je rapporte ici une réponse faite à Casoars sur le fil 1B, qui s’interrogeait sur ma phrase « De toutes façons, le premier travail de la Constituante sera de s’organiser et de se former ! »…
Le tirage au sort fera que l'assemblée constituée sera disparate, et faite plus probablement d'ouvriers que d'énarques !
Et ce 'citoyen de base' manque cruellement de formation, sans jugement de valeur de ma part, mais simple constat ne serait-ce par mon propre cas de bac+n : ce n'est qu'en venant sur ce site que j'apprends ce qu'est une vraie constitution ! et le faible nombre de visiteurs montre bien que ce n'est pas un sujet pour le 20h !
S’organiser, c’est commencer par déblayer le boulot, donner des grandes lignes d’action, préciser le qui fait quoi et comment, tirer au sort les sous-groupes par exemple, fixer des objectifs en terme d’étapes, de bilans intermédiaires, etc
Se former, c’est ‹ niveler par le haut › pour que l’ensemble du groupe dispose de moyens semblables, par exemple en organisation (gérer son temps, moyens de travail, ne serait-ce qu’ordi, traitement de texte, tableur, recherche internet, voire vidéo-conf…), en techniques d’animation, de prise de parole, démarche intellectuelle, etc, mais aussi bagage ‹ citoyen ›, bases de droit constitutionnel, exemples d’autres constitutions…
Le principe de la Constituante tirée au sort ne peut être validé, à mon sens, qu’avec un nombre ‹ important › au regard des limites communément admises par la dynamique de groupe : pour donner un ordre de grandeur on serait à 1000 pour 10. D’où la nécessité de sous-groupes, d’où la nécessité, j’y crois et vous aussi, du consensus…
A la relecture du début de ce fil, je crois qu’il va être utile de bien différencier consensus et compromis…
Au contraire de ce que semble penser Téhach, le consensus est toujours le résultat d'un compromis et suppose une majorité et une minorité.
[...]
Le consensus n'est pas une procédure de réflexion mais une procédure de décision toujours fondée sur un compromis
Je suis totalement opposé à ces définitions, la notion que j'ai du consensus rejoint globalement celles des autres participants.
Lorsqu'on aborde le consensus, la solution qui se dessine est non plus l'oeuvre d'une ou de personnes, fussent-elles tout le groupe, mais celle du groupe lui-même. La solution est l'amalgame des idées appuyées les unes sur les autres, de telle manière qu'à la fin tout est si intriqué que nul ne peut s'approprier le résultat. Il s'agit bien alors d'un constat de décision et d'unanimité, mais c'est le processus qui y mène qui est différent. Le consensus est de plus graduel et permet d'avancer sur des bases saines. Rien à voir avec un compromis, équilibre mouvant pouvant être remis en cause à chaque avancée.
Il y a de grandes organisations (l'ONU. l'UE et autres) qui ne pourraient pas fonctionner aussi bien ou qui en tout cas fonctionneraient beaucoup plus mal sans le consensus.
Pour moi, ONU et UE n'utilisent que le compromis...
Ce qui a été fait en Libye ou ailleurs, ce qui se déroule dans l'UE avec la troïka ne me semble vraiment pas relever du consensus :(
D'ailleurs, compromis, c'est la même racine que compromission, non ? et là on est en plein dedans !
pour l'avoir pratiqué 4 ans dans une petite association de 60 personnes, j'ai vu les limites du consensus
à partir du moment où il n'y a plus un objectif commun ( bref où les intérêts divergent ) et où les liens d'amitié s'estompent, le consensus n'est plus possible
méthode clairement à oublier quand on parle de politique, vu que le groupe en question est constitué de gens qui ont des intérêts contradictoires et qui sont étrangers les uns aux autres
L'objectif de la Constituante est clair : pondre un texte concis et fondateur, en faisant abstraction des [i]solutions[/i] politiques. Les intérêts ne sont pas contradictoires, à mon sens. C'est parce que l'actuel traité de Lisbonne est enserré dans l'étau de l'ultra-libéralisme qu'il mène à la catastrophe.