation, c’est une modification rapide de ses investissements, un investissement désimpliqué, frivole, dans des biens dont on n’a pas de besoin, aux seuls fins de réaliser des plus-value.

On a (aura) compris que le libéralisme est bien loin. Et que l’horreur de notre discours politique contemporain commence par le fait que tout le monde ou presque (la gauche en France, comme la droite…) nous dit qu’on est dans un système « libéral ».

« La confusion actuelle du libéralisme et du laissez-fairisme constitue une des plus grandes erreurs de notre temps. » (M. Allais).

Lorsque le discours, même au PS, ne porte plus que sur des moyennes (nationale, d’entreprise) et mélange royalement travail, entreprise, investissement, spéculation, suppose que je suis solidaire de mon voisin qui spécule sur la monnaie chinoise, des actionnaires du CAC40 qui souvent ne sont ni des français, ni des travailleurs, et que le paysan chinois, comme l’esclavagiste ou le spéculateur chinois sont mes « concurrents »…. et qu’on ne sait plus qui est d’où et qui est supposé être solidaire de qui… c’est un discours de capitaliste primaire…

Voilà pourquoi je consacre tant de temps à centrer mon analyse sur cette « distorsion patriotique », sur ces effets, mais aussi sur l’incapacité de nos élus de gauche à intégrer des indices d’inégalités dans leur discours économique, et plus encore, sur le pourquoi de cette incapacité. Au passage, il n’y a pas eu de mesure des inégalités en France depuis 1996…
C’est en expliquant pourquoi, sans chercher des complots, de la mauvaise intension, et sans se contenter de ces bêtes analyses d’opposition (chose que malheureusement on gobe dans tous les médias) que l’on trouve des voies d’alternative…

Il ne faut pas se leurrer : nous sommes face à un mur qui ne tombera pas par l’opération… de la main invisible:wink:

Bon WE.

Adam Smith

Au risque de faire preuve d’un total manque d’humour, je précise qu’il s’agit bien d’Adam SMITH, l’auteur célèbre, paraît-il, de Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations. JR

Version CIPUNCE des "Principes constitutionnels socioéconomiques "au 29 avril 2006

Voici les dispositions correspondantes de la version CIPUNCE Rév. 11 (sur laquelle je suis en train de travailler : pour le moment, c’est la Rév. 10 qui est en ligne) :

[i]"Article [3] : Objectif général . L’Union se donne pour objectif général de mettre en pratique les principes universels de liberté, d’égalité, de solidarité, de tolérance, de respect de la nature et de partage des responsabilités.

"[…]

"Principes constitutionnels socioéconomiques

"Article [67]. Principe général. L’Union part du principe que l’économie est au service de la société et de ses membres et que toute activité économique doit être conforme aux principes fondamentaux énoncés à l’article [3] de la Constitution.

"Article [68]. Principe de la liberté d’entreprise. La libre entreprise – en particulier la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux – est garantie sous réserve de l’article [67] de la constitution.

"Article [69]. Services publics. Toute activité d’intérêt général à caractère économique impliquant continuité, adaptabilité, neutralité et égalité constitue de ce fait même un service public. Il appartient à chaque État membre de décider souverainement, dans le cadre de la loi et hormis toute considération de concurrence ou de rentabilité économique, des modalités de prestation de chaque service public considéré.

" Article [70]. Application du présent chapitre. La loi organique fixe le cas échéant les modalités d’application du présent chapitre de la Constitution."

NB : [/i]La Rév. 11 paraîtra dans un mois ou deux (j’attends de voir ce que donnent les discussions sur le présent site. JR

« Article [69]. Principe du respect de la nature. La nature constituant le patrimoine commun de l’humanité, l’Union veille à ce que les activités économiques entreprises sur son territoire ou à l’extérieur ne portent pas atteinte à la conservation de ce patrimoine. »

Je ne sais pas si la requête ci-dessous, dont l’objet est similaire mais un peu plus spécifique, à sa place dans votre texte, mais elle doit de toute façon être exprimée au grand jour et figurer quelque part, à un emplacement qui reste à déterminer…

La préservation des ressources naturelles, et notamment le recyclage de toutes les matières qui peuvent l’être, ne doit en aucun cas être subordonné à des considérations économiques à court terme, et notamment à des critères de rentabilité.

[color=purple]Il me semble en effet que si certaines des activités de recyclage évoquées ci-dessus présentent aujourd’hui un coût non négligeable qui paraît insupportable à certains, ce coût sera encore plus élevé lorsque la raréfaction des matières concernées imposera d’organiser ce recyclage dans l’urgence.

Encore une fois, on ne peut que déplorer que des considérations de rentabilité à court terme (« non à tout ce qui peut diminuer les profits ») et l’impression d’absence de nécessité immédiate à agir (« tant qu’il n’y a pas le feu à la maison, on ne fait rien ») empêchent une vision à long terme de se développer, et les actions correspondantes, de se mettre en place.[/color]

[color=purple]Je viens de recevoir ce mail, que je vous retransmets…

Sujet : Exprimons-nous et vite !!!

Saviez-vous que le gouvernement avait mis en place une grande consultation du public sur la question des OGM ? Non ? Et bien ça n’est pas vraiment étonnant, vu que pour y accéder il faut le savoir, et le vouloir !

Voici la marche à suivre :

  1. Allez sur le site : http://www.ogm.gouv.fr/
  2. Allez ensuite dans « Expérimentations en France » (Dans la colonne de gauche)
  3. Cliquez sur le lien « consultation du public » (Pas facile à trouver, non ?)
  4. Cliquez sur l’adresse email : BRAB.SDRRCC.DGAL@agriculture.gouv.fr
  5. Écrivez simplement « Je suis CONTRE (ou POUR?!) la culture des OGM en plein champ. », suivi de votre nom et adresse. Vous pouvez motiver votre point de vue si vous le souhaitez.

Mais pour envoyer votre avis, dépêchez-vous ! Cette consultation n’a lieu que du 14 avril au 5 mai 2006 ![/color]

Il y a du progrès, j’avais reçu l’info que c’était seulement jusqu’au 28 avril, que les dates correspondaient… aux vacances scolaires, donc peu de monde, et … j’ai essayé, c’était tellement compliqué que j’ai laissé tomber.

Il est tellement évident que tout cela est truqué de bout en bout, on essaye de faire croire qu’on a pris les avis etc… etc… que j’en ai conclu que l’unique possibilité était celle que nous prenions : mettre fin aux abus de pouvoirs politiciens, à l’échelle nationale, européenne et internationale. Et le plus vite possible.

Il y a des gens bien partout, on ne va pas tout mettre dans le même panier. Mais quant au fait qu’on se fait… je ne mets pas de mot, choisissez-le vous-même, c’est clair, net et précis ; mais il y en a quand même pour essayer de nous convaincre du contraire !!! les illusions ont la vie dure, malheureusement plus que la nôtre…:frowning:

C’était bien initialement jusqu’au 28, mais les bonnes âmes ont décidé de prolonger d’une semaine. Allez savoir pourquoi…

Activités économique et respect de la nature

Candide (votre 848) :

Vous proposez l’addition suivante à l’avant-projet CIPUNCE :

La préservation des ressources naturelles, et notamment le recyclage de toutes les matières qui peuvent l’être, ne doit en aucun cas être subordonné à des considérations économiques à court terme, et notamment à des critères de rentabilité.

Cette règle particulière est implicitement couverte dans le texte que j’ai retenu pour le moment et qui dit en substance que toute activité économique doit se conformer au principe du respect de la nature.

Une constitution donne des règles générales, elle n’énumère pas les cas particuliers. Ce serait à la loi organique, ou plus vraisemblablement à la loi ordinaire, de traiter du recyclage.

D’un point de vue général de méthode juridique : je sais que les juristes de common law aiment bien énumérer autant de cas que possible (c’est l’esprit même de la common law, du précédent, etc.), mais c’est une façon de faire que je trouve très dangereuse parce que si on oublie un cas (et on en oublie toujours) on donne prise à l’argument selon lequel la règle générale n’est pas applicable à ce cas-là.

Ce n’est pas (grâce aux dieux), la méthode du droit français, que je préfère de beaucoup à cet égard (et à d’autres, pout tout dire). JR

OGM

Merci à Candide d’avoir signalé le sondage du ministère de l’agriculture.

Répondre est tout simple : il suffit d’adresser un courriel à l’adresse BRAB.SDRRCC.DGAL@agriculture.gouv.fr

C’est ce que j’ai fait (je suis contre, bien sûr) en donnant les raisons suivantes :

  1. La contamination des cultures voisines serait inévitable à moins d’investissements très coûteux : le processus doit donc être considéré comme irréversible en pratique;

  2. Dans un monde condamné à l"ogémisation", l’avenir, du point de vue de la qualité de vie (qualité des aliments, préservation des campagnes) et même de la rentabilité commerciale appartiendra à ceux qui se seront spécialisés dans l’agriculture « naturelle » ou « biologique ». Cet avantage disparaîtrait en grande partie s’il fallait produire ces cultures sous serre ou en milieu protégé. JR

Libre entreprise, circulation des capitaux, etc./CIPUNCE

Suite à un échange avec Ikari sur le site CIPUNCE, j’ai modifié le projet d’article correspondant au « principe de la libre entreprise » de la manière suivante :

"Article [64]. Principe de la liberté d’entreprise. La libre entreprise – en particulier la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux – est garantie sous réserve de l’article [63] de la Constitution et de la faculté pour l’Union de prendre des mesures d’exception en vue de préserver ses intérêts." JR

Libre entreprise et circulation des capitaux sont deux choses bien différentes

A Jacques Roman

Dans le titre (message n°872), vous avez apposé ces deux concepts, non pas mélangé ceux-ci. C’est bien. Ou c’est, par chance, qu’il manquait une virgule au bon mauvais endroit…

Mais on retrouve cette erreur, cette association malheureuse, dans le contenu de l’article [64] de l’AVP de CIPUNCE.

Il me semble primordial, ici, de discuter des conditions dans lesquelles les modes économiques viables et praticables en démocratie - disons le libéralisme et la social-démocratie historiques - impliquent la notion de libre circulation. Et de quel type d’objet il s’agit d’assurer, de réglementer, … la libre circulation.

En l’Etat actuel de mes pauvres connaissances, je crois comprendre ceci :

[b]le libéralisme est un modèle fondé sur l’idée d’une mobilité du travail mais d’une immobilité des capitaux.

Ce point me semble fondamental. Et si la remaqrue est valable, il va nous falloir prendre un peu le temps.[/b]

Lorsqu’on lit, comme je l’ai fait ce WE, les premières centaines de pages de De la démocratie en Amérique - 1, on ne peut qu’être fasciné par la singularité (ou pourrait-on dire par l’état très avancé, à maints égards *) des conditions d’exercice démocratique pour lesquelles ce modèle a vraisemblablement été conçu. (Sans parler du fait qu’historiquement, aux USA, il n’y a pas d’opposition droite - gauche tel que nous le connaissons en Europe depuis les Lumières.)

  • Tout en songeant qu’il y a bien des mécanismes intransposables à la République française, et que, par ailleurs, concernant les USA, « c’était le bon temps »… d’avant l’impérialisme, je dirais - voir paragraphe suivant.

Bref, le libéralisme est parfait pour un microcosme dans lequel règne une démocratie très avancée. Et le premier moyen de contourner celle-ci, pour s’enrichir indûment, c’est de compenser par le commerce extérieur inéquitable (vu de l’entrepreneur - par l’impérialisme, vu de l’Etat) les inégalités crées mécaniquement par l’action d’entreprise (c’est le contrepoids du bon côté - l’augmentation moyenne de richesse - de la main invisible, contrepoids dont on parle rarement, surtout quand on est de ceux qui s’enrichissent) et de piocher d’autant moins sur ses biens pour contribuer à l’effort public (et aux oeuvres de charité, si on veut rappeler le contexte « initial » et les principes religieux - mais que cela ne nous détourne pas du sujet, la solidarité peut bien se substituer à la charité).

Merci, par ailleurs, pour la correction sur le nom d’Adam Smith… je ne sais pas où j’avais la tête. Les humbles citoyens auront ainsi la preuve - rassurante - que l’instigateur de ce « non-volet » n’est pas un expert…

Merci à Candide pour le mot. J’y cours, et j’actionne en urgence un infime bout de la chaîne de solidarité…

Je ne crois pas trahir ce que nous voulons faire ici en vous communiquant le testament spirituel de l’un des nôtres à l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire.

Philippe Amouroux est décédé au début d’avril, vous pouvez trouver cela sur le site
www.alliance21.org/2003

[b]Voilà le dernier texte de Philippe Amouroux avant son départ de cette Terre. A mon avis, il s’agit de son testament eco-spirituel. Je suis heureux et fier de le partager avec vous.
Marcos Arruda

[color=green][size=9]L’économie du 3ème millénaire sera spirituelle ou ne sera pas !
Philippe Amouroux

Face à une globalisation de l’économie qui nous mène droit dans le mur, il est temps de s’interroger sur ce que représente l’économie du point de vue spirituel. On découvre alors que de nouvelles formes d’économie apparaissent, qui suivent les lois du Cœur et les grands principes du Nouvel Age. Elles nous montrent le chemin pour passer d’une économie matérialiste mortifère à une économie spirituelle de la Vie.

Aujourd’hui, l’économie semble être ce qui régit le monde.
Ce ne sont plus les hommes politiques qui règnent : ils sont désormais au service des enjeux économiques. L’économie détermine nos modes de vie, notre alimentation, nos loisirs … Elle crée nos désirs et forge notre culture, ceci d’une manière de plus en plus homogène d’un bout à l’autre de la planète. Elle s’est globalisée pour optimiser les coûts et rapporter plus de profits à ceux qui détiennent le capital financier, et elle globalise, du même coup, le comportement et les aspirations des hommes.

Le terme économie vient du grec oikos (maison) et nomos (lois et usages). Si le monde est notre grande maison, alors l’économie actuelle est bien à sa place. Le problème est que le monde, qui n’a jamais été aussi florissant, n’a jamais été aussi proche d’une grande catastrophe : augmentation de la pauvreté et de l’écart entre les riches et les pauvres, chômage, augmentation sans précédent de la pollution, destruction des ressources naturelles non renouvelables, crises financières régulières, marchés financiers n’ayant plus aucune commune mesure avec la réalité des échanges, Etats surendettés et incapables de subvenir aux besoins de leurs peuples … Cette économie semble bien s’être emballée sans qu’il n’y ait aucun maître du jeu. Et la science économique traditionnelle est bien immature, occupée à faire des calculs mathématiques pour nous expliquer comment s’en sortir … en pratique. Nous sommes tellement emmitouflés dans notre société de consommation que, bien souvent, nous vivons sereinement toutes ces menaces, qui nous crèvent les yeux, comme si elles n’existaient qu’à l’intérieur de notre poste de télévision.

Alors peut-être faut-il revenir aux sources ?
André Malraux disait : le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas ? Il avait peut-être donné ainsi la seule piste de solution à nos problèmes. Qu’est-ce donc que cette maison dont parle l’économie. Une maison, c’est une forme, une enveloppe à l’intérieur de laquelle nous vivons. Il y a notre corps, c’est notre propre maison, puis la maison dans laquelle nous vivons, seuls, avec nos amis ou notre famille, puis il y a notre village, notre quartier, notre ville, notre pays et enfin notre planète.

Ce sont toutes ces formes qu’habite l’humanité. Ces formes ne sont que l’habitacle, la voiture d’une énergie vitale qui s’incarne. Les formes naissent quand cette énergie arrive et meurent quand elle se retire. Vu sous cet angle spirituel, l’économie, ce sont les lois et usages qui régissent tous les échanges énergétiques entre humains au sein de ces formes sociales, de ces maisons qu’habitent des individus, des groupes, des peuples …

Et cette belle histoire de l’incarnation et de l’évolution, nous la connaissons. Elle amène des formes de plus en plus intelligentes, extériorisant les qualités les plus élevées dans ces formes, et traduisant un véritable développement d’une énergie spirituelle, de l’intérieur vers l’extérieur, qui s’échange entre les formes de tous les règnes de la nature. Nous savons aussi que dans cette grande aventure de l’évolution, si tous ces êtres et sociétés qui s’incarnent dans ces formes ont la même origine et le même but, ils en sont tous à des points très variés de leur chemin. L’énergie UNE s’incarne ainsi dans les formes minérales, végétales, animales et humaines. Les humains ont un rôle particulier dans cette histoire. Ils s’alimentent dans les règnes inférieurs trouvant sources d’énergie physique, alimentation et ressourcement psychique. Cela leur permet de se libérer des contraintes matérielles et de chercher un bien-être qui leur permet de se développer sur les plans mental et spirituel, le véritable développement !

Dans cette grande aventure spirituelle, l’énergie est faite pour circuler, pour répondre aux besoins de chacun dans l’optique du développement du TOUT. L’énergie ne doit pas être accumulée au profit de quelques-uns. Si elle l’est, ce doit être au profit de tous.

Qu’est-ce qu’une économie spirituelle ?
C’est d’abord une économie qui suit les lois de la Vie, les lois du Cœur, et c’est ensuite une économie qui encourage l’expression des qualités spirituelles. Le cœur répartit l’énergie en fonction des besoins de chaque partie d’un organisme vivant quelque soit sa fonction, tout en gardant à l’esprit la vie et l’objectif de l’organisme tout entier. Il optimise l’usage de l’énergie, ne la gaspille pas et amène ce qui est juste en chaque point de l’organisme.
De la même façon, une économie spirituelle répond aux besoins de chacun quelque soit son degré d’évolution et sa fonction sociale, elle ne gaspille pas l’argent qui est la concrétisation de l’énergie dans le corps social, le sang du corps social. Elle répartit la richesse pour un meilleur développement humain, pour l’affranchissement des contraintes matérielles et le développement de formes sociales de plus en plus intelligentes et belles. L’économie spirituelle est au profit de tous. Elle n’accumule l’argent que lorsqu’il faut investir dans la durée pour le bien de tous et jamais au profit de quelques-uns.

Une économie spirituelle suit les principes qui, d’après le Tibétain, gouverneront le Nouvel Age. C’est une économie de la Liberté de chacun dans le choix de ce qu’il veut consommer, produire et échanger, tout en respectant la liberté de tous et de l’humanité dans son ensemble. Ceci implique obligatoirement la responsabilité de chacun, à son niveau et dans son contexte de vie, de l’impact de ses actes sur la vie des autres et sur la vie de la planète.
C’est ensuite une économie de l’Egalité, non pas absolue, mais dans la différence et le respect des besoins de chacun, au point où il en est de son cheminement personnel, une économie qui poursuit un but unique pour tous, mais respecte la diversité, une économie équitable.
Enfin, c’est une économie de la Fraternité, où nous sommes tous solidaires de ce qui se passe dans notre village, dans notre pays, sur la planète, ces formes, insérées les unes dans les autres telles des poupées russes, que nous habitons toutes. C’est donc une économie de la coopération et non de la compétition.

D’une économie matérialiste à une économie spirituelle.
Il n’y a pas besoin de grande démonstration pour affirmer que l’économie dominante actuelle est très loin d’être spirituelle. Dégradant les ressources de la planète, elle est irresponsable. Elle donne au petit nombre de riches beaucoup plus que nécessaire à leur développement spirituel et maintient une majorité de pauvres dans la seule obsession de leur survivance physique. Elle tend à tout globaliser et uniformiser, que ce soit les ressources génétiques, les goûts, les modes de vie et les cultures, tuant la diversité naturelle des formes d’expression de la vie sur tous les plans. Cette uniformité n’unifie rien … elle sépare ! L’unité ne peut se trouver que dans la diversité, comme nous le montre l’écologie et le fonctionnement des écosystèmes. L’économie actuelle est instable car elle ne suit pas les lois de la Vie. La Vie n’est pas uniforme, elle est UNE … et multiformes.

Heureusement, l’ère du Verseau nous amène, depuis quelques décennies, les premières formes d’une économie spirituelle. Elles restent encore globalement marginales, mais sont symboliques d’un renouveau et sont en croissance constante. Il faut faire tout ce qui est possible pour les encourager et les promouvoir. En voici quelques exemples !

Le courant du développement durable encourage les technologies de productions propres faisant appel aux énergies renouvelables.
Le commerce équitable n’était, au départ, que le souci de respecter les besoins et la rémunération des petits producteurs agricoles des pays pauvres, écrasés par les mécanismes du marché. Il s’étend de manière régulière à d’autres produits et intègre de plus en plus de critères de respect de l’environnement et des ressources de la planète.
La consommation éthique ou responsable encourage le citoyen consom’acteur à faire les choix qui sont bons à la fois pour lui et pour tous ses semblables.
La finance solidaire donne accès à ceux qui sont exclus du système bancaire actuel aux ressources financières. Elle promeut aussi le soutien des initiatives économiques qui privilégient la performance sociale à la performance économique.
Des monnaies, complémentaires aux monnaies officielles, se développent dans de petits groupes, des communautés, des régions et même des pays. Elles permettent de pratiquer des échanges qui renforcent ces communautés, répondent à leurs besoins et prennent en compte leurs valeurs.

A un niveau plus global, des citoyens commencent à se mobiliser, en dehors des institutions sociales peu à même de gérer le changement. Ils proposent des principes nouveaux de circulation de l’argent (dette extérieure des Etats, marchés financiers, réforme du système monétaire et des institutions internationales …), de régulations des échanges (Organisation Mondiale du Commerce, gestion des biens communs, politiques agricoles …) et de responsabilité sociale des acteurs économiques.

Ces formes nouvelles d’économie annoncent un passage d’une économie matérielle et matérialiste à une économie spirituelle. Ceci implique de reconsidérer ce qu’est la richesse et la manière dont elle est évaluée. Le niveau de conscience mis dans l’acte économique aura un impact direct sur l’évolution de ces formes nouvelles. Plus le développement sera spirituel plus il sera durable.
Dans cette nouvelle ère du Verseau, chacun est responsable de l’évolution de l’économie. Le pouvoir du citoyen est créateur des nouvelles formes et il peut faire plus qu’il n’imagine. Nous irons ainsi vers une économie du juste nécessaire, mais aussi vers une économie du désir retrouvé de se développer dans l’Etre et non dans l’Avoir, une économie de la Vie ![/b][/size][/color]

Marie-France,

sur le contenu du message, je dirais que nous sommes ici tous plutôt d’accord, il me semble (« ère du Verseau » ou pas…)

Il se trouve que parmi les nombreux sites passionnants et (un peu) réconfortants où les gens sont largement d’accord pour prôner une économie humaine, voire « spirituelle » (pourquoi pas) et pour condamner et appeler de tous leurs voeux la mort du système de managers de troupeau humain * dans lequel nous nageons, le site d’Etienne a une particularité notoire : on n’y attend plus, on agit… Ca fait son charme… et parfois son côté un peu rébarbatif.

Bref, il nous faut bien causer technique.

Croyez bien que je n’ai moi-même que peu de goût à le faire, et que pour moi, l’humain, les animaux, la nature, la poésie, la littérature… comptent bien plus que ces saletés de formules économiques.
Seulement, j’ai un enfant, qui a aujourd’hui 4 ans… et si je n’ai pas changé le sens de mes priorités intellectuelles, … ce petit miracle vous a comme qui dirait réconcilié le tout :stuck_out_tongue:

Et je ferais observer que la philosophie, qui trône sur toute chose, n’exclut rien et englobe tout, lie tout. Et c’est un domaine ou la logique, sinon la mathématique, côtoie la littérature…

Sur ce « non-volet » consacré à un sujet ô combien rébarbatif, l’instigateur et animateur autoproclamé que je suis…, pour se faire pardonner le geste abominable que constitue l’ouverture d’un pareil « volet », et l’état bordélique dudit volet (que celui qui a déja essayé de ce coller à pareil entreprise me jette le premier lingot) a eu la bonté de déposer quelques éléments pour aider un peu le lecteur dérouté :

  • lire en priorité le message n°261 (page 1) intitulé « UN BON EXEMPLE VAUT MIEUX QU’UN LONG DISCOURS… »

  • lire ensuite le message n°213, on ne peut plus… concret et technique. Un recueil d’articles rédigés, que j’ai posé là pour support de discussion.

  • lire notamment les messages introductifs n°208, 209, et si possible, les « merveilles » d’Orwell au 212…

  • En parlant de troupeau, lire à ce sujet, sur le site du MONOLECTE, la parabole bestiale mais… touchante « La vache ! » d’Agnès.

d’accord, Sam, laissez-moi quelques heures,
je suis assez nulle , même carrément nulle en informatique

oh la la…

mais je me fais bien plaisir à vous lire ici et surtout

je vais dans le même sens que vous :D:):):slight_smile:

Bon, Etienne s’en est chargé pour moi, Merci Etienne,
et Merci Sam pour les précisions techniques parce que il y a plein de trucs que je ne savais pas faire…

Des nouvelles agréables, ça fait toujours plaisir

Je viens de recevoir ces infos que je vous communique :

Vendredi le Parlement Polonais a décidé d’interdire les OGM en Pologne
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=27107

Le tribunal de Bobigny a constaté que Monsanto France, qui saisissait les comptes de la Confédération Paysanne suite à une action de 98 n’avait plus d’existence légale depuis 2001
http://www.confederationpaysanne.fr/article.php3?id_article=845

Le Conseil d’État a jugé illégaux les essais OGM de Monsanto de 2004, au prétexte que la Commission du génie Biomoléculaire aurait dû connaître la localisation précise des essais et non pas seulement leur région.
http://www.actualites-news-environnement.com/20060430-ogm-conseil-etat.php

L’arrêt est disponible sur :
http://www.conseil-etat.fr

C’est rigolo, c’est pour avoir fauché du maïs Monsanto en 2004 que 49 personnes sont convoquées devant la Cour d’Appel d’Orléans les 15 et 16 mai
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=27166

Par ailleurs, la durée initiale de consultation publique sur les programmes de recherche 2006 (14-28 avril : déjà plus de 2600 participants) a été prolongée d’une semaine, et cette dernière est donc possible jusqu’au 5 mai 2006 inclus
http://www.ogm.gouv.fr/

Le Conseil d’Etat a aussi confirmé vendredi l’interdiction du Gaucho !
http://www.agrisalon.com/06-actu/article-16838.php

Stockage à Bure : le Conseil général de la Meuse dit non
http://www.maib.info/1/breve.php3?id_breve=251

Est-ce que ça commencerait à tourner dans le bon sens ??? :):):slight_smile:

En voilà des nouvelles qu’elles sont bonnes !!! Ça remplacera le soleil pendant ce long week-end…

Merci Marie-France…

Projet CIPUNCE (Principes constitutionnels socioéconomiques) au 7 mai 2006

(Pour information)

[i]"Article [63]. Principe général. L’Union part du principe que l’économie est au service de la société et de ses membres et que toute activité économique doit respecter les principes universels énoncés à l’article [3] de la Constitution.

"Article [64]. Principe de la liberté d’entreprise. La libre entreprise – en particulier la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux – est garantie sous réserve de l’article [63] de la Constitution et de la faculté pour l’Union de prendre des mesures d’exception en vue de préserver ses intérêts.

"Article [65]. Services publics. Toute activité d’intérêt général à caractère économique impliquant continuité, adaptabilité, neutralité et égalité et tout monopole de fait constituent par nature des services publics. Il appartient à chaque État membre de fixer souverainement, dans le cadre de la loi et hormis toute considération de concurrence ou de rentabilité économique, les modalités de prestation de tout service de ce type et de décider si l’entreprise considérée doit devenir propriété de la collectivité.

« Article [66]. Application du présent chapitre. La loi organique fixe le cas échéant les modalités d’application du présent chapitre de la Constitution. »[/i] JR

Reformulation des dispositions relatives à la libre entreprise, &

[Ceci est une copie du message de même date que j’ai mis sous la discussion « Contenu de la constitution »]

Pour faire plaisir à Sam (enfin, peut-être, parce qu’il est difficile à satisfaire !), j’envisage de reformuler comme suit les dispositions correspondantes :

[i]"Article [63]. Principe général. L’Union a pour principe que l’économie est au service de la société et de ses membres et que toute activité économique doit respecter les principes universels énoncés à l’article [3] de la Constitution.

"Article [64]. Principes de la liberté d’entreprise et de la libre circulation des personnes, des services et des biens

"1. La liberté d’entreprise est garantie.

"2. Les personnes, les services et les biens circulent librement à l’intérieur de l’Union.

« 3. Les paragraphes 1 et 2 du présent article s’entendent sous réserve de l’article [63] de la Constitution et de la faculté pour l’Union de prendre des mesures d’exception en vue de préserver ses intérêts et ceux des États membres. » [/i]

Autre chose : ces droits du salariés sur les moyens de production si chers à Etienne, on pourrait peut-être les inclure dans les « Principes socioéconomiques » : mais alors il faudrait rédiger un vrai principe (pas un sujet d’étude : voir mes messages antérieurs), et (en ce qui concerne la constitution européenne) un principe qui ait des chances d’être accepté par la majorité des électorats européens. ??? JR

Cher Jacques,

Qu’est-ce que vous en pensez, vous ?

Que pensez-vous personnellement de cette redistribution des pouvoirs dans l’entreprise ?
(si on évite soigneusement de basculer d’un excès à l’autre, de la dictature des actionnaires à la dictature du prolétariat)

Que proposez-vous pour formuler une règle de droit qui impose à tous les hommes qui créent des richesses, vraiment tous, de partager le pouvoir de répartir ces richesses ?

Comment imposer la démocratie dans l’entreprise, c’est-à-dire le débat respectueux et le compromis, au lieu d’accepter une dictature ou une autre ?

Ne faites pas comme si vous étiez extérieur, je suis sûr que vous êtes proche ;o) Rejoignez-moi :slight_smile:

Comment faire pour, dans ce bouleversement, ne maltraiter personne (d’autre que ceux qui maltraitent aujourd’hui sans scrupule) ?

Comment le faire sans attendre que tous les pays soient d’accord, puisqu’attendre serait sans doute la meilleure façon de ne rien faire ?

Comment le faire sans préjuger des politiques économiques qui, elles, doivent rester libres d’évoluer au gré des alternances politiques ?

Est-ce que le respect et le pouvoir des hommes au travail est à classer au rang des politiques économiques (hors sujet dans une Constitution, nous sommes d’accord) ?

J’ai bien compris que nous aurons peut-être à ne pas écrire cet article-là pour rester consensuels, mais j’aimerais connaître votre sentiment sur ce point que je trouve cardinal.

(Nous aurons sans doute à noter un renvoi vers ici dans la discussion « Limiter le droit de propriété… » http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=25, tout ça se recoupe, bien sûr.)

Amicalement.