Il faut au peuple une constitution qu'il écrira lui même !

« Il faut au peuple une constitution qu’il écrira lui-même » : oui, mais quelle méthode ?

Si l’on devait suivre le conseil donné ailleurs par un participant : que chacun revoie ses messages et en élimine ce qui ne correspond pas au sujet de ce fil, je crois qu’il ne resterait pas grand-chose des trois pages qui précèdent.

Une seule proposition faite ici touche vraiment au sujet : faire rédiger le projet de constitution par des citoyens tirés au sort.

Cette proposition a le grave défaut d’ignorer qu’une seule assemblée de quelques centaines de personnes tirées au sort n’est pas le peuple et par définition ne peut même pas prétendre le représenter. Le projet produit par cette assemblée ne serait donc que le projet des quelques centaines de personnes qui la composent, c’est-à-à-dire d’une infime partie du peuple. Là, par conséquent, n’est pas le moyen de parvenir à l’objectif de ce fil.

Si l’on veut une constitution écrite par le peuple lui-même, une seule méthode me paraît réalistement envisageable :

– que chaque citoyen ou groupe de citoyens présente publiquement ses éventuelles propositions, de préférence collectivement ;

– que ces propositions soient diffusées et discutées dans le cadre d’un vrai débat citoyen général (Internet, réunions, presse, etc) qui devra probablement durer plusieurs années ;

– que les partis, associations et autres groupements suivent ce débat public et présentent au moment qui leur semble opportun des synthèses ouvrant la voie à un consensus national. De cette manière, progressivement, par décantation, on arriverait à s’entendre d’abord sur les grandes règles constitutionnelles et la structure de la future constitution, ensuite sur les modalités ;

– qu’ensuite des assemblées citoyennes locales ouvertes à tout citoyen volontaire soient chargées d’affiner les consensus et de soumettre les résultats de leur travail à une assemblée citoyenne nationale (élue, ou si on veut tirée au sort parmi les membres des assemblées locales) qui, elle, aurait à recenser et harmoniser les points d’accord et, à partir de ce recensement, à rédiger le projet à soumettre au référendum.

Alors on pourrait parler sans trop affabuler d’une constitution écrite par le peuple.

La méthode n’a rien de sorcier, elle est d’une grande logique, elle est même bébête. Elle a aussi le grand avantage de pouvoir être mise en œuvre par les citoyens eux-mêmes sans intervention de l’État : ces assemblées constitutionnelles locales et l’assemblée constitutionnelle nationale pourraient très bien, en effet, s’organiser et fonctionner indépendamment des autorités publiques, en se constituant conformément à la loi de 1901 relative au contrat d’association (dont beaucoup en France continuent d’ignorer les immenses possibilités).

Sur notre forum, en dépit de certaines apparences, nous sommes déjà un peu engagés dans ce type de réflexion. Trop peu, hélas ! À mon avis. il serait temps de réduire les échanges style Café du commerce et de passer aux choses sérieuses. JR

Chic ! nous sommes d’accord :slight_smile:

J’ajoute

La démocratie réelle à grande échelle est à inventer.
Je la perçois comme devant déjà être partie intégrante du processus constituant.
Pour que la poule soit dodue, l’œuf doit être parfait, et vice versa :wink:

Un réseau dense d’assemblées délibératives interconnectées, non limitées à la discussion mais assignées à la proposition et à la co_rédaction me semble une clef incontournable, sans laquelle on retombe dans l’inconvénient de la représentativité, même si le hasard y est chargé de protéger des abus.

L'éducation est comme la liberté : elle ne se donne pas, elle se prend. Joseph Jacotot
A mes élèves qui parfois se plaignaient d'un collègue je recommandais de lui voler sa connaissance.

Lorsqu’il s’agit pour lui de recevoir l’héritage qui lui est dû, l’élève devrait pouvoir être sans pitié.

Ce droit n’est ni reconnu ni énoncé. Ici réside peut être l’une des causes d’un rapport de force médiatisé comme malsain.


Voilà une assertion auquel j’adhère pleinement.

La constitution devrait avoir un article imposant à l’Education Nationale d’apporter une réponse à toutes les questions posées par un élève dans le cadre d’un programme scolaire (ou tout du moins des solutions, des pistes et un soutient pour pouvoir trouver des réponses).

Exemple : au collège je tannais mes profs de math avec des questions redondantes.
Pourquoi les mathématiciens utilisent telle ou telle formule, tels ou tels signes ? D’où leur vient cette idée ? Je partais du principe que les matheux ne sont pas tarés et que si ils utilisaient telle formule plutôt qu’une autre, c’est qu’il devait y avoir une bonne raison ? Donc, qu’elle était cette raison ?
En gros, mes questions cherchaient à comprendre à quoi servent les maths concrètement dans la vie de tous les jours.

Questions auxquelles mes profs n’ont jamais été foutu de répondre. On me disais juste « ne cherche pas à comprendre, apprends par coeur … »
Ce qui fait que j’ai développé une allergie viscérale à cette matière de toute évidence inutile et que je n’ai jamais rien compris aux mathématiques.

Plus tard, j’ai découvert que mes réponses se trouvaient tout simplement dans la physique nucléaire. Et que les maths vus par cet angle là, c’étaient tout simplement génial et indispensable pour mieux comprendre, décripter et surtout reproduire le monde qui nous entoure !

Evidement ces profs avaient mes réponses, mais ils ne pouvaient pas faire un cours sur la physique des particules spécialement pour ma pomme. Non pas qu’il ne l’auraient pas voulu, mais ils étaient prisonnier d’un programme scolaire et d’un timing imposé, rigide et complétement figé.

Ce qui fait que tous les gamins qui n’étaient ni « rebelles », ni anti-conformistes étaient bon en math et apprenaient sans broncher. Les autres, tant pis pour eux.

Le même problème se retrouve, semble t-il, avec les cours de philo pour classes terminales. La philo telle quelle est enseignée reste bien souvent de la masturbation cérébrale qui ne même à rien de concret dans la vie. Hors mis à des joutes verbales au Café de Flore (pour ceux qui ont les moyens de se payer un café là-bas.)

Constitutionnaliser les (obliger aux) réponses dues aux élèves permettrait peut-être d’éviter de nombreux échecs scolaires.

En encadrant le Mamouth des penseurs bien pensant de l’Education Nationale qui nous pondent des programmes formatés uniquement pour les élèves bien sages et surtout pas « contestataires » !

En constitutionnalisant une ligne de conduite enseignante valorisant la diversité de penser des élèves et valorisant l’adaptabilité et la diversité des formes que peuvent prendre l’enseignement de toutes les matières.

Merci Patrick,

Nous sommes un brin hors sujet mais ça vaut le coup (l’intelligence inventive nécessite du désordre et la démarche spiralée conduit droit au but hihi).

J’ai eu la chance d’enseigner … hors de France, avec une hiérarchie qui me fichait une paix royale.
Après un temps d’errements mimétiques, j’avais décidé de répondre à toute question, même si elle est posée 10 fois dans la séance.
Au début d’une année scolaire, ça freine.
Mais très vite s’opère une mise à niveau générale, plus une confiance rétablie <la défiance et la douleur des années antérieures sont à réparer> allant jusqu’à la complicité, et là, ça booste. On va très vite et le programme n’est plus qu’un prétexte pour l’aventure partagée. Des chapitres connexes au plan initial sont abordés par osmose. Et le plus important, c’est que se développe la liberté et le plaisir d’investiguer.

<<uniquement pour les élèves bien sages et surtout pas « contestataires » !>>

Ici réside l’un des processus de soumission du peuple.
Le hors norme est rejeté.
L’obéissance est récompensée.

Ainsi l’une des fonctions de l’école est elle de reconduire de génération en génération, à quelques nuances près, l’adhésion, du moins celle des futurs chiens de garde, incontestée autant que non pesée, à un système, non choisi, subrepticement mis en place, hors toute délibération populaire, en filigrane des lois avec lesquelles il n’est pas forcément en harmonie.

Je relève le fait suivant :
Les enfants des lycées et collèges subissent un cours d’éducation civique. Pourtant sur le terrain de l’établissement scolaire, les lois et les principes de la république, en particulier en ce qui concerne le droit à la défense, sont bafoués.
Il s’agit à mon sens d’une incohérence pédagogique.

… Il est assez logique dans ces conditions que le système représentatif soit incontesté, puisque dès l’enfance on entraîne les gens à se soumettre à leurs gentils responsables.

Comme quoi la démarche spiralée … :wink:

retour au sujet principal :wink:

Pour que le peuple soit apte à écrire une constitution qui lui soit favorable et qui le protègera des voleurs de pouvoir et de démocratie, il est nécessaire qu’il soit instruit des pièges de cette mission.
C’est un travail de clairvoyante modestie et une tâche immense, qui ne sera menée à bien que si nous sommes nombreux à l’entreprendre.
Il est nécessaire, donc urgent, au cas où une révolution surviendrait (au train où vont les choses, on ne sait jamais), car en tel cas, seule la culture populaire peut permettre au corps social de dégager une volonté générale et de se protéger des voleurs de révolution.

Le peuple s’instruira lui-même en participant systématiquement aux assemblées populaires (Internet ou autres) qui alimenteront nécessairement un authentique débat public. Il n’a pas besoin d’instructeurs. JR