La Constitution citoyenne pédagogique frappée d’un vice de forme ?
Je suis très contrariée et j’ai beaucoup hésité avant de vous faire part de mes observations.
Le fait que Etienne CHOUARD soit demandeur de critiques et de contre-argumentations afin de tester son projet et éventuellement le perfectionner a été déterminant dans le choix de m’exprimer par écrit dans ce forum.
Ces observations m’amènent à formuler un problème méthodologique majeur dans la démarche proposée ici.
Ce défaut de qualité semble rédhibitoire et ses conséquences dangereuses. On pourrait presque invoquer un vice de forme.
Je précise à toutes fins utiles que je n’interviens ni par malice ni animée par une volonté destructrice ou négative.
Je suis « génotypiquement » et chroniquement sceptique (dans le sens initial) et mon expérience de l’analyse tant de publications scientifiques que d’actes émanant de l’administration fiscale m’a en quelque sorte apporté un certain nombre de réflexes conditionnés que l’on pourrait regrouper sous l’appellation « chercher la petite bête et trouver la ou les failles ».
Cela va bien au-delà de « L’art d’avoir toujours raison » de SCHOPENHAUER, ouvrage que tout un chacun devrait lire et relire, non pas pour acquérir la méthode de la dialectique éristique mais pour s’en prémunir.
Critique de la méthodologie de « Pour une Constitution écrite par et pour les Citoyens » :
L’idée de départ est qu’une Constitution soit rédigée par une Assemblée Constituante formée d’un collège de citoyens tirés au sort et correspondant statistiquement à un échantillon représentatif de l’ensemble de la population en droit de voter, et ce afin de se prémunir contre les abus de pouvoir.
Sur le blog, sur le forum ou sur Wiki je vois effectivement qu’une Constitution a été rédigée grâce à de nombreux intervenants de bonne volonté. C’est une démarche réellement remplie d’espoirs.
Mais :
- Si une Constitution a été écrite je ne trouve nulle part l’Assemblée Constituante tirée au sort.
- Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’argumenter le fait de l’ensemble des intervenant ne corresponds pas à un échantillon représentatif de la population française non plus.
Et alors ?
Si il advient qu’une Assemblée Constituante soit tirée au sort (et je l’espère de tout cœur), de deux choses l’une :
-
Soit elle le fait en toute objectivité et sans aucunes influences de quel ordre que ce soit et l’actuelle Constitution citoyenne sera devenue inutile (nulle et non avenue) et n’aura été qu’un beau projet pédagogique.
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Soit les gentils virus auront eu un effet déterminant sur l’opinion publique (ce qui est souhaité ici) auquel cas une majorité de citoyens aura pris connaissance de la Constitution pédagogique. Une telle majorité se retrouvera donc dans l’échantillon de l’Assemblée Constituante. La Constitution ainsi rédigée sera alors au mieux très inspirée du travail pédagogique préalable, au pire correspondra à une série de paraphrases de ce même travail. Dans tous les cas ce ne serait pas l’expression d’un échantillon représentatif car fortement influencé par l’opinion de l’échantillon non représentatif de départ.
Pour me contredire je pourrait argumenter le fait que le résultat obtenu sera mieux que rien et en tout cas bien meilleur que l’actuelle Constitution mais avouez tout de même que les fondements de cette hypothétique et attendue 6ème République seraient viciés dans l’œuf. En d’autres termes plus triviaux ce serait boiteux, discutable et pas carré (en tout cas pour moi).
L’honnêteté intellectuelle n’impliquerait-elle pas à titre préventif de stopper immédiatement la pandémie virale ou tout du moins la contenir au maximum dans la mesure où la phase d’incubation semble dépassée?
Au secours !