3F L’éventuel Conseil Constitutionnel doit être lui-même sous contrôle citoyen

[b]L’existence même d’un Conseil Constitutionnel paraît très antidémocratique : un petit groupe, qui peut fort bien représenter une caste, et peut bloquer l’assemblée populaire.[/b]
Si un Conseil Constitutionnel règle les litiges entre les organes et bloque les lois contraires à la Constitution, il faut prévoir [b]une alternance [/b]de ses membres, et surtout [b]un contrôle citoyen[/b], un contre-pouvoir.

En cas de conflit irréductible entre le Parlement et le Conseil Constitutionnel, on peut prévoir qu’un référendum les départage, ou que les deux organes soient dissous, qu’un Parlement soit réélu et qu’un nouveau Conseil Constitutionnel soit nommé ou élu.

[b]Mais ce serait une inversion des pouvoirs, une grave erreur (volontaire ?) dans la [bgcolor=#FFFF99]hiérarchie des légitimités[/bgcolor], que de donner la prééminence au Conseil Constitutionnel sur le Parlement, et à plus forte raison sur une décision populaire (prise par référendum).[/b]
Le danger pour les citoyens dont je parle ici est loin d'être théorique :
Institutions européennes : Les juges européens (dont on rappelle qu’ils sont directement dépendants des exécutifs !) font évoluer le droit communautaire de leur propre initiative et même parfois au mépris des oppositions des États membres. Aucun contrôle citoyen n’est possible sur ce droit qui se forme de façon totalement antidémocratique.

Constitution française de 1958 :
Le Conseil Constitutionnel, dont les conditions de nominations sont contestables (fort peu démocratiques) est hors de contrôle citoyen.
Depuis 1971, il modifie souvent la Constitution de sa propre autorité, en convoquant des « grands principes » au gré de ses besoins politiques et sans contrôle démocratique.

État de droit et Esprit des lois :

Les procureurs doivent etre indépendants de l’exécutif… (voir discussion « 2C Les juges doivent être totalement indépendants du pouvoir exécutif » : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=41)

Séparation des pouvoirs, oui, mais alors, "à qui la justice doit inspirer confiance ? : aux citoyens, ceux par qui et pour qui "l’esprit des lois " règne…

Je vais sans doute faire crisser les dents d’un juriste, mais je pense que l’institution élue ou tirée au sort, celle qui finalement "veille sur le respect de la Constitution, et qui donc doit remplacer l’actuel « conseil constitutionnel » (curieusement « nommé » !) , devrait aussi exercer un certain acte de validation du choix des procureurs.

Car ce qui inspire confiance aux citoyens, c’est la conformité de « l’État de droit » avec « l’esprit du citoyen » et la certitude qu’un organisme à la fois compétent et « indépendant » y veille… ? :rolleyes:?

Le Conseil constitutionnel

Alain (votre 898)

Le Conseil constitutionnel n’est pas « curieusement » mais très bien nommé. En effet, ce n’est pas un tribunal mais un organisme constitutionnel spécial dont les membres, nommés ou de droit, ne sont pas forcément juristes. Certains professeurs de droit , sinon le père, de la Constitution de 1958 a présenté la Constitution, il a bien pris la précautionde préciser que le Conseil était un organe constitutionnel sui generis.

Il n’y aurait donc pas objection de principe à ce que les membres soient élus ou tirés au sort.

Cela dit, reconnaissons-le, le Conseil doit traiter de questions juridiques auxquels il faut apporter des réponses juridiques : si vous en doutez, jetez un coup d’oeil à ses grandes décisions.

Alors : élection ou tirage au sort à partir d’une liste d’éligibles proposée par les divers organes constitutionnels ? C’est concevable. JR

L’état de droit ; les trois pouvoirs

Tout à fait d’accord (JeanG, 896) que le peuple est distinct des trois pouvoirs - exécutif, législatif et judiciaire -, qui n’agissent qu’en son nom et auxquels il est donc supérieur.

En ce qui concerne le contenu de l’état de droit (Étienne, 873), il continue d’y avoir malentendu. L’« état de droit » est la résultante de l’application du principe du non-arbitraire (« la situation résultant, pour une société, de sa soumission à un ordre juridique excluant l’anarchie ou la justice privée », ou encore, « l’ordre juridique dans lequel le respect du Droit est réellement garanti aux sujets du droit, notamment contre l’arbitraire », selon le Vocabulaire juridique Cornu).

Même en démocratie, le peuple n’est pas amené à définir le principe et les conséquences de son application ou de sa non-application : ce qu’il définit, ou qu’il écrit - pour reprendre le mot d’Etienne -, c’est le contenu du droit lui-même (le droit positif). Et moins le contenu du droit ainsi défini sera arbitraire, plus on se trouvera en état de Droit.

Ce n’est pas jouer sur les mots. Le TCE et d’autres instruments juridiques reprennent cette notion d’état de Droit (ou d’État de droit - forme d’État dans laquelle le principes de l’état de Droit sont respectés), en tant que garde-fou de tout régime politique, y compris démocratique : d’où l’importance d’une définition précise pour éviter un dialogue de sourds. L’avant-projet CIPUNCE Rév. 10 contient à cet égard l’article suivant : "État de Droit. L’Union, ses institutions, ses organismes, ses agents et les citoyens de l’Union exercent leurs pouvoirs de manière non arbitraire."

Pour me résumer : l’état de Droit résulte de l’application d’un principe dont le contenu est le suivant : refus de l’arbitraire. Ce contenu ne peut pas être "écrit " par le peuple : on s’y conforme ou on ne s’y conforme pas, c’est tout. JR

[align=center]L’état de droit ; les trois pouvoirs (suite)[/align]

Excusez-moi, Jacques,

Votre message réclame quelques éclaircissements.

En tous cas, à moi, pas mal de choses ont échappé.
Si l’état de droit consiste en l’acceptation de règles excluant l’anarchie et la justice privée, il faut bien que ces règles soient définies par quelqu’un ou quelques uns.

Pour me résumer : l'état de Droit résulte de l'application d'un principe dont le contenu est le suivant : refus de l'arbitraire. Ce contenu ne peut pas être "écrit " par le peuple : on s'y conforme ou on ne s'y conforme pas, c'est tout.
[b]Qui écrit ce “contenu” ? Et, qui est “on” ? qui se conforme ou pas.[/b]

Le « contenu » de l’état de Droit

JeanG (909) :

Ma faute : j’ai eu le tort de me braquer sur le terme « contenu » et de prolonger un débat abstrait largement inutile dans la mesure où, j’en suis convaincu, nous sommes tous d’accord.

Qu’est-ce que la liberté ? La possibilité de faire ce qu’on veut.

Q’est-ce que l’égalité ? Le fait d’être à circonstances égales traité comme les autres.

Qu’est-ce que l’« état de droit » ? Le fait de ne pas être soumis à l’arbitraire.

Ce sont là les « contenus » ou « définitions » de ces trois principes. On peut les exprimer autrement, mais je pense bien que ni vous, JeanG, ni Etienne ne comptez demander au peuple ou à qui que ce soit de les modifier quant au fond ?

La question qui se pose et que nous avons tous à l’esprit n’est pas celle-là : il s’agit de faire en sorte que le droit lui-même - c’est-à-dire : les dispositions constitutionnelles, organiques, ordinaires et règlementaires - soit conforme à ces trois principes.

C’est tout ce que je voulais dire. JR

A propos du Conseil Constitutionnel

Ce que j’ai appris, par mon cours de politique, c’est que la nomination des membres du Conseil Constitutionnel fait obstacle à un jugement impartial. C’est un circuit en boucle, où, bien évidemment, ceux qui sont les nominants ne vont pas donner une place à des personnes qui pourraient, comment dire… les remettre en question, ou remettre en question le système.

Donc nécessité, au moins pour une part, d’élus ou tirés au sort.

Conseil constitutionnel

Réf. le message 914 de Marie-France d’Aboville : On pourrait aussi, tout simplement, passer à une « cour constitutionnelle », véritable juridiction composée uniquement de magistrats professionnels. Il arrive un moment où on ne peut plus renvoyer la balle : il faut bien s’arrêter quelque part.

Et si on n’est pas content de l’interprétation des juges, alors on révise la Constitution en la précisant, au besoin par référendum. Mais je ne crois pas que le tirage au sort soit la solution.

A vrai dire, la situation actuelle (« Conseil constitutionnel ») ne me paraît pas si mauvaise que ça. JR

Suite au message de Jacques Roman :

Je suis d’accord que le tirage au sort pour cette « instance » compliquerait probablement les choses plus qu’elle ne les arrangerait.

Une « Cour Constitutionnelle » composée uniquement de magistrats me parait pertinente, comment ces magistrats seraient-ils désignés à l’intérieur de leur propre corps ?

Actuellement, il est évident que les dés sont pipés lorsque l’on sait que :

[color=gray]Le Conseil Constitutionnel comprend 9 membres, dont le mandat dure 9 ans et n’est pas renouvelable. Le Conseil Constitutionnel se renouvelle par tiers tous les trois ans. Trois des membres sont nommés par le Président de la République, trois par le Président de l’Assemblée Nationale, trois par le Président du Sénat

En sus des neuf membres prévus ci-dessus, font de droit partie à vie du Conseil Constitutionnel les anciens Présidents de la République.

Le Président est nommé par le Président de la République. Il a une voie prépondérante en cas de partage.[/color]

Ce serait valable si les instances Assemblée Nationale - Sénat était véritablement représentatives des citoyens.
Dans l’état actuel des choses, il faut reconnaître que c’est très loin d’être le cas. Leur fonctionnement bat de l’aile.
Quant aux anciens Présidents de la République, je ne suis pas sûre qu’on gagne grand chose à les voir s’installer là et perpétuer leur jeu de pouvoir. Sauf à avoir des personnes susceptibles de remettre en questions leurs propres erreurs.

Il faut bien qu’il y ait une continuité quelque part, mais là, je crois qu’il nous faut une transition drastique…:confused:

Cour constitutionnelle/nomination

Marie-France (917) :

Je ne serais pas hostile pour ma part à ce que les magistrats de la future cour constitutionnelle soient élus (en nombre impair : 9, 13… - pour éviter des blocages au moment des décisions) au suffrage universel direct, par exemple à partir de trois listes chacune d’une vingtaine de magistrats professionnels appartenant indifféremment à l’ordre administratif ou à l’ordre judiciaire, listes qui seraient présentées respectivement par les trois pouvoirs - exécutif, législatif et judiciaire.

Mais attention : pour préserver la neutralité, l’indépendance et l’autorité de cette cour, la campagne électorale devrait se limiter à l’envoi aux électeurs du curriculum vitae détaillé des candidats : pas d’intervention publique des intéressés ni d’une autorité quelconque.

Les élus éliraient eux-mêmes ensuite un président (membre supplémentaire, magistrat ou non) qui prendrait part aux délibérations mais pas aux votes.

Les magistrats administratifs ne relevant pas du pouvoir judiciaire mais de l’Exécutif, il y a fort à parier que la liste de l’Exécutif puisera surtout parmi les magistrats de l’ordre administratif et celle présentée par le Pouvoir judiciaire parmi les magistrats de l’ordre judiciaire, tandis que Le législatif choisira parmi les uns ou les autres. Ce serait un gage d’équilibre.

Je me demande si ce système pourrait être adapté à la constitution européenne : à priori, pourquoi pas ? à condition de tenir compte des particularités intergouvernementales de l’UE. JR

Bonjour
Vos arguments semblent discuter de la forme, ce que je trouve dommageable actuellement c’est la possibilité de retirer une partie du texte initial, pouvant en modifier profondément le sens, sans que ce texte soit discuter compte-tenu (avec) des modifications.
En cela Etienne à raison, si modification(s) apportée(s), le texte n’est plus conforme à celui voté.
Le minimum du minimum me semble le vote obligatoire du nouveau texte.
La suppression est la solution, pourquoi ne pas faire une commission (voir vos propositions pour sa constitution) qui aurait alors un effet suspensif aux débats.

A+

Bonjour,

À propos du « Conseil Constitutionnel », ou ce qui peut en tenir lieu, voir mes deux post (qui bien sûr donnent mon avis :wink: ):

http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=2912#p2912 et

http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=2913#p2913

J’ajoute simplement ici que je ne suis pas opposé à l’idée d’une cour de magistrats délibérant sur la constitutionnalité des Lois par rapport à toute la Constitution. Mais [bgcolor=#FFFF99]j’insiste sur l’idée (la nécessité?) d’une Assemblée Constituante Permanente, tirée au sort sur les listes électorales, chargée de veiller au respect sans concession des Principes Fondamentaux.[/bgcolor]

Brieuc

Je n’avais eu aucune réponse concernant la réflexion que j’avais lancé à propos du conseil constitutionnel.

  • son pouvoir étant illégitime, et le problème de la légitimité d’un pouvoir qui se placerait au dessus du parlement étant tout simplement insoluble
  • la protection des principes constitutionnels que l’on accorde à l’existence d’un conseil constitutionnel étant une illusion, la plupart du temps le conseil constitutionnel n’étant d’aucun secours pour se protéger des lois ou des traités anti constitutionnels ou pour protéger nos droits individuels, et quelque fois pire le conseil constitutionnel servant à museler l’expression de la volonté générale en déclarant anti-constitutionnel ce qui ne l’est pas

Je pense donc qu’il faut tout simplement le supprimer et le remplacer par une institution qui n’aurait plus aucun pouvoir mais qui participerait à organiser la vigilance des citoyens.

A condition évidemment qu’un système plaçant les élus en situation de responsabilité vis à vis des citoyens soit implémenté en parallèle, ainsi que différents droits développant le pouvoir d’initiative des citoyens. Car évidemment la vigilance citoyenne a un intérêt limité si elle n’a pas le pouvoir de sanctionner et d’initier des recours.

Vigilance des citoyens/conseil constitutionnel

Sandy (7902),

La « vigilance des citoyens » au sens où vous l’entendez est un vain mot : il couvre le plus souvent des intérêts catégoriels (ce qui n’est d’ailleurs pas répréhensible) ou des opérations médiatiques.

Êtes-vous allé voir (http://www.conseil-constitutionnel.fr/) ce que fait le Conseil constitutionnel ?

Croyez-vous que les citoyens (au nombre de dizaines de millions) peuvent prendre eux-mêmes des décisions concernant la constitutionnalité des lois sans passer par un organisme représentatif ? Faut-il trancher par référendum chaque contentieux d’application de la constitution (en 2009, jusqu’au 22 octobre, il y a eu 41 décisions) ?

Si votre réponse à ces questions est non, quelles devraient être selon vous la structure et les fonctions du nouvel organisme citoyen ? Il est entendu que le conseil constitutionnel actuel est un organisme politique en même temps que juridictionnel : avez-vous une autre solution ? Quelle devrait être la composition du nouvel organisme ?

Si par contre votre réponse est oui, pourriez-vous décrire au moins dans ses grandes lignes le mécanisme auquel vous pensez : par exemple, comment saisirait-on le peuple ? Quelle procédure envisagez-vous ?

Critiquer ce qui existe sans proposer concrètement par quoi le remplacer n’est pas le moyen de faire avancer la démocratie. JR

[b]Vigilance des citoyens/conseil constitutionnel[/b]

Sandy (7902),

La « vigilance des citoyens » au sens où vous l’entendez est un vain mot : il couvre le plus par des intérêts catégoriels (ce qui n’est d’ailleurs pas répréhensible) ou par des opérations médiatiques.

Êtes-vous allé voir (http://www.conseil-constitutionnel.fr/) ce que fait le Conseil constitutionnel ?

Croyez-vous que les citoyens (au nombre de dizaines de millions) peuvent prendre eux-mêmes des décisions concernant la constitutionnalité des lois sans passer par un organisme représentatif ? Faut-il trancher par référendum chaque contentieux d’application de la constitution (en 2009, jusqu’au 22 octobre, il y a eu 41 décisions) ?

Si votre réponse à ces questions est non, quelles devraient être selon vous la structure et les fonctions du nouvel organisme citoyen ? Il est entendu que le conseil constitutionnel actuel est un organisme politique en même temps que juridictionnel : avez-vous une autre solution ? Quelle devrait être la composition du nouvel organisme ?

Si par contre votre réponse est oui, pourriez-vous décrire au moins dans ses grandes lignes le mécanisme auquel vous pensez : par exemple, comment saisirait-on le peuple ? Quelle procédure envisagez-vous ?

Critiquer ce qui existe sans proposer concrètement par quoi le remplacer n’est pas le moyen de faire avancer la démocratie. JR


Nous ne sommes plus en 1789 Jacques Roman … Aujourd’hui les citoyens sont pleinement capables de décider de ce qu’est l’intérêt général et il est faux de dire qu’ils défendent principalement des intérêts catégoriels. Certes des citoyens peuvent encore fonctionner comme cela, mais nos représentants aussi et malheureusement il faut bien le constater nos représentants aujourd’hui défendent encore moins l’intérêt général que les citoyens, ils ne sont pratiquement tous animés que par des intérêts électoralistes ou par des intérêts particuliers, la droite mène une politique de classe et ne défend que les intérêts des rentiers des financiers et des grands industriels par exemple … Cette idée que des représentants seraient plus aptes que les citoyens à décider de ce qu’est l’intérêt général est une idée ERRONEE et c’est une idée ANTI DEMOCRATIQUE, voir même carrément ARISTOCRATIQUE …
Réfléchissez à cela Jacques …

Concernant le conseil constitutionnel, il fonctionne de manière technocratique, c’est à dire qu’il aime rendre des avis en les complexifiant par du langage juridique abscon, ce qui n’a rien de nécessaire et est purement superflu. Les mêmes avis pourraient être rendus avec des mots simples, courants, de manière totalement intelligible pour la totalité des citoyens, peu importe leur niveau d’étude ou leur degré d’intérêt pour la politique ou le droit …
C’est exactement le même problème qui peut se poser pour la constitution et pour le traité de Lisbonne, ce forum prouve très bien que ces questions constitutionnelles peuvent être abordées par n’importe qui et qu’elles ne sont certainement pas réservées de fait à une élite, que c’est au contraire cette élite qui se l’accapare pour pouvoir mieux la contrôler …
Par conséquent je rejette totalement votre idée que la question de la constitutionnalité des lois nécessite une représentation. Le conseil constitutionnel n’a d’ailleurs jamais jusqu’à présente représenté qui que ce soit …
Donc oui les citoyens peuvent prendre eux même des décisions concernant la constitutionnalité des lois.

Mais comme je vous ai dit le conseil constitutionnel continuerait à rendre des avis qu’il publierait et que les télévisions seraient par exemple obligées de diffuser, c’est le point de départ de la vigilance citoyenne dont je parle.

Chaque citoyen pensant qu’une loi est anti constitutionnelle pourra passer par le système de contrôle citoyens des députés pour faire jouer leur responsabilité. On peut par exemple demander à ce pouvoir de requérir le positionnement du député avant que la loi ne soit voté sachant que les citoyens pourraient ensuite à tout moment initier une action pour le révoquer.
Au député en son âme et conscience de voter pour cette loi anti constitutionnelle ou pas sachant que les citoyens pourraient bien le révoquer.

Je pense que ce système serait beaucoup plus efficace que de donner des pouvoirs à un conseil constitutionnel totalement illégitime.

Croyez-vous que les citoyens (au nombre de dizaines de millions) peuvent prendre eux-mêmes des décisions concernant la constitutionnalité des lois sans passer par un organisme représentatif ? Faut-il trancher par référendum chaque contentieux d'application de la constitution (en 2009, jusqu'au 22 octobre, il y a eu 41 décisions) ?
Des dizaines de millions, non, mais une chambre de citoyens tirés au sort, certainement.

"Chambre de citoyens tirés au sort" pour remplacer le Conseil constitutionnel

AJH (7905) :

Nous y revoilà !

Tant que vous y êtes, pourquoi ne pas s’en remettre à une loterie nationale par oui ou par non ? Ça reviendrait beaucoup moins cher et ce serait à peu près aussi efficace.

Sérieusement, AJH, êtes-vous allé voir le site du Conseil constitutionnel, et dans l’affirmative pensez-vous vraiment qu’une chambre de citoyens tirés au sort puisse rendre des décisions compétentes concernant le genre de questions habituellement soumises au Conseil ?

Je vous renvoie à l’article 21-1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : "Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis ?",

ou, alors, si vous préférez, à l’article 6 de la Déclaration de 1789 : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement ou par leur représentants à sa formation. »

M’en voudrez-vous de répéter pour la énième fois sur ce site que des tirés au sort ne sont pas des représentants - surtout pas des représentants librement choisis, qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes, et que le tirage au sort n’est admissible que pour les fonctions non décisionnelles (c’est-à dire les fonctions de contrôle) ?

En l’occurrence, cette « chambre de citoyens » ne satisferait pas aux déclarations des droits puisqu’elle serait composé de tirés au sort alors qu’elle serait appelée à exprimer la volonté générale.

Il est vraiment curieux que des démocrates préfèrent s’en remettre au hasard plutôt qu’au choix réfléchi de leurs concitoyens ou de représentants désignés par leurs concitoyens. JR

[i]En l'occurrence, cette "chambre de citoyens" ne satisferait pas aux déclarations des droits puisqu'elle serait composé de tirés au sort alors qu'elle serait appelée à exprimer la volonté générale.[/i]
Je ne suis pas d'accord. Cette chambre de citoyens ne serait pas appelée à exprimer la volonté générale.

En effet, elle serait simplement chargée de dire si un texte est logiquement compatible ou contradictoire avec la constitution. Pas la peine de se référer à la volonté générale pour cela, cela n’a aucun rapport.

Euh ne mélangeons pas tout …

Le seul pouvoir qui peut être octroyé à une telle chambre de citoyens, c’est un pouvoir d’initiative. Je pense pas qu’on puisse leur donner un pouvoir de décision vu que cela concerne tous les citoyens et pas seulement ceux qui sont tirés au sort.

Pour la révocation d’un député par exemple.

Ils pourraient prendre l’initiative d’un référendum dans la circonscription de ce député, et ce serait donc une décision de l’ensemble des citoyens de la circonscription, le député ayant été élu par ces mêmes citoyens.

Procédure citoyenne de contrôle de la constitutionalité des lois (?)

Sandy (7904) :

Vous restez dans les professions de foi générales assaisonnées d’accusations d’aristocratisme sans répondre aux questions précises que je vous ai posées :

  1. Envisageriez-vous de soumettre directement au référendum les questions dont le Conseil constitutionnel a actuellement à connaître en vertu de la constitution actuelle ?

  2. Si ce n’est pas le cas, quel mécanisme citoyen de contrôle de la constitutionnalité des lois avez-vous en vue ?

D’après ce que vous dites, il me semble que vous vous contenteriez de la procédure de révocation des représentants pour faire pression sur ces derniers en espérant qu’ils ne laisseront pas passer une loi inconstitutionnelle : mais si les députés votent quand même cette loi, quels recours prévoiriez-vous - ou alors pas de recours du tout contre la loi une fois votée ? JR


UN EXEMPLE

Pour illustrer mon propos, je reproduis ici le communiqué de presse du Conseil constitutionnel relatif à sa décision en date 22 octobre dernier (la dernière en date sur le site du Conseil). Cette décision n’est pas une des décisions les plus complexes sur les 41 rendues depuis le 1er janvier 2009.

Vous écrivez, Sandy, que « le Conseil constitutionnel fonctionne de manière technocratique, c’est à dire qu’il aime rendre des avis en les complexifiant par du langage juridique abscon, ce qui n’a rien de nécessaire et est purement superflu. Les mêmes avis pourraient être rendus avec des mots simples, courants, de manière totalement intelligible pour la totalité des citoyens, peu importe leur niveau d’étude ou leur degré d’intérêt pour la politique ou le droit ».

Je serais curieux de savoir quels termes plus simples vous auriez employés pour rédiger ce communiqué de presse si vous étiez membre de la "Chambre de contrôle"dont parle AJH, ou si vous préférez, quels sont les termes ou expressions qui vous semblent « abscons, non nécessaires ou superflus » - pour reprendre votre description ? Notez bien que c’est ce genre de travail qu’on vous demanderait de faire si vous étiez tirée au sort pour faire partie de cette chambre.

En toute sincérité, je crois que ces questions ne sont pas de la compétence de la collectivité des citoyens ni d’une chambre de tirés au sort et qu’il faut donc s’en remettre à des représentants compétents. C’est ce qu’on fait dans la vie privée : confieriez-vous votre affaire commerciale à un tiré au sort ou à n’importe laquelle de vos connaissances indépendamment de ses capacités ?

Par contre (Sandy, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit), pour moi les grandes questions d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics (c’est-à-dire les règles constitutionnelles, inscrites dans la constitution) sont toujours de la compétence des citoyens et devraient toujours être soumises au référendum. Autrement dit, il y a des questions qui relèvent naturellement de la démocratie directe et d’autres (beaucoup il est vrai, par la force des choses) de la démocratie représentative : suis-je clair ?

Communiqué de presse du Conseil constitutionnel concernant l’affaire « Loi Hadopi 2 »

[i]Le 22 octobre 2009, par sa décision n° 2009-590 DC, le Conseil constitutionnel a examiné le recours dont il avait été saisi par plus de soixante députés à l’encontre de la loi relative à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur internet dite " Loi Hadopi 2 ".

À la suite de la loi du 12 juin 2009 dite " Hadopi 1 ", partiellement censurée par le Conseil constitutionnel (n° 2009-580 DC du 12 juin 2009), la loi " Hadopi 2 " poursuit deux orientations principales. D’une part, elle soumet le jugement des délits de contrefaçon commis sur internet à des règles de procédure pénale particulières. D’autre part, elle institue deux peines complémentaires, délictuelle et contraventionnelle, de suspension de l’accès à un service de communication au public en ligne.

Les députés requérants contestaient ces orientations et soulevaient des griefs à l’encontre des articles 1er, 6, 7, 8 et 11. Le Conseil a rejeté l’ensemble de ces griefs à l’exception de celui dirigé contre l’article 6.II de la loi. Il a, sur ce point, censuré la disposition relative au prononcé de dommages et intérêts civils par le juge de l’ordonnance pénale.

I - L’article 1er de la loi porte sur la HADOPI et les pouvoirs de ses membres et de ses agents. Les requérants soutenaient que ces dispositions étaient obscures et ambiguës et demandaient au Conseil constitutionnel de les interpréter. Le Conseil a écarté ce grief au regard des termes clairs de la loi qu’il incombera aux autorités judiciaires d’appliquer.

L’article 6 institue une procédure pénale spécifique applicable aux délits de contrefaçon commis par internet (jugement à juge unique et procédure simplifiée de l’ordonnance pénale). Le Conseil constitutionnel a déjà eu l’occasion de juger cette procédure conforme à la Constitution (Décision n° 2002-461 DC du 29 août 2002). Il a confirmé cette jurisprudence et écarté les griefs des requérants contestant cette procédure pénale.

L’article 7 instaure une peine complémentaire, délictuelle, de suspension de l’accès à internet. Cette instauration ne méconnaît ni le principe de nécessité des peines ni le principe d’égalité devant la loi. Elle n’est notamment pas caractérisée par une disproportion manifeste entre l’infraction et la peine encourue. Son instauration relevait donc du pouvoir général d’appréciation du législateur.

L’article 8 instaure la même peine complémentaire de suspension de l’accès à internet en matière contraventionnelle. Il reviendra au pouvoir réglementaire de définir les éléments constitutifs de cette infraction, dont le Conseil constitutionnel n’est pas saisi. Dès lors, le grief ne pouvait qu’être écarté.

II - Le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions de l’article 6.II de la loi permettant au juge de statuer par ordonnance pénale sur la demande de dommages et intérêts. Il a jugé que rien ne s’opposait à cette orientation mais qu’il incombait alors au législateur de fixer dans la loi les règles applicables et non de les renvoyer au décret. L’article 34 de la Constitution réserve en effet à la loi le soin de fixer les règles de procédure pénale. En l’espèce, le législateur a méconnu sa compétence ne fixant pas lui-même les précisions nécessaires à l’application de la loi. En conséquence, le Conseil constitutionnel a censuré, pour incompétence négative, à l’article 6.II de la loi, le deuxième alinéa de l’article 495-6-1 du code de procédure pénale. [/i]

PS : Votre message 7909. je crois en effet qu’il y a mélange : nous parlons de contrôle de constitutionnalité ou de révocation des députés ? Et si la Chambre n’a que l’initiative, qui prendra la décision de constitutionnalité ou d’inconstitutionnalité de la loi en cause ?