« tordre le cou à l’idée que la démocratie se résumerait à la démocratie directe et que le « gouvernement représentatif » ne serait pas démocratique »
Je ressens ici comme une torsion du mien de cou Arrrgh …
Si Monsieur le Baron se paye les services d’un chauffeur, il reste souverain en ce qui concerne la destination, la direction, l’itinéraire, mais s’il délègue ces trois pouvoirs à son chauffeur, et de plus, on ne sait par quel miracle, s’il ne dispose d’aucun moyen de reprendre la main, alors il n’est plus maître mais sujet. Monsieur le Baron devient en tel cas le sujet de son chauffeur, qui pourra même, c’est probable, mettre la rolls au service de ses propres amis.
La terminologie politique en vigueur est inadéquate car elle laisse planer le doute : le mot représentatif peut laisser croire, et c’est probablement intentionnel, mensonger, pervers, que le représenté reste souverain, maître de la destination, de la direction, de l’itinéraire.
Ce qui est faux.
Ce qui explique notre désir partagé de réforme.
Dans un système réformé que nous tenterions d’imaginer ensemble, nous devrions nous méfier des mots, car les mots, s’ils sont inadéquats, ou flous, ou ambigus, contiennent en germe la trahison de l’intention du réformateur.
Le peuple souverain peut en effet avoir besoin comme Monsieur le Baron de serviteurs, de commis de confiance, de petites mains soumises à sa volonté, surveillées et révocables, qui veilleront même s’il le faut sur le gouvernail et maintiendront le cap décidé par lui ; mais en aucun cas il ne doit accepter d’être représenté comme au présent par ceux qui devraient n’être que ses serviteurs et pourtant lui imposent la destination, la direction, l’itinéraire, sans qu’il ne dispose d’aucun moyen de reprendre la main.
C’est bien en acceptant le terme « gouvernement représentatif », et en le défendant comme ici, qu’on en vient, mon cher JR, à louer le progrès lié à l’article 11 et à se prendre comme vous à rêver que les serviteurs devenus maîtres accepteront de prendre en compte nos prières.
Autant que dans les institutions, le statut d’esclave est scellé dans les mots que nous accepterions d’utiliser.
Et puisqu’on nous a confisqué tout moyen de modifier ces institutions, choisissons au minimum notre vocabulaire, cela reste possible, ne nous en privons pas. Ce sera un premier pas vers la liberté : celui de la reprise du pouvoir subliminal des mots qui gouvernent la pensée.
Bon dimanche quand même.