Le S.M.A.R.T.

Proposition SMART
(Système Monétaire À Réserves Totales)

Le terme «100% monnaie» utilisé par de nombreux auteurs depuis 1936 n’est ni porteur ni explicite; nous proposons ici de renommer cette proposition «SMART»

ACTUELLEMENT:

De plus en plus de gens savent maintenant que TOUTE la monnaie est produite par les banques commerciales, en particulier lors de l’émission de crédits aux particulier, aux entreprises et aux administrations.[1]

Les banques sont en principe tenues à des règles qui limitent leurs capacités d’émission de crédits par rapport à leurs fonds propres et à leurs capacités d’obtention de monnaie centrale, mais, par exemple, la titrisation et le shadow banking leur permettent de sortir des limites prudentielles. Les banques détiennent sur l’économie plus de 10 fois la disponibilité de monnaie de banque centrale.

La monnaie de crédit créée par une banque commerciale lorsqu’elle donne une suite favorable à la demande d’un emprunteur est ensuite détruite lors du remboursement correspondant. La masse monétaire est en fait la représentation instantanée du solde des crédits entre l’émission et le remboursement (l’image du niveau dans une baignoire est très parlant en considérant le «robinet du crédit» et la «bonde du remboursement».)

De ce fait la monnaie émise par les réseaux des banques commerciales est:

  •   «payante» (du fait des intérêts demandés).
    
  •   non régulée car soumises aux «esprits animaux» (Allais) des banquiers et des emprunteurs.
    
  •   La monnaie scripturale n’est donc garantie que par des entreprises commerciales le plus souvent privées auquel il faut ajouter la garantie des dépôts à hauteur de 100000 € par compte. Face à une crise bancaire systémique, le fonds serait largement insuffisant (le Fond de Garantie des Dépôts ne peut garantir que 20 000 comptes à la hauteur maximale prévu par la loi.)
    

PROPOSITION

Les propositions de garantie totale de la monnaie, ou «100% monnaie», remontent au 19ème siècle, et ont été proposées sous forme pure ou équivalente par des économistes aussi connus que Walras, Ricardo, Von Mises, Fisher, Friedman, Allais, Minsky, ou Tobin, qui sont néanmoins des économistes considérés comme «libéraux» et préconisent:

1 – une différenciation nette entre la monnaie proprement dite(les moyens de paiement totalement «liquides» c’est-à-dire disponibles instantanément) et «l’épargne» qui dans ce cas n’est plus de la monnaie, n’étant disponible qu’à terme ou sous condition (l’épargne étant le M3 – M1 des actuelles «masses monétaires»).

2 – l’interdiction de création monétaire par le système des banques commerciales [2]

Pour obtenir ce résultat ils arrivent à la conclusion qu’il faut un éclatement des banques en 2 (ou 3) entités totalement indépendantes:

2.1 – Les CSM (Compagnies de Sécurité Monétaires ou banques de dépôts) comptables des dépôts de la clientèle et des échanges économiques. Ces dépôts doivent être garantis par un équivalent en Banque Centrale (réserves obligatoires égales au montant des dépôts) sous forme de titres éligibles «gelés».

2.2 – Les banques de prêts dont le rôle est limité à l’intermédiation entre épargnants et emprunteurs

2.3 – Éventuellement, les banques d’investissement qui utilisent leurs fonds propres ou des prêts d’épargnants très informés sur les risques [3]

CONSÉQUENCES

Ainsi le système bancaire ne peut plus créer de nouvelle monnaie et toute augmentation de la masse monétaire ne peut être que le fait d’une émission monétaire de la banque centrale au bénéfice du Trésor Public [4]. Une simple séparation des banques de dépôts / banques d’investissements (Glass Steagall) ne permet pas ceci)

Ainsi les objectifs d’augmentation de la masse monétaire peuvent être déterminés par l’exécutif et le législatif et la Banque Centrale (qui garde un rôle de tenue des comptes de l’État, de conseil et de supervision du système bancaire) obéira aux injonction de ceux ci.

Les bénéfices pour la collectivité sont les suivants:

  1. l’augmentation de la masse monétaire émise annuellement de 3% à 5% [5] est stricto sensu une recette budgétaire . On peut donc l’estimer de 60 à 100 milliards par an.

  2. c’est une option «politique», mais en imposant aux CSM le dépôt de l’équivalent de la monnaie actuelle (dépôts à vue) plus une partie de l’épargne courte actuelle qu’on peut estimer au total à 1200 milliards, c’est 2/3 de la dette publique actuelle (1800 milliards) qui pourrait être «gelée» en quelques années [6]. Ceci permettrait d’éviter une dépense annuelle d’intérêts de 30 à 40 milliards d’euros par an, qui, il est vrai, sont systématiquement empruntés avec pour conséquence l’augmentation de la dette .

  3. Une meilleure efficacité de l’économie.

a) des taux d’intérêt véritablement représentatifs des préférences des agents économiques
b) le paiement du prix des services monétaires au juste prix concurrentiel
c) l’interdiction de la transformation financière.

  1. La fin des distorsions dans la répartition des revenus ; aujourd’hui toute création monétaire ex nihilo par un système bancaire privé et commercial donne un droit sur la production qui n’a pas été acquis par un produit ou un service vendu.

  2. Un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire et de ses implications.

Dans le «SMART» l’État récupèrerait les gains de la création monétaire mais pas le contrôle. Celui-ci serait confié à la Banque Centrale agissant sous un mandat impératif protégé par la Constitution, mais plusieurs types de décision et de contrôle citoyen sont envisageables; la discussion sur la forme de l’organisation politique est ouverte. Il reste que c’est la banque centrale qui, en achetant des titres d’emprunt du gouvernement ou en lui faisant des avances sans échéance, provoque la création monétaire. Néanmoins le Trésor Public doit pouvoir décider d’émettre ou non des bons ou des obligations et la Banque Centrale est là pour prendre acte, les financer et tenir les comptes. [7]

PRÉCISIONS

  1. le «SMART» permettra – de la même manière qu’actuellement – de faire face aux besoins imprévus de liquidité dans un système complètement sécurisé. Simplement, les lignes de crédit, qui continueraient bien entendu à exister, seraient gérées différemment.

  2. il n’y aura aucun changement dans la masse de crédits en place au moment de la réforme et ces crédits pourront être renouvelés sans problème.

  3. La masse monétaire en circulation continuera à augmenter selon le rythme souhaité, dont une partie (que l’on peut estimer à 15% de l’accroissement) accroitra l’épargne existante,

  4. Les taux d’intérêt ajusteront l’offre et la demande sur les différentes échéances, créant ainsi les conditions d’une véritable efficience dans l’économie. Si l’offre de crédit disponible (compte épargne + capital des banques) est moins importante que la demande de crédit, les taux d’intérêt vont monter. Si l’offre de crédit est moins importante que la demande, les taux d’intérêt vont baisser. Les taux d’intérêt joueront à plein leur rôle de régulateur entre épargne et investissement. Mais en cas de besoin (tension trop forte sur les taux) la Banque de France pourra toujours procéder à des apports directs aux banques de prêts.

  5. Les besoins d’épargne financière peuvent aussi être régulés à travers les mouvements de capitaux internationaux, sachant que la Banque centrale – sous contrôle et sur ordre du Parlement – devra veiller à ce que la masse monétaire en circulation, égale par définition à la monnaie de base dans le nouveau système, reste sur la pente requise (qui devrait être de l’ordre de 4 à 5 % du PIB l’an)

  6. La mise en place du nouveau système serait pratiquement transparent pour les agents économiques (changements très marginaux dans leurs habitudes et les coûts) et n’entrainerait de véritables changements que pour les banques, sachant que, sur le plan interne, les activités à séparer sont déjà largement sectorisées.

  7. Le « 100% monnaie » n’empêcherait pas totalement les mouvements spéculatifs (boursiers ou immobilier) mais il les atténuerait car : a) les achats ne pourraient être financés que sur les fonds disponibles et l’épargne courante, de telle sorte qu’un emballement spéculatif entraînerait immédiatement une montée des taux d’intérêt, b) les fluctuations violentes de la bourse n’ont que peu d’impact sur l’économie si elles ne déstabilisent pas le système financier, ce qui serait le cas dans le «100% monnaie».

  8. A l’ objection erronée, qu’il n’y aura pas assez d’argent à prêter à l’économie nous pouvons répondre que les Banques de Prêts pourront prêter a) leur capital, b) l’argent déposé sur les comptes épargne, c) de l’argent emprunté sur les marchés financiers.

  9. Après la transition, le montant des comptes courants et des billets et pièces en circulation n’aura évidemment pas varié.

  10. De la même manière qu’aujourd’hui, les comptes courants des entreprises et des particuliers, ainsi que les échanges commerciaux, seront gérés par les CSM qui tiendront les comptes de chacun. Les épargnants quant à eux pourront transférer le montant de leurs disponibilités en Banques de Prêts et choisir les taux et la durée auxquels ils acceptent de prêter.

CONCLUSION

Une nouvelle crise financière nous amènera nécessairement à la conclusion que les règles prudentielles (nécessité de fonds propres) sont totalement inopérantes. Seule la « nationalisation » totale de la monnaie, permise par le « SMART » permettra d’éviter la répétition constante des crises, comme l’avait déjà noté Irving Fisher en 1936.

André-Jacques Holbecq et le C.E.C.

[i]NOTES
[1] – Précisons le «toute», car l’objection immédiate va être « mais pas les billets, produits par la Banque Centrale». Cette objection est erronée car on ne peut se procurer de nouvelle monnaie fiduciaire que par un débit sur un compte scriptural bancaire (DAV) lui-même ne pouvant avoir d’existence que par une création initiale de monnaie scripturale de crédit. La circulation commerciale de cette monnaie ne lui permets que de passer de main en main.

[2] – il est important de parler du système bancaire et non d’un réseau bancaire en particulier; en effet la capacité de création de monnaie par un seul réseau bancaire est limitée par la nécessité de garder un rapport entre les crédits accordés et les dépôts collectés, qui dépends de la part de marché de chaque banque vis à vis de ses concurrentes « Les banques doivent marcher au même pas», disait Keynes

[3] – cette troisième catégorie bancaire est celle proposée par Allais afin d’éviter le risque de l’utilisation des épargnes par les banques de prêts pour des opérations risquées

[4] – rappelons que nous avons la chance que la Banque de France soit en totalité propriété de l’État, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays de l’U.E.

[5] – Allais proposait 4,5% du PIB annuellement en considérant le total prévisible inflation plus croissance

[6] – les CSM pourraient bénéficier de «garanties» de la part de la banque centrale pendant les années de transition, garanties qu’elles devraient transférer progressivement en bons du trésor ou OAT; attention, c’est un «one shot»

[7] - Si l’on admet que le Trésor Public peut être obligé de se financer sur l’épargne – donc sur le marché et avec charge d’intérêts- c’est lui remettre les menottes ; mais il doit décider de le faire s’il le juge utile .[/i]



Références :

Il me semble qu’il faut expliciter ce que sous-entend interdiction de créer de la monnaie par les « banques de prêts », à partir du distinguo fait ici entre prêt et investissement lequel je comprends comme l’existence pour le prêteur de la garantie de récupérer au moins son capital, qui n’existerait plus dans la cas de l’investisseur « averti » du risque qu’il prend pour son capital.
Pour moi, cela reviendrait de fait à dire que ce rôle d’intermédiaire devient un rôle de mutuelle, avec interdiction de fait de réclamer des intérêts supérieurs à la somme (de ce qui est nécessaire pour réaliser un remboursement intégral des prêteurs en cas de défaut des emprunteurs + la rémunération du travail de l’intermédiaire), et ce pour deux raisons

  • la première, pratique, puisque, dès qu’une de ces banques appliquait ce système, elle se verrait en position de prêter à des taux d’intérêts moindres que si elle se créait une « pelote ».
  • la seconde plus fondamentale, car elle pourrait alors sélectionner cette « pelote » pour prêter elle-même aux créanciers qui n’ont que peu de risque d’être en défaut tout en demandant alors des intérêts supérieurs au risque réellement perçu. Ou à l’inverse, de se lancer elle-même dans des investissements risqués. D’ailleurs elle ne serait plus alors un intermédiaire stricto-sensu.

Mon interprétation est-elle erronée, et dans la négative, pourquoi n’appellerait-on pas ces organismes par ce qu’ils seraient réellement: établissement de prêts mutualistes ?

@Bernarddo
C’est une bonne remarque, mais « mutualiste » fait plutôt référence à la forme juridique d’une banque. Je préfère dans ce cas « Etablissement d’intermédiation » (sauf que c’est un mot qui n’est pas bien compris).

Cependant, la « banque de prêt » ne peut prêter que ce que les préteurs lui confie, elle n’est qu’un intermédiaire et ce n’est donc pas à elle de déterminer les taux d’intérêts qui sont (dans l’esprit d’Allais et dans le mien) un équilibre entre l’offre et la demande, tout en sachant que la Banque Centrale peut, en prêtant à ces banques, modifier l’équilibre du marché dans le sens d’une baisse des taux (désolé de parler ici comme un « libéral », mais c’est bien comme ça que ca fonctionne dans la réalité: on ne peut pas forcer un détenteur de disponibilités / liquidités à prêter s’il trouve que les taux sont trop bas)

Alors, je ne comprends plus.
Cela veut dire que les taux sont imposés par le marché? Sans aucun examen des cas particuliers de prêt ?
Je pensais qu’on responsabilisait ces banques par la nécessité d’avoir un équilibre « moyen » au niveau de CHAQUE établissement, mais en leur laissant leur liberté, et en laissant faire le marché, avec les nouvelles règles.

Et tant mieux si les détenteurs de fonds ne trouvent pas à prêter parce que cela leur rapporte insuffisamment. Il leur faudra dépenser!!

Cela nous montrerait que le système actuel, qui fonctionne comme ça, n’est pas viable.

C’est bien le problème actuel, le taux d’intérêt ne sera jamais suffisant pour un particulier dès lors qu’il y a un risque (cf la Grèce). Alors, ne peut-on pas stopper cette prétention à « aider » les gens qui n’en ont pas besoin, alors qu’en fait ce sont eux qui sont dans la position de faiblesse du julot qui trouve que sa protégée n’en fait pas assez?

Le risque du « prêt/investissement » , (c’est la même musique sauf que l’investisseur attend des dividendes en plus des intérêts) ne peut être pris que par un « collectif » étatique (prêteurs et emprunteurs). C’est l’investissement institutionnel, qui ne se soucie pas d’intérêt qui le peut. Car il sait qu’il a droit à un taux d’erreurs correspondant à une l’inflation monétaire qu’il pourra adapter à l’équilibre international par une dévaluation.

Tous outils qu’on a perdu depuis longtemps

@AJH

Deux questions :

  1. « 1. L’augmentation de la masse monétaire émise annuellement de 3% à 5% [5] est stricto sensu une recette fiscale. »

Il ne s’agirait pas plutôt de recette financière ? (Il me semble que la fiscalité n’a rien à voir avec cette question.)

  1. Le système proposé peut-il être adopté sans inconvénient au seul niveau national, ou bien suppose-t-il que les autres économies l’adoptent aussi ?

JR

@Jacques
1 - Non, il s’agit bien d’une recette fiscale puisque versé au compte du trésor public … mais « budgétaire » pourrait être un mot adéquat également
2 - Oui dans le cas d’une monnaie nationale souveraine (ce qui n’est pas le cas de l’euro) … ou alors au niveau de la zone euro

AJH,

  1. Versé au compte du trésor public ne signifie pas forcément recette fiscale. « Fiscal » voudrait dire, dans le contexte, provenant de l’impôt ; bien sûr, ce ne serait pas le cas. « Budgétaire » me paraît en effet beaucoup plus exact.

  2. Une économie qui suivrait les règles monétaires que vous proposez ne risquerait-elle pas d’être pénalisée par rapport aux autres, par exemple, sous la forme d’un taux d’inflation chroniquement beaucoup plus fort et donc d’un appauvrissement relatif à long terme (on achète cher, on vend bon marché) ? Le rôle fiduciaire joué actuellement par les banques amortit l’inflation : si l’État et lui seul imprimait de la monnaie à volonté, ça se saurait immédiatement et la monnaie se déprécierait très vite. JR

J.R.

1 - oui, plus adéquat…
2 - je ne comprends pas … pourquoi l’Etat émettrait-il plus de monnaie que ne le font les banques commerciales ? Qui a dit qu’il devait en émettre "à volonté ?
" Dans le «SMART» l’État récupèrerait les gains de la création monétaire mais pas le contrôle. Celui-ci serait confié à la Banque Centrale agissant sous un mandat impératif protégé par la Constitution, mais plusieurs types de décision et de contrôle citoyen sont envisageables; la discussion sur la forme de l’organisation politique est ouverte. Il reste que c’est la banque centrale qui, en achetant des titres d’emprunt du gouvernement ou en lui faisant des avances sans échéance, provoque la création monétaire. Néanmoins le Trésor Public doit pouvoir décider d’émettre ou non des bons ou des obligations et la Banque Centrale est là pour prendre acte, les financer et tenir les comptes."
En plus on en a déjà parlé 10 fois: au contraire l’intérêt demandé par les banques augmente l’inflation.

  1. D’ailleurs le SMART est indépendant des relations entre l’État et la BC et tout à fait applicable en conservant les relations actuelles. La différence qu’il introduit est seulement que le coefficient multiplicatif entre la masse de monnaie centrale et la masse monétaire est fixé à 1 au lieu de fluctuer au gré de l’humeur des marchés financiers. La question du financement du Trésor Public et celle de l’intérêt sont complètement déconnectées du SMART.

Ceci dit je me sens aussi de plus en plus proche des néochartalistes et des circuitistes (voir par exemple Théories Monétaires Post Keynésiennes - Eco(dé)mystificateur ) et je rêve d’un système intégrant l’organisation bancaire du SMART et les propositions de certains de ces post keynésiens pour lesquels "toute nation dotée d’une monnaie souveraine sera capable « d’offrir » le plein-emploi. ".

Jean Jégu, dans les commentaires de l’article d’écodémistificateur explique une position fort saine:

"En fait je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de contraintes d'émission mais plutôt que la contrainte n'est pas de l'ordre de l'avoir ( j'ai ou je n'ai pas la monnaie ) mais de l'ordre de la valeur. Moi, l'Etat, j'ai toujours la monnaie puisque qu'elle sort de ma signature, mais je dois préserver sa valeur, la valeur de ma signature. Il ne s'agit plus de monnaie d'endettement ( intérêts dus ) , mais de monnaie d'engagement ( obligations ( du verbe "s'obliger à") à respecter ). Dans cette optique, on peut très bien distinguer le rôle d'un Trésor Public et celui d'une Banque Centrale. C'est une question d'organisation et non pas de principe. Le Trésor Public pourrait être l'organisme comptable de l'état pour tout ce qui est de la gestion interne de l'économie nationale. La Banque Centrale serait alors l'organisme représentant l'état face aux autres économies , autrement dit l'organisme chargé de gérer la valeur de la devise nationale face aux autres devises. Dans cette perspective, la quantité totale de monnaie nationale serait un paramètre qui serait à ajuster par la Banque Centrale et encadrerait les activités du Trésor Public. Ce ne sont là que deux aspects d'une même réalité nationale ( aspects internes, aspects externes ) qui sont à placer l'un comme l'autre sous la responsabilité de l'état. C'est là qu'il y a une réelle unification et que l'indépendance de la BC est inacceptable. Cependant, si la fusion institutionnelle avec le Trésor Public est possible, elle n'en résulte pas nécessairement. C'est et ce n'est qu'une question d'organisation. "

Ce concept d’indépendance de la banque centrale mériterait d’être explicité par tous les gens qui veulent en dire du bien ou du mal. Parle-t-on d’indépendance du contrôle de la Nation ? d’indépendance de l’État (et qu’entend on par là) ? ou de séparation des pouvoirs (et si on veut associer la BC à un des autres pouvoirs, lequel) ?

Pour moi la BC doit rester sous le contrôle de la Nation. C’est une administration publique (un organisme qui administre un aspect du bien public) donc une branche de l’État. Par contre son rôle est suffisamment clair, ou du moins peut être défini de façon suffisamment claire par une charte, et nécessite des politiques à suffisamment long terme pour que cette charte soit de niveau constitutionnel. Elle ne doit donc pas dépendre du parlement (qui ne devrait s’occuper que de la loi et non de la constitution : « Ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir »). Elle ne doit pas non plus dépendre de l’exécutif dont le rôle, qui est d’administrer au mieux les dépenses, dans le cadre des recettes définies (ou au moins ratifiées) par le pouvoir législatif, le placerait en conflit d’intérêt avec les objectifs de la BC.

Une émission monétaire de la BC est une recette budgétaire puisqu’elle est mise à disposition du Trésor Public.

Comme le rôle primordial du Parlement est de déterminer (et voter) le Budget, la Banque de France doit être aux ordres du Peuple (pour le moment via le Parlement élu en attendant une chambre tirée au sort).

La BC est une administration, et son Directeur doit pouvoir exprimer librement son avis devant les représentants du Peuple, mais ce n’est pas à lui de décider la politique monétaire du pays.

Une émission monétaire de la BC est une recette budgétaire puisqu'elle est mise à disposition du Trésor Public.
C'est une des possibilités.
Comme le rôle primordial du Parlement est de déterminer (et voter) le Budget, la Banque de France doit être aux ordres du Peuple
Les deux affirmations sont vraies. L'implication peut être discutée.
(pour le moment via le Parlement élu en attendant une chambre tirée au sort).

La BC est une administration, et son Directeur doit pouvoir exprimer librement son avis devant les représentants du Peuple, mais ce n’est pas à lui de décider la politique monétaire du pays.


Déterminer une politique monétaire n’est pas à la portée de tout le monde. Or les représentants, élus ou, à plus forte raison, tirés au sort, sont tout le monde.
Leur donner cette responsabilité c’est rendre irresponsable un gouverneur de la BC qui a tous les moyens d’enfumer ces représentants. Ceux ci porteront toute la responsabilité morale des erreurs/fautes du gouverneur. Et qui devra supporter les conséquences de ces erreurs/fautes ?
Je préfère largement laisser le gouverneur de la BC déterminer la stratégie et la tactique monétaire (dans le cadre d’une charte suffisamment contraignante, à valeur constitutionnelle, donc votée par le peuple et s’imposant également au parlement et au gouvernement) et qu’il porte directement et personnellement la responsabilité civile et pénale du respect de cette charte (en permettant au peuple l’initiative révocatoire et l’action de groupe).

@Landerec
Sur le troisième point (laisser le Gouverneur de la BC déterminer la stratégie et la tactique monétaire) ce n’est pas mon avis.
Sur l’émission monétaire la BC doit (c’est mon avis) suivre les ordres du Parlement (le Parlement peut avoir d’autres avis que celui du Gouverneur, ceux d’experts, d’économistes, de la Cour des Comptes, du Conseil de la Politique Monétaire, de l’Agence France Trésor, etc…)
Sur la gestion courante le Gouverneur est bien évidemment responsable, que nous nous mettions dans le cas du SMART ou dans l’actuel système (réserves fractionnaires) qui n’empêcherait pas la BC de financer directement l’Etat en augmentant les Réserves Obligatoires pour limiter la capacité des banques commerciales de créer trop de monnaie supplémentaire.

J’ai un petit souci de fond dans le système SMART

Si on parle de gestion de la masse monétaire par le Trésor, quid du contrôle des monnaies étrangères injectées dans le système: il faut probablement prévoir un mécanisme nouveau de contrôle de changes.
Ma préoccupation est-elle sans objet, ou quel serait le mécanisme déjà envisagé ?

Un dépôt de devise par un client (exportateur par exemple) en banque de dépôt (CSM dans le cas du SMART) est nécessairement transféré à la Banque Centrale, à l’actif de celle ci . Elle créera, au bénéfice de l’exportateur l’équivalent en monnaie nationale en contrepartie de cette créance.
J’avoue que je ne vois pas la nécessité d’un contrôle des change qui serait consécutif à ça, mais je n’ai peut être pas bien compris la question ?

#1 → paragraphe « précisions » >>> 8b

Les banques de prêt pourraient prêter l’épargne de leurs clients ?

Droits du client ?


En tout cas, hors peut être le détail ici ou là, le SMART me semble être de nature à réduire/supprimer la folie, les blocages, et le hold up sur la vie, du système présent.

@Ana
Oui, c’est même la raison d’être des banques de prêts, intermédiaires entre l’offre de monnaie (épargne) et la demande de monnaie (emprunteurs), de la même manière qu’actuellement par les sociétés financières (NEF par exemple), sauf qu’actuellement on ne sait pas - dans le cas des banques - si la monnaie prêtée est de l’épargne antérieure ou de la nouvelle création monétaire.

« Droits du client ? » peux tu préciser ?