Si l'on souhaite formuler une position qui indique un état d'esprit ou une démonstration culturelle comme affirmer: "j'ai la foi, je crois en Dieu" ou "je n'ai pas la foi, je ne crois pas en Dieu", alors établir un concept d'organisation sociétale et sociétaire qui tolère l'expression initiale donc la possibilité de faire le vœu de se convertir ou encore de l'apostat relève d'un schisme rétrograde. Moins politique encore que l'idée de Dieu, la laïcité se fait le procureur à charge contre les intégrismes qui, non sans être instrumentalisés et au demeurant inconséquents à côté des empires financiers, découlent d'un réflexe politique premier. S'affirmer croyant ou athée est la première des positions politiques. D'ailleurs, c'est l'occupation la plus logique ici bas!
Attendez-vous qu'un élu un jour vous autorise ou vous interdise le parachèvement du structuralisme (littéraire ou scientiste) ou de reprendre comme Étienne C. fait (tout permis!) la République de Platon... sinon de devenir pontife... à la place du souverain Mal An Bon An?!
C'est peut-être l'heure, mais j'avoue avoir l'impression que ces mots alignés expriment péniblement une ou des idées qui pourraient être formulées beaucoup plus intelligiblement.
D’après ce que je comprends, tu dis que l’affirmation de croyance ou de non-croyance est en soi une position politique, ou du moins la matrice d’un positionnement politique. Je dirais que c’est accidentellement vrai, mais fondamentalement faux. Je veux dire par là que la croyance/non-croyance s’exprime dans un contexte social et culturel donné, induit toujours plus ou moins certains sentiments d’appartenances, certaines représentations symboliques, et que notre vision politique procède de ces éléments. Mais pourtant, je pense qu’on peut réellement concevoir une réelle laïcité, c’est à dire un espace de discussion et de décision non pas où croyance/non-croyance ne compte pas, mais ne compte pas en tant que tel. J’entends par là que les personnes n’interviendraient pas en tant que chrétiens, athées, bouddhistes, etc, mais « directement » depuis leur contexte social et culturel, leurs sentiments d’appartenance, leur représentations symboliques, etc. En quelque sorte, on pourrait clarifier les choses en évacuant les références à la croyance/incroyance, trop vagues, pour se référer directement aux contenus, et ainsi éviter les malentendus. Au passage, les discours sur les « valeurs de la République », qui sont toujours ce que l’orateur veut qu’elles soient, y’en a marre. Mais ça illustre un peu mon propos quand au coté vague des références à la croyance/incroyance.
Mais il me semble non seulement impossible, mais même illégitime et injuste d’exclure, au nom de cette laïcité, l’avis des personnes se revendiquant d’une religion, ou du moins de refuser d’entendre leur avis quand il a des inspirations (principalement) religieuses. Moi, par exemple, je m’estime catholique. Je n’envisage pas de pouvoir mener une réflexion politique en me dépouillant de tout ce que ça implique en terme de vision de l’homme, de justice, de bien commun, etc. Ma réflexion ne sera pas guidée exclusivement par ma croyance, mais a contrario, elle ne peut pas en être absolument indépendante, comme si au nom de la laïcité je devais envisager deux natures humaines, deux justices, deux biens communs, etc, l’un d’inspiration religieuse et l’autre excluant strictement ma foi et ma croyance. J’estime que la croyance et la religion n’ont pas à être taboues, et qu’on peut tout aussi légitimement proposer à un interlocuteur dont on souhaite voir le « niveau de conscience » progresser de lire un article de Marx qu’une encyclique papale, ou une ouvrage sur la démocratie grecque qu’un catéchisme romain, par exemple. On a tendance à représenter ce qui vient de la religion comme corrupteur du débat politique, comme si c’était au niveau des débats de bistrot sur les résultats sportifs. C’est une erreur grossière, héritage d’un fanatisme antireligieux qui n’était pas injustifié historiquement, mais qui a souvent été démesuré et aveugle. La religion aborde généralement des questions tout à fait fondamentales, et les réponses qui y sont données entretiennent forcément des rapports avec les réponses que l’on donne aux questions de la politique.