Aides sociales...

Je ne suis pas enclin à rentrer dans le monde du travail qui ne m’attire pas du tout, et je me demandais pourquoi dans un pays libéral - capitaliste on laisse encore des aides telles que le droit au chômage et le RSA. Le chômage je pense que c’est pour garder des chômeurs sous la main qui permettent de garder les salaires bas, mais pourquoi le RSA?

Je pense qu’est c’est pour maintenir un niveau de vie correct pour le maximum de gens, afin d’éviter le mécontentement. Parce que « être en galère de thunes » et carrément ne plus pouvoir se payer à manger, même pas un paquet de pâtes ou un morceau de pain, pendant plusieurs jours, ce n’est vraiment pas la même chose. C’est peut-être aussi pour limiter le travail au black, qui sinon se développerait chez les gens qui n’ont plus d’autre recours. Mais attention, pas pour des considérations humanistes de couverture sociale ou quoi, mais pour les impôts que ça représente. Mieux vaut lâcher quelques centaines d’euros en RSA, et que la personne apprenne à survivre avec, plutôt que de la forcer à travailler, au black, où elle se fera bien plus de blé et qui échappera à l’Etat.

D’ailleurs, par rapport au chômage, un ami est dans une situation ubuesque. Il bosse de temps en temps sur des contrats courts « bouches trous », mais depuis un certain temps il n’a plus rien trouvé. Un patron qui a déjà eu un apprenti reconnu travailleur handicapé (donc rémunération ridicule de sa poche, quasiment tout prit en charge par l’Etat) et l’a viré au bout de la période d’essai, donc qui a eu deux semaines de travail quasiment gratos, a réussi à se trouver une sorte de dispositif tout chelou auprès du Pôle Emploi, lui permettant de prendre mon ami, ouvrier qualifié et diplômé, une semaine « à l’essai », à temps plein, mais que le salaire qu’il devrait recevoir soit en plus versé par le Pôle Emploi. C’est à dire qu’il a encore eu une semaine de travail qualifié gratos! On vit dans un pays où un chômeur n’a pas le droit de refuser plus de trois offres d’emploi, mais où un patron peut faire payer par l’Etat le travail accompli pour lui.

Mais y’a pire. J’ai un client américain qui avait deux boulot, un le jour et un la nuit, qui a perdu son travail de jour, est donc passé au chômage, a reçu pendant deux ou trois mois des indemnités, mais brusquement et sans discussion il a été radié, et on lui demande maintenant de reversé ce qu’il a perçu. Ca doit probablement intervenir dans la grande entreprise de trucage des chiffres du chômage avant la grande mascarade électorale, mais tout de même, c’est d’une violence sociale extrême.

Je ne suis pas enclin à rentrer dans le monde du travail qui ne m'attire pas du tout, et je me demandais pourquoi dans un pays libéral - capitaliste on laisse encore des aides telles que le droit au chômage et le RSA. Le chômage je pense que c'est pour garder des chômeurs sous la main qui permettent de garder les salaires bas, mais pourquoi le RSA?
La raison est que le Seigneur Capitaliste ne paie pas le RSA ...

Comme le Seigneur Capitaliste dans ses « concessions à dividendes garantis » des colonies africaines, ne payait pas l’armée ni les infrastructures. C’est le paysan français qui les payait, et même les dividendes garantis (d’ailleurs ça a mené l’État Français proche de la ruine)

Et évidemment tout pressurage à ses limites, tout système de social démocratie a tendance à une égalisation des revenus, puisque l’élection se garantit en volant A le moins nombreux pour donner à B le plus nombreux.

L’effet pervers est connu, baisse des motivations.
Suisse salaire médian double, pas de pétrole, 35% du PIB pour l’Etat, plus d’industries qu’au Benêtland, et 1ere au monde en compétitivité …

« En 1973, peu de temps avant sa mort, le président Pompidou reconnaissait avoir ouvert les vannes de l’immigration à la demande d’un certain nombre de grands patrons, tel Francis Bouygues, désireux de bénéficier d’une main-d’œuvre docile, bon marché, dépourvue de conscience de classe et de toute tradition de luttes sociales, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs français, de réduire leurs ardeurs revendicatrices, et subsidiairement de briser l’unité du mouvement ouvrier. Ces grands patrons, soulignait-il, en « veulent toujours plus » ».

http://www.esprit-europeen.fr/etudes_metapo_debenoist_immigration.html

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Hôtel pour électeurs roses

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« 2 fois plus d’enfants, salaire 2 fois inférieur en moyenne, environ 1,6 fois plus nombreux à recevoir des allocations chômage, 3,8 fois plus représentés parmi les bénéficiaires du RMI, en moyenne 2,5 fois plus dépendants des aides au logement, nécessitant le financement d’un grand bétonnage, de plein de prisons et de plein de police, plombant l’enseignement … L’État du Benêtland est vraiment très fort de dégager un excédent budgétaire avec l’immigration … Il doit crouler sous les rentrées fiscales avec la souchiennerie … Il vient de qui le déficit alors ? Des retraités et des enfants … Car évidemment les immigrés à la retraite sont des naturalisés … et leurs enfants bénéficient du droit du sol, ça améliore grandement les statistiques … »

[align=right]Extrait ‹ Le benêt › Ed. Goldman-Sachs[/align]

Très intéressant, même si on dérive un peu. J’ai jamais vu l’immigration comme ayant était sollicitée par les grand patrons :s Donc en gros si je refuse de rentrer dans le monde du travail, je vole les citoyens? Parce que moi il me semble que l’Etat s’endette volontairement, pour justifier leur politique de surmenage au travail… je pense que bosser même 35h ( c’est déjà pas courant) c’est beaucoup trop.

@Gotfried Il y a cet ensemble de vidéo sur le chômage http://www.youtube.com/watch?v=RP_egwja-ds&feature=relmfu j’ai regardé que la première et la quatrième dans la première elle explique les différentes catégories de chômeurs et l’exemple d’un mec perdant un de ces deux boulots y est, il est pas dans la catégorie qui est comptée comme chômeur après je ne sais pas si il a des aides, je suppose :s

Ce sont des citations aléatoires ? :stuck_out_tongue:

Bonjour, un copié-collé d’un entretien avec André Gorz publié sur le site actuchomage

http://www.actuchomage.org/Les-dossiers/quest-ce-que-le-travail.html


[align=center]Qu’est-ce que le travail ? [/align]

[color=darkslateblue]Au sens anthropologique, on appelle habituellement « travail » l’activité par laquelle les humains façonnent et transforment leur milieu de vie. C’est d’abord la malédiction biblique : le monde n’est pas naturellement propice à la survie des humains, il n’est pas « un jardin planté pour eux », disait Hegel. La vie humaine est « improbable », écrivait Sartre, elle rencontre cette improbabilité comme un ensemble d’adversités, de maladies, de raretés.

Au sens philosophique, le concept de « travail » englobe les dimensions multiples de l’activité humaine. La philosophie grecque distinguait le travail-corvée — ponos — qu’il faut accomplir jour après jour pour entretenir le milieu de vie et produire sa subsistance. C’est aussi bien le travail ménager que le travail agricole dont les hommes, dans les sociétés traditionnelles, se déchargent sur les femmes et les esclaves.

Après le ponos, il y a la poiesis : le travail de l’artisan, de l’artiste, du « producteur ». Le travail comme poiesis n’est plus, à la différence du ponos, asservi complètement aux nécessités et aux contraintes matérielles de la subsistance. Il peut s’en émanciper en devenant création, invention, expression, réalisation de soi. C’est cette dimension du travail qui intéresse avant tout Hegel et ensuite Marx : le travail par lequel je m’individualise, me fais personne, inscris dans la matérialité du monde l’idée que je me fais de ce qui doit être.

Enfin, il y a le travail comme praxis, que Hannah Arendt appelle « l’agir » (Handeln). La praxis est essentiellement l’activité non utilitaire qui tend à définir les conditions et les normes de la « bonne vie ». Cela comprend le débat politique et philosophique, la réflexion, l’enseignement, une grande partie de ce qu’on appelle aujourd’hui le « relationnel » et la « production de sens », l’Eros.

Il peut sans doute y avoir des chevauchements et des interpénétrations entre ces dimensions de l’activité humaine. Elles se distinguent par leur sens, leur intentionnalité beaucoup plus que par leur contenu. Élever un ou des enfants, par exemple, comporte du ponos — des besognes fastidieuses continuellement à refaire — mais n’est pas réductible à cela ; ou alors la finalité, le sens du travail éducatif en tant que praxis a été perdu.[/color]

Le salariat, ou la dépossession du travail

[color=darkslateblue]L’important, c’est que, dans ces définitions, le travail est quelque chose qu’on fait dans un but dont on est conscient. Or, le capitalisme n’a pu se développer qu’en abstrayant le travail de la personne qui le fait, de son intention, de ses besoins, pour le définir en soi comme une dépense d’énergie mesurable, échangeable contre n’importe quelle autre et dont les prestataires, les « travailleurs », sont à beaucoup d’égards interchangeables. Le « travail abstrait », « travail sans plus », inventé par le capitalisme, est une marchandise que le patron achète et dont il détermine souverainement la finalité, le contenu, les heures et le prix. C’est un travail qu’il donne à faire à un travailleur qu’il paie.

Le salariat est donc la complète dépossession de la personne active : elle est dépossédée du résultat ou produit de son activité, de son emploi du temps, du choix des finalités et contenus du travail, et des moyens de travail que les employeurs, à la fin du 18ème siècle, ont commencé à monopoliser pour pouvoir contraindre les gens — les tisserands en premier — à travailler pour un patron et pour tuer toute possibilité d’auto-production, d’auto-activité.

C’est en ce sens que le travail dont nous parlons quand nous disons que nous « avons » et « n’avons pas » un travail, est une invention du capitalisme. Longtemps, le salariat a été perçu comme une forme d’esclavage, et « l’abolition du salariat » était encore au programme de la CGT il y a une trentaine d’années. Pendant le récent mouvement des chômeurs, j’ai entendu un militant CGT dire : « C’est vrai, demander du travail, c’est aussi demander à être exploité. »[/color]

Se réapproprier le travail


[color=darkslateblue]Si nous prenons « travail » au sens propre de faire, réaliser, agir, créer, peiner, le travail ne peut jamais manquer. Contre le chômage, ce qu’il faut alors exiger, c’est non pas qu’on nous « donne » du travail à faire, mais qu’on abolisse la monopolisation des moyens de travail, des moyens de production par le capital, en sorte que nous puissions nous réapproprier le travail, ses moyens et son résultat. Nous les rapproprier collectivement et aussi, pour partie, individuellement. C’est de cette réappropriation qu’il est question chez le jeune Marx quand il écrit que le communisme, c’est l’élimination du travail (salarié) et sa « transformation en auto-activité ».

Cette réappropriation a été pratiquement impossible jusqu’ici en raison de la subdivision du travail productif en spécialités cloisonnées. Elle devient techniquement possible avec l’informatisation et l’automatisation. Par celles-ci, la création de richesses demande de moins en moins de travail (salarié), distribue de moins en moins de salaires. Ce qui est produit de manière pleinement automatique ne pourra finalement être distribué, vendu, acheté, que si le pouvoir d’achat distribué n’est plus le salaire d’un travail. L’idée d’un « revenu social » ou de minima sociaux garantis inconditionnellement va dans ce sens. La revendication par le mouvement des chômeurs et précaires d’un minimum garanti égal aux trois quarts du SMIC est un pas très important dans cette direction.[/color]

Le dérangeant temps libre du chômeur

[color=darkslateblue]Je pense que dans une société où l’emploi devient de plus en plus précaire, de plus en plus discontinu, où le travail salarié stable et à plein temps cesse d’être la norme — ce qui est le cas pour 45% des Allemands, pour 55% des Britanniques et des Italiens, pour environ 40% des Français — et où, à l’échelle d’une vie, le travail ne représente plus qu’un septième ou un huitième du temps de vie éveillé après l’âge de 18 ans, les détenteurs du pouvoir économique et politique craignent par-dessus tout une chose : que le temps hors travail salarié puisse devenir le temps dominant du point de vue social et culturel ; que les gens puissent s’aviser de s’emparer de ce temps pour « s’employer » à y faire eux-mêmes ce qu’eux-mêmes jugent bon et utile de faire.

Avec le recul du poids du travail salarié dans la vie de tous et de chacun, le capital risque de perdre le pouvoir sur les orientations culturelles de la société. Il fait donc tout pour que les gens, et principalement les plus ou moins jeunes, demeurent culturellement incapables d’imaginer qu’ils pourraient s’approprier le temps libéré du travail, les intermittences de plus en plus fréquentes et étendues de l’emploi pour déployer des auto-activités qui n’ont pas besoin du capital et ne le valorisent pas.

Nous avons donc affaire, en France plus encore que dans les pays voisins, à une campagne idéologique très soutenue pour verrouiller, pour tuer l’imagination sociale, pour accréditer l’idée que le travail salarié est la seule base possible de la société et de la « cohésion sociale », que sans emploi on ne peut rien faire, on ne peut disposer d’aucun moyen de vivre « dignement » et activement. Pour ce faire, nos minima sociaux restent misérables. On accrédite l’idée qu’un droit à un revenu découplé d’un emploi est de l’assistanat, comme si les centaines de milliers d’emplois partiels à salaire partiel, créés tout exprès pour « insérer » des chômeurs — les insérer dans quoi, s’il vous plaît ? — n’étaient pas de l’assistanat sous une autre forme tout aussi humiliante, puisqu’on dit en quelque sorte aux plus ou moins jeunes chômeurs : « En vérité, on n’a aucun besoin de vous, de votre force de travail ; on va vous rendre service, on va vous occuper un peu en vous payant un peu. »

C’est quoi, un travail qu’on vous donne à faire pour vous rendre service ? En réalité, c’est le capitalisme qui se rend service de cette façon. Il fait subventionner des employeurs pour qu’ils aient la bonté d’employer des gens au rabais. Il veille à ce que les gens se conçoivent comme ne pouvant être que de la force de travail sur un marché de l’emploi, et que, s’ils ne trouvent pas d’employeur, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes, c’est-à-dire au fait qu’ils ne sont pas assez « employables ».

Tout le discours dominant fait comme s’il n’y avait pas des causes systémiques, structurelles à la contraction du volume de travail rémunéré, comme si les stages formation, les stages en entreprise etc. allaient, en rendant les gens plus employables, leur assurer un emploi. En réalité, ces stages ont une fonction idéologique inavouée : ils consolident et développent l’aptitude à l’emploi au détriment de l’aptitude au temps libre, et cela dans un contexte où il y a de moins en moins de travail-emploi et de plus en plus de temps libéré.[/color]

La peur du vide

[color=darkslateblue]On fabrique méthodiquement des gens incapables de se concevoir comme les sujets de leur existence, de leur activité et de leurs liens sociaux, des gens qui dépendent totalement de ce que des employeurs privés ou publics leur donnent à faire. Et puis on ne leur donne rien à faire de consistant, rien que des boulots d’assistés. Il y a de quoi les rendre enragés.

Il faut d’abord percer à jour cette stratégie de domination qui jette les gens dans une dépendance à l’égard de l’emploi plus totale que jamais, alors que l’emploi devient totalement aléatoire ; et ensuite exiger non pas de l’emploi — « du travail » — mais la possibilité de vivre en l’absence d’un emploi, pendant les intermittences de l’emploi, grâce à un revenu de base inconditionnellement garanti. J’ajoute : ce revenu de base doit être compris non pas comme ce qui vous dispense de rien faire, mais au contraire comme ce qui vous permet de faire plein de choses bonnes, belles et utiles qui ne sont pas rentables du point de vue de l’économie capitaliste de marché, ni susceptibles d’être homologuées, standardisées, professionnalisées.[/color]

Le refus du « travail de merde »

[color=darkslateblue]Le changement de mentalité, la mutation culturelle s’opèrent déjà depuis pas mal de temps. C’est un cheminement d’abord souterrain sur lequel il existe des enquêtes et témoignages passionnants chez les Anglais, les Allemands, les Nord-Américains. Le retrait vis-à-vis du travail-emploi, le refus de s’y investir, l’aspiration à d’autres modes de vie d’activité, de rapports sociaux, de priorités dans la vie, tout ça est très répandu en France aussi, chez les plus ou moins jeunes surtout, mais il n’y a pas chez nous un journal comme The Idler en Angleterre qui reflète l’énorme mouvement multiforme des gens qui refusent de « s’insérer » dans une société qu’ils vomissent et qui (avec la devise « fuck work ») refusent le « travail de merde ».

Ceux qu’on appelle « les exclus » ne sont pas tous des victimes qui ne demandent qu’à être « réinsérés », ce sont aussi des gens qui choisissent une vie alternative, en marge de la société. Mais s’ils sont marginaux, c’est parce qu’ils sont condamnés à n’être que des individus, donc impuissants à rien changer. Si vous avez cinq millions de personnes qui refusent cette société à titre individuel, ça ne va pas la changer. Mais si vous avez un mouvement qui regroupe tous ceux qui entendent travailler moins et consommer et vivre autrement, et qui les regroupe dans le but politique de militer pratiquement pour un changement de la façon de vivre, de produire et d’être ensemble, alors vous avez une traduction des choix individuels en choix collectifs dont l’énoncé va déclencher des débats, des conflits, s’inscrire dans l’espace public, obliger à la prise en compte de questions jusque-là négligées et faire évoluer le niveau de conscience.

Notre tâche, celle des intellectuels, c’est de proposer cette traduction en projet collectif d’une multiplicité de choix, de rébellions, de tâtonnements, d’expérimentations, et de stimuler par cette traduction la prise de conscience de ce qu’un autre monde, une autre société sont possibles et désirables. C’est ce que Guattari, les Italiens, appellent « la production de subjectivité ». Il s’agit de faire prendre conscience de possibilités que le discours dominant cache. Il s’agit de libérer l’imagination, le désir. La parole, l’écrit, les activités culturelles, la musique, le théâtre, le cinéma sont essentiels à cette libération, à cette fécondation. Si nous ne savons pas exprimer ce que nous sentons, nous sommes incapables aussi de vouloir et d’agir en conséquence.[/color]

Le pouvoir de créer


[color=darkslateblue]Cette libération de l’imagination et du désir est à la fois nécessaire au capitalisme dans l’actuelle phase de mutation et potentiellement mortelle pour lui. Son problème, c’est de stimuler l’autonomie, la créativité des gens et, en même temps, de la contrôler, de se l’asservir. En somme, d’obtenir que les gens se produisent librement mais qu’ils effectuent cette libre production d’eux-mêmes sur ordre, dans les limites qui leur sont tracées, pour maximiser le profit de « leur » entreprise.

Nous entrons dans une ère où le savoir, la connaissance sont les principales forces productives et la forme principale du capital fixe. L’accumulation, la concurrence sur les marchés, se font principalement par le capital-savoir. À l’échelle de la société, nous passons beaucoup plus de temps à produire du savoir qu’à le mettre en œuvre de façon productive. Nous passons beaucoup plus de temps à nous produire, c’est-à-dire à développer nos capacités et compétences, qu’à produire nos productions.

Ce sont les capacités communicationnelles, relationnelles, cognitives, affectives, imaginatives que nous développons en dehors de notre temps de travail immédiat qui nous permettent de réaliser en deux heures de travail direct davantage que nos grands-parents en 20 ou 40 heures. Il devient donc de plus en plus absurde de ne payer les gens que pour le temps passé à mettre en œuvre leurs compétences.

Et si les détenteurs du savoir — virtuellement nous tous — s’apercevaient finalement que la forme principale du capital, c’est eux qui la détiennent, mieux : qu’ils sont le capital, la nécessité de rentabiliser ce capital au maximum n’aura plus aucun sens. En effet rien ne m’oblige à m’exploiter, à « m’autovaloriser » au maximum. La production de soi pourra cesser d’être le moyen de l’accumulation et de l’enrichissement monétaire pour devenir fin en elle-même.[/color]

Oser l’exode du travail

[color=darkslateblue]La transformation du temps libre en temps libéré, c’est-à-dire en un temps employé à autre chose qu’à perdre sa vie à la gagner, exprime donc un changement qualitatif au plan culturel. Chaque citoyen pourrait disposer de ce temps libéré comme d’une opportunité pour construire un nouvel espace de vie. Mais, la plupart du temps, ce temps libre est ressenti comme une source d’angoisse et de dénuement, en premier lieu par les chômeurs eux-mêmes. Parce que la construction de nouveaux espaces de vie serait, dans les conditions politiques actuelles, une aventure solitaire, une soustraction de soi à la collectivité, et non une entreprise collective à mener tous ensemble.

Rien ne valide socialement le projet d’une telle construction ; par aucun signe la société ne dit aux gens : faites-le, la collectivité met des lieux, des espaces, des moyens à votre disposition, dans les quartiers, dans les communes. Cette société refuse d’envisager l’existence de chômeurs qui ne soient pas malheureux, qui ne soient pas demandeurs d’emploi, qui ne vivent pas comme une privation d’emploi le fait d’être ne serait-ce que temporairement sans un job.

Une transformation est de toute évidence nécessaire. La chose a été parfaitement exprimée par les étudiants allemands au cours de leur grève de novembre-décembre 1997. Au départ, cette grève était motivée par la misère croissante des universités, dont les moyens ne cessent d’être rognés sous prétexte qu’elles produisent bon an mal an des centaines de milliers de diplômés « inemployables » au lieu de dispenser du « savoir utile ». Du savoir utile à qui ? À quoi ? À qui ferait-on croire qu’il suffit de fabriquer des masses de gens immédiatement « employables » pour que tout le monde trouve un emploi ?

Le problème à résoudre n’est pas celui de l’inadaptation des diplômés au marché du travail, mais comme l’écrit une étudiante berlinoise, Sandra Janssen, celui de « la contraction du marché du travail ». Comment la société doit-elle préparer les jeunes à cette « contraction continuelle du marché du travail » ? En faisant exactement le contraire de ce que font les gouvernements : c’est-à-dire en acceptant que les études, les diplômes ne peuvent déboucher sur des carrières ni garantir un emploi, que leur but ne peut plus être utilitaire et fonctionnel. Leur but doit être de donner aux gens un accès libre inconditionnel, illimité à la « culture » (Bildung, en allemand), c’est-à-dire de leur permettre d’acquérir les moyens qui les rendent capables de s’orienter dans ce monde éclaté, d’y produire et inventer eux-mêmes les repères, les règles, les buts, les liens qui leur soient propres et leur soient communs.

Selon la formule du président des étudiants de Bonn, Oliver Schilling : « Nous ne voulons pas être des individus fonctionnellement programmés. Nous devons combattre la réduction des gens en outils aux mains du capital. » Le droit de tous d’accéder « sans restrictions à la culture la plus large possible » est indispensable « à la survie d’une société démocratique à l’ère du sous-emploi permanent. Il faut préparer le citoyen à assumer de façon créative son inutilité économique ». Tout cela implique évidemment aussi un revenu de base garanti inconditionnellement à tout citoyen.[/color]

Ca me fait vraiment marrer ce genre de discours. « Oh, mince, qu’est-ce qu’on va faire de tout notre temps libre, nous les futur chômeurs! Bah c’est simple, on va demander la reconnaissance de notre droit à ne pas travailler! » Certains ne réalisent manifestement pas qu’une heure de « libérée » pour un occidental, c’est trois heures de volées dans le tiers monde. On est en sous-emploi car on se décharge de notre travail sur d’autres populations dans des conditions absolument inhumaines. Au passage en s’accaparant, souvent par la violence, sinon par la ruse, quantités de ressources non renouvelables. On entre dans des réflexions germanopratines sur tout ce qui nous est du, pendant que le monde gratte à notre porte. On est franchement de la racaille, des parasites. Mais au lieu d’en être un minimum honteux, et de chercher à établir un peu plus de justice dans ce monde, certains, et j’espère que c’est seulement par stupidité ou ignorance, réclament encore plus de privilèges. C’est criminel. On ne mérite pas de travailler moins, au contraire, on se doit maintenant de commencer à réaliser que nous vivons, en tant que civilisation, sur le dos des autres, et qu’il serait un peu temps de les décoloniser, justement de reprendre notre part du travail qu’implique notre niveau de vie, en les suppliant de nous pardonner de les avoir exploiter aussi affreusement.

La justice voudrait qu’au lieu du concept de « revenu de base », ou d’un droit à l’oisiveté (subventionnée) pour les occidentaux (et encore, seulement un partie parmi les occidentaux), on commence à parler de patrimoine de base, inaliénable, du à chaque humain. De l’air, de l’eau, de la nourriture pour toute la vie, puis un toit, la paix, la santé, une place dans la société, autant qu’il est possible d’en donner à chacun, et peut-être au dessus de tout ça, de la considération, voire de l’amour. Cette justice élémentaire universelle implique du travail, et il conviendrait de le répartir équitablement. Si le salaire, ou le capitalisme, est un moyen, tant mieux, s’il est un frein, on s’en passera. En soi je m’en fous. Si le machinisme, l’informatique, ou même le mondialisme, permet de réduire la part de travail réel de chacun, tant mieux. Le travail restant à faire doit de toute manière être accompli. Peu importe si individuellement on n’en comprend pas forcément le but, où si l’on ne s’estime pas pleinement épanoui. Chercher à fuir cette responsabilité envers les hommes, c’est commettre une injustice. Chercher à en améliorer l’exercice pour soi et pour les autres, par contre, est légitime, si ça ne se fait au détriment de personne, ni actuelle, ni future.

Il est une heure du mat’, je suis chez moi, au chaud, en pyjama devant mon PC, avec de la bouffe plein les placards, et j’en conçois de la honte, parce que je me sais être un privilégié, et que je me refuse presque à imaginer le dénuement dans lequel doivent vivre des familles sans qui tout cela ne serait pas possible. Certes tout n’est pas parfait pour moi non plus, mais je crains que ce qu’eux s’imaginent être la perfection soit seulement une fraction de mon niveau de vie à moi. Il y a de quoi en crever de honte, vraiment. Mais ça ne fait pas avancer les choses. Alors, au lieu d’employer ses ressources cérébrales libres à imaginer comment on pourrait profiter encore un peu mieux de ce monde, peut-être faut-il envisager d’arrêter de nourrir avec les restes de notre banquet cette humanité qu’on traite en animal galeux, et si on ne peut pas tous les inviter à notre table, au moins de temps en temps allez partager avec eux un repas sous la pluie et dans le froid, ça nous remettrait un peu les idées en place. L’injustice insupportable dont nous sommes la cause nous fera probablement infiniment plus souffrir que la pauvreté et les conditions du repas, si on mérite encore d’être appelés « humains ».

Riez, c’est bon pour la santé.

Mais le travail dont vous parlez (la part de chacun des efforts nécessaires pour que chacun ait de quoi se nourrir et s’abriter) n’est pas celui dont parle Gorz qui nous est imposé par le système capitaliste ou le système technicien ou le marché du travail (expression encore plus détestable que ressource humaine), appelez cela comme vous voulez. De l’informaticien au plombier, de l’OS de l’industrie automobile au trader, du traducteur à l’ONU au pilote de Concorde, non seulement la production (!) de la plupart des salariés (et des non salariés, d’ailleurs) n’est d’aucune utilité pour nourrir ou abriter qui que ce soit (je ne compte bien sûr pas le fric comme une production, de toutes façons le fric ne se mange pas), mais elle est, au moins indirectement, la cause de la transformation de la pauvreté en misère.

Je n’ai rien contre ces travailleurs (d’ailleurs j’en fais aussi partie) : le système ne leur laisse le choix qu’entre collaborer et rejoindre la cohorte de ceux qui vous font crever de honte. Et tout le monde n’a pas le courage d’être l’abbé Pierre.

Le revenu de base, lui, ne doit pas être vu comme un droit à exploiter le travail des autres mais comme un dédommagement des spoliations matérielles et immatérielles que le système impose à ses artisans mais surtout à ses exclus.

C’est à dire que le revenu de base est exclusivement à destination du tiers monde? Parce que dans le domaine des spoliations, même l’exclus européen est débiteur. Effectivement, le travailleur français, et surtout l’ouvrier, je dirais jusque dans les années 60 environ, était spolié. Mais avec la mondialisation, il est devenu spoliateur. Certes par complicité inconsciente, et sans en tirer forcément un grand avantage au niveau du bonheur perçu/ressenti. Puisque tout homme a des besoins biologiques, il n’a que deux choix possibles: soit les remplir directement ou indirectement (dans une société spécialisée), soit se faire entretenir. Le revenu de base, c’est précisément consacrer le règne absolu de l’argent qui ne se mange pas.

Mieux vaut infiniment avoir un bout de terrain inaliénable, cultivable et constructible, sinon cultivé et construit. Celui qui n’a pas le temps, pas l’envie, pas les connaissances, pas la force, en laisse l’usufruit à un autre (qui a lui aussi un droit à un bout de terrain d’égale utilité) en l’échange d’une rente, qui peut constituer un revenu de base, mais fondé sur un patrimoine, un moyen de subsistance réel, et non un pouvoir d’achat théorique tributaire d’une économie qu’on détraque par ailleurs en supprimant sa première et plus importante ressource, le travailleur salarié.

Tu prétends que l’informaticien, le plombier, le traducteur de l’ONU ou le pilote d’avion de ligne (le Concorde ne vole plus) ne sont rien que des producteurs de pognon, sous tout autre rapport inutiles. Et par ailleurs on cherche, avec le revenu de base, à ce que s’épanouissent des gens dont l’improductivité serait presque l’aune de la valeur. Je troque vingt artistes contre un plombier sans une seconde d’hésitation. Il y a un critère simple pour évaluer l’utilité d’une activité: si tous ceux qui la représentent se mettent en grève, quel pourrissement du quotidien en découle. Si tous les artistes (au sens contemporain, le mec vraiment engagé dans aucune activité productive de près ou de loin) du monde se mettent en grève, dans une année on en rigole encore. Si tous les routiers du monde se mettent en grève, dans trois jours on commence à pleurer. Si tous les informaticiens se mettent en grève, je pense qu’en deux semaines on commence à le sentir sérieusement.

Certes, l’utilité n’est pas directement de nourrir ou d’abriter, mais d’augmenter le niveau de vie, ce qui est souhaitable une fois que tout le monde est rassasié et logé. La spécialisation est tellement ancienne, et apporte tellement d’avantages que personne ne penserait à revenir dessus. A titre individuel, en tant que travailleur spécialisé, il convient donc de travailler non seulement en échange du service rendu par ceux dont le travail consiste à nourrir et loger les autres, mais en plus pour les autres travailleurs spécialisés, dont l’activité globale permet l’amélioration générale du niveau de vie. En tant que non spécialisé, c’est à dire auto-suffisant au moins quand à la nourriture, il convient de surproduire en échange du service rendu par les travailleurs spécialisés. Et tous doivent produire encore un peu plus pour ceux qui ne peuvent pas produire: les enfants, les vieillards, la malades, les handicapés, etc. Celui qui peut travailler, mais ne veut pas travailler, devient un parasite ou un exploiteur s’il bénéficie du même niveau de vie qu’un travailleur.

Bonjour Gotfried et lanredec, merci de contribuer au forum. Je n’ai pas lu vos contributions avant de réfléchir et d’écrire ce qui suit, sauf un peu à la fin de ce message. J’ai été enthousiasmé par le texte qui présente le projet de société d’André Gorz que j’ai lu sur le site actuchomage et je l’ai mis aussitôt en copie sur le forum en me demandant comment activer un mouvement politique qui porterait ce type d’exigences, mais en le relisant le lendemain, j’étais moins enthousiaste, car je ressentais, sans pouvoir le définir de manière exacte, qu’il y avait un mélange d’observations véridiques et de propositions fausses dans ce discours d’André Gorz. Et puisque nombre d’utopies se sont révélées être désastreuses lors du passage à la réalité, autant essayer d’en tester la solidité avant de vouloir les mettre en pratique.

J’ai tenté de m’appuyer sur l’analyse des systèmes régulés pour invalider, critiquer, analyser les conséquences du système prôné par André Gorz, car j’ai remarqué que dans les utopies qui se révèlent mortifères, il y a un emballement, des excès comme dans les systèmes qui sont mal régulés. C’est à dire que les concepteurs d’utopie ne sont pas assez allés loin dans l’étude des conséquences qu’entraînent leurs systèmes.
André Gorz pointe de manière juste la situation du salariat, la perte d’autonomie des individus qui vivaient auparavant du produit de leur artisanat à cause de l’apparition de l’industrie qui entraîne dans la spécialisation et la complexification de la société.

Je pense qu’André Gorz a raison quand il pointe le fait qu’avec l’automatisation, la robotisation, l’informatisation, ce sont les propriétaires de moyens de production, qui à l’aide de ces moyens de haute productivité ont mis les salariés au chômage et qui empochent presque seuls maintenant les gains. Pour en arriver à l’idée que toutes les personnes qui ont été remplacées par des machines touchent une partie des gains que génèrent ces machines n’est pas forcément une idée totalement stupide si nous arrivons à éliminer les effets pervers ou non-régulés que cela pourrait entraîner.

Je pense qu’André Gorz pointe à juste titre la dictature de l’emploi et de l’emploi salarié et la domination, la subordination qui s’est accrue dans la dernière période sur les salariés avec la meilleure productivité du travail qui entraîne le sous-emploi salarié et je pense comme lui qu’il y a des gisements d’activité enrichissants qui mériteraient d’être financés par la richesse crée automatiquement par les machines. Jusqu’où ?

C’est ici que gît un des problème, car comment réguler la répartition du flux de richesses créées par les machines ?
Car une partie doit quand même rémunérer le capital et le travail nécessaire au renouvellement de ces dites machines, ordinateurs, automates et autres robots et l’autre serait disponible pour une utilisation sociale, via le revenu d’existence.

Il doit ici y avoir une solution ou des solutions optimales suivant selon que l’on se place du côté des sans-emploi ou des travailleurs occupés ou des capitalistes, une régulation au profit optimum général de toute la société de cette proportion de flux de richesses doit être donc intellectuellement possible à trouver ou tout au moins à à estimer.

Il est vrai que comme André Gorz le pointe dans son texte que des citoyens passent beaucoup de temps à se former par exemple : les concepteurs, designers, ingénieurs, architectes, artistes, et ceci souvent de manière non-rémunérée et même parfois payante, mais cela ne constitue pas le cas de la totalité des citoyens qui sont utiles à la société.

Il me semble qu’un des défauts du système d’André Gorz est que, si il était mis en vigueur, trop de monde prétendrait devenir architecte, ingénieur, avocat … au détriment de boucher, éboueur, maçon, gardien d’immeuble …

Son système n’est pas régulé et si il était appliqué pendant une longue période ( le temps qu’une génération se forme et accède à l’activité professionnelle ) les rares personnes qui auraient choisies d’être peintre, boucher, éboueur, plombier etc … auraient des moyens de pression excessifs et un pouvoir accru par à rapport à ce qui serait raisonnable, tandis que des « architectes », « ingénieurs », « artistes » … en surnombre et mais seulement sur le papier, pas en réalité, seraient rémunérés au revenu d’existence. Revenu d’existence que l’on aurait du baisser en raison justement du dérèglement des activités productives qu’il entraîne tel que conçu ici par André Gorz. Nous aurions donc au bout de quelques années des peintres, bouchers, éboueurs, plombiers au sommet de leurs pouvoirs sociaux face à « architectes », « ingénieurs », « artistes », « concepteurs », « designers » en surnombre et faméliques.

Dans mon raisonnement, je suis resté en « circuit fermé » dans une zone à automatisation poussée, car comme l’indique Gotfried plus haut, l’introduction du libre-échange avec des zones moins automatisées, moins robotisées détruit la possibilité d’existence du système de revenu d’existence créatif qu’André Gorz prône. C’est d’ailleurs pour cela que libre-échange est tellement poussé en avant pour mettre en concurrence les salariés occupés et non-occupés de tous les pays.

Le système prôné dans ce texte par André Gorz essaye de rétablir une certaine justice et pointe de manière juste l’existence des richesses sociales crées ou potentiellement crées par les personnes disposant du revenu d’existence, par contre dans son système, il n’y a pas de régulation du niveau de ces richesses crées par les personnes disposant du revenu d’existence, ni de régulation de ces richesses par rapport à des richesses strictement productives, ni de régulation du choix des individus dans le choix des carrières, ceci même en l’absence de libre-échange. Donc, même si je remercie André Gorz d’avoir réfléchi pour nous sortir de l’autoritarisme de fer du capitalisme et pour la reconnaissance des richesses sociales, le caractère non-régulé et non-soutenenable de son système font que je ne prône pas son adoption tel qu’il est.

C'est à dire que le revenu de base est exclusivement à destination du tiers monde?
Ce qu'il est, ce qu'il pourrait être ou ce qu'il devrait être ? Pour la théorie, elle a été introduite par Thomas Paine, un sale communiste qui a participé à la révolution américaine et à la révolution française, dans "[url=http://www.constitution.org/tp/agjustice.htm]Justice agraire[/url]" (1795).

Ce que je dis c’est que tous les êtres vivants ont un droit égal à toutes les productions de la nature, que l’appropriation d’un bien matériel ou immatériel préexistant doit au minimum faire l’objet d’un dédommagement. Que si nous ne pouvons plus vivre de notre lopin sur notre lopin ce n’est pas que parce que nous sommes trop nombreux mais parce que le système technicien nous l’interdit de facto et même de jure.

Parce que dans le domaine des spoliations, même l'exclus européen est débiteur. Effectivement, le travailleur français, et surtout l'ouvrier, je dirais jusque dans les années 60 environ, était spolié. Mais avec la mondialisation, il est devenu spoliateur.
L'un n'empêche pas l'autre. Ce n'est pas parce que l'exclu européen l'est moins que l'exclu africain que le système qui a transformé leur pauvreté en misère ne doit pas tous les en dédommager.
Tu prétends que l'informaticien, le plombier, le traducteur de l'ONU ou le pilote d'avion de ligne (le Concorde ne vole plus) ne sont rien que des producteurs de pognon, sous tout autre rapport inutiles.
Ce n'est pas ce que j'ai écrit. Je prétends que la "production" pour laquelle ils sont salariés ne consiste en très grande majorité qu'en gadgets qui n'apportent pas grand chose à la productivité des seules activités directement utiles. Les chasseurs cueilleurs ne consacr(ai)ent même pas deux fois moins de temps que les gens "civilisés" à ces activités utiles, les paysans du Moyen âge respectaient une centaine de fêtes religieuses en plus du repos dominical. Les dizaines d'équivalent temps plein d'esclaves mécaniques dont nous disposons tous sur ce forum devraient, si la technique et la spécialisation du travail avaient pour but d'améliorer la productivité, avoir réduit notre temps de travail à moins d'une heure par jour, même en prenant en compte ceux d'entre nous qui sont retraités.
Il y a un critère simple pour évaluer l'utilité d'une activité: si tous ceux qui la représentent se mettent en grève, quel pourrissement du quotidien en découle.
C'est bien plus pour moi un critère pour évaluer à quel point nous en sommes devenus dépendants. Il y a à peine quelques siècles nous n'étions dépendants en gros que du travail des bras de notre maisonnée, et un peu de celui du forgeron. Les autres activités ne sont utiles qu'à nous soulager des chaînes que nous nous sommes mises nous mêmes. Collectivement. Et pas du tout démocratiquement.
Certes, l'utilité n'est pas directement de nourrir ou d'abriter, mais d'augmenter le niveau de vie, ce qui est souhaitable une fois que tout le monde est rassasié et logé.
Mais c'est quoi augmenter le niveau de vie ? Redévelopper sans cesse un site web qui ne sert pas à grand chose en ajoutant ou en retirant simplement quelques fonctions totalement inutiles (sauf qu'elles justifient - j'ai écrit justifient, pas permettent - de ne plus avoir de contact avec des vrais gens), parce que le progrès c'est l'innovation, que l'innovation c'est changer de look et que le progrès c'est Bien® ? Couvrir la terre de déchets (un produit non recyclable c'est à court, moyen ou long terme un déchet) de PVC qui du début à la fin de son cycle de vie, du delta du Niger détruit par l'exploitation pétrolière aux dioxines produites par son incinération, produit 99% de misère et 1% de profits pour une minorité ? Mettre à la casse une voiture qui pouvait encore durer 20 ans juste pour acheter une autre voiture qui produira 5% de moins de CO2 au km ... et dont la fabrication aura produit plus de CO2 que 20 ans d'utilisation ? Trimballer de l'autre côté de l'Atlantique des gens qui se font chier chez eux, pour qu'ils puissent y acheter des machins inutiles, coûteux, polluants, souillés du sang des conflits qu'ils ont provoqué, et qui ne les intéresseront plus dès leur retour ?

@Gilles

Effectivement, cette profusion d’ingénieurs, d’architectes, mais je crains surtout d’artistes et de gens sans compétences réelle ni utilité, au détriment de vraies activités productives et utiles, est l’incohérence majeure du revenu de base, qui pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Le système de Gorz est moins radical et absolu, il me semble, que le revenu de base, mais se heurte toujours au mur du réel. L’absence de réflexion sur les conséquences d’application d’un tel système est une constante. Pour moi, ça marque une immaturité de l’esprit, ou au mieux un romantisme révolutionnaire. Effectivement, on est hors du champ de la politique, mais dans celui de l’utopie.

@Lanredec

Qu’on soit clair: effectivement, on peut décider de volontairement réduire notre niveau de vie. Il faut juste être bien conscient de ce à quoi on renonce. Certes, il y a quelques siècles on était auto-suffisant à une échelle très locale, et sur très peu de personne. Mais tout juste. Pas la place (dans les excédents produits) pour des centres hospitaliers modernes, pour une police efficace, pour des structures nationales voire internationales de lutte contre les catastrophes naturelles, ou même d’équilibrage des inégalités naturelles. Car avoir des ophtalmos, des contrôleurs aériens, une police scientifique implique un haut niveau de spécialisation. A mon sens, le niveau de vie des années 50/60 est celui d’un juste équilibre entre agriculture et élevage, production industrielle, et professions supérieures. C’est, pour moi, la situation économique et sociale à privilégier, en tout cas pour nous (dans d’autres cultures, un niveau de vie équivalent pourrait prendre une forme assez différente).

La question est, en prenant ce niveau de vie (et la mentalité de l’époque) comme base, est-il possible d’orienter l’évolution de la société vers la médecine, ou la recherche d’énergies renouvelables, plutôt que vers le trader ou le commercial nouvelle génération? Probablement, parce que nous connaissons les erreurs qui ont été commises (par exemple, libéralisation, exode rural, immigration). Mais on ne peut pas anticiper, étant revenu à ce niveau de vie et prenant cette voie, quels nouveaux problèmes vont se poser, et comment les résoudre. Par exemple, la société des années 50/60 ne recyclait pas. Bon, elle produisait aussi beaucoup moins de déchets à problème, c’est vrai, mais la question est de savoir si on pourrait y « inclure » le recyclage sans s’engager dans les processus qui ont mené à la société actuelle. Mon opinion et postulat, mais que j’avoue incapable de défendre de manière convaincante, c’est que c’est possible, et donc qu’on peut avoir une société juste et stable sans avoir à renoncer à un niveau de vie relativement élevé, ou à s’engager dans des constructions intellectuelles utopistes.

L’utilisme évoqué plus haut est peut être à consommer avec modération.
La fabrique de l’imaginaire est vitale, elle aussi.

On fabrique de l’imaginaire depuis bien plus longtemps qu’il n’y a des gens entretenus pour ça. On a pas besoin de philosophes pour penser, de poètes pour parler, ou d’artistes pour faire de belles choses, bien qu’il y aident. Par contres les philosophes, poètes et artistes ont absolument besoin des autres. Il s’agit d’établir des priorités: de quoi on ne peux absolument pas se passer, de quoi on a fortement besoin, de quoi on peut se priver bien qu’à regret, et de quoi on peut se priver sans en éprouver le moindre sentiment de perte. Ca relève de [bgcolor=#FFFF99]la « règle des trois » dans le survivalisme (trois secondes sans prudence, trois minutes sans air, trois heures sans abri, trois jour sans eau, trois semaine sans nourriture, trois mois sans contact humain) et de la pyramide des besoins de Maslow (besoins physiologiques, besoin de sécurité, besoin de communauté et d’amour, besoin de respect et de reconnaissance, besoin d’épanouissement personnel)[/bgcolor], qui sont des représentations très simplifiées, mais relativement pertinentes, au moins dans l’esprit qui a conduit à les proposer.

Il y a déjà un autre fil sur le revenu de base. C’est donc ma dernière intervention sur ce sujet sur celui ci :
On sait déjà en vrai grandeur ce que donne un revenu de base, ce n’est donc pas une utopie. Le plus célèbre promoteur du concept s’appelait Milton Friedman, ce n’est donc pas du romantisme révolutionnaire. L’Alaska Permanent Fund existe depuis 1976, on ne constate pas que les artistes, ingénieurs ou dentistes y sont trop nombreux, ni de pénurie de techniciens et ouvriers du pétrole. Lors de l’expérience en Namibie, la seule augmentation qui a été constatée est celle des entrepreneurs.

http://leblogderobertpioche.wordpress.com/2012/11/24/vaccinations-en-italie-une-enquete-au-sujet-de-la-mort-suspecte-de-plusieurs-milliers-de-jeunes-soldats/ Pour éclairer des lanternes… (Y’en a pas un sur cent mais pourtant ils existent) Il y a Bernard Friot (sociologue, ancien prof de Nanterre) également qui lutte pour un salaire de base généralisé et d’autres avec lesquels je suis parfaitement d’accord… La vie se résume toujours à « La religieuse » de Denis Diderot!

Il y a déjà un autre fil sur le revenu de base. C'est donc ma dernière intervention sur ce sujet sur celui ci : On sait déjà en vrai grandeur ce que donne un revenu de base, ce n'est donc pas une utopie. Le plus célèbre promoteur du concept s'appelait Milton Friedman, ce n'est donc pas du romantisme révolutionnaire. L'Alaska Permanent Fund existe depuis 1976, on ne constate pas que les artistes, ingénieurs ou dentistes y sont trop nombreux, ni de pénurie de techniciens et ouvriers du pétrole. Lors de l'expérience en Namibie, la seule augmentation qui a été constatée est celle des entrepreneurs.
C'est 80 euros /mois ou je me trompe?

Oui, c’est ce que j’étais en train de chercher hier soir, mais j’ai eu à m’occuper d’autre chose. Le Permanent Fund Dividend (annuel), pour 2011, est de 878 dollars par personne. Ca fait moins de 75$ par mois. Alors certes c’est toujours bon à prendre, mais dans l’idée, on est même pas au dixième de la somme d’une véritable revenu de base. Ce dividende est tiré des profits faits sur l’exploitation et la vente du pétrole, est réparti entre environ 650.000 personnes. La France, c’est environ 100 fois plus d’habitants, et pas de pétrole. Avec ce dividende, on est même pas dans l’aide sociale, on est dans l’argent de poche.

Du reste, les opinions de personnes connues ne sont pas des arguments à mes yeux.

Du rustinisme

Le rustinisme, c’est le choix politique qui consiste à poser des rustines sur le système existant, sans en réformer les fondations.

Il procède d’une attitude mentale proche de la timidité :wink:

Le plus grave, c’est quand il règne chez les utopistes et les révolutionnaires :

Il peut amener des gens de bonne foi, des gens qui rêvent d’un monde nouveau, d’abondance et d’équité, il peut les amener à rejeter de grandes idées, au prétexte que ces grandes idées sont mauvaises en tant que rustines.
Alors que ces grandes idées sont les jalons de pensée préparant une réforme fondamentale des usages « organisationnels » . En profondeur. Un changement de paradigme, comme on dit pour faire « in » :wink:

Deux exemples :

En caricaturant à peine, certaines personnes vont rejeter le tirage au sort au prétexte que tirer le président de la république pour cinq ans comme on tire les rois est une folie ; et effectivement, c’en est une.
Ou bien ils imaginent une assemblée nationale tirée au sort, en conservant par ailleurs toutes les autres conditions attachées à la cinquième.
J’ai vu à Doussard :wink: un candidat à la présidence de la république tenir ce genre de raisonnement.

Quand on parle du revenu inconditionnel, certains commencent à faire les comptes, et disent à juste titre : oh, ça ne fait que 80 euros par personne et par mois, et c’est donc insuffisant pour impliquer tous les avantages du revenu inconditionnel (la liberté entre autres, et tous ses bénéfices secondaires qui en cascade peuvent aller très loin)
Alors que l’idée du revenu inconditionnel est (à mon sens) inséparable de l’idée d’une réforme radicale et profonde du système de création monétaire, voire plus loin encore est en corrélation étroite avec l’idée du distributisme et la fin de la civilisation de la carotte.

Les enfants, c’est moi qui doit aller consulter, ou dans mon message #14 du 24/11 à 11h10, il y a une partie du texte surligné en jaune? Parce que je n’utilise absolument jamais ce genre de formatage de texte. J’aimerais donc savoir d’où ça vient.

@Ana
Je répondais juste à Lanredec qui citait l’Alaska Permanent Fund comme exemple d’application réussie du revenu de base. Il faut donc supposer qu’en Alaska, on peut vivre tout à fait dignement avec 60E par mois. Qu’est-ce qu’on attend pour émigrer!
L’Alaska Permanent Dividend ne crédibilise ni ne décrédibilise en rien le revenu de base, car ça n’a simplement rien à voir avec. Comme je le dis, c’est de l’argent de poche. C’est toujours mieux qu’il aille dans « non » poches qu’aux bénéfices des compagnies pétrolières.

Lidée du revenu de base, sans regard sur la création monétaire, est de pouvoir vivre dignement sans être astreint à aucun travail. Pour moi, cette idée même se décrédibilise toute seule. Par ailleurs, oui, je me méfie des « grandes idées ». Populariser la culture et la consommation de la pomme de terre a été une idée qui vaut plusieurs centaines d’ouvrages de philosophie ou de politique. Je ne crains pas de me faire traiter d’anti-intellectuel. Les utopistes et les révolutionnaires sont bien gentils, mais quand ils ne sont pas insignifiants, c’est qu’ils servent le pouvoir. Le pragmatisme impose de composer à partir de ce qui existe, de prévoir une processus dynamique et progressif, et de laisser un vaste champ libre à l’improvisation. On ne vit pas en société pour le bien des idées, mais pour le bien des hommes, les idées ne sont qu’un moyens, jamais une fin.