TRANSFERT (Suite et fin)
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Le vendredi 27 janvier 2006 à 00:51, par Copas
Je viens ici sur ce débat et suis relativement sidéré par plusieurs choses :
* Les confusions régnant entre les différentes catégories de métiers de fonctionnaires, ainsi que celles régnant entre les niveaux hiérarchiques des fonctionnaires (comme si dans le privé on accusait des salariés de Renault des méfaits de Renault à Vilvoorde).
* L'offensive idéologique existant par tous les bouts, et tous les médias sous contrôle (sauf Internet qui demeure espace de liberté) visant à casser les services publics en accusant leurs salariés des incapacités de leurs dirigeants et en essayant de faire monter la mayonnaise sur des affaires ridicules (hum, le conducteur de train qui part à 50 ans à la retraite ? Et le pilote d'avion, mes amis, vous souhaitez qu'il aille à 70 ans ?)....
Reprendre ce qui se dit, et parce que ça se dit, dans le contexte médiatique cité et les volontés destructives connues, comme si c’était forcement une réalité et que donc il fallait prendre des « mesures » dans le sens de la propagande portée, est très gênant, formidablement gênant (Hum Étienne ? ).
De quoi parle-t-on ? D’une poignée de juges ? Oublie-t-on que les fonctionnaires, ce ne sont pas que les 3 ou 4 fantasmes distillés ? Ce sont également quelques centaines de milliers de fonctionnaires hospitaliers… Médecins, mais surtout infirmières, ASH, aides-soignantes… À ceux-là, vous pouvez toujours leur dire qu’ils sont de grands privilégiés, si vous voulez, surtout quand ils veilleront la nuit dans le stress moral et physique, sur vous…
On pourrait parler des pompiers, privilégiés ? Il y en a plus que de juges…
On pourrait parler des fonctionnaires municipaux, (ça fait riche d’être appelé « fonctionnaires » pour pousser le balais et, dans certaines villes, vider les poubelles), …
Merci le caillassage… symbolique des cars de ramassage sociaux qui font du lien et rendent service…
Vous avez remarqué, je n’ai pas parlé de deux catégories : Les précaires de l’État (peut-être Étienne connaît ?), de ceux qui sont payés avec plusieurs mois de retard (là où un patron du privé aurait été mis aux fers, l’État patron le fait tranquillement…), les manquements aux obligations de l’État patron envers les CDD sont énormes (et à nouveau hors normes en comparaison avec les patrons du privé), le plus drôle de l’affaire c’est que le précaire d’État sera soumis au même caillassage symbolique… (Ah les fonctionnaires…).
Et les fonctionnaires de l’éducation nationale (ou presque)… ne pas confondre les profs classiques et les autres…
Les privilèges… Reprenons notre conducteur de train partant à la retraite à 50 ans (perso je préfère ainsi, car j’ai moins la trouille dans le TER qu’il n’ait plus la moelle d’appuyer sur le frein à l’entrée d’une gare…)… Il y avait, il y a quelque temps, tout un texte qui circulait sur Internet qui a été reconnu comme mensonger par tous (journaux, SNCF, syndicats, personnes) qui essayait à dessein de faire un mix de la situation des cheminots faisant ressortir des agents de la SNCF à 3000 euros, etc… Un mélange classique du genre…
On mélange tout, et on attaque…
Alors, revenons à nos moutons… De qui on parle… Les statuts sont multiples et je vous garantis qu’une infirmière qui joue au lancer de fléchettes saute facilement, du moins plus aisément qu’une série de ministres (pas des fonctionnaires, là…) successifs qui arrivent à une situation déboulant sur 15000 morts suplémentaires parce qu’il fait plus chaud une année particulière… Pourtant, l’infirmière, avec des balcons de fatigue sous les yeux, vers les 3H1/2 du matin, ne devra pas se rater, vous rater…N’est-ce pas ?
Pareil Ok dans les cliniques privées, ou les pays où les hopitaux sont privés…
Mais là, il n’y a pas de montage de mayonnaise particulière du fait du statut des infirmières…hum ?
Responsabilité ? Il semblerait que du côté des reproches fondés (les soi-disant avantages matériels pour l’écrasante majorité des « fonctionnaires » sont absolument ridicules et écartés quand on voit les revenus véritables des couches sociales diverses… À l’aune des avantages « insupportables » des fonctionnaires, (on pourrait penser légitimement que les bourgeois, alors, pèteraient toutes les limites de la décence…) on parle souvent de défauts inhérents à toutes les grandes machines, toutes les grands entreprises : Apparition dans certains corps de bureaucraties puissantes qui, comme dans toutes les organisations humaines non démocratiques, ont tendance à trier leurs hiérarchies, sur le fond, sur la soumission et la connivence, sur des principes corruptifs à basse tension…
Mais à décharge, certaines administrations fonctionnent également en fait avec des coûts extrêmement bas (des fois plus bas que le privé) de bureaucratie (Sécu 5%, assurances privées 20%). Des écoles avec des profs en même temps directeurs et administratifs, moi, ça me sidère ! Chapeau ! Là, la bureaucratie devient transparente… carrément inexistante ou presque (je parle de bureaucratie, là, comme couche sociale et non comme pratique)… Aucune boite privée n’arriverait à cela… Ce sont littéralement des low cost de la bureaucratie…
On ne peut demander à des fonctionnaires des responsabilités particulières sans contreparties. Par contre, mis à part les fonctionnements de l’éducation nationale, les autres organisations de travail dans les fonctions publiques sont tout à fait comparables à celles d’entreprises privées. Peut-être que des gains en qualités de service rendu passeront-ils par davantage de démocratie interne à ces organisations, et davantage de démocratie externe.
Elles devront essayer également de se débarasser des bureaucraties impériales cooptées, puissantes en France, qui gouvernent les grandes administrations et les grandes entreprises privées (les grands patrons passant du public au privé, du privé au public, puis ministre, puis…) avec de beaux désastres que l’on sait dans la SNCF (la morgue des dirigeants… les investissements aberrants ), les dérives délitantes dans la santé (on est entré dans la zone des tempêtes), les aberrations des interventions des répresentations politiques sur les services publics…
Une fois débarrassé de la question des faux procès et du discours de ceux qui ont contribué et contribuent aux services publics « pissotières » délabrés… on peut parler des choses sérieuses.
Les responsabilités des fonctionnaires doivent permettre de séparer ce qui ressort de la particularité d’agents de l’État de ce qui ressort de la responsabilité de tout salarié… Et c’est dans cette distinction, pas toujours aisée, que doit se faire la réflexion… Qu’est ce qui ressort du salariat ordinaire, qu’est-ce qui ressort du statut particulier de fonctionnaire? Il faut répondre à cela en premier.
- Le vendredi 27 janvier 2006 à 16:47, par Étienne
Bonjour Copas et bienvenue :o)
Ce thème est un peu [i]"border line"[/i] par rapport à l’axe (purement institutionnel) que je voudrais respecter dans ce site, par souci d’efficacité. Mais quand même, la philosophie rénovée du statut de la fonction publique qui émergera peut-être de nos échanges peut apparaître dans une Constitution d’initiative citoyenne. Il faudrait simplement que nous gardions en tête ce fil d’Ariane (Quels principes formuler dans notre Constitution ?) pour ne pas trop nous perdre dans les détails, autant que possible.
Je suis bien d'accord avec ton plaidoyer pour le dévouement de la plus grande partie des fonctionnaires, et sur l’injustice de nombreuses accusations portées contre eux, mais ce plaidoyer ne fait pourtant pas la démonstration qu'aucune maladie grave ne ronge l'ensemble.
Ce qui ne va pas, Copas, je le dis tranquillement, ce ne sont pas les quelques avantages de certains (dont tu as raison de souligner le peu d'importance), ce qui ne va pas, ce sont de réelles (et parfois graves) situations d'impunité totale en cas de faute, de mauvais travail ou de non travail.
Ces situations d’impunité sont naturellement vécues par les autres, les précaires (du privé et du public) et les administrés, comme autant d’injustices ; on peut le comprendre sans être pour autant un ennemi de la fonction publique.
On devrait donc, si c’est possible, faire le tour des situations où cette impunité s'impose pour les nécessités du service. Je suis sûr qu'elle ne s'impose que rarement. (Mais on verra bien en en parlant.)
Je ne développe pas les exemples d'impunité (ils sont légion).
Sur le principe du débat, l'échange à la fois franc et constructif me paraît souhaitable pour rétablir entre l’administration et les administrés une nécessaire confiance qui s'érode faute de communication.
En s'arc-boutant sur une position défensive trop intransigeante, en se montrant incapables d’une autocritique modérée, les fonctionnaires braquent tout le monde contre eux (car c’est une ligne de défense bien peu convaincante), et [b]l’idéologie néolibérale trouve alors dans la population des troupes pour soutenir son discours délétère de mépris contre tous les services publics.[/b]
Par exemple, pour faire correctement mon métier de professeur, je n’ai pas besoin de pouvoir maltraiter impunément mes élèves. Cette impunité de fait est excessive, je n’en ai pas besoin pour travailler.
Certes, il faut me laisser le droit d’appliquer des sanctions (ce métier-là l’impose, par nature).
Certes, il faut me protéger efficacement contre les pressions toujours possibles, et même probables, des parents d’élèves.
Mais il ne faut pas me protéger contre [b]toute[/b] remise en cause. Par exemple, j’ai besoin qu’un prof qui maltraite souvent les élèves (méchanceté, humiliations, refus d’expliquer ou de répéter, injustices…) soit prévenu puis mis à l’écart pour conserver à mon métier l’autorité qu’il mérite, et je comprends que les citoyens non professeurs aient le même besoin.
Les fonctionnaires organiseront leur propre survie en acceptant que les "mauvais" soient chassés de leurs rangs. Je sais que cela pose le problème de l’évaluation et des critères, (qui décide qui est "mauvais" et comment ?), je sais qu’il sera difficile de trouver un système [b]juste[/b], mais cette difficulté ne doit pas conduire à abandonner l’objectif : rendre la fonction publique évolutive, corrective, capable de récompenser les meilleurs, de motiver les suivants à progresser, de remotiver ou réorienter les derniers et de chasser les indécrottables.
- Le vendredi 27 janvier 2006 à 18:32, par pierre
André,
Votre cahier de doléances me fait un peu penser à ceux que remplissait le Tiers État avant la révolution française. C'est une bonne idée qui permettrait surtout à l'administration d'être au courant des disfonctionnements, ce qui n'est déjà pas si mal. Mais cela ne peut marcher que si les usagers, les citoyens, voient leurs doléances déboucher sur des améliorations concrètes. Je crains un peu qu'elles ne se perdent dans les méandres de la bureaucratie...
Je suis évidemment d'accord avec vous, il ne saurait être question d'arbitraire ou de vengeances personnelles. Cordialement
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Le vendredi 27 janvier 2006 à 20:09, par André
Pierre
Je prends connaissance de votre courriel, et vais développer un peu. J’ai pris à dessein le thème de l’éducation nationale pour plusieurs raisons : - c’est l’administration où se trouve le plus grand nombre de fonctionnaires, et c’est sans doute la plus importante pour l’avenir du pays, quasiment tous les français sont concernés. - Étienne, l’animateur du site, est lui même professeur, il peut donc intervenir à bon escient. - Comme vous savez je suis inspecteur des impôts, mon épouse est professeur d’allemand, donc je connais assez bien le milieu enseignant. - De plus, c’est sans jugement de valeur l’administration la plus complexe. Je vais donc dire les choses telles que je les ressens, en mettant de côté mes idées politiques ou syndicales. De façon générale, attaché à la pérennité des services publics pour des raisons de cohésion sociale, je partage votre avis, à savoir que les citoyens ont un droit de regard sur les administrations, et bien entendu en tant que parents sur l’éducation nationale, et l’enseignement de leurs enfants. Un cahier de doléances, c’est le seul mot qui me vient à l’esprit, serait une première étape, il pourrait être rempli par les parents d’élèves. Le chef d’établissement serait tenu d’en tenir compte, par exemple en cas de problèmes graves liés à l’attitude d’un professeur ou à son incompétence, les parents pourraient exiger une inspection académique. Les modalités ne sont toutefois pas facile à mettre en oeuvre, et il faut évidemment que les parents prennent leurs responsabilités et s’impliquent. J’habite le nord de la France (frontière belge), nous sommes une zone sinistrée, vous imaginez le problème des classes difficiles !! La difficulté provient du fait que les parents qui devraient venir ne se déplacent pas. Celà dit, il faut bouger améliorer les choses. L’un des problèmes de l’éducation nationale vient aussi du manque d’encadrement. Le proviseur est attaché à des fonctions le plus souvent purement administratives, et l’aspect qualitatif du travail des professeurs n’est pas clairement perçu par l’administration. Vous n’ignorez pas qu’un professeur est inspecté tous les 7 ou 8 ans, que l’on me corrige si je me trompe, j’imagine que les citoyens ou usagers devraient réclamer un suivi plus régulier auprès des académies, évidemment celà suppose de recruter davantage d’inspecteurs, mais ça paraît un investissement interessant à long terme. Habitant le nord, mon épouse et moi avons vu beaucoup de jeunes collègues venir du pays d’Étienne et laissés à eux mêmes. C’est quand même un métier de vocation, et il s’ensuit un découragement, il y a un certain gâchis !! Nous avons tous les deux (malgré nos divergences) ce point commun de maintenir des services publics pour les citoyens, je crains simplement (j’espère me tromper) que la mondialisation libérale n’impose un démantèlement qui serait défavorable au plus grand nombre.
Cordialement
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Le samedi 28 janvier 2006 à 14:17, par copas
Étienne,
C’est un peu ce que je pensais : Tu pars trop d’une appréciation d’une situation tout à fait particulière dans la fonction publique pour penser que l’ensemble fonctionne ainsi.
Mais même en partant de là, et en prenant en ligne les abus de pouvoir, violences, matraitances d’élèves par des profs, on s’aperçoit que cela ne renvoie pas à un statut de fonctionnaire. Les pays qui ont des écoles ou collèges privés (avec des profs à statut privé) sont confrontés de la même façon à ces dérapages impunis (voir + encore…) montrant en cela que ce n’est pas la particularité du statut de fonctionnaire de l’enseignant qui est problème.
Et donc que ce type de débat n’est pas lié fondamentalement au statut de la fonction publique. Qu’une partie des gens l’assimile à cela ne fait pas réalité. Partir de ce sentiment d’une partie de la population comme si celà correspondait à un fait essentiel établi me semble très gênant.
Il demeure, comme dans la conclusion que j’avançais déjà, qu’il faut distinguer ce qui révèle d’une particularité d’un statut de ce qui relève d’une situation commune. La question du droit de grève ne relève pas d’un statut (sauf pour les réductions pour les professions dans lesquelles est engagée la sécurité des personnes). Police, Hopitaux, etc, ne peuvent faire grève réellement, et leur exercice du droit de grève leur indiquerait la porte avec plus de certitude que dans le secteur privé et sans qu’ils puissent toucher le chômage .
La situation désastreuse qui est faite dans la fonction publique hospitalière, par exemple, est déjà en grande partie le fruit de campagnes de propagande s’attaquant aux « fonctionnaires » en mélangeant tout et en étant très injustement imprécis (Je ne trouve pas bien, Étienne, de dire « on ne va pas en faire la liste », car ne pas décrire exactement les problèmes autorisent bien des dérives et évite de traîter au fond celles-ci).
Je reviens donc au fond de la liste : « Quand la protection est excessive apparaissent toujours les pires travers : chacun doit être responsable de ses actes, même les fonctionnaires, évidemment. Et tout pouvoir doit être limité, par un contre-pouvoir intelligent, non bloquant et juste. »
Il nous faut donc préciser ce que l’on pense être excessif, qui juge, les hiérarchies à l’oeuvre (imposantes dans la plupart des corps de la fonction publique, mais très faible finalement dans l’éducation nationale) et les pouvoirs des contre-pouvoirs.
* Nous avons donc un pouvoir, l'État-patron.
* Une hiérarchie (lourde et puissamment pyramidalisée, sauf dans l'éducation nationale).
* Des salariés (au fond de la tranchée) sans pouvoir (sauf dans des corps d'État minoritaires).
* Des citoyens usagers, raison d'être principale de l'ensemble, avec un pouvoir très et trop indirect (par le seul choix d'élections politiques générales).
Établir un statut, des responsabilités, exige de déterminer précisément les pouvoirs en jeu, l’éventualité (pour moi la nécessité) de les reconsidérer, de les rendre plus directs, afin que la démocratie fasse peser plus précisement son poids dans les choix faits.
Naviguer dans les flous, dans les imprécisions, sur une situation réelle et concrète, me semble dangereux.
Soyons précis, indiquons exactement ce qui est en cause, à quel titre, les pouvoirs en cause et leurs organisations, pour pouvoir aborder là dedans ce qui ressort de la responsabilité des individus de ce qui ressort d’autres questions.
Bien à vous, tous.
Copas
- Le samedi 28 janvier 2006 à 16:51, par Olga
Je pense qu'aborder grossièrement le sujet "les fonctionnaires" est pervers :
Poser la question ainsi, c'est se condamner à condamner sans intelligence, à tous les poncifs, car "QUI NE RÂLE PAS CONTRE "eux?
Pas que je prétende avoir le secret d'une approche "intelligente", mais, simplement, si nous parlons de "l'éducation nationale", par exemple, il s'agit de bien écouter les enseignants et les parents, ainsi, peut-être, que les élèves.
Actuellement, on écoute des "clients pas contents", pas étonnant qu'on n'aille pas vers une "intelligence citoyenne" de la chose !
Il est facile, ici, de monter en épingle un événement privilégié sur les médias.
Mais où et quand se déroule la concertation, si d'une part, les parents sont menacés par la précarité, eux qui n'ont pas un instant pour s'entendre, déjà indisponibles à leur famille... et si, d'autre part, on augmente aveuglément la charge de travail des "profs", ces "privilégiés" dont on sous-estime le contenu du travail ?
Les jeunes ne sont plus ceux que nous fûmes, et les classes sont surchargées, leurs effectifs ne sont viables ni pour les enseignants ni pour les élèves.
On méprise les appels au secours des associations et des syndicats qui jouent leur rôle d'alerte dans un désert médiatique balayé par la tempête du sable publicitaire.
Le budget de ce ministère n'est plus prioritaire
Continuons à découdre le tissu social, et le désespoir prendra tous les pouvoirs .
Ce qui fait du fonctionnaire "l'homme à abattre", c'est la politique choisie par l'État aux mains d'une oligarchie dont la règle est le mépris, l'autisme, le mensonge, la démagogie délétère... la guerre idéologique, au service du "marché financier", avec des "ministres" au garde-à-vous devant un parti unique: LE MEDEF !
Alors, ne réagissons pas à la mode d'Isnogood, en "adeptes du karcher", obnubilés par "l'insuffisance de sanction" :
Ne nous cachons pas notre impuissance POLITIQUE à "sanctionner politiquement" une politique délibérément cynique avec les associations citoyennes existantes !
Et si on créait une sanction du "voisin" ?
... Derrrière mon écran d'ordinateur, il y a, non pas "la plage", mais, là, en bas, sous la neige, mort de froid, un "fonctionnaire sanctionné".
Et que revive VICHY !
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Le samedi 28 janvier 2006 à 23:18, par guillou alain
« Est-ce normal qu’un fonctionnaire ayant commis une faute garde son emploi…alors que dans le privé çà ne pardonne pas ? »
Pour moi, cette façon de voir le monde, je la croyais loin derrière nous, et je pensais qu’au contraire chaque erreur devait être exploitée intelligemment pour que les collectifs, toujours concernés, « car nous sommes des équipes… » en tirent une amélioration des méthodes…etc.
… Il fut un temps, de relative « modernité », où l’on semblait s’éloigner de la terreur…
Mais c’est la nuit et le brouillard qui doivent revenir, car « il y a des coupables », et "des têtes doivent tomber…
Je suis moi aussi mon propre patron, désormais, mais je fus cadre dans des « entreprises familiales paternalistes », puis dans une grosse multinationale…
Permettez moi de rigoler !
Des « fonctionnaires », comme vous en parlez, j’en ai vu quelques beaux spécimens dans cette boite transnationale !
… et quand, sorti de cet univers dingue, en congés, dans mon petit village de gaule profonde, je pouvais me faire « servir » par un « agent du service public », quel bol d’oxygène !
Bien sûr, il faut embaucher dans les services publics !
Il faut développer la déontologie du travail bien fait, sans crainte, et par amour… (Surtout s’il y a des chiens qui bavent de haine.)
Je ne parle pas de ce forum sympa, où on a raison de s’interroger sur la question du comportement « des fonctionnaires » à une époque où le simple fait de n’avoir pas peur fait des jaloux.
Si vous vouliez avoir de l’avancement dans mon ex-boîte, il vous suffisait de ne pas avoir de conscience professionnelle, c’est-à-dire de vous glisser dans « la direction participative par objectifs », sans broncher, peu importe les conséquences humaines, et en l’occurrence l’environnement.
… Hélas, depuis quelque temps, les services publics essayent de « faire aussi bien » : les critères de gestion les pires sont entrés chez les « fonctionnaires », par décision politique : il n’y a plus de véritable service public !
Alors, chaque fonctionnaire s’éloigne de « la déontologie dépassée » !
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Le dimanche 29 janvier 2006 à 12:50, par isabelle
Tu as raison, Olga, les fonctionnaires sont à la solde du medef !
Assez de mépris, de cynisme, de démagogie !
Puisque les fonctionnaires sont des traîtres, supprimons la fonction publique !
NO PASSARAN !
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Le dimanche 29 janvier 2006 à 16:12, par andré
Bonjour Isabelle.
Je ne comprends pas votre point de vue. Peut-être suis-je idiot, mais pourriez vous expliciter votre pensée ?
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Le dimanche 29 janvier 2006 à 19:37, par isabelle
Et vous comprenez les propos de Olga ? Elle se gargarise de slogans révolutionnaires, de jugements péremptoires, complètement à côté de la plaque. Je fais comme elle
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Le dimanche 29 janvier 2006 à 20:14, par André
Olga a des arguments tranchés,elle dit ce qu’elle ressent. Vous ne pouvez nier que les fonctionnaires sont souvent désignés comme boucs émissaires, responsables de tous les maux, y compris par des journalistes qui gagnent 10 fois plus qu’un fonctionnaire de base. En tant que militant d’ATTAC, je partage avec elle, l’opinion de changer la société,sans violence faut-il préciser. Mais je crois que le débat sur la fonction publique est important. Il convient de rapprocher les citoyens de leurs administrations, et les citoyens ont un droit de regard démocratique sur le fonctionnement de notre administration. De plus mon épouse et moi étant fonctionnaires, c’est un domaine que je connais forcément. Avez-vous des idées particulières sur ce thème ? J’avais suggéré des cahiers de doléances (c’est l’appelation qui me vient à l’esprit).
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Le dimanche 29 janvier 2006 à 20:35, par karine
Vous avez eu tort de répondre à Olga, Isabelle. Elle cherche à provoquer. En lui répondant, vous attisez sa hargne. Étienne conseille d’ailleurs de ne pas entrer dans la surenchère et il a raison.
Bonsoir, André. Les patrons aussi sont souvent désignés comme boucs émissaires, responsables de tous les maux. Le débat est important mais les opinions tranchées d’Olga ne permettent pas vraiment un dialogue constructif…
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Le dimanche 29 janvier 2006 à 21:00, par André
Bonsoir Karine
Vous savez, j’essaie d’être le plus honnête possible, sans renier mes idées pour lesquelles je n’ai aucune gêne. Nous sommes tous deux fonctionnaires, mon épouse est professeur d’allemand, moi inspecteur des impôts. Nous sommes de la région de Maubeuge (frontière belge), il existe une école d’interprète cotée à Mons (Belgique), vous connaisez ? Juste une petite disgression. Et je connais bien les chefs d’entreprise avec lesquels j’ai des relations tout à fait correctes (je vérifie des PME qui peuvent avoir 50 ou 100 salariés, pas des multinationales). Je reconnais facilement les gens sérieux des autres. Quand les chefs d’entreprise laissent de l’argent en compte courant et maintiennent leurs capitaux propres, on voit clairement que c’est pour maintenir l’outil de travail. Je n’ai donc rien contre l’entreprise en tant que telle. Il n’est pas dans mon propos de nationaliser toutes les entreprises, de refaire la révolution de 1917. Je suis opposé à la mondialisation néolibérale, c’est autre chose, je ne vais pas développer les thèses d’ATTAC, ça n’aurait pas d’intérêt. Je voulais simplement vous donner ces éléments d’appréciation. Par ailleurs, je suis sincère quand je dis que les relations entre les citoyens et les fonctionnaires sont importantes. Je suis plus à l’aise pour traiter de cela que de droit constitutionnel, je l’avoue, cela dit, si vous voulez lire une constitution claire (par opposition au TCE), je vous invite à voir la constitution suisse, il n’y a pas besoin de sortir de l’ENA pour comprendre.
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Le lundi 30 janvier 2006 à 02:16, par Jacques Roman
Constitution suisse
André,
Êtes-vous sûr d’avoir eu sous les yeux la constitution suisse complète ?
Si oui, je suis surpris que vous la trouviez tellement mieux que le TCE.
Elle est longue (196 articles).
Elle traite comme le TCE de politiques gouvernementales (en particulier économiques) qui n’ont rien à faire dans une constitution : ex. : article 71-2 : « La Confédération peut légiférer pour encourager une offre d’oeuvres cinématographique variée et de qualité »; ou l’article 88 , consacré à la protection des « chemins et sentiers pédestres »
Elle contient des articles peu clairs ou sujets à des interprétations variées. Par exemple, l’article 6, intitulé « Responsabilité individuelle et sociale » : « Toute personne est responsable d’elle-même et contribue selon ses forces à l’accomplissement des tâches de l’État et de la société », où chaque mot, pratiquement, fait problème.
En bref, elle contient beaucoup de bonnes idées, mais je n’en ferais pas le modèle de la future constitution de l’UE.
(Incidemment, je dédie son article 161 à Etienne : « Interdiction des mandats impératifs - Les membres de l’Assemblée fédérale votent sans instructions ».) JR
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Le lundi 30 janvier 2006 à 09:56, par Olga
Karine, ne faites pas le procès de tout le monde, SVP !
Bien sûr, il faut changer quelque chose dans la fonction publique, et je ne prétends pas dire quoi à la place des autres.
Mais ce qui me fait exprimer « des opinions tranchées », c’est une irrépressible ennvie de me faire « l’avocate du diable », puisque pour les procureurs que je lis, il semble y avoir des diables de fonctionnaires « à sanctionner »…
Pas de mépris à mon égard s’il vous plaît: « ne pas répondre à Olga », voilà une directive que vous donnez à André : de quel droit, nous sommes sur un Forum, et je vous épargne ce qu’il me serait permis de vous dire (de Catule à César…).
Dans la recherche de plus de « vérité » quant à ce qu’il faudrait modifier dans le statut des fonctionnaires, il faut se placer des deux points de vue « antagonistes », nécessaires à une réflexion critique :
Du point de vue du vécu des fonctionnaires, car eux seuls le connaissent : c’est le point de vue « de l’intérieur ».
Ne pas en tenir compte serait dogmatique !
… Et, bien sûr, du point de vue des « USAGERS », car il est vrai qu’ils ont beaucoup à dire.
Mon « point de vue tranché », c’est un peu vite dit de votre part !
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Le lundi 30 janvier 2006 à 12:46, par karine
Olga,
Ce n’est pas moi qui ai utilisé l’expression « point de vue tranché » mais André.
Pour ma part, comme je l’ai écrit à Isabelle, je vous trouve provocatrice et hargneuse. Et je le maintiens. Votre façon d’agresser ceux qui ne pensent pas comme vous en disant n’importe quoi est stérile pour ne pas dire débile.
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Le lundi 30 janvier 2006 à 13:30, par les veyssiéres
J’ai pris le temps de lire attentivement l’ensemble des débats sur les fonctionnaires ! J’ai compris moi qui n’ai pas été fonctionnaire, que ces salariés sont d’une part trop protégés, et inefficaces, pour schématiser le débat. Je ne sais si ce problème doit être réglé par la constitution ? Mais ce dont je suis sûr, c’est que l’employeur porte une responsabilité importante sur cette situation ou sur la perception que nous en avons. En conséquence j’aurais plutôt tendance en tant qu’ex cadre dirigeant du secteur automobile à regretter amèrement l’absence de leadership de la part de l’employeur.
Pourquoi l’État n’est–il pas capable de gérer correctement les administrations dont il a la responsabilité ? RÉPONSE. Parce que les règles élémentaires de management ne semblent pas être respectées ou appliquées.
Quels sont les moyens d’actions à votre disposition quand vous prenez la charge d’une entreprise et que vous constatez : l’absence de motivation, une morosité ambiante. Tout d’abord, cela commence par vous-même, vous devez apparaître comme un animateur rigoureux enthousiaste, pleinement responsable des actions qui sont ou seront entreprises. En l’occurrence, dans ce cas je parle du ministre en charge (provisoirement) de l’administration concernée. Le provisoirement est important car : que penser d’un dirigeant dont la durée de passage à la tête de l’entreprise ne lui permettrait pas d’assumer la responsabilité de ses décisions ? Et là, la valse permanente des ministres ne va pas dans le bon sens. Cela pose la question du politique dirigeant une administration ?
Ensuite vous devez fixer clairement les objectifs de chacun. C’est relativement simple, si vous avez une certaine compétence pour la tâche qui vous est demandée !!!
Et déléguer aux différents niveaux de la hiérarchie une partie des pouvoirs, ça s’appelle responsabiliser le personnel.
Responsabiliser, c’est avant tout reconnaître la compétence, et par définition ça implique la reconnaissance du travail effectué ou la défaillance.
Ensuite la confiance n’excluant pas le contrôle, mettre en place un système d’info sur la marche de votre secteur d’activité permettant de se situer par rapport à des chiffres ou une satisfaction du public etc. On appelle cela communiquer.
L’obtention de ce comportement des uns et des autres se fait par la formation permanente.
C’est simple, ça marche dans le privé, ça doit fonctionner dans l’administration, d’autant plus qu’il n’y a pas d’éléments extérieurs tels que concurrence sauvage, effondrement de marchés, etc. Pour moi, le procès qui est fait aux fonctionnaires est un mauvais procès et un faux débat. La faute incombe à l’employeur et donc à l’État. La conclusion pour moi serait : un ( politique ) est-il le meilleur choix pour diriger une administration ? Si l’administration fonctionne imparfaitement, c’est qu’elle est mal dirigée. Qu’en pensez–vous ?
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Le lundi 30 janvier 2006 à 15:14, par michel974
Pour ma part, j’en suis convaicu, et il me semble que nous sommes plusieurs à nous demander l’intérêt d’un tel débat. Mais bon, il en a va de « la survie » de la fonction publique paraît-il.
Ce qui est tout aussi épatant, c’est que ce sont les gens du privé qui, en majorité, trouvent le débat déplacé.
J’ai dû rater quelque chose, ou alors j’ai dépassé mes limites de la bêtise.
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Le lundi 30 janvier 2006 à 16:05, par pierre
Je suis également d’accord avec vous sur l’idée d’appliquer les règles de management à la fonction publique.
À chaque échelon de la hiéarchie, chacun doit se sentir responsable et celui qui est tout en haut de la pyramide doit donner l’impulsion et responsabiliser les fonctionnaires. Mais tout ne repose pas sur les seuls ministres (qui s’estiment parfois d’ailleurs « responsables mais pas coupables »), mais bien la manière dont est organisée la fonction publique (et sur laquelle un ministre n’a aucune influence).
Si on prend l’exemple de la Justice, on s’aperçoit qu’on a voulu donner aux magistrats une totale indépendance vis à vis du politique - et c’est un plus pour la démocratie - mais qu’ils ont finalement des pouvoirs très importants (celui de mettre des innocents en prison, par exemple) - et ça, ce n’est pas bon pour la démocratie. Les ministres changent tous les cinq ans mais cela ne change pas grand chose à la manière dont est gérée l’administration qui doit sans doute être réformée plus en profondeur, peut-être constitutionnellement.
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Le lundi 30 janvier 2006 à 18:24, par les veyssiéres
En réponse à PIERRE
Il me semble que le management d’une administration et sa place, la définition de ses pouvoirs ou de ses limites sont des aspects différents : Quel que soit le rôle d’une administration, son management doit se faire selon des règles qui ont fait leurs preuves.
La détermination de l’organigramme, de la communication intérieure et extérieure, sont du domaine du management.
Les systèmes de contrôles, doivent être indépendants, la cour des comptes par exemple (qui ne sert pratiquement à rien aujourd’hui). Il est évident qu’il faut différencier les administrations tant leurs rôles sont spécifiques. On pourrait les définir de la façon suivante :
ÉDUCATION (scolarité, formation, culture, recherche) DÉFENSE (inter, externe), ÉQUIPEMENT DU TERRITOIRE (réseau routier, transports, énergies, eau), SANTÉ (SS, hôpitaux, retraites), FISCALITÉ, JUSTICE, etc.
La justice doit faire l’objet d’un article spécifique au sein de la Constitution définissant les modes de fonctionnement. Je ne suis pas juriste et ne ferai pas de propositions.
Je crois qu’une Constitution doit mentionner les secteurs d’activités que l’État, le parlement, le peuple, entendent contrôler à travers la fonction publique. Nécessitant ainsi un amendement de la Constitution en cas de velléités d’en faire une activité privée et donc d’avoir l’obligation d’un plébiscite référendaire pour pouvoir modifier la Constitution, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui : voir EDF, réseau routier, eau, etc. Il faut donc décider ce qui doit dépendre du public et ce qui doit ne pas l’être. Amicalement.
- Le lundi 30 janvier 2006 à 19:35, par André
Bonsoir Jacques
Je ne dis pas que la constitution suisse est parfaite, il est vrai que l'économie n'y est pas absente, elle est d'inspiration libérale c'est tout à fait vrai. Mais c'est moins un casse tête à lire que le TCE qui a un style beaucoup plus technocratiques. Quand dans le TCE, il est question d'article untel sous dérogation du b) de l'article et sous réserve du a) de...etc... ce n'est pas triste. Et il faut reconnaître que les suisses sont invités à se prononcer régulièrement sur les sujets les concernant avec les "votations", ils vivent dans un état plus démocratique que le nôtre, ce qui ne veut pas dire que c'est le monde idéal.
- Le mardi 31 janvier 2006 à 14:25, par Olga
Leadership...? ... Où sont les "meneurs d'hommes" de feu le CNPF ? Ils préfèrent dresser des esclaves à coup de chantage : ils préfèrent avoir affaire à la docilité, vertu prisée en Chine dite "communiste"...
Bien sûr, il ne faut pas fréquenter les manifs syndicales, on risque d'y entendre des slogans qui mériteraient punition, du type "les p'tits chefs, ça suffit !"
Pourtant, il faut aussi avoir le courage d'entendre cela, car il y a du vécu, pas très beau mais réel, derrière !
L'esprit d'équipe, aujourd'hui se trouve démoli par le "chacun pour soi".
Je crois que l'efficacité n'est plus au rendez-vous car il se passe quelquechose de grave dans l'ensemble de la société et pas seulement dans les administrations.
Qu'arrive-t-il aux cadres qui ont joué à fond le jeu du "leadership, qui ont adhéré à tous les séminaires à la mode dans les années 80-90 ?
Une forte déception, car les véritables "objectifs" de l'entreprise, ce sont les actionnaires majoritaires qui en décident, et ils sont inavouables aujourd'hui, même aux cadres sensés s'investir en héros stakanovistes...
Retour à la case départ : la "motivation" et la responsabilité, c'est bien la question :
Y a-t-il des "ENTREPRISES CITOYENNES" aujourd'hui ?
Excusez-moi, Karine, d'être sur une autre planète que vous !
Pourtant...
- Le mardi 31 janvier 2006 à 14:29, par Batswann
Bonjour à tous, Je partage l'avis de certain concernant l'utilité de ce débat dans l'optique d'une Constitution. Toutefois, je trouve le débat particulièrement intéressant et peut servir à déterminer ce que l'on pourrait mettre dans une constitution. Tout d'abord, je ne rentrerais pas précisément dans une chasse aux sorcières qui consiste à dire que tous les fonctionnaires sont des incapables, et le privé le seul secteur à travailler. Je crois qu'il y a des dérive et des dysfonctionnements de chaque côté. Toutefois, si certains sont intéressés par quelques chiffres, je vous invite à aller sur ce lien (site ledebat.com) sur lequel j'avais déjà eu l'occasion de relever quelques chiffres sur les dérive patronales, les avantages du privé et les inconvénients du public. [url]http://www.ledebat.com/debat-comment-lutter-contre-le-chomage-en-france-2-2-3.html[/url] sous l'onglet « des chiffres »
Je me permets toutefois de revenir sur certaines critiques du secteur public, non pas parce qu'elles sont injustifiées, mais parce que je crois que la critique ou la contestation ne se fait pas dans la bonne direction : Oui, les fonctionnaires ont la sécurité de l'emploi (quoique de moins en moins, si je me souviens de mes chiffre, environ ¼ à 1/3 des emplois publics sont précaires). Mais, comme l'ont souligné certains, est-ce ça qui est criticable ? N'est-ce pas plutôt que les emplois privés soit aussi instable et précaire ? Oui, les fonctionnaires sont aux 35 heures et la majorité (je dirais 60%) ne travaillent pas plus. Mais est-ce criticable que de montrer du doigt un secteur d'activité qui applique la loi ? Je vous rappelle que la durée légale du travail (mises à part dispositions particulières), c'est 35 h. Par ailleurs, il est exact que les fonctionnaires (tout du moins pour certains domaines, car ce n'est pas vraiment le cas dans la fonction publique hospitalière), ne font pas d'heures supplémentaire. Tout d'abord, si on mettait des pointeuses dans la fonction publique, je crois qu'il y aurait des surprises. D'autre part, doit-on blâmer des gens qui, plutôt que gagner de l'argent supplémentaire, préfèrent profiter de la vie qu'ils ont ? Personnellement, j'ai travaillé récemment dans le public, et le service où j'étais ne comptait pas les heures supplémentaires, cad que vous pouviez travailler 40 h si vous vouliez, mais votre salaire ne changeait pas. Enfin, personnellement, je préfère quelqu'un qui passe 35 h au bureau à travailler que quelqu'un qui y passe 40 h pour n'en travailler que 30. Les grèves. Oui, elles sont plus nombreuses dans le public. Tout d'abord, le droit de grève existe, je ne vois pas le problème que cela pose. Par ailleurs, je crois que cela tient au fait qu'il est plus facile de faire grève dans le public que dans le privé, notamment parce que le risque de renvoi dans le privé est plus élevé. Pour moi, ce qui est scandaleux, ce n'est pas que le public fasse grève, mais bien que le privé n'en ait pas la possibilité par crainte. Enfin, il faut savoir que les grèves sont bien moins nombreuse qu'il y a 15 ans (10 fois moins, je crois), et qu'elles ne sont pas toujours visibles et efficaces (voir la grève administrative de certaine écoles primaires qui, je crois, dure encore, et depuis 10 ans !!!). Enfin, j'entends déjà certains : "et le public alors ?" Personnellement, je suis favorable, dans certains domaines, à un service minimum. Mais pas n'importe comment. Par exemple, dans les transport, dire « vous avez le droit de faire grève, mais pas pendant les période d'embauche et de débauche » est une monstrueuse connerie. Par contre, dire, là où vous aviez un bus toutes les 5 minutes vous en aurrez un toutes les heures ou les demi-heures, pourquoi pas. Les problèmes, finalement, dans la plupart des critiques sur certains avantages du public, sont essentiellement dus à un décalage entre le droit et l'application ou le détournement du droit du travail.
Rentrons maintenant dans le vif du sujet, les erreurs, problèmes et leurs solution dans la fonction publique. Avant tout, il faut souligner, en particulier pour ceux qui semblent l'ignorer, il existe plusieurs fonctions publiques, toutes ne sont pas sous la direction de l'État. La fonction publique territoriale y est complètement indépendante et doit seulement s'inscrire dans la légalité, bien sûr, et dans les grandes lignes de projets de l'État. Toutefois, leur point commun est d'être toutes au service du public et sous la direction plus ou moins directe d'élus. Ce premier point est important car, pour certains domaines, cela peut induire des conflit de territoire ou d'intérêt entre l'État et les collectivités locales, qui entraînent ralentissement des procédures, disfonctionnement... La base de ce débat devait être le sanctionnement des fautes des fonctionnaires. D'une manière générale, le sanctionnement des fautes m'apparaît évidente et la graduation des sanctions évidente aussi. Toutefois, je crois qu'il faut également distinguer différentes sortes de fautes : Les fautes « accidentelles » qui peuvent arriver pour des raisons diverses et variées, parfois même si l'idée de départ était bonne mais qu'en pratique cela ne suit pas. Les fautes de « négligence » qui sont le fruit d'un travail mal fait ou trop rapidement fait. Et les fautes « intentionnelles » corruptions, malversations... et qui sont, je crois les plus condamnables. L'un des problèmes principaux de la fonction publique et de la sanction de ses erreurs tient au fait que les agents, ceux qui font l'erreur, ne sont pas toujours les décideurs de cette erreur. Cad qu'ils doivent composer, d'une part avec leur hiérarchie, et d'autre part avec l'élu qui leur donne l'ordre. Je ne remets pas en cause la place de l'élu, mais quand il donne un ordre aberrant au fonctionnaire, quel moyen a celui-ci de dire non ? Il a pourtant un rôle de conseiller technique. Je vais prendre un exemple concret : je travaille dans l'urbanisme, je fais les plans locaux d'urbanisme (anciennement POS) sur lesquels doivent figurer les zones inondables. Nous, techniciens, on dit "telle zone présente un risque d'inondation". Si l'élu dit non, vous ne mettez pas cette zone en inondable. Le jour où il y a une inondation, qui est responsable et surtout comment prouver que c'est l'élu, contre l'avis des fonctionnaires, qui est le décideur ? Mis à part demander un écrit de la main du maire, ce que font de plus en plus de techniciens.
D'une manière générale, je crois qu'il existe déjà les moyens de sanctionner les erreurs commises, qu'elles soient dans le public ou dans le privé. Le problème tient à mon sens dans les moyens et les dérive quant à l'application de ces sanctions (comment peut-on croire que le scandale des HLM de la ville de Paris soit indépendant de tout homme politique?). Prenons l'exemple du respect du droit du travail. Personnellement, je crois que toute entreprise devrait pouvoir travailler quand elle le veut et même ouvrir 24 h/24 si ça lui chante, si elle trouve quelqu'un qui veut bien travailler la nuit. Par contre, ces entreprises doivent respecter le droit de leurs salariés avec temps de travail, repos, salaire... corrects et respectés. Mais comment faire pour vérifier et faire respecter le droit du travail ? Je ne doute pas de la bonne fois et du respect de la majorité des patrons français, mais il y a, en France, environ 1,2 millions d'entreprises pour environs 16 millions de salariés pour.... environ 1200 contrôleurs et inspecteurs du travail.
Revenons-en à la fonction publique. Comme le disait un autre intervenant, il faut surtout se poser la question "quelle fonction publique voulons-nous ?" et mettre les moyens en face. Réformer le secteur public : oui, je suis favorable à cela, mais cela demande deux chose principales : l'acceptation pour les fonctionnaires de faire des effort et des concessions. Je crois qu'il est indispensable que certaines administrations soient ouvertes de 8 h à 20h sans interruption. Cela signifie d'accepter d'avoir des horaires décalés, par exemple. L'acceptation de la population de payer par l'impôt pour une fonction publique forte. Enfin, cela signifie également une meilleure gestion de l'argent public. Quant à la transparence et aux doléances, je crois qu'elles existent déjà : les comptes de toute collectivité sont accessibles au public sur demande. Quant aux doléances, la plupart des administrations ont des formulaires prêts à êtres remplis. Non, le principal problème tient dans la prise en compte de ces doléances. Prenez la Cour des comptes, elle émet des avis parfois cinglants, le problème est que ces avis restent le plus généralement lettre morte.
Voilà, j'ai été un peu long, je m'en excuse. Je terminerai juste sur un point qui me semble intéressant : le salaire maximum. Je crois que c'est une bonne idée, mais je serais plutôt favorable à une détermination par ratio que par une somme précise. Quelque chose du genre un patron (ou un chef de service, ou un élu...) ne doit pas gagner plus de 10 fois le salaire des salariés les moins payés (10 à titre indicatif) ou tant de pourcent... En effet, je ne suis pas opposé à ce que le salaire d'un patron soit de 100 000 euros par mois si le salaire le plus bas est de 10 000 euro par mois.
Voilà, bonne fin de journée à tous.
- Le mardi 31 janvier 2006 à 14:31, par Batswann
Bonjour Olga, Pour répondre à votre question, oui, il existe des entreprises citoyennes. Elles font partie de la mouvance de "l'économie sociale et solidaire", au sens large du terme, et qui ont pour but de faire avancer l'humanité et non quelques hommes.
- Le mardi 31 janvier 2006 à 22:29, par Olga
Merci d'avoir osé me répondre, Batswan,
du coup, je saute à la ligne (de joie):
... Mon impression est que, s'il y a des entreprises citoyennes, il peut être tentant de les multiplier, et de conjuguer leurs diverses existences avec un secteur public réformé dans l'esprit non pas du "leadership", mais dans celui de la coopération.
... Alors, je rêverais d'une Constitution qui "permettrait" , sans contraindre, de sortir d'une opposition parfois ridicule entre public et privé.
l'entreprise privée "citoyenne" serait soutenue, car elle prendrait des engagements envers la collectivité et son environnement.
(La direction participative et ses méthodes "leadership" seraient différentes de ce qu'elles sont actuellement !)
Réciproquement, la "déontologie" du fonctionnaire devrait assumer ses responsabilités accrues envers ce "privé citoyen"-là ! (avec des critères d'efficacité à respecter)
Il faudrait que la Constitution lie l'accession des salariés à certains droits nouveaux (et donc aussi à des responsabilités), et innove pas mal en ce qui concerne les "managements",
(buts, méthodes, motivations) de toutes les entreprises impliquées dans ces expériences. avec l'implication "participative" tant des salariés (et patrons) du privé que du public.
En conclusion, à certaines conditions, j'abonderais dans le sens d'un rapprochement des méthodes, utilisant ce qui s'avère efficace de part et d'autre.
Mais pour moi, une Constitution doit permettre l'émancipation que les citoyens veulent bien tenter, et ne pas contraindre :
on ne force pas un humain à "s'hominiser", ce serait idiot. Et je n'admets pas qu'un groupe, fut-il "patronal", chez soi, s'instaure patron de la société toute entière !
Excusez-moi pour cet "avis tranché" !
... mais les salariés, si on les respecte, peuvent faire preuve d'intelligence, de créativité et de passion ( voir qui fait "le miracle associatif", qui se porte massivement au secours des victimes d'un Tsunami, etc.).
Patrons, ne crachez pas dans votre soupe, c'est vous qui l'avez laissée refroidir !
(Oui, j'exagère...)
- Le mercredi 1 février 2006 à 12:50, par Batswann
Bonjour Olga, Ne vous excusez pas : chacun a droit d'avoir des idées, d'autant que je suis plutôt d'accord avec vous. À la seule différence que je pense qu'il s'agit surtout (d'un côté comme de l'autre) de mentalité à faire évoluer. Malheureusement, pour cela le chemin sera très long, et d'autant plus difficile que la société nous pousse plutôt dans une autre direction. Par certains aspects, j'ai parfois l'impression que l'on est dans une période qui se placerait juste avant "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury (adapté par François Truffaut), que je conseille à tous ceux qui ne voient pas encore le danger du manque de culture et de la "pensée unique". Bonne journée.
- Le mercredi 1 février 2006 à 12:56, par les veyssiéres
-En réponse à OLGA
Oui, beaucoup de cadres qui se sont investis dans la gestion participative, l’entreprise citoyenne (il y en avait), ont été trahis par les actionnaires.
Moi le premier, qui ne regrette pourtant rien de ce que j’ai pu faire, en ai tiré une leçon : l’entreprise n’a pas vocation d’édicter des lois, ou des comportements ; elle se conforme et évolue dans le cadre de ce qui lui est permis et de ce qui ne l’est pas ; la définition de ce cadre reste la responsabilité des politiques dans le choix d’une idéologie économique et sociale.
La logique économique actuelle et le comportement des gouvernants qui sont élus démocratiquement pour la plupart (et oui !), ainsi que la prédominance qui est donnée au capital par rapport au travail, induisent directement l’attitude des multinationales et leur politique économique et sociale.
Elles bénéficient la plupart du temps d’une mansuétude, voire d’une complicité, telles qu’elles apparaissent comme étant les initiateurs de ces comportements et donc les responsables à combattre (le scandale ENRON par exemple n’aurait jamais pu arriver sans des complicités multiples, y compris au plus haut niveau).
Que dire des gouvernements qui légifèrent dans le sens de faciliter la politique des grands groupes (la déréglementation de l’électricité dans le cas d’ENRON, la privatisation d’EDF en France) ?
Quand les services, la culture, les hommes, la santé, l’éducation, deviennent légalement des marchandises, alors l’entreprise joue le rôle qui est le sien : elle produit, achète, revend, au mieux des intérêts de ses actionnaires, comme lui permet la logique économique en place, et son éthique ne peut être supérieure à l’éthique des lois.
Ne nous trompons pas de combat ; si la contestation du personnel, à l’intérieur des entreprises, est nécessaire et peut être une aide importante ; l’objectif à atteindre n’est pas le combat contre les entreprises ou les services publics ; il est de définir et d’obtenir une logique économique au service de l’homme, de son bien-être, de la protection de son environnement, (ça ne consiste qu’à éviter de scier la branche sur laquelle nous somme assis).
Une tâche gigantesque qui passe, en première étape, par l’élaboration d’une Constitution qui, sans ambiguïté, permettra de produire la logique socio-économique de l’avenir souhaité par le peuple.
Il y a une nécessité d’information et d’éducation immense, afin de faire sortir de leur torpeur « les masses laborieuses » c'est-à-dire + de 95 % des habitants de notre planète, englués dans la lutte pour le quotidien, voire une question de survie pour beaucoup.
Et à ce titre, merci à Étienne et à ce forum qui reste, malgré tout, une goutte d’eau dans l’océan de ce qui doit être fait, mais c’est avec les petites rivières…
Amicalement : jean
- Le mercredi 1 février 2006 à 13:26, par André
Bonjour Olga
Quand j'ai parlé d'idées tranchées de votre part, cela n'avait rien de péjoratif, au contraire, étant moi-même militant altermondialiste actif (je serai le 11/02 à Strasbourg, contre la directive Bolkestein). Je suis venu sur ce site pour échanger des idées avec des gens qui ne pensent pas comme moi, comme Pierre, Karine etc..., pour établir un débat citoyen, c'est tout. Je dois partir, je reviendrai sur ce site. Je tenais à préciser ces choses pour la clarté des débats.
Cordialement.
- Le mercredi 1 février 2006 à 13:39, par Olga
Bon, nous ne partons pas de rien : les régimes sont plus ou moins démocratiques, les patrons sont plus ou moins des humains, les salariés sont plus ou moins cultivés...
Ce forum n'est pas la seule "goutte d'eau", il fait peut-être partie des "phénomènes de société" dont on n'aura qu'à se féliciter un jour, tout comme la formidable "politisation" (dans le sens noble du terme) qui a surpris les observateurs du oui comme du non au TCE.
La mutation culturelle à opérer pour ne pas rester dans le scénario catastrophe évoqué ne me semble pas un "choix d'idéologie" :
La guerre idéologique existe, mais mieux que choisir, il faudra "dépasser", c'est-à-dire accepter le conflit d'idées, mais apprendre "tous ensemble" à valoriser les humains .
Une Constitution doit rendre possible autre chose qu'une guerre civile.
Il y a une guerre froide larvée avec d'un côté des "tueurs du MEDEF" et de l'autre "la riposte", etc.
La recherche d'un système mixte, ouvert à toutes les expériences autogestionnaires possibles, pas figé sur des dogmes, tout cela devrait être rendu possible, selon les choix des citoyens.
Si le capital mondialisé affirme "la réalité c'est moi", il va tomber de haut, et tout le monde avec !