La conception admise de la monnaie est une imposture

[b]Il existe déjà une discussion qui s’appelle « Reprendre le pouvoir sur notre monnaie » qu’anime AJH avec talent.

Qui postule donc qu’on l’a perdu, ce qui est parfaitement exact.
[/b]
La logique serait donc d’engager une discussion préliminaire qui pourrait s’appeler : « pourquoi (ou comment, ou quand) avons-nous perdu ce pouvoir ? »

Ce qui revient (compte tenu de la quasi impossibilité d’échapper à l’emprise de la monnaie) à se poser la question : qui possède le pouvoir sur la monnaie, et qui devrait le posséder ?

La réponse me semble extrêmement simple : parce que nous l’avons abandonné à un IMPOSTEUR: il s’agit de l’INDUSTRIE FINANCIERE (concept oxymorique cosmopolite, dont le capitaine d’industrie emblématique pourrait s’appeler MADOFF) au service duquel se sont placés les économistes « autorisés ».

Pour savoir qui devrait posséder ce pouvoir, nous raisonnerons en deux temps :

La monnaie est, au niveau le plus général un CONCEPT universel qui, dans son discours même, ne prétend rien produire, puisqu’il est censé ne s’appliquer qu’aux ECHANGES CONTRACTUELS (en favorisant ceux qui induisent un bénéfice général). Il est donc censé favoriser la disponibilité des biens à échanger, mais n’a pas le pouvoir de les produire, la seule possibilité que je connaisse pour cela étant l’ACTIVITE HUMAINE.

La monnaie ne s’intéresse d’ailleurs pas à l’ensemble des biens produits par cette ACTIVITE, mais au sous-ensemble échangé par CONTRAT, les biens produits par TRAVAIL. Elle laisse de côté tout un pan de la production économique qui s’échange hors contrat.

. Elle n’a donc rien à voir avec le quantitatif de l’économie réelle (qui n’est fait que de production et de consommation). L’appellation d’INDUSTRIE FINANCIERE qui n’aurait de sens que si qu’elle réalisait une production est donc une imposture à rejeter absolument. Les activités FINANCIERES sont donc des activités de SERVICE, qui ne concernent, de plus, qu’une partie de l’économie.

Etape 2

Elle s’intéresse à TOUS les échanges, y compris les plus INEQUITABLES. (Par exemple elle concerne la victime qui, même s’il n’a pas négocié la balle qui lui traverse le crâne, a réalisé un échange avec son bourreau).

Nous avons vu que c’est évidemment inexact, quantité (et même la plupart des échanges individuels non contractualisés, parmi lesquels on trouve beaucoup de gagnant-gagnant), sont des échanges d’ACTIVITE qui ne sont pas des échanges de TRAVAIL.

Mais, par le fait qu’il peut s’appliquer potentiellement à des échanges inéquitables, ce SERVICE ne peut être maintenu à l’écart des règles PUBLIQUES qui sont censées juger de la légitimité des échanges, au regard de leur équité.
Donc, le SERVICE rendu par la monnaie, soumis aux règles PUBLIQUES qui règlent les échanges devient, par essence, un SERVICE PUBLIC.

Il ne saurait donc y avoir de d’établissement MONETAIRE PRIVE, ce qu’on appelle une BANQUE, entièrement indépendant des pouvoirs publics, toute capacité d’indépendance qui lui est reconnue doit être conçue comme une délégation, elle-même contractuelle.

C’est à la fois très général et fondamental, pour la genèse de la crise que nous vivons, qui est en filigrane de tous les fils de ce blog.

La question d’actualité n°1 est donc celle du retour impératif à la situation (en France) d’avant 1973 par l’abrogation de la loi dite « Rothschild ».

La sortie de l’Europe étant simplement un corollaire (obligé?) de la question précédente.

Dites moi si je me plante :wink:

L’échange contractuel concrétise dans l’organisation humaine la défiance, inhibitrice du don et de la fraternité, défiance qui est une maladie de l’espèce, individuelle et/ou collective.
Une fois acceptée cette maladie, à moins qu’elle ne soit prise en compte hors conscience, le troc est inévitable.
Pour des raisons techniques (échange différé + besoin d’une valeur aliquote commune aux choses et aux services + j’en oublie), le troc implique à son tour l’invention et la naissance de la monnaie.
Fluide-Symbole.
Fluide symbolisant l’ensemble des choses et temps échangés dans le cadre mental limité du contractuel, au présent, comme au passé, et au futur.
Paradoxe éthylmotlogique, nous en sommes au temps présent à définir une monnaie fiduciaire, alors que la monnaie n’est nécessaire que du fait de la défiance. Amusant … Mais bon.

L’idée de monnaie appartient à tous ces êtres qui de tous temps ont opté et opteront longtemps encore pour la défiance. C’est un mal commun. Qui confère à la monnaie le statut de bien commun : pour soigner les conséquences de notre défiance quasi universelle, nous nous fions à une symbolique qui nous appartient à tous. Cette fiance déviante est nécessaire tant que défiance sera. Et son objet nous est commun.
La monnaie est un bien commun.
Sa gestion devrait donc être commune.
Si elle n’est pas commune, c’est qu’il y a eu hold up sur le symbole commun.
Un hold up de quelques uns sur le symbole autant que sur le symbolisé, un hold up sur la dynamique. Des conséquences morbides de la défiance issue de la nuit des temps, ils font leur capital temporel. Sorte d’alchimie inversée qui transforme l’or en plomb.
Ceux là même feront tout pour déguiser leur forfait mondial sous le masque d’une légitimité factice.
Ils envoient des émissaires au temple du pouvoir, y choisissent leurs représentants, qu’ils dorlotent et affectionnent.
Engendrant chez ceux qui voient … la défiance.
La boucle est bouclée.

Nous pouvons déposer des rustines démocrates sur le système, nous pouvons nous battre pour améliorer tel outel détail, mais le mal est infiniment plus profond que ne le laisse penser l’examen des textes, des règles, des usages, et des lois : il est enraciné dans le bas niveau de conscience général, … provisoire.

Avec quelques amis, nous voulons impulser une monnaie locale sur le bassin de vie d’Annecy. Ce projet est résolument contraire à ma perception. Mais je m’y colle quand même, pour des raisons d’immédiates réparations du local, mais aussi pour cela que la gestion démocratique de l’outil et son encadrement dans l’éthique, le convivial, le solidaire, la biocohérence, sont un premier pas vers plus de conscience partagée.

loi du 3 janvier >>> maintenant c’est le 123 de Lisbonne.
mais oui, c’est monstrueux.

Mais il n’est pas forcément nécessaire de « sortir ».
Une monnaie nationale complémentaire (projet cher à certains de nos amis chers) pourrait résoudre.

(Dans un autre fil, j’avais suggéré ça pour la Grèce)

Pour info il existe (pour encore quelques jours) un article Wikipédia sur l’Indépendance des économistes. Il y a en ce moment une discussion pour le supprimer.

Dites moi si je me plante ;) ->

L’échange contractuel concrétise dans l’organisation humaine la défiance, inhibitrice du don et de la fraternité, défiance qui est une maladie de l’espèce, individuelle et/ou collective.


Tout à fait d’accord avec l’analyse d’une société de la « défiance » et, j’ajouterai, de la « peur de manquer » qui est la raison principale de la non dénonciation du système.:slight_smile:

D’accord aussi avec la notion de maladie, sauf que je ne pense pas que ce soit une maladie de l’espèce, qui lui offre, tout au plus un terrain favorable.

Mais, et c’est là que je démarque de AJH, c’est une maladie dont on connaît la nature (tumorale), dont on sait reconnaître ce qui rend les cellules cancéreuses: l’intérêt financier et que l’on sait donc éradiquer.

On connaît aussi son histoire récente.

Tant que les banques nationales demeuraient souveraines, ces tumeurs restaient de nature grave mais curable au sens que l’on pouvait prolonger la vie du patient, puisqu’il existait une possibilité d’intervention chirurgicale, certes douloureuse car intervenant après moultes manifestations des cellules saines (troubles sociaux, grèves…), mais qui permettait de prélever réellement une partie de la tumeur affectant les cellules touchées (celles du capital) au bénéfice des cellules saines (celles du travail) et rétablir un certain équilibre entre les cellules de l’organisme.

L’appellation consacrée en était « dévaluation nationale compétitive », terme mensonger pour parler de ce qui était en réalité une « réévalution nationale du travail par rapport au capital ».

Certes, vue du niveau global de l’organisme, la situation n’était pas bonne, puisque les cellules saines devaient en permanence alimenter les cellules tumorales qui, tout en ne produisant rien, prélevaient leur consommation sur celle des cellules saines.

Cette tumeur maligne mais curable est devenue maladie plus grave et incurable par la conjonction de deux évènements:

  • plus grave quand la maladie a été elle-même boostée par l’impossibilité pour aucune cellule de l’organisme d’échapper au déséquilibre tumoral (loi de 1973 en France)
  • mais surtout incurable lorsque la possibilité de traitement national a été interdite via l’ouverture des frontières à la libre concurrence à l’investissement et l’institution du Traité de Lisbonne.

La récupération de la souveraineté bancaire nationale permettrait certes de revenir à la situation antérieure (tumeur curable) mais ne constituerait pas une vraie solution.
C’est ce que proposent avec quelques nuances, (niveau français ou européen) un certain nombre de candidats, et globalement ce que défend AJH.

Mais je me trouve bien seul pour défendre l’option la plus rationnelle, l’option préventive (pas de tumeur possible) en supprimant l’intérêt financier.

J’essaierai de montrer sur ce fil que celui-ci est un non-sens économique et une disposition antidémocratique.

[color=red][b]L'appellation consacrée en était "dévaluation nationale compétitive", terme mensonger pour parler de ce qui était en réalité une "réévalution nationale du travail par rapport au capital".[/b][/color]
Que ce soit l'une appellation ou l'autre... elle mène vers une compétition de surenchères au niveau international, vers le bas, parce-que on ne peut guère interdire à qui que ce soit de souverain de faire le prochain pas pour favoriser ses exportations à lui. Tout comme l'Allemagne à du se rendre à l'évidence en ce qui concerne la planche à billets.

On ne fait pas ce qu’on veut, même si c’est le mieux… on ne fait que ce qu’on peut, compte tenu des circonstances qu’on fabrique entre tous.

[color=red][b]L'appellation consacrée en était "dévaluation nationale compétitive", terme mensonger pour parler de ce qui était en réalité une "réévalution nationale du travail par rapport au capital".[/b][/color]
Que ce soit l'une appellation ou l'autre... elle mène vers une compétition de surenchères au niveau international, vers le bas, parce-que on ne peut guère interdire à qui que ce soit de souverain de faire le prochain pas pour favoriser ses exportations à lui. Tout comme l'Allemagne à du se rendre à l'évidence en ce qui concerne la planche à billets.

On ne fait pas ce qu’on veut, même si c’est le mieux… on ne fait que ce qu’on peut, compte tenu des circonstances qu’on fabrique entre tous.


La remarque est de bon sens, toute action politique s’inscrit dans un contexte historique, les « circonstances qu’on fabrique entre tous », donc qu’on subit en grande partie.

Dans ces conditions le « mieux » que l’on peut « souverainement » mettre en action, que l’on soit citoyen ou Etat-Nation, (vous avez dit « on ne FAIT pas ») est lui-même historique et ne peut être qualifié que de « mieux relatif », par rapport au « mieux » absolu que le « bon citoyen souverain » (à supposer qu’il soit essentiellement bon, ce que ni vous, ni moi ne pouvons revendiquer) peut DIRE en invoquant le droit naturel, (par exemple ici remplacer compétition par coopération), mais qu’il est évidemment incapable de METTRE EN ACTION en respectant le droit même dont il se réclame.

Cela n’empêche pas d’essayer d’influer par le discours sur le point de vue que l’on peut porter sur ces « circonstances », ici l’interdiction de la dévaluation souveraine d’un état en rappelant leur effet le plus réel, sans nier le contexte « historique » de compétition sur lequel ce discours ne peut rien.

A l’heure ou le discours officiel du pouvoir (promouvoir la valeur travail) s’oppose de façon la plus radicale à l’effet réel de ses actions, n’est-il pas utile de tenter de mieux décrire cette réalité?
La réponse attendue était simplement: vrai ou faux.

Pour passer du discours à l’action, voir:

J’élucubre =>


" La conception admise de la monnaie est une imposture"

La monnaie est usuellement présentée comme l’outil fondamental de l’échange (différé et entre plusieurs et de nombreux participants anonymes, échange de biens et services d’une diversité maximale), mais en fait elle est devenue un outil de domination et d’aliénation, un outil de captation du pouvoir de l’avoir.


Comme dit plus haut, selon môâ, la monnaie incarne et rend pérenne la défiance, l’érige en principe, du simple fait qu’elle en est le remède. Un remède qui s’attaque au symptôme et non pas à la source du mal. Mauvaise médecine. Il s’agit là d’un premier défaut, d’ordre psychanalytique et plus que millénaire, que contraints et forcés, pour cause d’ambiance, nous ne pouvons que provisoirement, pour quelques semaines encore :wink: accepter.
« Faut faire avec » .

Mais acceptant cela, nous ne pouvons accepter les défauts systémiques, qui eux sont accessibles au neurone du devant, peuvent être compris et contrés sans révolution intérieure de l’être, sans prise de conscience suivie de notre chère allergie militante à nos peurs archétypales et à nos appétits partagés, de mammifères inquiets qui refusent de partager.

En premier lieu, l’argent est un symbole, qui est sensé symboliser des biens ou du temps. Mais il y a un hiatus entre le symbole et le symbolisé : Le symbole est, du moins dans notre système monétaire actuel, gratifié de la qualité de richesse imputrescible, alors que tout bien matériel est « fondant », et ne parlons pas de l’instant, qui est mort ou à venir, c’est connu, mais jamais palpable. Du coup, le réflexe naturel est de stocker du symbole afin de se préserver de la fonte de tout ce qui est vie, ou objet, aliment, temps. Réflexe naturel, qu’il est exclu de condamner, mais qu’il conviendra de prendre en compte pour inventer un système monétaire plus sain. Cette différence fondamentale entre le symbole et le symbolisé confère au détenteur du symbole un immense pouvoir sur le détenteur du symbolisé. Par exemple, celui qui détient des euros pourra attendre tranquillement la panique de celui qui détient des oeufs, avant de négocier, ou plutôt d’imposer le prix des oeufs.
Notons que le réflexe de stocker (induit par le caractère non fondant de la monnaie) par ailleurs a pour effet de rendre l’argent rare, et donc de limiter la dynamique des échanges, partant le dynamisme de l’économie.
Ce réflexe est renforcé par un second défaut du système monétaire présent :

En second lieu, comme on dit, « l’argent travaille » et fait vivre son détenteur à la sueur non pas de son front mais à la sueur du front de l’autre. C’est le front national qui sue (hihi) et non pas celui du riche.
Celui qui détient l’argent, diable seul sait comment il en est arrivé là …, celui là, via l’intérêt, s’attend à voir sa fortune grossir, et exige prix de la mise en circulation de cette part du fluide
vital qu’il a réussi à confisquer au monde. Ainsi donc, c’est celui qui stocke, et donc ralentit l’économie, qui retire un bénéfice du besoin de liquidité. Il a confisqué (…légalement…) une part du bien commun qu’est la monnaie, et de ce fait en acquiert encore plus.
Et l’emprunteur ?
Celui qui emprunte pour survivre illustre particulièrement la folie du système.
Enfoncé dans la misère, il ne peut que se débattre dans son envie de mourir ou tuer.
Mais il y a aussi « l’entrepreneur », ce personnage dynamique ; l’un des moteurs de sa vie et de son activité est l’en-vie de créer. Pour lui ptetr ben, mais pas que. Il est souvent mû par l’envie de créer de l’activité, articulée autour de lui, certes, mais quand même de l’activité commune. Celui là souvent devra emprunter. Et donc des années durant s’acquitter d’un intérêt. ALORS QUE L’ARGENT DETENU NE SERA SOUVENT DETENU QUE QUELQUES JOURS, puisque très vite livré à des fournisseurs ou artisans. Paradoxe immense : c’est celui qui rend service à la société, et lui seul, qui devra s’acquitter du loyer de l’argent !!!
Pire encore, souvent, à travers le mécanisme de création monétaire scripturale ex nihilo par les banques privées, c’est celui qui crée du vital concret qui devra payer à celui qui ne crée que du symbole et encaisse un quasi-impôt sur le vent.

Ces deux paragraphes écoulés mettent en lumière la perversion d’un système autobloquant qui en outre favorise l’égoïste au détriment du créateur. Perversion fondée sur trois pattes :

-refus politique de l’inflation et solidité d’un argent non fondant.
-l’intérêt, qui dope le défaut précédant, puisque l’argent se multiplie sans travail du possédant, au contraire du blé qui nécessite labour.
-rareté de l’argent circulant, argent dont l’existence est fondée sur l’endettement taxé par l’intérêt.

Les remèdes pourraient être :

La monnaie fondante (virtuelle et papier).
La taxe sur réémission périodique
L’interdiction de la création ex nihilo
L’impôt sur intérêt perçu
L’interdiction de l’intérêt
L’impôt sur la fortune monétaire (et son remboursement en cas de création)
L’intérêt négatif

Qu’est ce que tu appelles l’impôt sur la fortune monétaire ?

c’est pour le distinguer de l’impôt sur la fortune globale, qui lui ne provoque pas le doping de la liquidité. Ou peu.
(accroître la vitesse de circulation de la monnaie accroît la masse monétaire circulante, a un peu l’effet de la planche à billets, sans les défauts)
La détention de symbole et la détention de symbolisé sont deux problèmes distincts, pensai-je :wink:

L’impôt type Marchais « au delà d’un million je prends tout » est peut être motivé par un esprit de justice, mais comme effet de bord, il peut favoriser une dynamique, par abolition du réflexe de thésaurisation.
Mais je ne suis pas économiste. Je peux me tromper.

Motifs de thésaurisation :

-La peur (peur des lendemains qui déchantent)
-La boulimie (appuyée sur la notion de rendement de l’argent)
-Amasser pour créer

Les deux premiers motifs sont du domaine psy, et ont des effets négatifs.
Ce sont eux que le système encourage.

Le troisième est dynamique.
Mais il faut être « à flot » pour ce chemin là.

Le dynamisme créateur sans fonds propres n’est pas possible … (sauf bricolage)
Le dynamique pauvre doit payer son engagement (loyer de l’argent)

c'est pour le distinguer de l'impôt sur la fortune globale, qui lui ne provoque pas le doping de la liquidité. Ou peu. (accroître la vitesse de circulation de la monnaie accroît la masse monétaire circulante, a un peu l'effet de la planche à billets, sans les défauts) La détention de symbole et la détention de symbolisé sont deux problèmes distincts, pensai-je ;)

L’impôt type Marchais « au delà d’un million je prends tout » est peut être motivé par un esprit de justice, mais comme effet de bord, il peut favoriser une dynamique, par abolition du réflexe de thésaurisation.
Mais je ne suis pas économiste. Je peux me tromper.


D’accord mais justement est-ce qu’un tel impôt n’aura pas pour effet d’inciter les gens à investir dans des valeurs moins liquides, un peu comme les riches qui achètent des oeuvres d’art ou des propriétés dont ils n’ont pas besoin mais juste pour éviter d’entasser de l’argent liquide ?

Ne penses-tu pas que le problème de liquidité soit plutôt marginal comparé au problème de répartition des richesses ? Ou alors comment une meilleure liquidité peut-elle améliorer le problème de répartition ?

Je ne comprends pas ton 2ème paragraphe par contre.

Comme je l’ai exprimé ailleurs en pré-bémol, je pense que la monnaie est un mauvais système issu des carences en conscience et fraternité.
Mais nous sommes coincés dedans.

Oui, toute mesure politique tend à créer des choix échappatoires. Ainsi imposer l’accumulation de liquidité conduira certains à investir dans le luxe. Mais les fortunes sont si colossales qu’ils ne réussiront jamais à se gaver de choux à la crème et de feraris sans qu’il leur reste du fric à foison. L’objection reste cependant forte.

La monnaie fiduciaire circulante en Europe est égale à la moitié de la dette française (et au dixième de la dette européenne). Le reste de la monnaie étant sauf erreur de la dette monétisée. Ceci démontre je crois la monstruosité de la carence en liquidité : il est impossible de rembourser la dette autrement qu’avec de la dette !
Que les spécialistes me détrompent : je serai transportée de joie :slight_smile:

La répartition des richesses est un vaste sujet qui pourrait n’être pas que monétaire. Les philosophies distributives sont là pour nous renseigner. Mes insomnies, quant à moi, me conduisent au pays merveilleux où règne la civilisation du don …

La question, plus vaste, est de savoir comment impulser l’acte créateur, autrement que par le tropisme à la boulimie, autrement qu’en massacrant la planète, puis (ou et) comment organiser/favoriser/permettre l’accès de chacun à sa part équitable, vitale mais aussi superflue (le misérabilisme guette la théorie du revenu minimum …).

Je crois que dans cette perspective, l’humanité s’est mise dans un très mauvais cas, d’où il sera très difficile de s’extraire. Car ses choix (préhistoriques, puis historiques, autant que naturellement induits) l’enferment dans une logique morbide.

Militer se fait en un temps donné et à une époque donnée et il n’est pas possible d’élever le monde au moyen d’un saut quantique de sa conscience. Sauf miracle … Ce qu’il est convenu d’appeler le mal pourra dans le contexte de ce triste constat avantageusement être pris en tenaille entre des militances modestes (car loin du rêve), pour une monnaie éthique et pour une distribution éthique.

J’espère avoir répondu.

Pour le second §, ayons confiance dans les détours de nos échanges.

Pas vraiment, je crois que tu es aussi perdue que moi dans ce domaine :wink:

Peut être qu’AJH saura répondre.

Des exemples parlant de monnaie fondante, après mure réflexion, je me suis rendu compte que ce n’était pas vraiment le caractère fondant de la monnaie qui résolvait le blocage de l’économie, mais bien plus le fait que la création d’une nouvelle monnaie ( en rupture avec la répartition de l’ancienne monnaie ) permettait une nouvelle répartition bien plus égalitaire, et que le blocage de l’économie était résolu par en quelque sorte un regain de pouvoir d’achat de ceux qui l’avaient perdus avec l’ancienne monnaie.
Ce qui me laisse penser que finalement la question de la liquidité est marginale comparé au problème de répartition.

La théorie est un chose, la démonstration sur le terrain en est une autre. les exemples germaniques des années 30 plaident clairement en faveur de la monnaie fondante.

Les monnaies locales ont d’autres avantages, par exemple une vraie gestion démocratique, et donc une croissance de la citoyenneté locale.

Une monnaie locale adossée à l’euro permet un doublement de la masse monétaire impliquée : un euro converti circulera sous sa nouvelle identité au niveau local, mais l’euro source qui sert de garantie légale (un peu comme l’or autrefois) vivra sa propre vie car déposé par exemple à la NEF. Il y a donc bel et bien un ersatz de création monétaire. Une sorte de dérivation et copie de la monnaie « mondiale » dans la monnaie « locale démocrate ». C’est l’ombre (alias le double) de la monnaie centrale qui éclaire la monnaie locale. Marrant.

Oui, je suis perdue, mais j’me soigne :wink:

Justement non je trouve que ces exemples plaident surtout pour une meilleure répartition des richesses. M’enfin peut être ne parlons nous pas de la même chose.

Ce que devrait être la monnaie:

L’histoire raisonnable (mais hélas, pas la vraie) de la Dame de Condé

Nous sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses ortolans et pour sa discrétion!… Un vendredi après-midi débarque une jeune femme, d’apparence convenable, bien qu’un peu trop fardée.

Elle réserve une chambre à un grand lit pour un séjour et, comme elle n’a pas de bagage, elle laisse en acompte un billet de 500 €, tout neuf. Puis, elle s’en va visiter la vieille ville.

Le pâtissier qui a vu la scène dit au patron: “Ça fait 6 semaines que vous me devez 500 € pour la pièce montée que j’ai livrée à l’occasion de la communion de votre fille”. Le patron lui donne le billet de bonne grâce.

Comme cette scène a été vue par d’autres, elle se reproduisit 5 nouvelles fois car le pâtissier devait aussi 500 € au minotier,…, qui en devait autant au garagiste,… lui-même débiteur de cette somme au boucher,… qui avait à régler 500 € au représentant de la maison Elida,… lequel devait à son tour acquitter des nuits passées à l’hôtel de la Gare pour 500 €.

Au moment où le représentant donne le billet au patron de l’hôtel, notre dame revient de promenade. Elle annonce qu’elle annule sa réservation. L’hôtelier lui rend donc son billet qu’elle brûle aussitôt. “Il était faux”, dit-elle en souriant.

Quel est l’ enseignement de cette fable?

  1. – Le billet est qualifié de “faux”. Il serait plus juste de dire qu’il n’a aucune “contrevaleur” dans la monde réel, ce qui a permis de le brûler sans que la richesse du village en soit affectée. C’est le plus spectaculaire de cette histoire, et pourtant c’est bien le statut de tout billet de monnaie: il n’est que la “matérialisation” d’un certain nombre d’ unités générales de comparaison, unités qui n’ont pour seule vocation que de repérer sur une échelle unique, les unités de prestations échangées entre des intervenants.

Cette comparaison ne peut être réalisée que par le consensus (sous-entendu mais forcément préexistant) dans le village sur les prix respectifs des différentes prestations réglées par la circulation de ce billet. Ce consensus résulte d’une concertation préalable entre les prestataires, dans laquelle la banque n’aucune légitimité particulière.
2. – La Dame n’a tenu aucun rôle dans la fixation des prix de ces différentes prestations, sinon pour négocier celui de sa prestation personnelle.
4. – La monnaie n’a entraîné aucune prestation nouvelle , celles-ci étaient antérieures à l’apparition du billet dont, ni l’apparition, ni la disparition n’ont eu d’effet sur la richesse du village.

La “possession” fugitive du billet a permis à chacun des prestataires de se retrouver avec un « fonds de roulement » transitoire, et n’a rien changé à leur situation réelle, mais leur a permis de solder successivement UNE créance et UNE dette basées sur des prix fixés à des dates différentes.

D’où ce que devrait rester la monnaie:

Une quantité de monnaie circulante n’est qu’une partie d’un “fonds de roulement” conventionnel, qui doit être neutre vis à vis des variations relatives (collectivement acceptées) des prix des biens réels échangeables à tout moment.

Cette neutralité, exigence morale qu’exige l’équité des échanges, doit être conservée pour tous, que son fonds de roulement personnel soit positif ou négatif. L’emprunteur ne doit donc jamais être pénalisé par un passage en négatif de son fonds personnel.

Cette exigence s’impose d’autant plus que dans les sociétés modernes, il est devenu matériellement impossible à chacun de connaître la situation de son compte, la plupart des emprunts qui l’engagent ayant été contractés par des tiers.

[b]Ce « fonds de roulement » s’appliquant concrètement à des transactions à venir, son émetteur doit, pour pouvoir garantir qu’il sera accepté de tout le village, garantir de maintenir un consensus sur les prix relatifs des prestations et leur évolution prévisible.

Cette garantie n’est à la fois légitimée sur le plan théorique et rendue possible sur le plan pratique que si elle émane des autorités politiques que la communauté économique s’est donné.[/b]

1. – Le billet est qualifié de “faux”. Il serait plus juste de dire qu’il n’a aucune “contrevaleur” dans la monde réel,
N'est ce pas la définition de "faux" ?
Bien sûr que non, je fais encore la différence entre un faux billet (Faux ici dans le sens de "légal") et un vrai. Vous ne la faites pas? Ce que je veux dire, c'est qu'il n'existe dans le village aucun bien (matériel ou prestation) dont on peut dire qu'il soit dû à l'existence effective de ce billet. Ce billet n'est qu'une "marque" relative à une autorisation légale à échanger.
ce qui a permis de le brûler [color=red]sans que la richesse du village en soit affectée.[/color] [/b]
Je ne suis pas d'accord avec la formulation : - même s'il avait eu une contrepartie le capital du village n'en aurait pas été affecté ; - même en étant faux, il a augmenté le PIB du village, et avait la capacité de continuer à le faire.
Pour la première objection, voir la réponse précédente. Pour la seconde, je fais une grosse différence entre le PIB qui n'est qu'une quantité de flux qui est arbitraire puisqu'elle dépend des prix, et la richesse du village qui est un stock consommable). Divisez les prix par 10 et votre PIB est divisé par 10 sans affecter la richesse. [b][color=red]Le PIB est une notion stupidement statufiée dans l'économie officielle de nos sociétés de la défiance, qui peut être passée par zéro sans affecter la richesse des sociétés de la confiance [/color][/b](le village de Condé avant l'arrivée de la banque).
Cette exigence s’impose d’autant plus que dans les sociétés modernes, [b]il est devenu matériellement impossible à chacun de connaître la situation de son compte, la plupart des emprunts qui l’engagent ayant été contractés par des tiers.[/b]
Je ne comprends pas à quoi vous faites allusion.
[b]C'est bien le coeur de l'affaire[/b] Prenons le cas du grec de base, qui n'a pas pris le moindre crédit personnel. On vient lui raconter qu'il est en faillite collectivement, et qu'il doit travailler plus pour rembourser. C'est bien que des emprunts qui l'engagent ont été contractés à l'insu de son plein gré.
Cette garantie n’est à la fois légitimée sur le plan théorique et rendue possible sur le plan pratique que si elle émane des autorités politiques que la communauté économique s’est donné.[/b]
Je ne comprends pas pourquoi. La valeur d'un bon de réduction de votre supermarché préféré ne dépend pas des autorités politiques etc. Or vous pouvez payer un service de votre voisin avec un tel bon. Comme il n'a pas de valeur intrinsèque (c'est un bout de papier où il ne reste même pas de la place pour écrire) mais seulement une valeur faciale, c'est bien de la monnaie.
Ce n'est qu'un avatar d'affichage des prix, le même que celui qui est planté dans le fromage de votre crémier sur le marché local.

Bernarddo, attention de ne pas confondre le PIB en valeur et le PIB en volume…