Héritage et succession

Bonjour, je trouve qu’il faudrait abolir l’héritage et les droits de succession.

Alexandre

Tu serais donc d’avis d’interdire aux enfants de conserver un peu du travail de leurs parents défunts ?
Ou quelques souvenirs particulièrement personnels ?

Quid de la volonté parentale d’assurer une sécurité à un enfant trisomique ( ce n’est qu’un exemple )?

L’héritage fait partie des fondements psychanalytiques du dynamisme humain.
Mais il est aussi la cause de la confiscation transgénérationnelle de la propriété productive, et de l’inflation de la capacité technique de domination du grand nombre par le petit nombre.

Comme souvent en matière de réflexion sociétale, la vision binaire est pauvre, et conduit à des projets inhumains, sous couleur de justice.

L’hypercomplexité de l’âme humaine ne lui permet pas de choisir une justice de type mathématique.

Voici trois pistes de réflexion qui s’écartent un peu du sillon rectiligne d’une pensée tracée à la charrue :wink:

-L’option de Marinaleda est assez raisonnable. Qui paradoxalement exclue la propriété mais pas l’héritage.

-Le bail emphytéotique me semblerait aussi être un outil permettant de couper la poire en deux.

-Une mise en vente des biens avec certains droits préférentiels est aussi une solution.

Ces sujets, l’héritage et la « propriété familiale » sont essentiels (et la propriété tout court aussi), sont parmi les soucis primordiaux qu’aura-it à traiter une réelle démocratie (en oligarchie, c’est même pas en rêve …). Et Alexandre a bien fait de rallumer cette réflexion. Probablement l’indignation fait elle parfois émettre des solutions radicales, c’est humain.

Souvenons nous de 1917 :wink:

Euh en réalité le seul héritage ou la seule propriété qui pose problème cela reste la propriété des moyens de production. L’erreur faite par Alexandre est peut être de confondre la propriété ( incluant la sécurité matérielle comme un toit ) et les fausses propriétés ( celle d’entreprises ou d’actions ou intellectuelle ) qui permettent de transmettre carrément des sources de revenus. Et c’est cette fausse propriété qui perpétue clairement les inégalités et qui permet l’accaparement des richesses par un petit nombre.

Vous avez raisons Ana, je me suis un peu emballé ce matin, je me suis levé du pied gauche on va dire.

Je supprime mon post.

L’héritage et les droits de succession sont au cœur du dysfonctionnement général. Un enfant trisomique de dix huit ou cinquante ans ne me parait pas plus épaulé avec un héritage. Comme l’héritage est TOUJOURS équivalent à une somme, il devient un SOUCI plus qu’une chance. Il créé l’inégalité. Il est le bâton dans la roue de la société du don. En ce moment j’essaye de lire Jean-Luc Marion (j’essaye parce que j’emprunte les livres que je lis, donc je ne suis pas client-roi…)
D’une façon théorique (et dans notre monde d’aujourd’hui) je préfère que l’héritage soit distribué après le décès car cela hôte une épine du pied aux potentiels stratèges égarant) mais dans une éventuelle société évoluée à venir, les objets de valeur et souvenirs seraient réhabilités ou réintégrés à leur véritable histoire en les offrant avec un sens précis. Les échecs de parcours scolaires par exemple sont bien plus dus à l’environnement familial donc à un principe d’appartenance « négatif » et l’héritage ou la succession d’un exclu ne fait que couronner le dindon…

La question de l’héritage paraît bien toujours liée à celle de propriété et la contestation immédiate du Politburo ne fait que le confirmer. :smiley:
En la matière, les libertaires, obsédés par la notion de propriété vue par eux comme une entrave évidente à la liberté, les libertaires donc ont toujours proposés des solutions comme celles évoquées par Ana. Car, comme elle nous le rappelle aussi, la complexité du problème ne saurait être contrainte correctement par une règle binaire, comme celle autorisant par exemple la transmission systématique des inégalités. Seulement, il s’est jusqu’alors toujours trouvé plus d’idiots préférant une mauvaise règle à une autre trop complexe. La liberté apparaît donc comme un crainte récurrente de l’humanité qui y préfère de beaucoup le confort des idées simples et tranchées, au premier rang desquelles la propriété qui a l’intérêt de nous montrer où il faut pisser.

Il apparait que tout jaillit par alternative binaire. Dans une société utilisant une monnaie, effectivement la performance intellectuelle ou la finesse politique doit écarter une radicalisation expéditive… Mais dans une société du don, l’entente est loin d’être rétrograde, elle serait bien évidement riche d’imagination et de qualités. Merci à Ana pour son rappel du système de la propriété britannique (emphytéotisée) car c’est bien la famille royale qui possède « le bail » de « l’île » mais plus sérieusement pour Marinaleda (que j’ignor ais complètement)… Merci à Guislain et Sandy pour leur esprit critique à cran d’arrêt! Merci à Déhel de me comparer à Viatcheslav Molotov!! :slight_smile:

Que nenni.Pas d’allusion à la famille royale britannique, pfffff

Il y a en Suisse des communes où l’acquisition de terrain s’opère à travers un bail emphytéotique.
Au bout d’un siècle le terrain retourne au domaine public ( avec renégociation amiable possible ).
Les héritiers n’héritent que du reliquat de temps.

Je connais une petite commune en France où c’est pareil.

Dans une société où le capital conservé est plafonné (tout comme le salaire), cette question ne se réglerait-elle pas d’elle même?

Je ne pense pas que le plafonnement du capital (et encore moins des salaires !) conservés soit une solution.

Il évitera peut-être (car il y a toujours moyen de blanchir et/ou cacher une partie de ses ressources) qu’un prédateur soit encore plus riche, mais il ne permettra pas que la richesse de ces derniers soit redistribuée à ceux qui en ont besoin et/ou qui le mérites de part leur travail producteur des richesses en questions.

Il me semble que les réponses se situent plus dans une juste répartition immédiate (sur les salaires - justement - ou un Revenu de Base inconditionnel par exemple, se qui limite d’entrée de jeu les gains des prédateurs) plutôt que dans une limitation des richesses. Qu’un type soit indécemment riche, ou plus riche que les autres, n’est pas gênant dans la mesure ou tout le monde dispose de suffisamment d’argent pour pouvoir vivre selon ses aspirations.

Pour allé plus loin. Le droit pour tous de disposer d’un lopin de terre suffisant pour subvenir à ses besoins essentiels (nutritionnels + logement), devrait être un droit constitutionnel dans une vraie Démocratie équitable et juste.

La nature nous a donnés la Terre pour nous développer, je considère que cette dernière n’appartient à personne. Donc se droit doit pouvoir se transmettre sans contrainte de générations en générations. Car l’autonomie des personnes ne doit pas se situer QUE dans la redistribution des richesses sous forme d’argent. Mais aussi (et peut-être surtout ?) dans une distribution équitable des richesses que la nature nous offre sans jamais rien demander en échange (sauf peut-être de la respecter …).

Si on suit votre logique, Alexandre:

constat: 1% fonde son pouvoir sur l’accumulation des biens, des richesses, des moyens de production, et les 99% sont les victimes de cette spoliation
solution: on supprime le droit d’héritage pour 100% de la population!!!

C’est complètement con et injuste. Plutôt que de préférer assumer des mesures discriminatoires et vexatoires dirigées tout à fait ouvertement envers ceux qui posent problème et eux uniquement, on applique à tous une règle folle, intolérable, contre-productive. C’est la logique des passeports biométriques et des caméras de surveillance: pourrir la vie de tous pour prétendument limiter les nuisances que seule une infime minorité provoque.

C’est oublier que le premier des patrimoines, le premier des outils, la première arme même de ces 1%, ce n’est pas leur argent, ce ne sont pas leurs réseaux, ce n’est pas leur milieu d’origine: c’est leur cerveau. Leur moteur est l’ambition, leur moyen est leur intelligence et leur capacité de manipulation, et leur particularité est l’absence de limite morale ou de toute forme de compassion. Voilà pourquoi ils arrivent aux places qu’ils occupent, et en font l’usage qu’ils en font. Des personnes comme ça, il en naît dans tous les milieux, avec n’importe quel patrimoine de départ. Certes, s’ils tombent dans les addictions lourdes à l’alcool ou à la drogue, ou dans l’esclavage (par les chaînes, par les lois ou par le travail abrutissant), et autres fléaux que subissent les plus basses classes de la société, leur ascension sera interrompue beaucoup plus facilement que celui qui naît avec une petite cuillère en argent dans la bouche, mais dans le fond, c’est leur état mental pathologique qui doit être source d’inquiétude, pas tellement leur patrimoine.

Plutôt que de priver le peuple tout entier des fruits du travail de la génération précédente, il faut rattraper les inégalités au fur et à mesure et de manière rationnelle et juste (l’idéal serait que d’ici un siècle, chacun soit propriétaire de son logement, et au moins copropriétaire de son moyen de subsistance), sans chercher d’ailleurs l’égalité totale, mais plutôt la dignité individuelle, familiale, communautaire. Par contre, contre les personnes qui ambitionnent de monopoliser l’argent, les biens, les moyens de productions, etc, il faut agir avec une extrême fermeté, sans se soucier qu’il y ait ou non un cadre légal à cette action: elle est légitime par nature. Je ne parle évidement pas de meurtre, quand bien même il serait justifié en dernier ressort, mais de mesures confiscatoires nominatives et arbitraires. Un monopoleur est un criminel qui peut même avoir acheté la loi et ceux chargés de l’appliquer. Il doit être traité comme criminel, privé de ses biens, et privé de la plus grande partie de sa liberté afin qu’il n’ait plus jamais le loisir de réitérer son ascension vers le pouvoir et la richesse. Et encore, le monopole est un type particulier de crime, car autant la vie peut réduire certaines personnes ayant la mauvaise personnalité, se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, à commettre des actes graves punis par la loi, autant on ne peut pas devenir riche, puissant et sans coeur malgré soi, emporté par une irrésistible spirale de réussite et de cynisme égocentrique.

Les gens vont plutôt bien, en général, en tout cas ils ne sont pas si mauvais. La simple redistribution étatique, je le crois, peut permettre de réduire les inégalités afin de permettre à chacun d’accéder à un niveau de dignité matérielle et sociale satisfaisant. Il n’y a aucune nécessité de supprimer ni la propriété privée, ni l’héritage des biens des parents ou tuteurs, au contraire ça introduirait un chaos extrêmement préjudiciable au bien commun et privé. Par contre, il ne faut s’imposer aucune limite dans l’arbitraire contre ceux qui, individuellement, représentent une menace contre ce même bien commun, par leur capacité de monopole. On peut quand même fixer un seuil de richesse en dessous duquel toute persécution est impossible, pour éviter les dérives éventuelles (par exemple, 3 millions d’euros de patrimoine, ou 30.000E de revenus mensuels).

C'est complètement con et injuste.
Sûr que là tout le monde va vous écouter et ne plus s'intéresser qu'à vos certitudes. C'est d'ailleurs l'espoir entretenu pour tous les participants à ce forum que d'espérer l'émergence d'un chef.
La nature nous a donnés la Terre pour nous développer, je considère que cette dernière n'appartient à personne. Donc se droit doit pouvoir se transmettre sans contrainte de générations en générations. Car l'autonomie des personnes ne doit pas se situer QUE dans la redistribution des richesses sous forme d'argent. Mais aussi (et peut-être surtout ?) dans une distribution équitable des richesses que la nature nous offre sans jamais rien demander en échange (sauf peut-être de la respecter ...).
Je suis bien d'accord avec toi Patrick mais quid dans ce cas de notre politique commerciale en Afrique? Les richesses que nous volons là-bas doivent être redistribuées équitablement en France, en Europe? Le revenu inconditionnel est aussi sujet à ce paradoxe non?

Je suis tout à fait pour un système de revenu de base/salaire à vie (j’avoue m’emmêler un peu les pinceaux entre les deux :s) mais pour moi il est sain, pour accomplir le réel changement de paradigme dont nous avons besoin pour que cela fonctionne, de compléter ces système par un salaire maximum et un capital maximum.

Le salaire maximum permet aux Hommes ambitieux de s’accomplir, d’avoir le sentiment d’être arrivé au bout, sans créer cette fuite en avant dommageable à la société que nous connaissons.

Le capital maximum a, en plus du même intérêt, la fonction d’empêcher la propriété lucrative et règle la question de l’héritage au passage…

De toute façon, la question à se poser dans l’absolu reste celle du besoin. Personne n’a besoin de plus de 5,7 ou 10 fois le salaire minimum (qui doit déjà permettre de bien vivre) et personne n’a non plus besoin de 10 maisons, 3 immeubles, 2 hélicoptères, etc…ni pour vivre, ni pour se donner du mal

Finalement c’est (l’auto) satisfaction qui devient essentielle. J’apprécie que Tibak, Patrick F. et Gotfried ne soient plus fâchés…

La question des plafonds n’était qu’une parenthèse (ça n’est pas le sujet du fil).

Pour ce qui est de l’héritage en particulier, il est clair qu’il y a un réel problème dans la transmission des patrimoines, un problème d’égalité arithmétique!

La question est aussi philosophique du coup, une société doit-elle accepter ou non que ses membres ne naissent pas avec les mêmes chances d’un point de vu matériel?

Même au Monopoly tout le monde démarre dans la « vie » avec le même capital et tout le monde reçoit la même somme à chaque tour de plateau. Et pourtant ce n’est pas un jeu communiste.

Dans la royauté, l’héritier, le prince hérite de beaucoup trop, tant au niveau des responsabilités que du prestige etc
Pourtant dans le culte de la personnalité ce qu’il y a de bien c’est que la situation du souverain pas si enviable que ça le contraint à ce que le peuple l’admire pour que le peuple souhaite le protéger. Dans un deuxième temps le souverain à intérêt à ce que le peuple lui ressemble ou brille d’une certaine façon pour grandir son règne. Et pour tout cela il faut qu’il donne envie à son peuple de l’aimer. Le premier royaume s’est peut-être bâti sur un héritage tellement négatif que les citoyens aujourd’hui en ce qu’ils continuent de ressembler à des enfants-rois se trouvent dépassés par des responsabilités morales qui n’ont pas prise avec la (sur) vie, dénuée d’icône raisonnable.

Imaginez un système où les entreprises ne peuvent plus être la propriété de qui que ce soit … Vous verrez que le problème de l’héritage deviendra bien différent.

Alexandre je n’ai jamais été fâché :slight_smile:

Je suis bien d'accord avec toi Patrick mais quid dans ce cas de notre politique commerciale en Afrique? Les richesses que nous volons là-bas doivent être redistribuées équitablement en France, en Europe?
Non elles appartiennent au pays qui les possèdes et doivent être achetés à leur juste prix. Après s'est aux pays concernés de répartir les fruits de leurs richesses comme ils l'entendent au sein de leurs populations. Des pays ont de l'or ou du cuivre, nous avons la technologie et de l'eau par exemple. Chacun peut donc échanger ses richesses avec l'autre en toute équité. (Donc, effectivement quid de nos comportements coloniaux et de notre politique africaine actuelle.)

Du coup, je ne vois pas en quoi le fait de donner du terrain à chaque famille Française pourrait contredire cette option d’échange commerciale équitable.

Concrètement : La France faisant un peu plus de 543 000 m2 soit 3529 m2/par 65 millions d’habitant. Mettons que l’on divise cette surface par 3 (pour les zones non habitables, les routes, les usines etc.) , il reste plus de 1000m carré par habitant. Considérant que les gens vivraient en moyenne à 2 sur un même espace … Il y a de la marge.

Le revenu inconditionnel est aussi sujet à ce paradoxe non?
Tout dépend avec quoi il est financé, je pense, si l'on reprend l'idée d'AJH d'une monnaie complémentaire fondante, créé par la BNF et dissociée de l'euro pour financer tous nos besoins structurels. On peu sortir du système d'exploitation des autres peuples pour pouvoir payer nos besoins vitaux. (Nos besoin sociaux étant déjà largement financés par notre travail - quoi qu'on nous en dise ...)

Et utiliser une partie des bénéfices dégagés par le fruit de notre travail et des exportations pour payer nos importations sans nuire à personne. Ou tout du moins, sans se comporter comme des prédateurs.

Après je ne suis pas assez au fait de l’économie et suppose que les choses ne sont pas si simple. Mais la piste AJH me semble prometteuse en tout cas, car non dénuée de bon sens.