[align=center]L’effet d’une monnaie unique sur les balances commerciales : le cas d’école de l’euro[/align]
[font=verdana]Argumentaire téléchargeable sous forme pdf à envoyer à vos connaissances : [/font] Monnaie-unique-balances-commerciales0.pdf - 123.9 Kio
[font=verdana]Rappelons à Sandy que la surévaluation de l’euro (estimée très généralement à 30% par rapport au dollar et au yuan chinois), coûte très cher en termes de perte de croissance et de déséquilibre des balances commerciales. [/font]Une note de l’INSEE en 2008[font=verdana][color=midnightblue][size=9] estimait à 1,7% la perte de PIB à quatre ans d’un euro surévalué de 10%. Et 1,7% du PIB c’est 33 milliards d’euros. Avec 30% de surévaluation, depuis près d’une dizaine d’années, combien de croissance et de recettes fiscales avons-nous perdu ?
Ce premier point, l’impact de la surévaluation de l’euro, commence à être connu. Ce qui l’est moins, c’est l’impact des différentiels d’inflation sur la compétitivité des pays membres de la zone. Les parités entre les anciennes monnaies de la zone euro ont été figées en 1999. On a donc 11 années d’existence de l’euro pour faire un bilan. La comparaison de ces 11 années avec les 11 années précédant le gel des parités donne à voir l’impact sur les balances commerciales des pays membres. Les données sont celles des balances courantes, telles que [/size][/color][/font]publiées par la Banque Mondiale.[font=verdana]
Voici le cumulé des solde des balances commerciales sur deux périodes : 1989-1999, onze ans avant l’euro, puis 2000-2010. Ceci pour la France, L’Italie, l’Allemagne, la Grèce et l’Espagne. [/font]
[font=verdana][color=midnightblue][size=9]
Solde cumulé des balances des comptes courants, avant et après l’euro
La France avait donc 152 milliards d’excédents cumulés sur la première période, alors que « grâce » à l’euro-qui-nous-rend-plus-forts, elle est passée à 99 milliards d’euros de déficit. Et rappelons qu’en 2011, nous aurons plus de 70 milliards de déficit commercial. Le phénomène s’aggrave donc. Même chose pour l’Italie, qui passe de 60 milliards d’excédents à 360 milliards de déficits. L’Espagne voit également son déficit cumulé multiplié par 7, qui passe de 113 milliards à près de 800 milliards. Enfin, la Grèce passe de 44 milliards de déficits, soit 4 milliards par an, à 256 milliards de déficits, soit près de 25 milliards par an.
Sur le sujet de la Grèce, rappelons donc que, selon « Le Monde », l’euro n’est pour rien dans ses problèmes, qui seraient donc selon cet organe de presse dus exclusivement à la paresse, la corruption, la fraude fiscale et autres plaies qui affligeraient ces attardés. Belle « mentalité » de cet organe de presse propre à éveiller la dissension, le ressentiment entre les peuples. Rappelons également que pour le Front de gauche, le Parti socialiste ou Gérard Filoche, c’est la faute aux banksters ou à un positionnement sur le bas de gamme, puisque ni le PS ni le Front de Gauche ne veulent sortir de l’euro. Ils sont tous, comme l’éditorialiste du Monde, convaincus que l’euro n’est pour rien dans les problèmes de la Grèce. C’est dire la gravité de la situation politique aujourd’hui. Il faudra tout de même qu’on explique comment les défauts qu’on impute à la Grèce ont pu évoluer de façon si spectaculaire, qu’en dix ans ils ont entraîné une multiplication par 5 du déficit extérieur du pays ? Alors que la naissance de l’euro, intervenue dans la même période, n’y serait pour rien !
C’est bien l’euro qui est pourtant coupable de l’appauvrissement de la plupart des pays membres. Traditionnellement, lorsqu’un pays subit des déficits trop importants de sa balance commerciale, il dévalue sa monnaie, pour regagner de la compétitivité. La principale raison pour laquelle un pays perd de la compétitivité est l’inflation : la hausse des prix rend les biens qu’il produit moins intéressants pour les acquéreurs étrangers. Le problème de la zone euro est qu’elle empêche les pays qui ont des taux d’inflation différents de procéder ponctuellement à des dévaluations, puisque les taux de change ont été figés. Hors, les taux d’inflation sont très différents au sein de la zone euro. [/size][/color][/font]Prenons les données d’Eurostat sur l’inflation.[font=verdana] Depuis 1999, l’inflation allemande a été, en moyenne annuelle, de 1,6%. En Grèce, elle a été de 3,2%, le double. [/font]
[font=verdana][color=midnightblue][size=9]
Evolution comparée de l’inflation dans 5 pays de la zone euro
Si l’on prend l’année 1999 comme référence, avec tous les prix européens égaux à 100 à cette époque, les prix allemands ont atteint le niveau de 122 en 2011, alors que les prix grecs ont atteint un niveau 148. Les prix grecs sont donc surévalués en 2011 de 21% à l’égard de son partenaire allemand. Et rappelons que par rapport à l’extérieur de la zone euro, l’euro est également surévalué de 30%. L’euro constitue donc une double peine pour les grecs.
Il y a bien deux effets néfastes de l’euro : la surévaluation de l’euro par rapport aux autres monnaies est le premier effet, le plus connu, que l’INSEE évaluait dans la note de 2008 citée plus haut. Le deuxième effet est le gel du taux de change entre des partenaires qui connaissent des taux d’inflation différents.
On peut alors établir une typologie des pays membres de la zone euro par rapport à ces deux phénomènes. D’abord, tous les pays membres sont victimes de la surévaluation de l’euro. Il n’y a aucun miracle à cet égard, même si la classe politico-médiatique tend à croire que l’Allemagne disposerait d’une recette miracle. Avec l’extérieur de la zone euro, l’Allemagne est en déficit : elle souffre comme tout le monde de la surévaluation de l’euro. Ce qui masque ce phénomène est que, du fait de son inflation la plus basse de la zone, la compétitivité allemande s’accroît mécaniquement chaque année par rapport à ses partenaires de la zone euro.
Les autres pays sont d’autant plus affectés par le deuxième effet qu’ils ont une inflation supérieure à l’Allemagne. On constate en effet que la dégradation de la balance commerciale constatée plus haut varie en lien direct aux écarts de taux d’inflation avec l’Allemagne :
Différentiel d’inflation avec l’Allemagne :
Allemagne 0,0% France +3,0% Italie +9,5% Grèce +26,0% Espagne +17,6%
Evolution de la balance commerciale entre les deux périodes : Allemagne +1 436 France -251 Italie -424 Grèce -212 Espagne -675
Prenons le cas français : la France a un taux d’inflation très proche de celui de l’Allemagne, si bien qu’elle ne souffle pas trop du deuxième effet néfaste de l’euro. En revanche, elle souffre de la surévaluation de l’euro vis-à-vis de l’extérieur.
La Grèce, l’Espagne et l’Italie, à des degrés divers, souffrent des deux problèmes de l’euro. Leur déficit commercial a donc explosé depuis l’adoption de l’euro. Pour eux la monnaie unique provoquent une grave récession économique, ils font exploser le chômage, réduisent les salaires et détruisent leurs acquis sociaux.
[/size][/color][/font]