3A1 Désignation des représentants politiques : élections (et avec quel mode de scrutin) ou tirage au sort ?

« Pour 10000€ en liquide je vote n’importe quelle loi ! »…

Eh ben pas moi non plus ! Pour qui nous prend-t-il ce Yéti descendu de ses montagnes ? Quand je vois qu’un petit benêt gagne 160 millions d’euros en scribouillant quelques croix sur une grille d’euro-million, vous ne croyez pas que je vais me contenter de 10000 euros pour une faire passer une loi qui , in fine, sera peut-être bonne…

Allez, 50000 euros, c’est mon dernier prix.

Dans la démocratie par tirage au sort, on pourrait organiser des séances de questions pour trancher quelle est la meilleure décision. Je vois bien mon boulanger:

  • Bonjour Guy Lux, est ce que ITER sert à faire de la chaleur ?
  • Parfaitement, à quoi pensez vous ?
  • A un four à pain…

Il faut justement favoriser les échanges entre spécialistes. Dans le lot, les Igor et Grishka Bogdanov iront raconter leurs théories aux adorateurs de la soucoupe cosmique. Le malaise, c’est que les services de recherche sont soumis eux aussi à la pression du financement et tendent souvent vers le copinage pour la publication de leurs travaux. Même problème pour les journalistes.

On n’a pas à se substituer à eux, ils faut juste leur assurer la liberté de leur art.

« Le Yéti n’est pas un être vivant, c’est juste une entité nihiliste qui, lorsqu’elle sera confrontée à son reflet, se désintègrera dans un feu d’artifice qui illuminera le monde ». C’est pas de moi, mais de mon chien Bounzy.

« L’humanité peut avoir une conscience. ». Ca, c’est de mon poisson rouge.

Egaux en dignité
Egaux en droits
Egaux en devoirs

Pour des médias libres et indépendants
Pour une science libre et indépendante
Pour des représentants libres et indépendants

…Peu importe la façon d’y arriver…

Encore faudrait-il écrire une charte des Devoirs de l’Homme dont le premier article devrait ressembler à un truc du genre « Tout Homme doit respecter les droits de l’Homme. ».
J’aurais voulu savoir ce qu’en pense l’exterminateur de benêts s’il n’est pas allé boxer quelques idées reçues sur d’autre blogs.
Notre système est déjà mort, pas besoin de le détruire… Il suffit de le reconstruire en montrant quelles sont ses bases fondamentales et tant pis si on se trompe, on recommencera jusqu’à ce que ça marche…

Etienne, ce logo, c’est quand-même mieux qu’un panneau « Attention aux ovidés », non ?

[bgcolor=#FFFF99]Récentes vidéos explicitant notre travail :[/bgcolor]

J’ai des pages actives un peu partout (blog, forum, facebook, fils extérieurs…) ; je suis débordé, pardonnez-moi de n’être pas là autant qu’il le faudrait ; voici quelques nouvelles du front :

• Une [bgcolor=#FFFF99]conversation sur la vraie démocratie que j’ai eue avec Yvan Blot[/bgcolor]
mardi dernier, lors de mon passage à Paris, au retour de Metz.
Ça devrait vous intéresser :

http://www.dailymotion.com/video/xlz6kr_debat-entre-etienne-chouard-et-yvan-blot-sur-la-democratie-reelle_news

Sur Facebook, c’est là :
http://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=210973388971058&id=600922316&cmntid=211077425627321

[bgcolor=#FFFF99]• Une après-midi de radio libre,[/bgcolor] lors de mon passage à Paris,
le 25 octobre 2011, sur Radio Ici et Maintenant :
http://www.ubest1.com/?page=video%2F32683%2FÉtienne-Chouard-sur-Radio-Ici-&-Maintenant-25-Octobre-2011

Sur Facebook, c’est là:
http://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=280309158668452&id=600922316

[bgcolor=#FFFF99]• TRADUCTION ANGLAISE DE LA CONFÉRENCE DE MARSEILLE :
« Le tirage au sort comme bombe politiquement durable contre l’oligarchie. »
[/bgcolor]
http://dai.ly/mG9ZO3

Grâce à toute une bande de courageux —et notamment de Violaine Courbon pour la moitié—, le chantier considérable de la traduction en anglais de la deuxième partie de la conf de Marseille est désormais publié : on peut donc choisir des sous-titres en anglais pour les deux parties de cette conférence, monnaie et tirage au sort.

Ça devrait intéresser tous les Indignés de la planète.

La traduction espagnole (et quelques autres) est en cours.

Sur Facebook
, c’est là :
http://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=251213384926335&id=600922316

[bgcolor=#FFFF99]• Toutes les traductions [/bgcolor]sont là :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/traductions

[bgcolor=#FFFF99]• Récapitulatif sur le tirage au sort :[/bgcolor]
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/tirage_au_sort.php

[bgcolor=#FFFF99]• Tous les résumés :[/bgcolor]
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/tous_les_resumes.php

Amicalement.

Étienne.

aucun lien entre le tirage au sort et le référendum

le référendum permet à la population entière de décider
le tirage au sort réduit la décision à quelques personnes prises au hasard

[bgcolor=#FFFF99]Débat Chouard-Blot sur la démocratie directe[/bgcolor]
« Cerveau collectif » en cours de formation :
commentaires passionnants à partir d’un premier échange à deux

La conversation que j’ai eue avec Yvan Blot mardi dernier (sur la démocratie directe, le référendum d’initiative populaire et le tirage au sort, de l’Assemblée constituante et du Conseil constitutionnel, mais aussi d’une chambre législative sur deux) est l’occasion de débats passionnants que je vous invite à découvrir :

• un fil passionnant [bgcolor=#FFFF99]sur Agoravox :[/bgcolor]
http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/debat-entre-etienne-chouard-et-32309

• un fil également très intéressant [bgcolor=#FFFF99]sur le site Enquêtes et débats :[/bgcolor]
http://www.enquete-debat.fr/archives/debat-entre-etienne-chouard-et-yvan-blot-sur-la-democratie-reelle

• un autre [bgcolor=#FFFF99]sur ma page Facebook :[/bgcolor]
http://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=210973388971058&id=600922316

• et enfin, un fil [bgcolor=#FFFF99]sur le blog :[/bgcolor]
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2011/10/28/155-debat-entre-etienne-chouard-et-yvan-blot-sur-la-democratie-reelle

Il y en a peut-être d’autres, mais je n’arrive pas à suivre…

Là, je suis complètement débordé, je ne peux pas répondre à tout le monde, mais il y a des gens qui ont très bien compris le sens mon travail et les arguments qu’il faut défendre, et qui me remplacent souvent très efficacement. J’y vois le signe que l’idée germe enfin, un peu partout.

Amicalement.

Étienne.

aucun lien entre le tirage au sort et le référendum

le référendum permet à la population entière de décider
le tirage au sort réduit la décision à quelques personnes prises au hasard


ça s’appelle un échantillonnage en statistique …
1000 personnes dans un quorum c’est un chiffre de bon sondage soit en gros une marge max de 5%

pas vu sur ce site un truc clair qui explique qui fait quoi
2 assemblées ?
initiative des lois ?
vote secret ?
etc …

les pdf parlent d’ Athene …


« Moi Tarzan, Toi tétébenêt. » Le Roi du Benêtland parle au troupeau.


si tu ne comprends pas la différence entre un référendum et un sondage je ne peux rien pour toi :wink:

Salut.
Je tombe sur un article du monde diplomatique du mois d’octobre « Enquête délibérative en Andalousie »
Pour résumer très vite ça parle d’un outil de démocratie participative, l’enquête délibérative, inventer par le politologue américain James Fishkin (qui n’a pas de page sur le Wikipedia en français).
Tous les éléments de nôtre réflexion y sont.Analyse de la crise du gouvernement représentatif,echantillonage et organisation de débats parmi la population, constatation de la capacité de celle-ci à se forger une opinion grâce à ce processus « elles donnent une idée de ce que les citoyens penseraient s’ils étaient mieux informés et impliqués dans le processus politique ».
Mais les conclusions de ces enquêtes restent informatives, les groupes d’intérêt et les partis politiques ne voient pas leur fonctionnement et leurs privilèges remis en cause.

Les techniques « dernier cris » des sociologues et des politologues concluent à l’évidence de la fonctionnalité de la démocratie, la vraie.
Cependant l’omerta décrété par les groupes d’intérêt et les partis politiques réussie encore à étouffer l’évidence.
Notre combat et juste.Il triomphera.

Je signale que yeti prefererai que les parlementaires votent à bulletins secret.

Je viens de m’aviser que [bgcolor=#FFFF99]la royauté est un cas particulier, assez courant dans l’histoire, de tirage au sort de représentant (la loterie génétique est probablement le mécanisme de tirage le plus difficile à frauder).[/bgcolor]

Certes il s’agit d’un représentant unique mais si nous discutons la taille des institutions que nous imaginons nous voyons bien que la royauté n’est qu’une extrémité d’un continuum qui va jusqu’aux congrès populaires du Livre Vert.

Certes le roi le reste toute sa vie. Mais cela fait partie du mécanisme. Les rois et reines sont probablement les hommes et femmes politiques les plus difficile à corrompre (c’est du moins ainsi qu’ils sont vus dans les royaumes européens). N’ayant pas besoin de financer leur élection et n’ayant pas à craindre l’après, il n’éprouvent pas le besoin d’être soutenus par Goldman-Sachs.

Je ne suis pas une taupe légitimiste. Ce que je veux dire c’est que ce parallèle peut nous éclairer sur les avantages, les inconvénients et les façons de corriger ces inconvénients du tirage au sort. L’exemple d’Athènes est certes très intéressant, mais si c’est le seul, c’est peu. L’exemple des royautés (réussies ou faillies) peut certainement nous donner un éclairage très différent et peut être enrichir notre vision.

Les royaumes du nord de l’Europe sont généralement considérés parmi États les plus démocratiques de leurs contemporains. Les mouvements républicains y ont peut être encore moins d’adeptes que les mouvements légitimistes en France. Et au moins dans le cas d’un pays que je connais un peu, l’argument des républicains porte en fait sur le caractère contraire à la DUDH de la privation des droits civiques dont fait l’objet le roi, et pas du tout sur la supériorité de la fonction élective limitée dans le temps. [bgcolor=#FFFF99]Nous avons donc la preuve qu’une forme de tirage au sort existe et fonctionne bien au XXIe siècle en Europe pour au moins une fonction.[/bgcolor]

Vive le suffrage censitaire !

[bgcolor=#FFFF99]Yves Sintomer : La révolution du tirage au sort[/bgcolor]

Un texte intéressant d’Yves Sintomer, sur laviedesidees.fr :

[size=25][b]La révolution du tirage au sort[/b][/size]

par Yves Sintomer, 8 novembre 2011 :

« Pour fêter le centenaire de la VIe République (2012), dont la création est due à l’introduction du tirage au sort dans les procédures démocratiques françaises, le ministère de l’Instruction et de la Citoyenneté a demandé à un collectif d’historiens de revenir, à l’intention des jeunes générations, sur ce tournant décisif.

Rétrospectivement, les années 2010-2013 apparaissent dans l’histoire comme le moment de basculement du système politique français. Les contemporains ne saisirent pas tout de suite l’importance de la mutation en cours. Et pourtant, des signes s’accumulaient.

Premières expérimentations

Le 12 décembre 2010, le groupe local d’Europe Écologie-Les Verts de Metz s’était réuni pour tirer au sort les candidats qui allaient le représenter à l’occasion des élections cantonales de mars 2011. Trois chapeaux étaient disposés sur la table, contenant respectivement les noms des quatre cantons dont le siège était à pourvoir et ceux des membres du groupe qui s’étaient portés volontaires, avec d’un côté les hommes, et de l’autre côté les femmes. Une militante tira successivement le nom du premier canton, un nom masculin et un nom féminin pour le titulaire et la suppléante – et alternativement un nom féminin et un nom masculin, afin qu’une fois tous les cantons attribués, hommes et femmes se répartissent à part égale entre titulaires et suppléants. Le recours à cette procédure permit de faire surgir des vocations. Des personnes qui n’auraient pas imaginé se lancer dans la bataille électorale se sentirent finalement habilitées à participer. Tous ceux qui avaient eu un mandat dans le passé, même minime comme celui de conseiller communal, avaient été préalablement écartés.

EELV Tirage au sort (vidéo) : http://dai.ly/untrfh

L’engagement était de travailler étroitement en équipe pendant la campagne et d’appuyer les candidats pour qu’ils puissent se former. Si la procédure fit grincer des dents, les candidats tirés au sort reçurent l’appui de José Bové (un leader paysan, pionnier de l’agriculture durable qui s’est imposée peu à peu au XXIe siècle, qui s’était fait connaître à la fin des années 1990 en démontant un magasin MacDonald, une enseigne très connue à l’époque), venu à Metz pendant la campagne. Malgré les craintes, le résultat électoral fut satisfaisant : avec 10 % en moyenne, le groupe fit un score comparable à la moyenne départementale. Si les relations restèrent tendues avec certains élus, les militants qui s’étaient engagés dans l’aventure apparaissaient très soudés et le fonctionnement collectif de l’équipe sembla remarquable. Résumant l’intérêt de l’initiative, l’une des candidates, venue du monde associatif, expliqua que « le tirage au sort permet d’expliquer aux gens qui font de la politique depuis toujours et qui considèrent que c’est leur chasse gardée qu’en fait, ce n’est pas le cas ». Faisant un parallèle avec le militantisme contre le nucléaire, longtemps marginal mais dont l’action aboutit à l’abandon de l’énergie atomique suite à l’accident de Fukushima le 11 mars 2011, un autre candidat décrivait ainsi la dynamique engagée : « Le tirage au sort fait partie de cette frange souterraine qui travaille » et qui pourrait un jour déboucher sur des mutations d’ampleur.

Les dimanche 9 et 16 octobre 2011, les électeurs de gauche se déplacèrent en masse pour désigner leur candidat aux élections présidentielles, démentant les sceptiques qui étaient légion quelques mois auparavant. L’expérience marqua les esprits. Les réformateurs qui pensaient que ce processus suffirait à redonner leur souveraineté aux citoyens furent cependant déçus. L’histoire s’accéléra : la Grèce fit faillite à la fin 2011, le Portugal et l’Irlande suivirent début 2012. En juin de la même année, ce fut le tour de l’Italie. La victoire de la gauche aux élections présidentielle et législatives de mai-juin 2012 intervint dans un contexte explosif. Les banques étaient dans la tourmente, la note de la France était fortement dégradée, la zone euro en plein désarroi. La dette souveraine du pays menaçait de devenir ingérable. Le mécontentement des citoyens explosa, à la mesure des angoisses. Il se manifesta par un soutien massif aux mouvements sociaux qui agitaient l’Hexagone. Menés par Stéphane Hessel (nonagénaire, cet ancien résistant avait un connu un succès planétaire inattendu en 2010 avec la publication d’un petit livre intitulé Indignez-vous !), les Indignés, un mouvement de base indépendant des partis politiques, clamèrent leur refus de payer pour les erreurs des banquiers et des politiques. Ils occupèrent la place de la Bastille. En juillet, le chaos menaçait. La droite était hors de combat, mais la concurrence s’aiguisait à gauche. Écologistes et communistes claquèrent la porte du gouvernement, Arnaud Montebourg et Ségolène Royal, qui avaient sans succès tenté d’être désignés comme candidats officiels du Parti socialiste lors des primaires, appelèrent à de nouvelles élections. Le nouveau président de la République, François Hollande, était sur la défensive. Martine Aubry, la Première Ministre, en profita pour affirmer son autorité. Elle parvint alors à convaincre la majorité de gauche à l’Assemblée et au Sénat de radicaliser le processus de révision constitutionnelle.

Le précédent islandais

L’expérience de Metz était vivement discutée à cette époque, mais c’est surtout l’Islande qui s’imposa comme point de référence : elle venait d’adopter par référendum une nouvelle Constitution à l’issue d’une expérimentation démocratique inédite. Après la faillite des banques en 2008, d’énormes manifestations avaient imposé des élections anticipées qui portèrent au pouvoir une coalition de gauche. Par deux référendums successifs, les Islandais rejetèrent les accords concoctés par les banquiers et les gouvernements. Parallèlement, une Assemblée citoyenne de 1 200 personnes tirées au sort et de 300 personnalités était rassemblée à l’initiative d’associations civiques pour dégager les valeurs fondamentales sur lesquelles le système politique et économique devrait se baser. L’expérience fut réitérée en novembre 2010, cette fois avec le soutien étatique. La tâche de l’Assemblée citoyenne, composée d’un millier de personnes sélectionnées de façon aléatoire sur la base de quotas permettant la parité hommes / femmes et une représentation de toutes les régions, était de faire ressortir les axes sur lesquels devait porter la réforme constitutionnelle. Son fonctionnement fut exemplaire : les travaux en petits groupes, animés par des facilitateurs neutres et préalablement formés, furent synthétisés en suivant la procédure du town meeting électronique.

Dans la foulée, un Conseil constituant fut élu, composé de 25 citoyens « ordinaires ». Les 523 candidatures étaient individuelles, et la campagne électorale réduite au minimum. Les articles du projet constitutionnel furent ensuite mis en ligne au fur et à mesure de leur rédaction, le public pouvant faire des commentaires et émettre des suggestions via des pages Facebook, Twitter ou Flickr, les grands médias sociaux de l’époque. L’assemblée législative accepta de soumettre le projet au peuple en n’y apportant que des modifications secondaires.

Le passage à la VIe République : un bouleversement politique

[bgcolor=#FFFF99]Sous la pression, les députés et sénateurs français décidèrent à l’été 2012 de confier à une Assemblée citoyenne, tirée au sort, le soin d’élaborer un nouveau projet de constitution, s’inspirant au passage de l’expérience de la Colombie britannique, qui avait au cours des années 2000 vu une telle institution rédiger un projet de loi sur les modes de scrutins.

Début août, 1 000 citoyens furent ainsi sélectionnés, qui représentaient un mini-public représentatif de la diversité de la société française. Rémunérés comme des députés, ils alternaient pendant quatre mois travail en petits groupes et séances plénières, auditionnant des experts et des responsables politiques ou associatifs. Les contributions qui affluèrent on-line contribuèrent à renforcer l’audace des propositions. Certaines sessions furent retransmises par la télévision, et toutes pouvaient être visionnées sur Internet. L’opinion publique se passionna pour ces débats. Les responsables politiques les plus novateurs chevauchaient le mouvement pour s’imposer contre leurs adversaires. En décembre 2012, le projet issu des travaux de cette Assemblée citoyenne fit l’objet d’un référendum. Les citoyens l’approuvèrent à une large majorité : la VIe République était née.

Le système politique français en fut bouleversé. Si le président restait élu au suffrage universel, ce n’était plus lui qui gouvernait. Son rôle était seulement d’incarner la Nation et d’être le garant des institutions et du long terme. À tous les échelons de gouvernement, la fonction de la tête de l’exécutif était redimensionnée selon la même logique. Le cumul des mandats était désormais strictement interdit. La proportionnelle avec prime majoritaire devint la règle pour tous les scrutins. Le référendum d’initiative populaire ayant valeur décisionnelle fut légalisé à toutes les échelles, du quartier à la Nation. Une troisième Chambre, composée de représentants tirés au sort, fut également créée. Elle était chargée de veiller à la préservation des équilibres du long terme, et se vit dotée d’un pouvoir de veto suspensif. Elle pouvait juger les responsables politiques mis en cause devant la justice durant leur mandat. Elle fut enfin chargée d’élaborer les futures modifications des règles du jeu politique, celles-ci devant en tout état de cause être validées par référendum.

La procédure de désignation des élus fut réformée en profondeur par des dispositions législatives précises. Les candidats à l’élection présidentielle et les deux têtes de liste (une femme et un homme) dans les autres scrutins devaient être désignés à l’issue de primaires, qui pouvaient être ouvertes à tous les citoyens ou aux seuls sympathisants (les petits partis voulant ainsi éviter d’être en butte à des tentatives de manipulation). Les autres candidats étaient tirés au sort sur la base d’un vivier que les partis étaient libres de désigner comme ils le souhaitaient, mais qui devait compter au moins quatre fois plus de noms que de places à pourvoir et qui devait respecter la parité hommes / femmes.

La prise de décision et la sélection des dirigeants s’effectuaient donc désormais à travers un mixte d’élections, de référendum et de tirage au sort. Grâce aux primaires, les citoyens pouvaient mieux qu’avant choisir les gouvernants aux plus hautes fonctions, mais l’enjeu présidentiel était moindre. Le suffrage universel continua de déterminer les équilibres politiques majeurs. Les éléments de démocratie participative et directe permettaient l’intervention du peuple dans la législation. La suppression du cumul des mandats et le recours au tirage au sort élargissaient et diversifiaient considérablement la représentation politique. La sélection aléatoire, qui jouait dans la constitution des listes des candidats, contribuait aussi à réduire les conflits de personnes qui pourrissaient la vie partidaire. Elle garantissait l’impartialité de la troisième Chambre : tournée vers le futur, garante des règles du jeu, elle se voyait découplée des enjeux électoraux de court terme.[/bgcolor]

La sortie de la crise économique s’effectua peu à peu, à la suite de décisions courageuses alliant justice sociale, modernisation de l’État, reconversion écologique et rigueur budgétaire. Le nouveau dispositif institutionnel facilita les choses, en favorisant la qualité du débat démocratique et en diminuant fortement l’autisme de la classe politique. L’équilibre qu’il instaura fut par la suite considéré comme une base durable, bien mieux adaptée aux exigences démocratiques et écologiques du XXIe siècle. »

Yves Sintomer

Source :
Yves Sintomer, « La révolution du tirage au sort », La Vie des idées, 8 novembre 2011.
ISSN : 2105-3030. URL : La révolution du tirage au sort - La Vie des idées

http://www.laviedesidees.fr/IMG/pdf/20111108_sintomer.pdf


Mon commentaire :

Je suis juste étonné (et un peu triste, bien sûr) qu’Yves Sintomer (depuis des années que je parle de lui et de son travail partout en France) ne dise toujours pas un mot de notre propre travail, ici, sur les nombreuses branches interactives de ce site consacrées spécifiquement à ce sujet précis depuis six ans. C’est dommage.

Sans rancune, j’attends avec impatience le prochain livre de Sintomer, qui devrait sortir ce mois-ci et s’intituler
« Petite histoire de l’expérimentation démocratique. Tirage au sort et politique d’Athènes à nos jours », Paris, La Découverte, novembre 2011.

Étienne.

[b]Yves Sintomer : La révolution du tirage au sort[/b]
Oui c'est intéressant. Surtout la partie historique d'ailleurs. La politique fiction ne peut malheureusement convaincre que des convaincus. Le cas d'EELV m'a choqué en première lecture. Le premier chapeau, celui des cantons, qualifie en pratique la méthode comme un parachutage. Je sais que pour Platon le parachutage est la meilleure façon d'éviter les conflits d'intérêt. Mais je pense qu'il fait primer l'idéologique sur le pragmatique. Une pincée d'idéologie est plutôt un bien, un tombereau je ne crois pas. Dans un contexte de professionnalisation de la politique la motivation pour s'investir dans et pour un territoire qu'on ne connaît pas peut venir de la perspective de carrière, dans un contexte de refus de la professionnalisation comment éviter que des idées toutes faites soient plaquées sur une réalité forcément spécifique et multiforme ?

SuperNo signale aussi cet article de
Manuel Cervera-Marzal (chercheur ), sur Rue89 :

[size=15][bgcolor=#FFFF99][b]Pourquoi le tirage au sort du Président serait plus démocratique[/b][/bgcolor][/size]

Tirer au sort – plutôt qu’élire – le prochain président de la République ne serait pas une régression démocratique, au contraire.

Sélectionner le Président – ainsi que les parlementaires et l’ensemble de nos représentants – par le sort plutôt que par l’élection entraînerait une véritable démocratisation de l’accès aux postes de gouvernants.

Le tirage au sort, couplé à une rotation permanente des charges et à une décentralisation des lieux de décision, permettrait même à tous les citoyens d’accéder, au moins une fois dans leur vie, à un poste de gouvernant.

Le parlementaire, homme, blanc, riche et âgé

Expliquons-nous. Affirmer comme nous venons de le faire que l’élection est de nature aristocratique en étonnera plus d’un, tant le sens commun associe la démocratie au suffrage universel.

Pourtant, force est de constater que l’élection génère un « cens caché » puisque notre Parlement est composé d’une élite d’hommes blancs, riches et d’un certain âge.

Le vote, bien qu’il puisse exceptionnellement permettre la victoire de femmes ou de membres d’une minorité dominée (homosexuels, Noirs, jeunes, étrangers, etc), exclut hors des sphères de pouvoir, et ce de manière structurelle, 95% de la population.

Une chance sur trois d’être ouvrier ou chômeur

Le tirage au sort, en revanche, est de nature pleinement démocratique et profondément égalitaire. Il garantit à tous l’égale possibilité d’accès aux charges de gouvernants. Ainsi, alors qu’il est certain qu’un Président élu en 2012 sera un riche homme blanc (Sarkozy ou Hollande), un Président tiré au sort aurait une chance sur trois d’être ouvrier ou chômeur et une chance sur deux d’être une femme.

Mais choisir aléatoirement le prochain Président n’a de sens que si on y adjoint les deux autres innovations institutionnelles susmentionnées :

• la décentralisation des lieux de pouvoir, via le passage d’une démocratie centralisée à une démocratie locale (selon un principe de subsidiarité qui veut que les décisions soient prises par la plus petite entité capable de résoudre le problème d’elle-même) ;

• la rotation des charges, de sorte que chaque citoyen soit tour à tour parlementaire et éboueur, gouvernant et gouverné (ce qui constituait pour Aristote la définition même de la citoyenneté).

Chacun sera un jour gouvernant dans sa commune, et le tirage au sort ne déterminera pas qui sera désigné gouvernant et qui ne le sera pas, mais quand je serai gouvernant, puisque, avec la rotation, chacun le sera forcément un jour.

Ces trois réformes (tirage au sort, décentralisation des décisions et rotation des tâches) font signe vers une démocratie authentique où tous et toutes pourront décider collectivement et individuellement de leur avenir.

Elles vont bien plus loin que les timides propositions réclamant davantage de « proportionnelle » dans notre système électoral majoritaire ou davantage de pouvoir au Parlement dans notre régime présidentialiste.

Émancipation politique et économique

Trois précisions s’imposent au moment de conclure. D’abord, que le tirage au sort ne saurait devenir la « seule » méthode d’attribution des postes. Certaines fonctions (par exemple stratège militaire ou comptable) requièrent des compétences précises que tous n’ont pas, de sorte qu’il vaudra mieux élire ceux qui les exerceront.

Deuxièmement, les citoyens tirés au sort ne seront pas jetés à froid dans l’arène politique. Ils devront préalablement bénéficier d’une formation et d’une information leur permettant de participer de manière éclairée et efficace aux débats parlementaires.

Enfin, troisièmement, il va de soi que la disparition de notre démocratie indirecte et représentative au profit d’une démocratie directe et radicale est inconcevable sans le renversement du système économique actuel, exclusivement fondé sur la recherche du profit. L’émancipation politique est en ce sens indissociable de l’émancipation économique.

Manuel Cervera-Marzal

Source : Rue 89 : actualités en direct et info en continu


Je rappelle que [bgcolor=#FFFF99]le président d’Athènes, très longtemps, a été tiré au sort tous les jours[/bgcolor] !
(Ça, c’est du « mandat court et non renouvelable »…)

Étienne.

Deuxièmement, les citoyens tirés au sort ne seront pas jetés à froid dans l'arène politique. Ils devront préalablement bénéficier d'une formation et d'une information leur permettant de participer de manière éclairée et efficace aux débats parlementaires.
C'est un point clé. Sinon dictature des fonctionnaires et/ou des lobbies.

Dieu a dit « Les français ont raté Barre », et aussi « Les français sont en guerre mais ils ne le savent pas ».

« Le vieux troupeau occidental vit trop tard arriver le loup de l’ immortalité. La démocratie d’ opinion, ce général pitoyable, le dirigea directement au précipice. »
Journal du Mandarin Jiao Manga Lee. An XIII de l’Empire de tous les Milieux (2077 dixit l’ ère des fables religieuses).

« Les petits enfants ne croient pas en Dieu, mais au Père Noël. » Yéti Reich

[bgcolor=#FFFF99]Réforme électorale en Colombie-Britannique :
l’Assemblée des citoyens [tirée au sort]
[/bgcolor]

R. Kenneth Carty
Université de la Colombie-Britannique
Conférence sur une réforme électorale basée sur les valeurs
Kingston, les 12 et 13 novembre 2006

http://www.citizensassembly.gov.on.ca/fr-CA/docs/Reference%20Desk/Queen_s%20Conference/Réforme%20électorale%20en%20Colombie-Britannique%20-%20l’Assemblée%20des%20citoyens.pdf

Cette expérience est, de mon point de vue, littéralement passionnante.

J’en avais parlé il y a quelques années sur ce fil : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=3356#p3356.
En voilà de nouvelles traces.

Étienne.

[bgcolor=#FFFF99]L’Assemblée des citoyens de la Colombie-Britannique
Audiences publiques et délibérations
[/bgcolor]

http://revparl.ca/28/1/28n1_05f_Ratner.pdf

[bgcolor=#FFFF99]Émission radio québécoise, savoureuse et passionnante,
pour expliquer les Assemblées citoyennes tirées au sort
(Colombie Britannique et Ontario + le cas des autres États),
et pour expliquer aussi (un peu) les modes de scrutin
proportionnels (préférentiels) en présence :
VUT = « Vote unique transférable »
[/bgcolor]

http://archives.radio-canada.ca/politique/elections/clips/11332/

(émission du 27 novembre 2004)

[size=25][bgcolor=#FFFF99][b]Les projets de réforme électorale dans diverses provinces du Canada[/b][/bgcolor][/size] [b]Andre Barnes James R. Robertson Division du droit et du gouvernement Révisé le 18 août 2009[/b] (155 Ko, 21 pages)

http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/researchpublications/prb0417-f.pdf

Introduction

Les débats sur la réforme du système électoral ne sont pas une chose nouvelle au Canada. Chaque fois que le scrutin uninominal majoritaire produit un résultat déséquilibré ou non représentatif, tout particulièrement de la population féminine ou des minorités, des voix s’élèvent pour réclamer une réforme électorale. C’est pourquoi cinq provinces ont récemment décidé d’entreprendre des travaux pour établir si une réforme du système électoral permettrait de remédier au « déficit démocratique » au Canada.

La Colombie-Britannique

L’Assemblée des citoyens sur la réforme électorale, en Colombie-Britannique, constituait une première en la matière. Il s’agissait d’une assemblée indépendante et non partisane composée de citoyens qui se sont réunis afin d’examiner le système électoral de la province. L’Assemblée comptait 160 membres, soit 80 femmes et autant d’hommes. Deux d’entre eux étaient des Autochtones, tandis que les autres représentaient chacune des 79 circonscriptions électorales de la Colombie-Britannique. Ces membres ont été choisis au hasard sur une liste de noms reflétant la composition de la population de la Colombie Britannique sur les plans du sexe, de l’âge et de la répartition géographique.

Cette assemblée a consacré près d’un an (de janvier 2004 au 10 décembre 2004, date à laquelle elle a remis son rapport) à tenter de déterminer si la Colombie- Britannique doit modifier son système électoral. Son travail a été divisé en trois phases pour faciliter les délibérations :

Durant la première phase, qui a duré de janvier à mars, l’Assemblée a étudié les différents systèmes électoraux utilisés dans le monde.

Le 21 mars, l’Assemblée a publié « une déclaration préliminaire à la population de la Colombie-Britannique », dans laquelle elle résumait ses travaux et présentait des renseignements sur différentes questions relatives au système électoral.

Durant la deuxième phase de ses travaux, de mai à juin, l’Assemblée a tenu des audiences publiques et a étudié les mémoires soumis par la population.

Durant la dernière phase, qui s’est déroulée à l’automne 2004, l’Assemblée s’est prononcée sur le système électoral qu’elle jugeait le mieux adapté à la province et a formulé des recommandations à cet effet. Les membres de l’Assemblée ont reçu pour instruction de s’assurer de la conformité du système qui fera l’objet de leur recommandation à la Constitution canadienne et au régime parlementaire de Westminster( ).

Le 24 octobre 2004, l’Assemblée des citoyens a choisi le mode de scrutin à vote unique transférable (VUT) pour la Colombie-Britannique. Elle a préféré ce système à tous les autres, car ses membres estimaient qu’il correspondait le mieux à trois valeurs primordiales : la proportionnalité, la représentation locale et le choix des électeurs( ). À l’heure actuelle, le VUT est le système utilisé en Irlande, à Malte, en Tasmanie et dans le Territoire de la capitale de l’Australie.

(…)

[bgcolor=#FFFF99]Lire le rapport complet (20 pages, passionnant) : http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/researchpublications/prb0417-f.pdf[/bgcolor]

Plan :
Avertissement
Introduction
La Colombie-Britannique
Le Nouveau-Brunswick
L’Ontario
L’Île-du-Prince-Édouard
Le Québec
Chronologie des travaux entrepris dans diverses provinces
A. En Colombie-Britannique
B. Au Nouveau-Brunswick
C. En Ontario
D. À l’Île-du-Prince-Édouard
E. Au Québec
Annexe : Liens
Notes

[bgcolor=#FFFF99]Communiqué préliminaire aux résidents
de Colombie-Britannique (mars 2004) [/bgcolor]

http://www.citizensassembly.bc.ca/resources/reports/dmaclachlan-3_0404160905-401.pdf

Le texte par lequel les Constituants expliquent aux citoyens ce qui est en train de se passer, et les enjeux (8 pages, dans un langage simple).