Pour une RA, RÉVOCATION AUTOMATIQUE des élus s’ils n’ont pas tenu parole sur 85 points sur les 100 qu’eux-mêmes se sont distribués librement parmi les contenus de leur programme électoral, avant les élections.
Bonjour
Je reproduis ici un échange par email avec Jacques Roman où on continue la discussion autour des options possibles de réforme du système pour un meilleur contrôle citoyen de la gestion politique. Je reprends la discussion dans un nouveau message à continuation,
Germà
(De Jacques Roman)
Chiang Mai (Thaïlande), le 26 mars 2006
Bonjour à tous.
La proposition transmise par Germa mentionne le « mandat impératif » alors qu’il s’agit manifestement d’instituer le « référendum révocatoire ». Ce n’est pas la même chose, et je me permets de renvoyer aux échanges qui ont eu lieu à ce sujet sur les forums d’Étienne Chouard.
Le « mandat impératif » consiste à donner des instructions précises aux élus au moment de l’élection : c’est en fait une procédure de procuration. C’est cette procédure-là - et celle-là seulement - qui est interdite par la Constitution française actuelle.
À donner aux mots déjà définis dans les dictionnaires un sens qu’ils n’ont pas, on risque de partir du mauvais pied et de créer des problèmes inutiles. Je recommande aux auteurs de la proposition de revoir leur terminologie.
Cordialement. JR (coordonnateur provisoire de la CIPUNCE)
(Réponse de Germà, 27.3.06)
Bonsoir,
Jacques, je crois que vous avez raison en faisant cette distinction. Si je faisais encore une assimilation avec le mandat impératif, c’était pour rendre ce projet plus compréhensible, mais votre point c’est évidemment un argument de poids au niveau légal et j’en prends bonne note, car l’interdiction constitutionnelle du mandat impératif existe non seulement en France mais dans pas mal de pays.
Par contre, il faut dire que dans cette proposition, je ne parle pas de référendum à aucun moment. [bgcolor=#FFFF99]C’est une révocation « automatique » (RA). Cela signifie justement que les politiciens sont destitués automatiquement (sans processus référendaire) après deux ans de mandat s’ils n’ont pas tenu parole sur 85 points sur les 100 qu’eux-mêmes se sont distribués librement parmi les contenus de leur programme électoral, avant les élections.[/bgcolor]
Pourquoi un système automatique serait-il mieux qu’un référendum ? Parce que organiser ce dernier implique un énorme effort organisationnel en plus qui ne peut se donner qu’en conditions normales s’il est fortement protagonisé par l’opposition (et en conséquence la logique partitocratique continuerait à l’emporter sur un vrai débat citoyen) ou en conditions exceptionnelles (des cas extrêmes de bavure, abus, négligence, corruption, criminalité… dans le gouvernement) qui mettraient toute la société civile en contre d’un gouvernement et pour un procès portant à sa démission (un peu comme en Thaïlande, à présent, n’est-ce pas?)
J’imagine que nous sommes d’accord au fait qu’il faut combattre les causes structurelles et non seulement les cas exceptionnels dans tout ça. Alors un système de RA [révocation automatique] une fois installé devienne une très efficace arme préventive face aux attitudes irresponsables voire criminelles des candidats et futurs gouvernants.
Les points s’accumulent ou non ainsi à la fin de chaque année. Et c’est seulement dans le cas de conflit d’interprétation voire de l’existence d’un éventuel motif d’exonération face à une promesse non tenue, que le « Tribunal indépendant de gouvernance » intervient. Le pouvoir de décision dans celui ci correspond uniquement à des panels citoyens rotatoires, qui se font aider dans sa mission, par des experts animateurs et législateurs. Au long des années cette institution construirait sa propre jurisprudence.
Elle peut aussi devenir l’embryon de ce qu’on pourrait appeler un 4ème pouvoir « vérificatif », et en même temps un important espace ouvert à la participation de tous, au sein d’un système seulement représentatif. Toute innovation y compris celle de la transition des institutions vers une démocratie vraiment participative, serait plus facilement abordée en priorité à mon avis, moyennant la création des institutions nouvelles que non par la reforme, toujours plus lente, de celles qui existent déjà.
Voilà ce que je pense… il faut aussi parler de pourquoi le choix de faire campagne d’abord pour ces éléments (RA et programmes élaborés par les citoyens) au lieu de pour d’autres propositions aussi très stimulantes, comme certaines qu’Étienne a travaillé dans son site.
(Réponse de Jacques, 28.3.06)
Merci Germa : je suis soulagé que vous preniez mon point de vue en considération.
Cette question et celles que vous mentionnez par ailleurs ont a déjà fait l’objet d’échanges sur le site Étienne Chouard et sur le site de la CIPUNCE : je crois que le mieux est que vous interveniez sur ces sites pour présenter vos idées.
D’autre part, l’Union européenne vient d’ouvrir (le 27 mars) un forum destiné aux citoyens :
http://europa.eu.int/comm/coreservices/forum/index.cfm?forum=debateeurope&fuseaction=contribution.home&debate_id=72&selected_id=0.
Notez que la question du référendum révocatoire se présente sous un tout autre jour si on met en place la cyberdémocratie et du cybersondage, comme je le propose.
Dans le système européen envisagé par la CIPUNCE (uniquement en rapport avec la « proposition citoyenne de projet de loi » pour le moment), avant de procéder à un référendum on aura procédé à un cybersondage qui aboutira au dépôt d’un projet au parlement européen.
Rien n’empêcherait d’adapter un tel système à la procédure de rappel des députés : un cybersondage local préparerait le rappel - mettons que si une majorité de cybersondés se déclarent en faveur du rappel, alors et alors seulement on organiserait le référendum de révocation : ainsi sera-t-on sûr de ne pas organiser de référendum inutilement.
Il n’est pas question, je suppose, pour vous comme pour moi, de rappeler capricieusement un député pour n’importe quelle raison. Le cybersondage devra donc être soumis à des conditions strictes pour passer au référendum : par exemple, que les répondants en faveur de la révocation représentent la moitié au moins du corps électoral de la circonscription, ou encore, au moins le nombre de votes recueillis originellement par l’élu.
Vous proposez d’instituer une sorte de tribunal de contrôle de l’exécution des programmes électoraux. J’ai exposé sur le site Chouard pourquoi, à mon avis, ce n’est pas une bonne idée : en gros, nous parlons de politique, pas de droit, et l’existence d’un tribunal politique est contraire au principe même de la démocratie, qui repose exclusivement sur l’élection et le référendum. Il ne peut être question de substituer l’appréciation politique d’un tribunal ou autre organe à l’appréciation des électeurs : la règle du parallélisme des formes doit s’appliquer ici, et la révocation d’un élu ne devrait résulter que la volonté des électeurs exprimée dans les mêmes conditions que pour l’élection.
Cordialement. Jacques Roman