Révolution à l'UE

Le traité du 9 décembre 2011

« Divine surprise », comme aurait dit ce grand pendard de Maurras !

Le traité sur la nouvelle gouvernance de la zone européenne accepté hier par la quasi-totalité des États membres de l’Union (26 États sur 27 – 23 sur 27 si l’on veut s’en tenir aux premières hésitations) apporte une clarification essentielle au projet européen : la mise sur la touche de ce grand obstructeur qu’a été jusqu’à présent le Royaume-Uni.

Depuis son entrée à la CEE,devenue UE, le principal souci du Royaume-Uni a été de réduire la construction européenne à la mise en place d’un grand marché fonctionnant sur la base des règles (combien excellentes !) de Wall Street et de la City.

Ce système d’obstruction et de promotion du pouvoir exorbitant des marchés s’est enfin effondré hier malgré toutes les menaces, y compris les plus invraisemblablement comme celle de de contester aux 26 États « restants » d’utiliser les institutions et les bâtiments de l’Union pour fonctionner sur la base du nouveau traité. 26 États qui seront d’ailleurs à nouveau 27 le 1er janvier 2013 avec l’entrée désormais acquise de la Croatie à l’UE.

Sauf erreur de ma part, le traité doit avoir été ratifié par tous avant la fin mars 2012. Je n’ai personnellement aucun doute que ce sera le cas, y compris dans les pays qui auront à se prononcer par référendum.

Cette heureuse nouvelle rend de plus en plus urgente la tâche de démocratiser l’UE (surtout avec la fédéralisation partielle de la préparation des budgets nationaux).

Pour cela, il faut combiner la logique démocratique interne de l’Union (les institutions communautaires doivent être rendues transparentes et participatives) et sa logique intergouvernementale (tout État membre de bonne foi – c’est-à-dire tout État dont l’objectif n’est pas de détruire l’UE en en étant membre) doit pouvoir prévenir ou suspendre, en ce qui la concerne, l’application de toute décision communautaire qu’il juge contraire à un intérêt national fondamental en attendant qu’une solution généralement acceptable par tous ait pu être trouvée (les décisions intergouvernementales telles que le traité du 9 décembre 2011 restant bien sûr soumises aux procédures nationales internes de ratification).

Un jour peut-être, quand il aura compris qu’il ne peut pas se contenter de répéter qu’il n’a pas été envahi depuis mille ans et qu’en 1940 il a sauvé l’Europe, et que c’est un tort de se fier aveuglément à la logique inhumaine des marchés, le Royaume-Uni retrouvera dans l’UE la place importante qui lui est due. Ce n’est pas pour demain. JR

Le fascisme financier est passé en marche forcée.
C’est super, on va bientôt s’éclater.
Vous devez être content.

Ce qui serait bien, c’est qu’ils ne trainent pas, pour nous mettre un ancien de Golman Sachs à la place de Sarkoléon.

Pour les raisons que j’ai écrites et qui semblent vous échapper, oui, je suis content.

Mais il va de soi qu’en bons démocrates nous accepterons tous les deux l’avis du peuple sur ce sujet : l’élection présidentielle étant proche, on pourra en tirer des conclusions – ce que le tirage au sort permettrait beaucoup moins bien, reconnaissez-le.

Incidemment, au vu ces résultats, il est à se demander (pour le moment du moins) s’il ne serait pas souhaitable que Sarkozy passe à la présidentielle et que la gauche l’emporte aux législatives.

Une bonne cohabitation nous éviterait d’avoir à subir l’incompétence internationale et européenne chonique de la gauche (rappelons-nous Ségolène Royal voulant interdire à l’Iran de disposer des moyens de l’énergie nucléaire civile, et quelle a été la position du Parti socialiste sur la question de la soumission du traité de Lisbonne au référendum) et de remettre le président à sa place constitutionnelle (qui n’est pas celle du gouvernement), tout en maîtrisant les éventuels inconvénients sociaux de la nouvelle donne européenne.

Accessoirement, ça permettrait de tordre le coup à cette idée fausse et antidémocratique de la coincidence nécessaire des majorités présidentielle et législative, et peut-être d’en revenir au septennat présidentiel (un seul ?). JR

Mais il va de soi qu'en bons démocrates nous accepterons tous les deux l'avis du peuple sur ce sujet : l'élection présidentielle étant proche, on pourra en tirer des conclusions – ce que le tirage au sort permettrait beaucoup moins bien, reconnaissez-le.
L'élection présidentielle ne permettra de tirer aucune conclusion, vu que le traité est déjà signé. A la rigueur les parlementaires sont concernés mais vu qu'il ne seront pas renouvelés d'ici mars, ça ne change rien.

D’autre part, les français s’intéressent assez peu à l’Europe, et on comprend pourquoi, les positions sur l’UE ne sont pas un critère de choix dans les élections à grand spectacle.

Que l’accord soit signé ou non (je ne crois pas qu’il le soit et on ne sait pas quelle forme il a pris ou va prendre), cela n’a pas d’importance : la signature d’un traité ne sert qu’à fixer le texte convenu et à enclencher le processus de ratification. Le traité n’entrera en vigueur que lorsque tous les instruments de ratification auront été déposés, sans doute fin mars.

L’élection présidentielle va permettre de tirer des conclusions au moins sur le point de savoir si les électeurs approuvent ou désapprouvent l’action du président de la République et du gouvernement concernant l’accord intervenu le 9 décembre.

Les électeurs français, c’est vrai, ne s’intéressent pas beaucoup l’Europe. Par contre, ils s’intéressent énormément à la situation budgétaire et financière du pays et à ses conséquences sur leur niveau de vie : ils sont assez fins pour faire le lien entre l’évolution de cette situation et la décision prise il y a deux jours. Après tout, nous en sommes très conscients ici et nous sommes des citoyens ordinaires. JR

Vous ramenez tout à la présidentielle, c’est ridicule. En France on a un président dont j’espère la mort politique, ça ne m’a pas empêché d’améliorer mon bien-être en cinq ans.

Pour revenir au thème de ce fil, même si le départ de celui qui préférera toujours l’océan à la mer a une importance symbolique, on voit mal comment les citoyens pourraient tirer profit de l’affaire. Par exemple même les espérantistes européens après discussion ne voient pas comment cela pourrait changer la situation linguistique dans l’Union.

Il faudrait trouver une autre catégorie de citoyens ayant des intérêts et les moyens de les faire valoir suite à cette affaire, mais vraiment je ne vois pas.

Quels que soient les bénéfices secondaires, un traité qui soude la soumission budgétaire à des entités autres que démocratiques est un crime contre l’humanité. Je ne me réjouis pas. Mais alors pas du tout.

(Ceci dit j’ai des ancêtres highlanders, grand éclat de rire)

Réf. le message 6 :

Il est ridicule de soutenir que je ramène tout à la présidentielle.

Mon idée était seulement de faire remarquer que l’élection présidentielle d’avril prochain devrait permettre de voir dans quelle mesure les citoyens français reprocheront au président de la République actuel de ne pas passer par le référendum pour faire approuver l’accord du 9 décembre, ce qui sera infailliblement le cas. À mon avis, si NS est réélu, ce sera grâce à sa gestion de la crise, cetainement pas à sa gestion des affaires intérieures. JR

« Crime contre l’humanité », « fascisme »…

Ce sont des mots qu’il vaut mieux ne pas galvauder si on ne veut pas faire passer les choses qu’ils sont supposés désigner pour des phénomènes ordinaires. JR

Je persiste.
Ce traité fait partie de l’arsenal. Et ses auteurs sont complices. Probablement plus compétents qu’idiots.

Quand on a vu de ses yeux vu le fémur d’un enfant tel que l’auriculaire d’un cadre du FMI, il y a des mots qu’on utilise avec moins de xyloglossie.

[bgcolor=#FFFF99]1938 était globalement une année heureuse.[/bgcolor]

Je rappelle que l’intérêt touché par les prêteurs est un quasi-impôt sur la vie, un impôt sur la carence en liquidité, dont sont mécaniquement exemptés les riches. Et que cet impôt n’est perçu ni par les états, ni par les nations, qui au contraire doivent s’en acquitter. Jusqu’à en être exsangues. Ou au minimum privés de leur libre arbitre.
Je rappelle que la carence en liquidité ne peut officiellement être résolue que par le secteur des banques privées … par un accroissement du susdit impôt. Et de son taux qui plus est.

Un traité qui prétend résoudre cela par la récession aliénante ( et n’y arrivera pas) sans s’occuper de la cause réelle, est criminel. Contre l’humanité. Je n’en démordrai pas.

Et la perfide Albion me semble plus avisée que perfide.

Index du site

Merci à Étienne de bien vouloir inscrire dans l’index du site ce nuveau sujet de « Spécificités européennes » (24) et le sujet 23, qui n’y est pas encore. JR

« Albion avisée » !

L’Albion qui refuse de se joindre aux 26 autres pays de l’UE parce qu’elle voudrait que l’Europe et le monde soient gouvernés par les marchés et que les spéculateurs puissent sévir impunément ?

Attendons donc de voir le texte qui sortir du dernier conseil européen avant de faire passer les Allemands pour des fascistes et les Britanniques pour le rempart de la démocratie et du bon sens : ce sont des arguments à laisser au United Kingdom Independence Party et au British National Party ; ils les manient très bien, voyez sous http://www.democracyforum.co.uk/european-union/. JR

dans quelle mesure les citoyens français reprocheront au président de la République actuel de ne pas passer par le référendum pour faire approuver l'accord du 9 décembre,
Les français s'en foutent.

En tout cas ceux qui ont vécu le 29 mai 2005 et le 4 février 2008.

Refuser de confier sa gestion budgétaire à un organisme même pas élu me semble avisé. Par le mot « avisé », je ne voulais rien dire d’autre. Il est peu agréable d’avoir à se disculper de ce qu’on n’a pas dit.

Il ne s’agit pas de « confier sa gestion budgétaire » à un organisme à un organisme quelconque.

Et d’ailleurs, de quel organisme parlez-vous ?

Je répète : attendons de voir les textes. JR

j’ai du mal entendre le discours officiel. désolée.

[align=center]Poursuite de la contre-révolution de l’illégitime UE[/align]

Bienvenue Ana.
Alors même que la représentation est grandement à améliorer et quand nous voyons que l’un des principes minimum de base d’une démocratie, celui qui était au cœur de la revendication du Tiers-État aux États Généraux en 1789 : « Pas de taxation sans représentation » est bafoué par une Commission non-élue qui apposera son veto sur les budgets sans que les représentants des peuples Français, Espagnol, Tchèque, Polonais, Allemand, Portugais, Italien, Belge, Néerlandais, Danois, Slovaque, Chypriote, Irlandais, Finlandais, Estonien, Bulgare, Grec, Roumain, Letton, Lithuanien, Autrichien, Slovène, Hongrois, Luxembourgeois, Maltais, Suédois, n’aient à se prononcer, nous ne pouvons parler que de contre-révolution.

Les électeurs français, c'est vrai, ne s'intéressent pas beaucoup l'Europe. Par contre, ils s'intéressent énormément à la situation budgétaire et financière du pays et à ses conséquences sur leur niveau de vie : ils sont assez fins pour faire le lien entre l'évolution de cette situation et la décision prise il y a deux jours. Après tout, nous en sommes très conscients ici et nous sommes des citoyens ordinaires. JR
Personnellement je ne suis pas assez fin pour faire ce lien. La décision dont j'ai entendu parler n'a pas grand chose à voir avec l'économie et tout à voir avec la démocratie. Je suis incapable de [i]prévoir[/i] (je n'ai aucun mal à l'imaginer, mais ça reste un point de vue qui n'a pas plus de valeur que n'importe quelle hypothèse tirée au sort) la conséquence sur mon niveau de vie du fait qu'il a été décidé qu'une décision X ou Y sera soumise à l'arbitraire d'un fonctionnaire[s] nommé sous la pression de [/s].

Et puis, pas de fausse modestie, Jacques, vous n’êtes pas qu’un citoyen ordinaire :wink:

@gilles ouf ! j’annule mon rendez vous chez l’otorhino :slight_smile:

[align=center][color=blue][b][size=14]Poursuite de la contre-révolution de l'illégitime UE[/size][/b][/color][/align]

Bienvenue Ana.
Alors même que la représentation est grandement à améliorer et quand nous voyons que l’un des principes minimum de base d’une démocratie, celui qui était au cœur de la revendication du Tiers-État aux États Généraux en 1789 : « Pas de taxation sans représentation » est bafoué par une Commission non-élue qui apposera son veto sur les budgets sans que les représentants des peuples Français, Espagnol, Tchèque, Polonais, Allemand, Portugais, Italien, Belge, Néerlandais, Danois, Slovaque, Chypriote, Irlandais, Finlandais, Estonien, Bulgare, Grec, Roumain, Letton, Lithuanien, Autrichien, Slovène, Hongrois, Luxembourgeois, Maltais, Suédois, n’aient à se prononcer, nous ne pouvons parler que de contre-révolution.


« Pas de taxation sans représentation » n’est pas un adage de la Révolution française mais de la guerre d’Indépendance américaine : en effet, les Américains n’étaient pas représentés au Parlement britannique.

L’adage n’avait pas lieu de s’appliquer en France puisque les questions d’imposition étaient traitées couramment (serait-tous les 100 ans !) par les états généraux et surtout par les nombreux parlements de la monarchie (le parisien et les provinciaux) : c’est justement parce que les parlements s’opposaient à la levée des impôts que les états généraux ont été convoqués en 1789 pour régler la crise financière et budgétaire.

La situation française n’a donc rien à voir avec la situation américaine de 1776.

Pour le reste, attendons de voir ce que dit le traité avant de porter des jugements hâtifs.

D’ailleurs, ce traité sera soumis à la ratification du Parlement, et donc l’adage "Pas de taxation sans représentation" n’aura pas lieu de s’appliquer. JR