Ce genre de débat sur un candidat précis est sans intérêt. Je réagissais juste à ton « optimisme » qui consistait à présenter le Front de Gauche comme une structure quasiment démocratique, où les militants avaient un fort pouvoir décisionnel. Je n’ai pas énoncé d’hypothèse, juste fait une sorte de boutade pas dépourvue de fondement sur son appartenance à la Franc-Maçonnerie, qui de par sa nature devrait être tout aussi contrôlée que les médias ou les acteurs économiques majeurs, à cause de la capacité de dissimulation, voire de conspiration que cela autorise entre puissants. Cela dit, dans un système sans puissants, ou alors avec des puissants mais sans cesse sous la menace de poursuites réelles et significatives, le problème n’existerait plus vraiment. La puissance politique, économique, médiatique devrait se payer par la perte du droit à la vie privée (dans le sens « privacy »), seul moyen d’évacuer définitivement les ententes occultes au détriment du peuple. Mais je dis de la Franc-Maçonnerie comme des dîners du Siècle, du Bilderberg, et tous les autres rassemblements de ce genre. Dès qu’il y a plus de cinq millions d’euros de fortunes personnelles dans une pièce, les journalistes devraient pouvoir entrer, sortir, prendre des notes et filmer librement, même les citoyens.
S’il y a une vraie question, c’est effectivement la manière dont le système est monté. On l’aura compris, je soutiens que dans l’état actuel des choses, rien n’est à attendre des hommes politiques. Chouard dit qu’il en connaît de très bien, moi je pense que s’autoriser cette nuance c’est déjà perdre du terrain. Par essence ils doivent être considérés corrompus, ou du moins corruptibles, ne serait-ce que par la menace. Quel homme politique serait assez courageux pour risquer la vie de sa femme ou de ses enfants pour servir les intérêts du peuple, alors qu’au contraire il aura tranquillité et aisance s’il collabore? Et je pense sincèrement que terrés dans les recoins les plus obscures du système, il existe des individus pour qui la fin justifie de faire exécuter un nourrisson dans son berceau ou une femme enceinte, sans que cela ne leur pose plus de problème qu’au fermier qui laboure son champ de détruire des milliers d’oeuf de fourmis en passant sa charrue sur une fourmilière. L’important seul est que ça ne se sache pas, ou que ce soit maquillé. Qui sait, c’était peut-être un home-jacker de passage défoncé au crack? On le retrouvera, et avant même qu’il puisse parler, il sera criblé de balles, et tout le monde acclamera les justiciers qui ont bien fait de se débarrasser si prestement de ce tueur d’enfant. On l’a bien accepté dans l’affaire Merah.
Ce genre de violence, qui peut être extrême, reste exceptionnelle. Comme je le signalais, la menace de sortir des cadavres du placard, puis les menaces physiques sont probablement suffisantes à faire rentrer dans le rang la majorité des téméraires qui mettraient vraiment en danger le système. Après, il y a toute une hiérarchie subtiles des niveaux de dangerosité, qui font qu’ils tolèrent tout un tas d’opposants, sincères ou de comédie, en partie pour donner le change à la population, et pour éviter de multiplier les procédés qui pourraient vraiment faire scandale (on peut user des relations et des « obligeances » pour taire une fois, deux fois, trois fois ce genre de choses, mais à un moment, ça finit par trop engager celui qui couvre l’abus, et il peut se mettre à prendre ses distances, il faut alors le menacer à son tour, et ça finit par mettre le commanditaire en mauvaise posture: tout ne peut pas tenir que par la peur, surtout entre salopards).
Si tout semblait trop monolithique, le faux-semblant tiendrait mal, donc la diversité aux marges du système sert en fait à consolider son apparente légitimité. Ca peut aussi donner prétexte à ré-orienter certaines choses, par exemple la montée du FN a servi au gouvernement à donner un tour sécuritaire et « islamophobe » de façade, histoire de plus facilement justifier, par exemple, les guerres dans les pays arabo-musulmans, ou les lois liberticides prétendument anti-terrorisme. Mélenchon a donné à Flamby le prétexte pour « déclarer la guerre au monde de la finance », et violer ses électeurs en gang-bang avec ses maîtres véritables, qui doivent bien se bidonner. Et les 10% qui ont voté Mélenchon vous pouvoir s’asseoir sur leur vote de la même manière, parce qu’il ne bougera pas un orteil quand Hollande va devoir appliquer le plan de rigueur. Ou plutôt ses gesticulations n’auront aucun effet, ce qui est prévu. Marine beuglera, mais ne changera rien non plus. C’est prévu aussi. Ce qui peut échapper des mains, c’est le cours des événements de la crise, qui peut « filer » plus vite qu’on ne l’attend, ou ne pas avoir les conséquences escomptées par certains.
Donc hormis des partis insignifiants ou ostracisés, la priorité est de fuir ces structures comme la peste. Ils sont le problème, la solution est partout sauf en eux. C’est comme BHL: quoi qu’il dise, on peut être certain que la vérité peut être n’importe quoi sauf ça. Et autant il n’est pas difficile de faire taire un hommes ou deux, ou même un petit comité d’hommes politiques intègres qui veulent mieux pour la France, mais faire taire 10.000, 50.000, 200.000 citoyens, c’est beaucoup plus coton. D’une part car ça fait beaucoup de monde à gérer, parce que c’est difficile, contrairement aux hommes politiques, de les « tenir par les c*****les », que le faire taire par les médias n’est pas les censurer (l’information se répand autrement: internet, téléphone, tracts, etc), qu’il faut mobiliser des structures beaucoup plus « fines » (faire intervenir la police, par exemple, implique de passer par toute un chaîne hiérarchique qui, certes, peut être fidèle, mais se pose néanmoins des questions, surtout dans les bas niveaux), ou faire voter des lois d’exceptions, les faire appliquer, etc… Bref, coton, peu discret, peu efficace. On a cet avantage du nombre et de la distance au pouvoir.
Quand à la méthode, difficile à dire. Les manifestations n’ont d’intérêt que si elles finissent effectivement en prise de pouvoir physique. Avec les précédents des révolutions colorés, ils commencent à être pris à leur propre piège, et si, par miracle, « la rue » (je me tape de sa composition) réussissait à choper une bonne centaine de ces pingouins machiavéliques et à décorer les lampadaires des Champs Elysées avec façon piñata, ils auraient les plus infinies difficultés à faire accepter une répression sanglante (ils mourraient d’envie d’en faire une) à l’opinion nationale et internationale. Mais pour envoyer le bon signal, il faudrait qu’y passent toutes les catégories: magnats des médias, capitalistes mondialistes, banquiers, et politiques traîtres. Quand on voit les images de la Grèce, il est évident que c’est celà qu’ils craignent par dessus tout, car ça lancerait une dynamique qui ferait changer à la peur de camps.
Sauf qu’en Grèce, ils n’ont laissé sur place que des polichinelles, il n’y pas de gros bonnet sur qui mettre la main, et comme c’est un des pays les moins développés de l’Europe, ça semble distant pour nous. On se dit: « Ouai, mais ça n’arrivera pas chez nous ». C’est là où c’est plus difficile à prévoir. En Grèce, ils s’en tapent, ils ont serré la vis comme des malades car ils savent justement que ça n’éveille pas un grand sentiment de fraternité (ils s’en sont assuré en bien martelant dans les médias que les Grecs étaient fainéants, que c’était leur faute s’ils avaient une dette inremboursable, etc). Mais la France, c’est tout de même autre chose. On voit que pour l’Italie, ils ont plus fait dans la diplomatie, au lieu de la matraque dans la tronche à grande volée, c’est les coups de bottin sur la tête qui ne laissent pas de trace.
Chez nous il est à parier qu’ils ne chercheront pas à jouer avec le feu non plus. Il se pourrait que dans un élan de lucidité, pourquoi pas, les syndicats décident de se mobiliser contre les plans d’austérité, et si les étudiants, plus les travailleurs, plus les immigrés et enfants d’immigrés, plus les chômeurs et précaires s’y mettent, ça ferait un gros désordre, et ça pourrait dégénérer, ce qui impliquerait répression, donc scandale, donc attention, donc prise de conscience générale, donc odeur de roussi pour le système. Mais avec un président et un gouvernement à gauche, je suis prêt à parier que les syndicats resteront assez inertes, pour ne pas briser la belle unité de la gauche. Entre la douceur relative et la discrétion de la politique d’austérité, l’inaction des derniers restes d’organes mobilisateurs,et les gesticulations pathétiques de l’opposition, je pense que leur plan est de nous faire passer la crise dans le calme, car si les conditions économiques empirent beaucoup et vite, d’une situation un peu tendue, ça deviendra vraiment une partie de mikado, où le moindre tremblement, la moindre agitation pourrait avoir de graves conséquences (pour eux).
Je pense aussi qu’ils vont essayer de ralentir la crise. On parle de sortir la Grèce de la zone Euro. Pas pour le bien être des Grecs, mais pour éviter que leur cas ne plombe la zone euro. Pour l’instant on est le nez dans le guidon, donc difficile de dire ce qui va se passer, mais je pense que les « attaques » contre les banques espagnoles, portuguaises, italiennes et autres vont baisser d’intensité, car si l’UE tombe, les USA ne feront pas les fiers très longtemps, car on accepte encore d’échanger en dollar, alors que les BRICS annoncent qu’elles vont petit à petit lâcher le billet vert (il faut se rendre compte de l’importance de cette annonce).
De là, de deux choses l’une: soit la crise est une cascade à peu près maîtrisée et même si l’on ne peut pas combattre la gravité une fois la cascade commencée on sait se rattraper, auquel cas la crise va ralentir (« les marchés vont reprendre confiance »), et au prix d’un peu d’austérité ça passera sans trop de casse, soit la crise est une véritable chute dans les escaliers, et les choses ne vont cesser de s’empirer, au point que la situation va vraiment devenir hors de contrôle. Le système ne saura même plus s’il doit encore garder le masque du droit et faire de l’austérité pour faire comme si de rien n’était, ou se muer en véritable dictature déliquescente et violente s’appuyant sur la police et l’armée pour conserver son pouvoir et son avoir face à des peuples paupérisés et en colère.
Et nous dans tous ça? Bah, continuer à éveiller, à donner l’amour de la société, à montrer ce qu’elle doit être, à briser les logiques égocentriques et asociales. Faire de la politique, c’est à dire discuter, réfléchir autour des problèmes et des solutions possibles ou idéales, mettre à portée de l’esprit ce qui en est tenu éloigné. Bref, porter la flamme de la civilisation contre un système qui cherche à opprimer, et contre la tendance qu’ont les gens à se renfermer pour fuir la réalité d’une société injuste et peu humaine.
@Héloïse
Je suppose que c’est moi, le « brun », le « néo-nazi ». Puisque tu me juges ainsi, pour toi, bouffonne, j’en suis un, et j’en suis fier. Si tu es incapable de discuter avec les gens sans les mettre dans des catégories à la lecture de deux ou trois mots-clefs, comme une putain de machine, je t’emmerde profondément, et je t’encourage à rejoindre les cohortes de dégénérés écumants qui t’ont accouché du creux de l’ignorance crasse, cultivée comme une force.