4E - La fiscalité devrait être (re)fondée sur les capacités et les inégalités individuelles

Injustice salariale

Sandy (7181).

Si les salaires sont fixés arbitrairement et de manière disproportionnée, est-ce que cela ne tient pas au moins en partie, comme je l’ai écrit (7172), au fait que « la recherche exclusive du profit est au coeur du capitalisme » ? Sommes-nous vraiment en désaccord ? JR

@ Jacques

Non je ne pense pas, cela vient uniquement du fait que la décision est laissée au seul arbitraire d’une minorité qui forcément se sert de ce pouvoir à son avantage et en abuse.

L’avidité n’est pas un défaut qui a été inventé par le capitalisme, cela existe en chacun de nous, plus chez certains que d’autres, et en situation de pouvoir, forcément, certains vont en abuser.

Je serais tenté de dire qu’après des dizaines d’années de dérives, on en arrive à de telles inégalités, mais en réalité il n’y a jamais eu de période sans l’existence de telles inégalités, sous l’ancien régime c’était sous la forme de privilèges, depuis c’est grâce à ce type de pouvoir.

Merci Sam, pour cette analyse, que j’ai relayée sur ma page ‹ Liens et documents utiles ›.

Merci Jacques, pour cette perle, que j’ai mise dans ma page ‹ En vrac › :

[bgcolor=#FFFF99]Entre juriste et juriste d’affaires, il y a la même différence qu’entre musique et musique militaire.[/bgcolor]

:expressionless:

Étienne.

Capitalisme et avidité

Sandy (7201).

Ce qui fait la différence entre l’avidité ordinaire et éternelle et l’avidité capitaliste, c’est que dans le second cas l’avidité est institutionnalisée, prônée, proclamée bonne en soi et présentée comme la solution de choix des problèmes sociaux. JR

Juristes d’affaires

Étienne,

J’ai simplement adapté la formule classique et beaucoup plus frappante : « La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique », mais je suis assez content de ma variante.

Dans le même style : « La culture d’entreprise est à la culture ce que l’esprit d’entreprise est à l’esprit ». On pourrait en trouver des quantités sur le même moule - c’est très efficace. JR

PS : J’ai cherché (vainement) dans mes deux dictionnaires de citations de qui était cette phrase sur la justice militaire, au lieu d’aller au Google comme toute personne sensée l’aurait fait immédiatement : le mot est de Clémenceau.

[b]Capitalisme et avidité[/b]

Sandy (7201).

Ce qui fait la différence entre l’avidité ordinaire et éternelle et l’avidité capitaliste, c’est que dans le second cas l’avidité est institutionnalisée, prônée, proclamée bonne en soi et présentée comme la solution de choix des problèmes sociaux. JR


Je n’aime pas contredire les gens, qui n’aiment guère cela, et c’est pourquoi la plupart du temps je m’abstiens de participer à des discussions stériles,… mais là… qu’est-ce que vous entendez par avidité ? Pourquoi la diviser en catégories et lui prétendre des qualificatifs tels que « ordinaire » (quelle serait donc l’extraordinaire ?) et même l’éternelle ?

[bgcolor=#FFFF99]Chez les animaux (dénués de raison), il y a bien une avidité ordinaire et éternelle (qui n’est quand-même pas partagée entre toutes les espèces) qui les pousse à bouffer tout de suite ou même ramasser pour plus tard tous les aliments qu’ils trouvent, des fois jusqu’à bouffer tant, quand l’occasion se présente, qu’ils en meurent d’indigestion[/bgcolor]… et même à se battre férocement pour être celui qui aura l’honneur de bouffer le plus, organisant le partage strictement par ordre hierarchique des rapports de force entre individus.

Chez les humains, ce comportement hiérarchisé se donne aussi entre ceux qui fonctionnent à un niveau intellectuel primaire (pour ne pas dire qu’ils fonctionnent sans rationalisation intellectuelle du tout), mais il faut dire que ce n’est pas du tout le cas des couches élitistes de la population… ceux-là suivent une logique bien précise et rationnellement établie, même si dans bien des cas ils suivent par éducation (socialisation dans les entourages sociaux qui leur sont propres) des stratégies dont ils reconnaissent les mécanismes mais ignorent en conscience les raisons d’être.

C’est trop facile que de prétendre que l’avidité est inévitable parce que inscrite dans les gènes de l’espèce… l’importance des gènes dans le comportement est reléguée à un second plan du moment qu’une capacité suffisante de rationalisation et d’abstraction permet d’optimiser des stratégies de survie. La rationalisation et l’abstraction des stratégies qui prennent en compte une projection dans le temps (l’éternel est le but plus ambitieux qui soit) et le fait d’intérioriser qu’il y a d’autres individus en compétence [concurrence ? ÉC] directe qui disposent d’au moins autant de capacité intellectuelle de rationalisation que soi-même, mène vers l’anticipation du besoin d’implémenter la stratégie de survie la plus performante possible, hors de n’importe quelle considération logique, éthique ou autre. La logique finalement appliquée termine par sembler inhumainement cruelle… par nécessité structurelle… les scrupules étant un frein à la performance qu’on ne peut guère se permettre dans un entourage purement compétitif ou être le second équivaut à une défaite (dépendre -rien d’autre que pour la survie- d’une bienveillance qu’on ne peut logiquement lui attribuer vues les logiques qui sont mises en jeu… de quelqu’un plus fort que soi).

Comprendre que chez les humains l’avidité n’est que résiduellement une motivation génétique (tout comme la nécessité de procréation, qui avec 6 milliards d’individus n’est rationnellement plus une question de survie de l’espèce humaine, bien qu’elle constitue une préocupation présente chez quelques sub-espèces comme celle communement dénommée WASP (white anglo-saxon protestant) qui voit dans la diminution de son nombre relatif une menace pour sa domination globale culturelle, économique, etc. vis-a-vis des autres (noirs, jaunes, rouges, bruns, enfin… tout ce qui n’est pas blanc-pur et/ou culturellement assimilé et plus précisement tout ce qui ménace justement la continuité du modèle compétitif dans lequel le WASP s’est spécialisé et dont il a besoin pour rationnaliser son comportement de prédateur comme inévitable et donc excusable malgré tous ces défauts) est essentiel si l’on veut changer le comportement de ceux qui par leur pathologie rationnelle empoisonnent l’environnement de ceux qui comme nous voyons le futur plutôt dans des structures collaboratives que compétitives.

Le capitalisme n’est pas un système planifié dont on peut changer la structure… c’est un entourage individualiste strictement darwinien qui s’optimise tout comme dans la nature par le « survival of the fittest », dans ce cas précis pas seulement physiquement, mais aussi dans un degré de magnitude supérieur… intellectuellement.

@ Jacques (n°7199),

merci pour le complément au recueil. Je crois que chacun de vos exemples est très pertinent dans le registre concerné. Je vais me les noter, et je tâcherai sans doute, dans les temps qui viennent, de compléter la liste. Alors si vous en trouvez d’autres, à l’occasion, n’hésitez pas.

Cette proposition se tient dans le cadre actuel des choses ou une entreprise trouve ses fonds auprès des marchés, de la bourse. Le système d’actionnariat peut sans doute se résumer à un marché du prêt. Au lieu d’emprunter auprès d’une banque, on emprunte à plusieurs petits porteurs.
Je ne crois pas que ce mode de financement puisse avoir un avenir dans le cas d’une récupération de la création monétaire par l’état et le contrôle des banques.
A mon sens, la priorité est de définir précisément —et pourquoi pas au plus haut niveau (la constitution)— le rôle d’une entreprise de production de bien ou de services. Le problème vient aujourd’hui du fait que des entreprises ont pris une taille trop grosse et donc ont indirectement obtenu un pouvoir tout aussi grand : pouvoir financier, pouvoir vis à vis des salariés et même des consommateurs en tuant la concurrence et en ne proposant que leurs produits. (regardez votre ordinateur! vous tournez sous quel OS ? Windows sans aucun doute)

J’imagine qu’il faut écrire au niveau constitutionnel une limitation de l’échelle des revenus. [bgcolor=#FFFF99]Cette échelle à été soumise en premier par Platon si je ne me trompe pas. Il écrivait il y a plus de 2000 ans que pour une société stable, l’échelle ne devait pas dépasser un rapport de 1 pour 10.[/bgcolor]
L’argent est un pouvoir et le pouvoir corrompt donc l’argent corrompt. Si nous nous battons ici pour limiter les pouvoirs, nous devons aussi prendre en compte la limitation des gains d’argent.

Il s’agit également de mettre l’entreprise au service de l’économie et non d’elle même. En ce sens, il faut faire en sorte par la fiscalité de favoriser la production de richesse et l’innovation devant les éventuels profits. Le seul impôt que devrait payer une entreprise est à mon sens un impôt sur les revenus de l’entreprise, de sorte que l’argent soit en priorité versé aux salaires ou aux investissements de recherche etc.

Cette proposition se tient dans le cadre actuel des choses ou une entreprise trouve ses fonds auprès des marchés, de la bourse. Le système d'actionnariat peut sans doute se résumer à un marché du prêt. Au lieu d'emprunter auprès d'une banque, on emprunte à plusieurs petits porteurs. Je ne crois pas que ce mode de financement puisse avoir un avenir dans le cas d'une récupération de la création monétaire par l'état et le contrôle des banques.
Peut être plus, au contraire. Si les banques de prêt ne peuvent plus faire que le métier d'intermédiaire, les entreprises auront intérêt à se passer de leur commission. Aujourd'hui, comme elles vendent de l'argent qu'elles n'ont pas elles peuvent se permettre d'être moins chères que les investisseurs individuels.
A mon sens, la priorité est de définir précisément et pourquoi pas au plus haut niveau (la constitution) le rôle d'une entreprise de production de bien ou de services.
Ou déjà leur imposer de mentionner dans leur déclaration de création la nature exacte de leur activité et la durée de celle ci, et leur interdire d'y déroger.
Le seul impôt que devrait payer une entreprise est à mon sens un impôt sur les revenus de l'entreprise, de sorte que l'argent soit en priorité versé aux salaires ou aux investissements de recherche etc.
Hum. Des économistes ont déjà réfléchi là dessus. Si par revenu vous entendez chiffre d'affaire, votre proposition va exactement à l'encontre de ce que vous recherchez, si vous entendez résultat d'exploitation ou valeur ajoutée, c'est mieux mais guère.
Le seul impôt que devrait payer une entreprise est à mon sens un impôt sur les revenus de l'entreprise, de sorte que l'argent soit en priorité versé aux salaires ou aux investissements de recherche etc.
Hum. Des économistes ont déjà réfléchi là dessus. Si par revenu vous entendez chiffre d'affaire, votre proposition va exactement à l'encontre de ce que vous recherchez, si vous entendez résultat d'exploitation ou valeur ajoutée, c'est mieux mais guère.
Justement, on peut craindre le pire, je serais curieux de connaître leur raisonnement! Avez-vous des références?

Effet des taxes

Avez-vous des références?
Aaaargh, question piège. Comme on n'est pas sur Wikipédia je me contente d'une pirouette : non, je ne me souviens plus où j'ai mis mes cours d'économie. En fait le raisonnement est assez simple pour que je m'en souvienne 30 ans après, même si j'avais souvent du mal à suivre le Pr Allais : [b]toute taxe a pour effet d'inciter à mettre en place des actions pour la diminuer.[/b] Pour simplifier outrageusement (c'est un raisonnement économique, pas un cours de compta), le CA (ou le revenu) c'est tout l'argent qui entre, la valeur ajoutée c'est le CA moins les achats, le résultat d'exploitation c'est la VA moins les salaires et autres frais, le profit c'est le REX moins les investissements. Donc, pour ne pas toucher au profit (c'est le seul comportement dont on peut être sûr) : Si on taxe le résultat, l'entrepreneur va rogner sur l'investissement, donc l'innovation. Si on taxe la valeur ajoutée, il va en plus rogner sur les salaires. Si on taxe le CA, il va en plus rogner sur les achats. A l'opposé, si on taxe le capital, l'entrepreneur va innover pour augmenter l'efficacité de ses immobilisations (voire réfléchir à deux fois avant de remplacer des hommes et des femmes par des machines). Et si on taxe les ressources naturelles et les déchets, il va faire des efforts sur le rendement de ses processus.

PS: Merci Ana pour cette baffe :slight_smile:

Juste en passant : Nous devrions éviter l’expression « ressources humaines »
Surtout si tout à côté on parle des déchets.
Sans vouloir offenser :wink:

(le vocabulaire induit la pensée de celui qui en use ; le choisir en conscience est un acte magique ; pas facile …)

"Ressources humaines"

Entièrement d’accord avec Ana Sailland.

Le terme hideux de « ressources humaines » ne peut avoir été inventé que par des exploiteurs, conscients ou inconscients.

Et pourtant il s’est introduit jusqu’aux Nations Unies, alors qu’il contredit directement les valeurs inscrites dans la Charte.

Il faut dire « personnel » : rien d’autre. JR

[b]Effet des taxes[/b]
Avez-vous des références?
Aaaargh, question piège. Comme on n'est pas sur Wikipédia je me contente d'une pirouette : non, je ne me souviens plus où j'ai mis mes cours d'économie. En fait le raisonnement est assez simple pour que je m'en souvienne 30 ans après, même si j'avais souvent du mal à suivre le Pr Allais : [b]toute taxe a pour effet d'inciter à mettre en place des actions pour la diminuer.[/b] Pour simplifier outrageusement (c'est un raisonnement économique, pas un cours de compta), le CA (ou le revenu) c'est tout l'argent qui entre, la valeur ajoutée c'est le CA moins les achats, le résultat d'exploitation c'est la VA moins les salaires et autres frais, le profit c'est le REX moins les investissements. Donc, pour ne pas toucher au profit (c'est le seul comportement dont on peut être sûr) : Si on taxe le résultat, l'entrepreneur va rogner sur l'investissement, donc l'innovation. Si on taxe la valeur ajoutée, il va en plus rogner sur les salaires. Si on taxe le CA, il va en plus rogner sur les achats. A l'opposé, si on taxe le capital, l'entrepreneur va innover pour augmenter l'efficacité de ses immobilisations (voire réfléchir à deux fois avant de remplacer des hommes et des femmes par des machines). Et si on taxe les ressources naturelles et les déchets, il va faire des efforts sur le rendement de ses processus.
Ne t'excuse pas de n'être pas Wikipédia, c'est mille fois mieux, car très synthétisé et parfaitement intégré dans une logique imparable :)

Et qui permet de voir ce qu’il est essentiel de taxer.

« L’ exode des réfugiés politiques benêts vers l’ Helvétie a augmenté de 35% en 2011. Est ce la limace rose nommée Flamby ou tout simplement la connerie benête qui fait peur ? » La Tribune de Genève

"[b]Ressources humaines"[/b]

Entièrement d’accord avec Ana Sailland.

Le terme hideux de « ressources humaines » ne peut avoir été inventé que par des exploiteurs, conscients ou inconscients.

Et pourtant il s’est introduit jusqu’aux Nations Unies, alors qu’il contredit directement les valeurs inscrites dans la Charte.

Il faut dire « personnel » : rien d’autre. JR


L’expression a été inventée en 1978 par
le club de l’horloge

votre moteur de recherche vous en dira plus

"Ressources humaines"

Expression ntroduite en France en 1978 peut-être, mais reprise de l’anglais, où elle était en usage depuis les années 1960. Voir Google sous « Human Resources ».

L’honneur est (presque) sauf. JR

[align=left]Le secret bancaire, le paradis fiscal au Luxembourg et la collusion des autorités de ce pays avec cette situation, les comptes opaques, la finance internationale et leurs rapports avec les délocalisations et les fermetures d’usines : l’affaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewoo.[/align]

http://www.risc.tv/economie/denis-robert-affaire-clearstream-racontee-ouvrier-chez-daewoo

[align=left][color=purple][b][size=9]Le secret bancaire, le paradis fiscal au Luxembourg et la collusion des autorités de ce pays avec cette situation, les comptes opaques, la finance internationale et leurs rapports avec les délocalisations et les fermetures d'usines : l'affaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewoo.[/size][/b][/color][/align]

[size=9][b][i]http://www.risc.tv/economie/denis-robert-affaire-clearstream-racontee-ouvrier-chez-daewoo[/i][/b][/size]


super, merci pour le lien!

nlescan, il s’agissait d’un des liens appuyant les arguments d’un article critiquant les économistes orthodoxes de la ligne de la direction du PCF sur la révolution de l’information :

La révolution informationnelle ou l’illusion du bénévolat