Le lecteur / constibuteur me pardonnera l’état de chantier perpétuel observé jusqu’à présent ici. Et ses idées sur la mise en forme et le fond de cette entrée en matière (thèse) sont les bienvenues.
[b]PEUT-ON PARLER D'ECONOMIE SUR CE FORUM ?[/b]
S’il était établi que ce qui nous occupe ici est bien une Constitution proprement dite,
si on s’en tenait à la future Constitution française et à elle seule (avec ce que cela entend pour les français vis-à-vis d’une UE non démocratique comme vis-à-vis des « institutions de Bretton Woods » (OMC, BM, FMI, indépendantes de l’ONU),
si nous parlions de l’option Europe fédérale ou du moins, d’une Confédération d’Etats souverains pour lesquelles les règles de subsidiarité interne et externe à l’UE sont claires,
si cette future constitution garantissait au peuple qui l’adopte que nul parmi ses élus ne peut le déposséder indûment de sa souveraineté pour aller « causer affaires en haut lieu mondial et/ou européen »,
si on pouvait écrire : « le maintien de la future Constitution permettra au peuple qui l’adopte d’être protégé de l’arbitraire de pouvoirs économiques émancipés de l’Etat de droit »,
alors je dirais : « fuyons ce maudit volet, épurons soigneusement toute notion d’économie dans le texte, et affirmons dans ce même geste salvateur le primat de la Constitution sur toute loi ou traité international ayant trait à l’économie, et dans lequel la France (l’Europe fédérale) est partie ».
Malheureusement, nous n’en sommes pas là. Et je dirais : "il n’y a de raison de traiter d’économie ici que dans la mesure où il y a subsidiarité, où la Constitution ne comprend pas elle-même la définition des « relais de souveraineté » vers l’UE et vers les pseudo institutions mondiales, non régies par une organisation démocratique".
Relisons l’article 16 de la Déclaration de 1789, celui qui reprend l’essence du Préambule et définit une constitution par la négative : "Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution."
Pour la société française / européenne, contenue dans la société mondialisée, il n’y a pas de séparation déterminée des pouvoirs économiques, qui constituent de fait un pouvoir politique, en l’absence d’institutions démocratiques mondiales.
"[i][b]Une Constitution ne définit pas de politique économique[/b][/i]"Soit. Mais c'est un "non volet".
Il semblerait que dans le contexte présent (voir le 3e encadré) « ne pas définir de politique économique » se résume à « condamner les responsables politiques à « faire » une politique ultra libérale ».
Voilà un énorme problème… et un défi tout aussi grand.
Laissons de côté l’Europe en construction 5 min, pour faire la part des choses.
Les États-Unis, le Venezuela,…, ont des constitutions. Et celles-ci ne définissent pas de politique économique. Elles séparent les pouvoirs reconnus, et organisent les pouvoirs publics en fonction.
En un mot, nos Etats-nations ont une démocratie qui fonctionne à peu près… dans la conception qu’on lui a donné au départ.
Rien n’impose, dans « nos » constitutions actuelles, une politique libérale exacerbée. Pourtant, le rouleau compresseur « néo libéral » semble s’imposer comme une fatalité dans les Etats, dans les relations internationales.
Ces constitutions sont, elles, conçues pour composer avec la mondialisation ? C’est à dire : pour protéger la démocratie dans les Etats alors que l’économie est mondialisée, alors que 80% du commerce environ est contrôlé par des firmes transnationales et leurs filiales ?
- pour empêcher une explosion constante des inégalités économiques entre individus, dans la nation, dans les entreprises soit disant liées au pays ? Inégalités qui se traduisent, dans les faits, sur le moyen terme, par des inégalités tout court, et une menace contre la démocratie, y compris à l’intérieur des nations occidentales ?
- pour empêcher les concessions incessantes aux lois du marché, édictées à l’OMC, par le FMI, sans cohésion avec le droit international (ONU) ?
- …
- et d’une manière générale, pour garantir l’un des premiers droits sacrés de l’individu, qui est de se réaliser par le travail ?
L’ordre économique mondial qui s’est installé avec la globalisation s’exprime évidemment, par défaut, sur le mode libéral. Mais focaliser sur le « libéralisme », terme intraduisible, on ne peut plus vague, qui désigne aussi bien le mode capitaliste primitif que le modèle démocratique d’Adam Smith, ne nous aide pas beaucoup.
Ce qu’il faut voir, et ce qui peut expliquer pourquoi la démocratie ne fonctionne plus dans les Etats, c’est bien que nous avons changé d’ère. Il parait de plus en plus évident que dans un « village monde » qui s’est formé, on repart de la loi de la jungle, sur un mode capitaliste primitif :
- la rhétorique des financiers, des « gestionnaires d’économie » a réponse à tout, et ces orateurs sont ceux qui se font entendre
- le milieu des grandes entreprises privés sélectionne les individus les plus modernistes, « dynamiques », et laisse les autres, les privant aussi, ce faisant, de voix au chapitre
- ceux qui, sur la scène politique, se réclamment de certain « nouveau monde » qui sent fort l’ancien régime semblent gagner à tous les coups. Retour en force des religions, aspirations politiques chrétiennes (évangélistes, catholique) ordre moral… et usure, justification sociale des inégalités économiques
- les idéologies vieillissent, restent toutes fondées sur le postulat d’une solidarité économique dans la nation. Mais alors qu’on oppose les nations entre elles, ce sont les inégalités qui explosent au sens de chacune des nations. Le diviser pour mieux régner commence là…
En somme, on est passé de l’Internationale… « à l’International » (pour reprendre un terme en vogue au coeur de la guerre économique). La seule scène politique mondialisée est envahie par les puissants, et les pauvres de tous pays, dont la force tient au nombre, et passe par l’union, sont montés les uns contre les autres au nom de la guerre économique.
La dynamique sociale cosmopolite de la gauche, interrompue, a comme laissé place à la mondialisation libérale. Et nombre de conservateurs qui après avoir été durement opposés au projet d’Europe politique (on peut penser à J. Chirac avant Maastricht), en viennent à se moquer de nombre de progressistes pour leurs aspirations souverainistes présentées comme réactionnaires !! C’est le monde à l’envers… que le débat référendaire français à mis à jour devant tous.
Et, disons-le sans présupposer de la couleur des intentions, le problème du patriotisme économique s’est reposé peu à peu.
[b]Le rôle du politique est de créer du lien social[/b].Ce qui entend une cohésion entre les sphères économique et sociale, assurée par la sphère politique.
[b]L’efficience de la démocratie représentative dépend de la capacité des élus de donner du sens à l’action politique.
[color=purple]Comment est-ce possible si l’activité économique est illisible au sens de l’action politique, au même échelon ?
L’activité économique est mondialisée / la politique reste confinée au niveau national[/color][/b].
Qu’on le prenne par tous les aspects, sociologiques, idéologiques, structurels, une condition essentielle pour refonder la démocratie et assurer sa pérénité, est de rendre lisible l’activité économique à l’échelle de l’État, à l’échelle du domaine où s’inscrit le pouvoir politique du peuple souverain, et l’exercice démocratique.
La seule véritable « concurrence entre nations », ne porte-t-elle pas sur les niveaux de protection sociale des Etats ?
Existe-t-il dans ce cas une forme de patriotisme économique qui soit moralement recevable ?
- La concurrence entre entreprises, c’est une vue de l’esprit (qui convient d’autant plus aux plus primaires des capitalistes, qui voudrons la rendre « libre », « non faussée »)
- La concurrence entre nations, avec la mondialisation, c’est un leurre indiqué… c’est bien utile pour masquer dans le discours de ceux qui entendent personnifier l’économie, et la gérer d’en haut, l’explosion des inégalités au sein de chaque nation.
Comment passer d’une rhétorique centrée sur une comparaison d’indices de richesse (PIB) ou de développement (IDH) qui concernent des moyennes nationales, à un discours qui prenne plus en compte les inégalités économiques au sein des nations, au sein des entreprises, entre rémunération du capital et du travail, … ?
Avant la « mondialisation », on assurait un libéralisme tenable « chez soi », dans un pays riche, grace à l’impérialisme.
Maintenant que « l’internationale capitaliste » est fondée, sa bête noire enterrée jusqu’à nouvel ordre, maintenant que deux clics de souris vous font transférer des milliards en valeurs virtuelles…
… peut-on continuer à parler de « libéralisme » ? Un terme intraduisible, mais même : quel rapport avec le modèle d’Adam Smith ?
[b]Si la concurrence entre nations porte effectivement sur les protections sociales des Etats, n'est-ce pas uniquement en défendant les protections sociales "chez les autres", et en pénalisant les modes de concurrence qui y génèrent (ainsi que "chez nous") des inégalités économiques que l'on protègera tout le monde, et donc nous avec, de l' "harmonisation sur le bol de riz" ?[/b]Le « commerce équitable généralisé » :
est une mesure louable d’un point de vue de tiers-mondiste, mais que cela ne fasse pas oublier que c’est aussi un moyen de protection pour son propre peuple.
en pratique, il relèvera des lois. Mais c’est bien les critères de concurrence recevables car intelligibles et basés sur le droit des individus, de tous les individus, et non pas sur cette idée affreusement hypocrite de « concurrence non faussée entre entreprises » qu’il faut poser, et reconcevoir.
Si on ne définit pas de fondement légitimes pour les individus, en matière de « critères de concurrence économique », ceux qui entendent gérer l’économie d’en haut ne vont-ils pas appliquer les leurs ? N’est-ce pas déjà le cas ?
[b]Et l'Europe, dans tout cela ? Pourquoi devrait-elle donner l'exemple ? ou plutôt pourquoi est-elle bien placée pour "piloter une mondialisation juste" ?[/b]
Comme le rappelle le document « Propositions générales et transversales pour une autre Europe » (voir sources sur la page d’entrée du site d’Etienne) :
"[b][u]L’Union européenne constitue de loin la première entité économique mondiale[/u][/b]".La question du poids n’est pas négligeable quand on entend ouvrir une alternative, et compter, notamment vis à vis du « reste du monde libre », sur la politique de l’exemple.
Qu’on le veuille ou non, un pareil volet ne peut pas « causer institutions » sans en passer par penser non seulement « économie », « entreprises », …, mais également « relations diplomatiques ».
Et puisqu’en définitive, on n’a pas le choix… le plus tôt sera le mieux. Comme aiment à le marteler les acteurs dynamiques des « réformes » néo libérales, le monde bouge vite…
[color=red][i][u]Principes indicatifs pour le débat proposé sur ce volet :[/u][/i][/color] (Merci déjà à J. Roman, et nul doute qu'il viendra contribuer à animer ce volet).
[u]1. [i]Périmètre :[/i][/u]Une constitution ne doit traiter que de l’organisation et du fonctionnement des pouvoirs publics, c’est-à-dire des conditions dans lesquelles les organes de l’État sont mis au service de la volonté souveraine des citoyens.
L’organisation des pouvoirs publics doit se faire « dans le respect de l’état de Droit », c’est-à-dire, « en prévenant tout pouvoir arbitraire ».
N’oublions pas pour autant que la Constitution définit le domaine de l’État de droit. Concevoir éventuellement de nouvelles institutions, séparations et contrôle de pouvoir est bien ce qu’il s’agit de faire. Et ce qu’on fait déjà : médias, statistiques (aspects que j’entends évidemment être liés à ce volet).
Les entreprises ne sont pas des pouvoirs publics. Cependant, elles mettent en jeu nombre d’aspects (capital, travail, ressources énergétique, pollution, publicité, biens de consommation,…) qui relèvent du droit. C’est au travers de ces aspects qu’il faut appréhender les principes.
Le droit de propriété est un droit inaliénable (article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789).
Et même, la liberté d’entreprendre et d’investir ne peut et ne doit sans doute pas être remise en question, vu le contexte mondialisé (on pourra en débattre).Cela n’entend pour autant aucun privilèges sociaux associés : « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » (article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789).
Se pose en particulier le problème de la transparence et de la transversalité de l’information économique, notamment financière. Il n’y a aucune raison de dire que cette information peut vivre hors du domaine de l’État de droit.
c’est même un fondement essentiel, capital, du principe libéral, qui entend la nécessité fondementale du contrôle démocratique : « c’est au nom de l’intêret commun que l’on encourage la liberté d’entreprendre ».
les informations financières et leur transversalité, tout comme l’action économique, sont un problème qui passe les frontières. C’est bien le coeur de la problématique que j’ai posée : il s’agit de rendre lisible l’activité économique internationale à l’échelle de l’État de droit, du domaine où s’inscrit le pouvoir politique représentant le peuple souverain, et l’exercice démocratique : le pays..
il me semble capital de poser des « paramètres législatifs en matière d’activité économique ». C’est notamment essentiel de fixer des "critères de la concurrence" car tôt ou tard, des règles de concurrence, les lois et traités en imposeront (et elles le font déjà), et elles seront édictés sous l’autorité morale de ceux qui manient la rhétorique économique s’imposant par défaut. Sinon, autant dire qu’on condamne les élus à appliquer une politique ultra libérale.
Comme je l’ai dessiné en annexe (message suivant), bien que la notion de concurrence loyale entre entreprises (oublions même le non faussé qui infeste le modèle néo libéral) soit aberrante, car elle nie un semble d’aspects élémentaires touchant aux inégalités entre individus, nos représentants au futur, supposés défendre avant tout les intérêts économiques DU peuple (en moyenne) risquent fort de manier cette rhétorique morbide, occulteuse donc génératrice d’inégalités…
Il faut poser des conventions de domiciliation, s’agissant de distinguer investissement, dirigeants ayant pouvoir de décision, salariés sans pouvoir de décision, localisation de locaux, zone de distribution de produits, zone de diffusion de réclame… savoir qui est représentant, responsable de qoui, appartient à quoi…, c’est indispensable pour contrôler des pouvoirs, poser des critères, des indices…
Je propose enfin une réflexion sur le caractère « indispensable ou non » de ces dispositions constitutionnelles.
Après tout, on peut considérer qu’elles peuvent attendre, et que la priorité est déjà de « corriger les erreurs du T"C"E » au sens d’une conception actuelle de l’État de droit, vis-à-vis des pouvoirs économiques".
On peut aussi arguer que ces « ajouts » vont se heurter à des résistances élevées, et que cela risque fort de conditionner la résuite du projet.
Tous ces éléments méritent réflexion.
Au final, j’entends montrer que ce qui est possible et recevable doit être posé. Plus que pour raisons d’urgence, en raison d’un risque de radicalisation de la société, si on améliore nettement les institutions sans pour autant résoudre la question de l’efficience des politiques face à l’ultra libéralisme, « mode économique par défaut ».
[u]2. [i]Mode d'action proposé :[/i][/u]
proposer tant que possible des principes et articles déjà rédigés
séparer au maximum l’argumentaire et les articles énoncés, et assurer les renvois nécessaires.
juger en premier lieu de la validité des propositions d’un point de vue « place dans une constitution »
Certaines formules, même si recevables en tant que dispositions constitutionnelles, pourront être renvoyés vers une Loi organique, s’ils sont trop détaillés et explicatifs.supprimer les propositions inutiles, superflues, en appliquant la « règle de Jacques Roman » : « inverser la proposition. Si le résultat est aberrant, c’est que la proposition est inutile, la mesure relevant du bon sens ».
[b]Le message qui suit à pour objet de clarifier un peu le tableau. D'un point de vue qui croise idéologie et structures.[/b] [i]Il va avec cette introduction, mais je l'ai séparé pour limiter la taille de cette entrée en matière, et passer au plus vite au concret.[/i]